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Pour parvenir à retrouver cette image de la perfection humaine, à comprendre d'ou elle provient, le misanthrope devra regarder droit dans les yeux les horreurs de la société ou il est né. En somme, pour accéder au Paradis, encore faut-il avoir désigné ou se situe l'Enfer et s'être patiemment imbibé de l'enseignement d'un purgatoire. Prenant Alceste par la main, Maxence Caron le mène dans une nuit de Walpurgis ou défilent les figures grimaçantes d'artistes, d'écrivains ou d'hommes politiques infiniment plus nocifs que ceux qu'Alceste a condamnés sur la scène du Misanthrope. Une fois décillé, Alceste sera prêt à comprendre le rôle élévateur de la musique et à s'approprier ses symboles, pour savoir entendre et écouter d'invisibles beautés, grâce à Liszt, Schubert, Beethoven et Bach, qui réconcilient l'entendement et la sensibilité dans l'âme du misanthrope le plus aguerri. Alors seulement, la misanthropie devient un art, un exercice humaniste hors des circonstances, parfaitement ontologique, et même un droit divin. Car en profondeur, la joie et la misanthropie ne sont pas opposées.
Lettre leçon, lettre roman d'initiation, lettre à la circularité proustienne et à la structure de Divine Comédie, lettre de flamboiement stylistique étourdissant, lettre fleuve sur la nécessité de s'élever misanthrope – et non de tomber misanthrope – afin de savoir encore entendre, apercevoir, aimer ce qui est beau, ce qui mérite notre dévotion, cet extraordinaire opus des « Affranchis » s'adresse bien sûr, à travers la figure d'Alceste, à un destinataire que nous connaissons très bien : nous.
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