#10 07 Mai 2016 13:38:01
Oh, un sujet sur Riverdream !
Je l'ai lu après avoir dévoré le Trône de fer, j'étais donc plus qu'acquis à la cause de Martin. Je ne connaissais que de loin cette période et cette ambiance de la Louisianne (il me semble que c'est en Louisianne ? Je ne suis plus certain), des gros bateaux à vapeur, de ces concours de vitesse, de luxe, de cette culture du fleuve... C'était une très bonne surprise, d'autant que le saut entre ça et l'ambiance glaçante des Sept-Couronnes était audacieux. Mais ça fonctionne tellement bien...
J'ai vraiment adoré que la nature des antagonistes ne soit pas révélée tout de suite. Qu'on sente, qu'on se doute, qu'on sache du fond du cœur plutôt que parce que l'auteur nous le dit clairement, c'est une sensation géniale à la lecture. C'est ce tas de non-dits, cette exploitation d'un mythe connu au point d'être banal et cette légère torsion de clichés qui permet à l'angoisse de monter. On sait de quoi il s'agit, on en est sûr, et donc, on connaît son danger, son pouvoir. Mais en même temps, elle est assemblée de façon suffisamment nouvelle par l'auteur pour qu'on doute, qu'on ne soit pas certain de ce qui se tapit dans l'obscurité...
Et à mon sens c'est là que réside la grosse déception du roman (qui reste tout de même très bon) : une grosse moitié du livre laisse monter cette angoisse, cette tension palpable. Et puis tout d'un coup, les antagonistes apparaisse à la lumière, ils sont dévoilés si brutalement et avec si peu de nuance que la tension retombe, la crainte qu'on avait d'eux s'évanouit et ça ne devient qu'un simple combat entre deux entités identifiées, un rapport de force déséquilibré qui manque de substance.
Mais bon, malgré ça, on s'attache sans peine au capitaine et au commanditaire du bateau. J'ai vraiment adoré que le héros soit un vieil homme sans grand attrait physique, mais au charisme palpable. Ça nous donne un protagoniste touchant, profond et auquel on s'attache assez vite, d'autant que les enjeux du roman le concerne à de multiples niveaux (sa profession, sa renommée, sa vie, ses croyances...). Bref, un roman très complet, à la fois angoissant et galvanisant, qui pêche juste un peu par sa mise en scène sur la fin quand les choses se précipitent.