Bréviaire de l'agnostique
Maxence Caron2013

L’agnosticisme, première « religion » du pays, est d’abord un terme fourre-tout . Le prétendu « agnostique » est surtout un grand passif, un indécrottable indifférent. Sous sa forme contemporaine, l’agnosticisme est devenu la marque même qui caractérise la pensée bourgeoise, la pensée de celui qui, comme dit Léon Bloy, ne fait, aucun usage de la faculté de penser.

Le Bréviaire de l’Agnostique reprend le positionnement agnostique à sa source, c’est-à-dire comme une inquiétude face au monde et une recherche, à travers l’inconnu, de son sens éventuel. La figure de l’agnostique n’y est pas celle de celui qui a chassé de ses préoccupations les questions essentielles mais au contraire la figure de celui qui, ne connaissant aucune réponse, se voit agité sans cesse en une quête indissociable par définition de la inconnaissance propre à l’agnosticisme.

Loin de l’agnosticisme feint de ceux qui ne se posent absolument aucune question, l’agnostique qui écrit son bréviaire laisse derrière lui les traces de ses pas sur le chemin qu’il parcourt. Ces traces sont des aphorismes, des maximes, des fragments, des mélodies fugaces saisies alors qu’elles tombaient d’un lieu inconnu. Face à une vérité d’autant plus mystérieuse que paraissant inaccessible, l’homme peut tout de même penser à elle, la créativité agnostique laisse choir sur la route de son cheminement les fragments lumineux au sein desquels des esquisses de l’essentiel lui furent plus ou moins adéquatement perceptibles. Cette recherche au sein de laquelle se côtoient impasses et issues, est un tourbillon de phrases brillantes ou recueillies, drôles ou ironiques, sentences indépendantes dont l’éclatement laisse peu à peu paraître un visage et se dessiner un sens sacré.