Monty - La vie déchirée de Montgomery Clift
Robert LaGuardia1980

Montgomery Clift est mort à quarante-cinq ans. Il avait été la plus grande révélation du cinéma mondial de l'après-guerre, le modèle dont James Dean et Marlon Brando s'inspirèrent. Pourtant, sa vie fut un calvaire. Privé de son père pendant son enfance et dominé par une mère stérilisante et castratrice, il fut assailli de complexes qui allaient perturber toute son existence.
Monty aimait-il plus les hommes que les femmes ? C'est un des aspects secrets de ce personnage que Robert La Guardia analyse avec clairvoyance, mais infiniment de tact dans son « Monty, la vie déchirée de Montgomery Clift », ce livre qui nous donne une image déchirante d'un personnage que la nature avait pourvu de tous les dons, beauté, jeunesse, charme et talent, mais qui ne cessa de plonger dans une maléfique saison en enfer. Alcoolique, drogué, en proie aux tourments de sa bisexualité, Montgomery Clift fuyait des démons familiers en sombrant dans cet univers de ténèbres que, seul, Dostoïevsky a su dépeindre. C'est cet aspect tourmenté que Robert La Guardia nous restitue dans « Monty, la vie déchirée de Montgomery Clift », parce que l'auteur ne s'est pas contenté d'interviewé près de cent personnes qui ont vécu avec Monty au cours de sa carrière artistique, mais parce qu'il met l'accent sur un drame humain bouleversant et, il faut bien en convenir, très significatif de notre époque. En lisant bien ce livre, on oublierait presque, quoique Robert La Guardia le relate fidèlement, que Monty fut la vedette de « La Rivière Rouge », « Une place au Soleil », « Tant qu'il y aura des Hommes », « L'Arbre de Vie », « Le Bal des Maudits », « Les Desaxés » et « Freud », pour ne retenir que les obsessions, les phantasmes, la déchéance et l'angoisse d'un être particulièrement vulnérable sur le plan affectif mais, en revanche, intransigeant dans le domaine professionnel.
« Monty, la vie déchirée de Montgomery Clift » est ainsi un document bouleversant sur la tragédie d'un mal-aimé et sur le plus long suicide volontaire d'un comédien. Si le cinéma doit, un jour, établir son martyrologue, Montgomery Clift devra, incontestablement y figurer en tête de liste.