Les mots douxAlain Roehr2005

"Je n'aurais jamais dû accepter ; la consigne est claire, pourtant : garder ses distances avec les patients, pas de confusion entre les vies privées qui se croisent et se chevauchent inévitablement ici dans l'espace éthéré des murs blancs et la permanente odeur d'antiseptique qui s'efforce d'étouffer la méticuleuse maturation de la mort dont nous avons à toute heure l'exclusivité." Faisant entorse aux règles d'usage, Cécile s'est laissée enfermer dans les rituels de Florentin Durant, l'un de ses patients, un piège dont elle attend pourtant le retour quotidien. La jeune infirmière ignore pourquoi les soins qu'elle lui prodigue se sont mués pour elle en une véritable moment de détente. Le jour où le vieil homme au désespoir souriant lui confie un trousseau de clefs et son adresse, le piège se referme tout entier sur elle. "Lire, vous devez lire", lui demande-t-il expressément. Cécile devrait refuser, question d'éthique, de déontologie, ne rien accepter des patients. Cédant à la tentation, elle pénètre dans l'appartement inoccupé, découvre une multitude de feuillets épars et s'engage patiemment dans un devoir de lecture, évoquant au fil du récit de vie qu'elle découvre ses propres souvenirs. Contre toute attente, Florentin décède à l'hôpital. Cécile décide alors d'aller jusqu'au bout de sa tâche et se lie avec la voisine du défunt, une femme qui semble en savoir beaucoup plus long qu'elle ne le dit. Roman discret et juste, nimbé de clarté, de tendresse et de poésie, "Les Mots doux" est une œuvre tout à la fois fragile, sobre et extrêmement attachante.