Kakemono Hotel
Jean Cayrol1976

J'aime ces petites stations balnéaires que l'écume ravive, que la tempête engourdit, où les hôtels s'ouvrent à la belle saison.
Mais l'hiver, il s'en passe a des vertes et des pas mûres ».
Ce n'est pas bon d'être une vieille fille désargentée : elle accepte toutes sortes d'opérations financières et surtout le viager : elle en vit, elle en meurt. Alors la famille, jadis unie, ne se tient plus devant le jeu sournois des mensualités.
On se ruine facilement pour un rêve et les Cagepain ne tiendront pas le coup devant leur tante habile et tendre qui connaît l'usage de l'argent, du bonheur et des tendresses inaccoutumées. II y a, bien sûr, une Paquita, jeune Espagnole à ]'oeil brillant, qui joue un rôle néfaste dans cette intrigue (elle a des ruses d'Indienne), des enfants indifférents, parfois absents, un médecin à qui je ne confierais pas même un' poussin, une grande villa fascinante. L'aisance, puis la pauvreté soudaine conduisent ce beau monde de la gaffe à la malhonnêteté.
Et il pleut, il pleut sans saison, sans arrêt sur Saint-Jean-Croix-de-Vie, à l'ombre d'Hitchcock, car ce que je 'croyais naturel réserve des surprises surprenantes. On ne sait jamais où l'on va. H Mon luth, fais silence, j'aurai fini. »
J'aurais bien voulu que les Cagepain aient leur Kakemono Hôtel, mais le sort, surtout l'infortune, s'acharne sur un couple peu habitué aux compromis et qui, par lâcheté, laisse faire le malheur jusqu'au bout

Source : Le Livre de Poche, LGF