J'ai beaucoup aimé l'intrigue de ce roman, qui selon moi est son point fort.

L'enfance de Jane m'a beaucoup "choquée", dans le sens où j'ai trouvé sa force incroyable. Avant de lire le livre, je m'attendais à ce que le personnage soit un peu "nian nian", mais en fait pas du tout! Jane m'impressionne réellement. J'ai été frappée par son arrivée au pensionnat, ainsi que par les conditions difficiles dans lesquelles Jane et ses camarades vivent.
En ce qui concerne la décision de Jane de s'enfuir, j'ai trouvé que là encore c'était une preuve de sa force et de son caractère. Je n'aurais peut-être pas agi de la même façon, mais j'ai trouvé que ça collait bien avec le personnage. D'autant plus qu'elle parvient à vivre correctement loin du comte!
Je n'ai pas été spécialement surprise en découvrant le secret qui se cachait derrière la porte car je connaissais avant de lire le livre l'histoire de Jane Eyre dans son ensemble. Mais si je ne l'avais pas connue, je pense que j'aurais été surprise! On ne s'y attend pas vraiment, même si on sent une présence un peu dérangeante dans les murs de la maison Rochester.
Pour moi, le caractère altruiste de Jane l'a à la fois aidée et nuit. Je pense que des fois elle se laisse un peu trop "manger" par cet aspect de sa personnalité, et qu'elle n'ose pas assez se faire entendre ou se défendre, même si elle est quand même un personnage fort!
En revanche, j'ai trouvé ça très tiré par les cheveux que soudainement, dans son errance, elle trouve des membres de sa famille dont elle ignorait l'existence. L'Angleterre, c'est vaste, et j'ai trouvé ça un peu gros qu'elle tombe COMME PAR HASARD sur sa famille. Mais bon, c'est le côté "happy end" de l'histoire, et même si c'est assez étrange, j'ai apprécié ce côté retrouvailles.
Comme certaines d'entre vous, je trouve la façon dont le pasteur l'accueille assez froide, j'aurais aimé qu'il cherche à mieux comprendre Jane plutôt que de chercher absolument à la changer.

1. Avez-vous été impressionné par la façon dont Jane Eyre s'est sortie de son enfance difficile? Quels événements vous ont le plus marqué?
Oui j'ai été plutôt impressionnée, surtout par la manière dont elle s'apaise au lieu de se laisser emporter par la rancoeur. Il y a deux événements qui m'ont vraiment marquée: d'abord l'épisode de la chambre rouge, que j'ai trouvé choquant et terrifiant, surtout pour une enfant. Et le deuxième, c'est sa rencontre et sa relation avec Helen, une relation qui a réellement compté dans la vie de Jane et que malheureusement les adaptations laissent trop souvent de côté (à part celle de 1996). Helen a à mon avis beaucoup contribué à faire de Jane ce qu'elle était une fois adulte.

2. Avez-vous été déçue par la décision de Jane Eyre de s'enfuir seule en pleine nature plutôt que de croire en l'amour du conte?
Non, au contraire. Même si ça obéit à des valeurs qui nous semblent aujourd'hui un peu (beaucoup) dépassées, Jane a obéi à ses propres convictions. Je ne crois pas que ça pouvait être dans la nature du personnage de faire autrement, en tout cas en conservant un certain respect d'elle-même. Par contre, je suis persuadée qu'elle croyait en l'amour de Rochester, c'est justement pour ça qu'elle ne croit pas qu'ils puissent vivre en tant que frère et soeur, comme il le lui propose et c'est justement parce que cet amour existe qu'elle sait qu'elle doit fuir.

3. Est-ce que le secret derrière la porte et gardé par la bonne vous a semblé prévisible? À quoi vous attendiez-vous?
Honnêtement, ma première lecture remonte à une dizaine d'années et je ne parviens plus à m'en rappeler précisément, mais il me semble que j'avais été surprise de découvrir que Rochester était déjà marié.

4. Jane Eyre est une femme altruiste. Croyez-vous que ce trait de caractère lui a nuit ou l'a aidée?
Les deux sans doute, mais je ne pense pas que ce soit le plus important : Jane a toujours agi selon ses convictions, peu importe le résultat et elle ne cesse jamais de le faire. Elle est fidèle à elle-même et ne change pas d'attitude sous prétexte que ça peut lui causer du tort. C'est quelque chose que j'admire énormément chez ce personnage.

5. Est-ce que cela vous a surpris que Jane Eyre retrouve des membres de sa famille en errant dans les rues en famine?
Clairement, oui. C'est un peu le genre de tour de passe-passe qu'utilisent les auteurs par moment et c'est peut-être la seule chose qui me gêne un peu, même si j'aime beaucoup les Rivers et que ça donne l'occasion à Jane d'avoir enfin du une vraie famille.

6. Que pensez-vous de la façon dont le pasteur a voulu imposer sa foi et son mode de vie à Jane Eyre?
J'ai toujours trouvé la relation entre Saint-John et Jane extrêmement fascinante et complexe. Je crois d'ailleurs qu'elle est très difficilement adaptable (d'ailleurs aucune adaptation ne m'a satisfaite sur ce point). Clairement Saint-John se fait une haute idée de son devoir et il prend une emprise impressionnante sur Jane, je l'admire d'ailleurs d'avoir fini par y résister.

Plusieurs éléments, comme pour beaucoup, m'avait surprise : elle retrouve sa famille par hasard, des personnes aimantes pour changer (enfin la plupart ^^), elle entend la voix de Rochester... Mais Charlotte Brontë fait passer tout ça comme une lettre à la poste, et son histoire tient bien la route, et même mieux que ca, ca ne choque pas.
Je n'ai pas été déue ou surprise par la fuite de Jane : c'est vraiment dans son caractère et dans ses principes de prendre cette décision. Elle n'a compté que sur elle-même toute sa vie, son intégrité et son honneur est pratiquement tout ce qu'elle a, et elle n'a pas voulu y renoncer, même pour Rochester !

J'ai été bluffée par la force de Jane : à la fois parce qu'elle affronte la méchanceté de ses cousins et de sa tante, la rigueur et les très mauvaises conditions de vie de l'orphelinat, la "trahison" de Mr Rochester, son errance, son conflit avec Saint-John... Je la trouve vraiment battante et extrêmement courageuse.

Concernant sa fuite de chez Mr Rochester, j'ai été un peu déçue sur le coup, puis j'y ai réfléchi plus longuement. Et là, j'ai trouvé que ce choix grandissait Jane : en partant, elle perd certes tout ce qu'elle a (son amour, le peu d'argent qui lui reste et même son paquet dans la porte de la diligence), mais elle conserve son "honneur", sa dignité, et elle ne s'abaisse pas à ce que les autres veulent qu'elle soit. Elle reste elle-même, et c'est ce trait de caractère qui m'a le plus touchée chez Jane.

J'ai été assez surprise par l'histoire de le femme de Mr Rochester, je ne m'y attendais pas du tout. C'est un bon interlude "fantastique" qui permet en plus d'expliquer intelligemment le caractère secret et finalement la "trahison" de Mr Rochester. J'ai également été assez surprise par le fait que Jane retrouve des membres de sa famille un peu par hasard, mais après tout, pourquoi pas, car le sujet est très bien traité. Et cela rend Saint-John d'autant plus antipathique à mes yeux qu'il cherche uniquement à imposer à Jane sa volonté, sans même vouloir la connaître ou la comprendre.

C'est vrai que le rebondissement sur les gens qui la recueillent sont en réalité sa seule famille était assez énorme ! Mais il lui arrive tellement de malheur que j'ai trouvé cela bien pour elle !

Et pour la décision de Jane Eyre, je l'ai comprise que du côté morale de l'époque. Elle a été élevée durement avec ces principes, c'est les choses aux quelles elle tient le seule choix moral qui s'offrait à elle c'était de partir.

Et pour le côté fantastique (enfin, plutôt le lien incassable entre Jane et Rochester) , c'est l'une des choses que j'aime beaucoup dans ce roman ! J'ai trouvé ça assez original pour un roman de cette époque =)

Oui je suis d'accord avec vous. En plus elle est arrivée à Thornfield avec presque rien, une valise, quelques vêtements et c'est tout. Elle ne dit pas qu'elle a fait des économies, donc elle n'a peut-être pas beaucoup d'argent et elle est trop honnête pour prendre ce qu'elle n'a pas gagné. Puis si ça se trouve elle avait un beau petit pactole dans le sac qu'elle a oublié dans la calèche  :D

Au fait, vous vous rendez compte qu'elle a voyagé pendant moins de 48h, dans une voiture tirée par un cheval sur des mauvaises routes, donc ils ne devaient pas aller très vite, disons du 5 ou 10 km/h en moyenne... Ce qui fait qu'au final elle se trouve à maximum 200 kms de son point de départ, mais c'est comme si elle était à l'autre bout du monde !

C'est sur que je comprends les raisons pour lesquelles elle n'emporte rien : pleins de souvenirs, elle y était trop attachés pour les revendre après... Et qu'elle soit secoué : apprendre que son grand amour a une femme folle, qu'il lui propose de devenir sa maîtresse... Ca m'aurait secouée aussi ;)

Je suis d'accord avec toi, certains rebondissements sont peu crédibles : le fait qu'elle retrouve des membres de sa famille par hasard, la petite touche de fantastique quand elle entend la voix de Mr Rochester... Mais il y a presque une explication derrière tout ça : l'idée sous-entendue que Jane est une personne de grande qualité, quelqu'un de bien, elle fait partie d'une sorte d'élite morale. Du coup sa famille est comme elle, même s'ils ne se sont jamais rencontrés. Et s'il y a bien une famille qui soit assez bonne et chrétienne que pour recueillir une pauvre mendiante sur le pavé de la porte et se rendre compte que ce n'est pas une "pauvre" normale mais une personne "de qualité", il y avait beaucoup de chance pour que ce soit quelqu'un qui lui ressemble, donc sa propre famille.

De la même façon, Mr Rochester et elle ont des esprits très semblables, même si beaucoup de choses les séparent, et c'est presque "normal" qu'ils arrivent à communiquer de façon extra-lucide.

En fait, le roman est plein de clichés comme ça, basés sur des préjugés moraux qui classent les gens : par exemple, les maîtresses de Mr Rochester sont forcément des profiteuses parce que ce sont des étrangères et des danseuses ou artistes, autrement dit des femmes pas bien comme il faut ; la petite Adèle, même si jeune, a pas mal de défauts qui lui viennent forcément de sa mère (Jane le dit expressément qu'elle a des défauts "français"), etc. Là-dessus le roman reste très ancré dans son époque.

Pour le côté Cosette, il faut savoir que Lowood a été décrit en se basant sur l'école où les soeurs de Charlotte Brontë ont été envoyée ; elles ont connu des conditions tellement affreuses que Charlotte a affirmé qu'elle n'en avait raconté qu'une toute petite partie dans Jane Eyre, si elle en avait dit plus on aurait trouvé qu'elle exagérait !  D'ailleurs les deux soeurs aînées de Charlotte en sont revenues au bout de quelques mois avec le typhus dont elles sont mortes. Quelle horreur...

Quant à la raison pour laquelle Jane a fui, à mon avis il faut aussi tenir compte de la morale de l'époque : devenir la maîtresse d'un homme marié, c'était tout à fait impensable, la débauche la plus immonde, surtout pour une femme comme Jane avec des principes très bien ancrés.  Je pense qu'elle s'est vue face à trois possibilités : soit rester et devenir sa maîtresse (ce qu'il lui propose), soit rester et se laisser aimer sans avoir une véritable relation avec Mr Rochester (ce qui aurait été au-dessus de ses forces vu qu'elle l'aime), soit partir. J'aurais fait comme elle, moi aussi !

Je rejoins ici ce que disant Nathalie sur Bertha (dans un autre topic) à savoir si Jane n’aurait pas pu finir comme elle. Je pense justement que cette fuite l'a sauver de ce genre de folie. Comme tu dis Frankie : "échapper à une atmosphère pesante" qui l’aurait p-e rendue folle...

La vie de petite fille de Jane est intéressante mais un peu trop "Cosette" pour moi, j'ai vraiment aimé le roman à partir du moment où elle prend sa vie en main.

Je ne sais pas si la décision de Jane de s'enfuir de chez le comte est la bonne mais je pense que j'aurais fait pareil ! Elle se sentait flouée, jouée et je pense que c'était le seul moyen pour elle d'échapper à une atmosphère pesante. Le comte était sincère mais Jane ne voyait que les apparences trompeuses.

Je ne pense que l'altruisme de Jane lui ait nui, c'est ce qui fait partie de son caractère.

Je ne pense que du mal de St John et de son comportement envers Jane ! Ce n'est pas le comportement d'un homme bon mais d'un égoïste prétentieux et compassé.

Jane déjà enfant avant le pensionnant présente un caractère très fort et bien posé dans certaines convictions. Le fait qu'elle soit orpheline a certainement du permettre à l'auteure de donner ce caractère à Jane et donc lui permettre de survivre à toute situation. On retrouve ce genre de "réflexe" de nos jours aussi chez les personnes qui ont vécu jeune de grand drame. Je n'ai donc nullement été impressionné par son évolution courant de l'enfance et les épreuves qu'elle a passé. La vie de l'époque n'était pas non plus facile si on compare à celle d'aujourd'hui, mais ils étaient des milliers à cette période là dans le même cas que Jane et retranscrit dans son temps, finalement, ça en e st presque banal. et se retrouve dans pas mal de livres de l'époque. Donc rien de spécial pour moi ici. L'auteur a donné le coup de pouce en ne la rendant pas malade au pensionnat... Sans quoi pas d'histoire ! ^^
La relation avec Hélène (et sa fin) est ce qui m'avait le plus touché des les films, j'ai trouvé que c'était peut émouvant dans le livre... Un poil déçu mais ça reste ce qui 'ma le plus marqué de cette période d'enfance. C'est dur si jeune de vivre ça, même si à cette époque c’était courant une fois encore.

>> Avez-vous été déçue par la décision de Jane Eyre de s'enfuir seule en pleine nature plutôt que de croire en l'amour du conte?
Non pas déçu car elle suit une fois de plus ses convictions, même si l'amour va et ira au delà, elle a eu une certaine éducation, crois en certaine chose et ne peut penser un instant franchir cela. Je pense que c'est justement ça qui lui a permit de vivre et survivre jusque là, si elle craque et va à l'encontre de sa pensée et de son éducation, elle pourrait perdre sa force de caractère et se perdre aussi elle-même.

>> Est-ce que le secret derrière la porte et gardé par la bonne vous a semblé prévisible? À quoi vous attendiez-vous?
Je ne peux répondre, j'aurais aimé tellement vivre intensément ce secrets, les impressions mystérieuses du manoir et de ce qu'il y a derrière cette porte, les bizarrerie de Grace Poole mais connaissant par les films ce qu'il y avait je n'ai été captivé en aucune façon par ce côté plus que mystérieux du livre. J'en ai énormément souffert car c'est ce que j'aurais aimé trouvé dans les lignes autant et plus que j’avais été captivé par ça dans les films. Je pense que l'auteur n'a pas tellement insisté non plus sur le côté mystérieux de ce 3eme étages. Les films sont autrement plus angoissant.

>> Jane Eyre est une femme altruiste. Croyez-vous que ce trait de caractère lui a nuit ou l'a aidée?
Elle ne serait pas Jane Eyre sans cela...

>> Est-ce que cela vous a surpris que Jane Eyre retrouve des membres de sa famille en errant dans les rues en famine ?
Oui, un peu facile, enfin fallait faire avancer l'histoire et sauver cette petite... Pour moi j'ai trouvé que c'était tiré par les cheveux, les films là encore montre moins cela et semblent plus crédibles.

>> Que pensez-vous de la façon dont le pasteur a voulu imposer sa foi et son mode de vie à Jane Eyre?
Honteux, je ne vois en rien dans ce personnage quelqu'un de religieux, à l'écoute et conciliant. Je n'ai pas apprécié St john mais il faut certainement replacer là aussi la religion dans l'époque. J'ai toutefois des gens de mon entourage qui se disent pieux, croyant et ne supportent pas qu'on n'ait pas les même convictions qu'eux, ni la même façon de croire ou de prier ou de penser. Donc j'ai suis totalement en rejet face à ce genre de comportement et donc de personnage. Pour moi c'est pas ça avoir la foi, ni être pasteur ou prêtre...