Des gouttes d’eaux s’écoulaient le long des vitres. Dans cette nuit où les étoiles semblaient éteintes, seule la lune éclairait un espace de la pièce. Dans ce pan de lumière on peut apercevoir une jeune fille repliée sur elle-même. Ses longs cheveux ébène cachaient son visage, mais si on observait bien on pouvait apercevoir ses yeux bleu océan. Ils étaient remplis d’eau. Des perles mouillées coulaient le long de son visage er terminaient dans le creux de son cou. Sa peau était blafarde sous les rayons lunaires.
Sur le plancher glacé, trois lettres étaient posés face à elle. Toutes étaient imbibées de ses larmes. Chacune était unique, ayant pour destinataire une personne précise. La première était pour sa mère, la seconde pour sa meilleure amie et la dernière était pour celui qui a volé son cœur, celui qui l’avait tué à petit feu.
Un objet brillait d’une lueur menaçante. Elle l’avait dans sa main droite. C’était une lame, elle allait commettre l’ultime pêché. Elle comptait laisser sa vie couler le long de ses bras. Mais avant de trancher sa peau elle voulait relire les mots qu’elle avait faits. Prenant son courage à deux mais, elle posa la lame à côté d’elle, et prit la première lettre.
« Chère mère,
Je pense que quand tu m’as retrouvée allonger dans cette pièce, tu n’as rien compris. Je ne t’ai jamais rien dis. Je ne pouvais pas. Je ne me voyais pas te laisser voir mon malheur alors que tu en as déjà un énorme. Depuis la mort de papa, tu ne vis plus. Je t’entends chaque nuit pleurer toute les larmes de ton corps. Je sais que tu ne tiens le coup que grâce à moi, car tu ne veux pas m’abandonner. Je me sens tellement égoïste de te faire ce que je ne veux pas que tu fasses. Mais je n’en peux plus, je ne peux plus continuer cette vie. Je vais quand même te dire pourquoi je pars, la raison qui me pousse à rejoindre Papa dans les cieux.
Il y a deux ans, après l’enterrement de Papa, j’ai remarqué un jeune homme. Quelques semaines après on a commencé à faire connaissance. Il arrivait à me faire oublier la douleur que la mort de Papa me provoquait. Plus les temps passaient plus on était proche. Tu dois sûrement te demander où était le problème, et pourquoi tu ne l’as jamais rencontré. Mais en réalité tu l’as rencontré, c’est Benjamin. Oui c’est le fils que Papa a eu avec une autre femme lorsque tu étais enceinte de moi. Je ne savais pas comment te le dire, j’avais peur que tu m’interdises de le revoir. Vu que tu ne supportais pas de voir la réalité, et le fait que Papa est osé te tromper.
Je ne t’ai donc rien dis. On se voyait en cachette. Et finalement je suis tombée amoureuse de lui. Ca me bouffait de l’intérieur, et je ne pouvais rien te dire, à toi, la femme qui m’a crée. Chaque fois qu’on se voyait je me questionnais sur la nature de ses sentiments. Puis un jour j’ai pris mon courage à deux mains, je lui ai tout avoué. Même si la morale n’était pas favorable, on se devait d’essayer quelque chose ensemble.
Le jour où je suis entré dans le même lycée que lui, j’en étais tellement heureuse. Je pouvais enfin être avec lui toute la journée, sans avoir à inventé une excuse à te donner. Mais ce bonheur c’est rapidement effriter. Depuis que l’on avait plus à se cacher, il a changé. Je devenais peu à peu sa servante. Je devais toujours lui apporté sa nourriture, je devais porter ses livres. Je n’étais plus heureuse, et j’avais remarqué que les filles lui tournaient autour. Il était extrêmement populaire.
Il y a six moi j’ai décidé de rompre. Je ne le supportais plus. Quand je lui ai annoncé la nouvelle, il m’a giflé. Ne sachant plus quoi faire, je me suis enfuit en courant chez Lana. Les larmes coulaient sur mes joues. Le lendemain, tout le monde savait pour notre rupture. Il me prit appart, et il me donna des coups. Depuis ce jour-là c’était sa petite routine. Je me faisais battre en silence, seule Lana le savait. Elle m’encourageait de tout dire au proviseur et à toi.
Mais je n’avais, et je n’ai, toujours pas la force et le courage de le faire. Ces jours si, je n’en pouvais plus. J’étais épuisée mentalement et physiquement. Et aujourd’hui je suis à bout. Je suis sûre que tu t’en veux de ne rien avoir remarqué. Mais j’ai tout fait pour te le cacher. J’avais honte de tout ça. Et même si aujourd’hui je te quitte, je serai toujours là pour toi. Je veux que tu vives une vie heureuse, je veux que tu rencontre d’autres hommes. Au revoir Maman, n’oublie jamais que je t’aime.
Ta fille, Camille. »
La jeune fille pleurait. Elle espérait tellement que sa mère ne fasse pas comme elle. Les larmes ruisselaient toujours sur les joues de Camille. Le papier a reçu encore une fois des larmes, celles d’une personne qui ne vit plus vraiment. Elle regarde la dernière lettre. Son cœur au bout des lèvres, la gorge enflammée tellement qu’elle s’empêchait d’échapper des sanglots. Ses yeux toujours baignés de larmes lui brûlaient. Ses mains tremblaient comme des feuilles. Elle n’entendait pas le bruit que faisait la pluie en tombant contre la fenêtre. Son esprit était concentré sur les deux autres lettres.
Elle ne pouvait pas le leur donner. Sa meilleure amie, Lana, ne méritait pas qu’on lui dise au revoir qu’avec une lettre. Elle devrait l’appeler, mais en aurait-elle le courage ? Non, elle était lâche. Elle récupéra le briquet dans sa poche gauche. Elle attrapa les deux lettres. Elle fit une flamme avec le briquet, elle y plaça les deux bouts de papier. Le papier prit automatiquement. Il commença à se replier sur lui-même, comme Camille. Il devint noir charbon, et la jeune fille le jeta sur le plancher. Qui, par chance ne s’enflamma pas. Elle regarda ce feu, qui emportait les deux lettres pour les deux autres personnes qui représentaient tant pour elle.
Quand il s’éteignit, elle reprit la lame. Elle s’apprêtait à faire une chose qu’elle ne s’était jamais permis de faire, malgré ses grandes envies. Elle le plaça sur son poignet gauche. Elle l’enfonça dans sa peau. Une douleur jaillit dans les entrailles de Camille. Lentement elle se fit une entaille jusqu’au coude. Son bras lui faisait mal, mais elle commençait à ne plus le sentir. Du peu de lumière qu’elle disposait elle vit son bras ensanglanté. L’hémoglobine quittait son corps à grand flot. Ses yeux se fermèrent petit à petit. Laissant sa force quitter son corps à jamais. Seule la lune était témoin de ce spectacle. « Je l’aime » fut ses dernières paroles.
On se rappellera toujours de Camille, la jeune fille pleine de joie. Celle qui deux ans, pile après la mort de son père, se suicida, à bout de force. Tout le monde s’en voulait de ne pas avoir remarqué son comportement. Surtout Lana qui elle aussi tenta de se suicider, mais qui n’a pas réussi. La mère de Camille porta plainte contre Benjamin, pour coups et homicide involontaire. Il écopa de deux ans de prison.
Aujourd’hui encore on parle de Camille, de son histoire. Mais aujourd’hui encore, on ne remarque pas lorsqu’une jeune fille est en détresse et qu’elle risque de pire la pire erreur de sa vie. Espérons qu’un jour tout cela change.
