À quoi rêve Crusoé ?
Florence Delaporte2012

Mia traîne des pieds. C'est la rentrée du dernier trimestre, et elle n'a pas follement envie de retourner au collège. Le soleil est déjà haut sur Sydney. C'est bientôt l'hiver, mais il fait encore chaud. Elle contourne le quartier qui est assez dangereux pour les filles seules, même le jour.

Elle a trouvé un chemin plus long mais plus beau, car il serpente le long de zones en friche qui sentent encore le bush australien, ces odeurs d'arrière-pays envoûtantes et particulières.

Dès le matin, la jeune fille rêve aux grands espaces. Eucalyptus, aiguilles de pins, rochers gorgés de soleil, Mia respire à fond et oublie la classe qui l'attend.
Sa famille vit en périphérie, la campagne est proche, ses odeurs sont très présentes. Ils aiment leur quartier, la petite maison qu'ils ont restaurée avec son joli jardin autour, juste entre la ville et la campagne.

Mais l'ambiance devient mauvaise. Les Blancs, les gens d'origine asiatique et les Aborigènes d'Australie se détestent. Les jeunes font des bandes par couleur, qui se bagarrent tout le temps.

Ce que Mia aime faire par-dessus tout, c'est rêver. Elle calcule les chemins qu'elle doit prendre en fonction du temps qu'elle a. Quand elle sort de sa maison, elle sait qu'elle a dix, vingt ou trente minutes pour rêver. Le chemin de l'école est le plus long, surtout depuis qu'elle a trouvé ce détour, un vrai délice.