Catinat : Gardian de Camargue, chef de la cavalerie camisardeAndré Chamson1982

On ne présente pas l'œuvre d'A.C., pétrie de vie et d'histoire, et qui, depuis un demi-siècle en a fait l'un des moralistes les plus rigoureux de notre temps. L'auteur du Chiffre de nos jours , plus que jamais, se tourne ici vers ses racines : cette terre de Languedoc, entre Cévennes et Camargue, où il est né et n'a cessé, en fait, de vivre. C'est dans l'évocation d'épisodes de la guerre des Camisards, ces paysans protestants révoltés après la Révocation de l'Édit de Nantes, qu'il trouve sa réponse d' Antigone aux Créons de tous les temps : dix volumes ont été publiés, et peut-être Catinat n'est-il pas le dernier ! L'historien ou le lecteur familier du 18e siècle créditera l'auteur, formé lui-même à la meilleure école, d'une connaissance intime du temps et de ses documents. Pourtant ce n'est pas une histoire des Camisards qu'il a voulu écrire. De ce Catinat qui, dans les années 1702-1704, a conduit de sa puissante carrure la cavalerie des rebelles et qui meurt, finalement, supplicié dans Nîmes, c'est plutôt la geste ou le martyre qu'il évoque ici. Martyre de la foi ? Voire. Ces «Compagnons de la nuée » que l'A. évoquait déjà en 1929 dans un poème en provençal cité en fin de publication, sont avant tout des hommes libres, chapardeurs de chevaux et franc-tireurs, peut-être plus près de la légende de Mandrin que de celle des Tutoyeurs de Dieu. Ouvrage hagiographique ? Sans nul doute. Mais d'une hagiographie proclamée comme vérité d'Histoire, ou plutôt comme un des mythes fondateurs où l'A. puise ses raisons de vivre.