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  • #0 23 Mai 2013 14:51:42

    Elsinka a écrit

    Ayant lu les deux versions, je trouve le choix du journal très pertinent pour nous faire entrer dans la tête du personnage. On ressent plus ce qu'il vit que dans la nouvelle.


    C'est aussi ce que je pense. Raison pour laquelle, j'ai été sensible à la montée de la peur du narrateur.

    Les passages cités par Cerise et Stefiebo m'ont beaucoup marquée aussi.

    Avant de répondre aux questions : il y a une chose qui me frappe dans le style de Maupassant dans Le Horla (et on retrouve cela dans la plupart de ses nouvelles) : c'est le sens de la phrase et du mot juste. Il ne s'épanche pas en grandes descriptions ou "sentiments" mais il va droit au but avec une précision implacable (quand on pense qu'il est disciple de Flaubert, les différences à ce niveau-là sont notables).


    Ah, Flaubert aussi recherche le mot juste. ^^ Je dirais même que c'est un acharné.
    Après, évidemment, vu que c'est une nouvelle, Maupassant ne va pas trop s'attarder en descriptions. C'est peut-être aussi un peu trop intimiste pour s'y prêter. Mais Flaubert a lui aussi écrit des textes courts : je pense aux Trois contes, dont j'ai lu Un cœur simple. Là non plus, il n'y a pas de grandes descriptions. ^^

    Edit :

    Fantastique Cerise : J'ai aussi beaucoup apprécié la citation que tu as donné et qui est malheureusement, toujours aussi actuelle.


    Comme quoi, être classique, c'est avant tout réussir à s'adresser aux hommes en général, et pas seulement à ceux de son époque. ^^


    Tellement acharné qu'il en devient parfois trop "sophistiqué", ce qui n'est pas du tout le cas de Maupassant.
    J'ai lu les Trois Contes et il ne m'en reste rien du tout oops

  • #0 22 Mai 2013 21:24:20

    Fantastique Cerise a écrit

    Mypianocanta a écrit

    @ Fantastique Cerise : les phrases que tu cites sont un reflet exact de la pensée politique de Maupassant.


    Bin je pense qu'on aurait été copains.


    Alors tu es une anarchiste de droite ! C'est comme ça qu'est défini le courant politique (et philosophique) dont fait partie Maupassant =)

    1) Qu'avez-vous pensé du choix de faire du Horla un journal intime ?

    Je n'ai lu que cette version sur les 3 et je trouve ce choix logique pour mieux expliciter l'évolution de la folie.

    2) Avez-vous été sensible aux effets de style de Maupassant pour marquer la montée progressive de la peur ?

    Personnellement, j'ai trouvé que dans certains passages il y avait pas mal d'accumulation qui rendait ça assez lourd ! Mais sinon, Maupassant est fidèle à ce que j'ai déjà lu de lui, un style agréable à lire et des phrases magnifiquement construites je trouve !

    3) Un court extrait où la langue de Maupassant vous a enchantée ?

    La plupart des extraits on déjà été cité =) J'aime beaucoup celui sur l'ennui : "Certes, la solitude est dangereuse pour les intelligences qui travaillent. Il nous faut, autour de nous, des hommes qui pensent et qui parlent. Quand nous sommes seuls longtemps, nous peuplons le vide de fantômes." Pleine de sens et elle amène une réflexion intéressante !

  • #0 22 Mai 2013 21:19:27

    ) Qu'avez-vous pensé du choix de faire du Horla un journal intime ? Ce choix est tout à fait adapté, c'est même, pour moi, ce qui fait tout le charme de l'histoire.
    2) Avez-vous été sensible aux effets de style de Maupassant pour marquer la montée progressive de la peur ? C'est surement la clé de cette oeuvre inquiétante. En effet comment passer en mois de trois mois de la totale sérénité à la folie pure si ce n'est ne faisant progresser la malaise à l'extrême inquiétude puis à la folie avec peu de temps pour le répit à Paris et au Mont Saint Michel
    3) Un court extrait où la langue de Maupassant vous a enchantée ? Dans son récit de la visite de l'abbaye du Mont Saint Michel.
  • #0 22 Mai 2013 21:12:03

    Oh oui... Déjà depuis Galilée on se posait ce genre de questions...
  • #0 22 Mai 2013 21:10:05

    Pour les autres formes de vie dans l'univers je me suis fait EXACTEMENT la même remarque, ça m'a épaté! Je me demande à quand ça remonte du coup. a l'aube des temps je suppose, ou quand on a commencé à comprendre ce que c'était qu'une étoile?
  • #0 22 Mai 2013 20:57:39

    Contrairement à vous, le passage cité plus haut sur la nature humaine m'a plutôt déplu, je le trouve terriblement pessimiste, injuste et terriblement arrogant. En gros, tous les hommes sont des imbéciles... sauf bien évidemment celui qui l'affirme. Mais en effet c'est le genre de choses qu'on dit encore beaucoup aujourd'hui, alors c'est actuel en un sens.

    Un autre passage qui m'a marquée c'est quand il s'interroge sur d'autres formes de vie dans l'univers. Je n'avais pas pensé qu'on pouvait se poser ce genre de questions à l'époque !  Je croyais que c'était une préoccupation qu'on a commencé à avoir avec les projets de conquête spatiale !
  • #0 22 Mai 2013 19:49:13

    J'ai trouvé que le style narratif était simple et fluide, j'ai eu l’impression que Guy de Maupassant avait sciemment pris la peine de choisir ses mots un à un pour raconter un sujet de lui même assez compliqué, j'ai trouvé ceci très intelligent.
    Une nouvelle classique de 1887  qui pourrait tout aussi être un écrit contemporain !
    Concernant la présentation de son texte sous forme de journal, elle est idéale, elle permet de visualiser l'évolution du protagoniste d'une manière progressive et marquée de la raison vers la folie.

    j'ai pensé qu'en plus du fait d'avoir opté pour un langage simple mais efficace, voilà qu'il rajoute à son texte un autre point positif "la forme de journal" qui amène une aisance supplémentaire à la lecture et il arrive finalement à contourner ce qui aurait pu désavantager son oeuvre le " format court".
  • #0 22 Mai 2013 19:25:17

    Ayant lu les deux versions, je trouve le choix du journal très pertinent pour nous faire entrer dans la tête du personnage. On ressent plus ce qu'il vit que dans la nouvelle.


    C'est aussi ce que je pense. Raison pour laquelle, j'ai été sensible à la montée de la peur du narrateur.

    Les passages cités par Cerise et Stefiebo m'ont beaucoup marquée aussi.

    Avant de répondre aux questions : il y a une chose qui me frappe dans le style de Maupassant dans Le Horla (et on retrouve cela dans la plupart de ses nouvelles) : c'est le sens de la phrase et du mot juste. Il ne s'épanche pas en grandes descriptions ou "sentiments" mais il va droit au but avec une précision implacable (quand on pense qu'il est disciple de Flaubert, les différences à ce niveau-là sont notables).


    Ah, Flaubert aussi recherche le mot juste. ^^ Je dirais même que c'est un acharné.
    Après, évidemment, vu que c'est une nouvelle, Maupassant ne va pas trop s'attarder en descriptions. C'est peut-être aussi un peu trop intimiste pour s'y prêter. Mais Flaubert a lui aussi écrit des textes courts : je pense aux Trois contes, dont j'ai lu Un cœur simple. Là non plus, il n'y a pas de grandes descriptions. ^^

    Edit :

    Fantastique Cerise : J'ai aussi beaucoup apprécié la citation que tu as donné et qui est malheureusement, toujours aussi actuelle.


    Comme quoi, être classique, c'est avant tout réussir à s'adresser aux hommes en général, et pas seulement à ceux de son époque. ^^

  • #0 22 Mai 2013 19:10:13

    Nathalie a écrit

    Oh Unity, c'est amusant, c'est un des passages que j'ai surligné sur ma liseuse !  Par contre je ne l'ai pas compris comme une description des prémices d'une paranoïa, mais plutôt au pied de la lettre : quand on est trop seul, on finit par vivre dans ses pensées, ses souvenirs, "peupler le vide de fantômes" et c'est quelque chose de négatif, de "dangereux".


    ça peut être vu de cette façon, en effet. Mais dans le contexte, le personnage essaye plutôt de se raisonner pour chasser les visions qui lui viennent, les fantômes étant le surréel. On comprend assez bien, au final pourquoi cette nouvelle a fait dire aux journalistes plus tard qu'elle annonçait la folie de Maupassant. : )

    Fantastique Cerise : J'ai aussi beaucoup apprécié la citation que tu as donné et qui est malheureusement, toujours aussi actuelle.

  • #0 22 Mai 2013 19:07:12

    Mypianocanta a écrit

    @ Fantastique Cerise : les phrases que tu cites sont un reflet exact de la pensée politique de Maupassant.


    Bin je pense qu'on aurait été copains.

  • #0 22 Mai 2013 19:05:07

    Fantastique Cerise a écrit

    Je me rend compte que j'ai souligné un passage en fait, où ce n'est pas tant le style qui m'a marqué mais la clairvoyance de Maupassant :

    Le peuple est un troupeau d'imbécile, tantôt stupide patient et tantôt férocement révolté. On lui dit "Amuse-toi."Il s'amuse. On lui dit "Va te battre avec le voisin." Il va se battre. On lui dit "Vote pour l'Empereur." Il vote pour l'Empereur. On lui dit "Vote pour la République." Et il vote pour la République.
    Ceux qui le dirigent sont aussi sot ; mais au lieu d'obéir à des hommes, ils obéissent à des principes, lesquels ne peuvent être que niais, stériles et faux, par cela même qu'ils sont des principes, c'est-à-dire des idées réputées certaines et immuables, en ce monde où l'on n'est sûr de rien, puisque la lumière est une illusion, puisuqe le bruit est une illusion.


    Voilà ! Là j'ai adoré sa clairvoyance !

  • #0 22 Mai 2013 19:01:49

    Avant de répondre aux questions : il y a une chose qui me frappe dans le style de Maupassant dans Le Horla (et on retrouve cela dans la plupart de ses nouvelles) : c'est le sens de la phrase et du mot juste. Il ne s'épanche pas en grandes descriptions ou "sentiments" mais il va droit au but avec une précision implacable (quand on pense qu'il est disciple de Flaubert, les différences à ce niveau-là sont notables). Du coup, cela donne un langage plutôt moderne pour l'époque, même si ce qu'il raconte est parfaitement daté.
    Ayant lu les deux versions, je trouve le choix du journal très pertinent pour nous faire entrer dans la tête du personnage. On ressent plus ce qu'il vit que dans la nouvelle.
    Je crois que j'ai été plus que sensible à la montée de la peur : j'ai fini ma lecture la première fois totalement terrifiée au point de ne pas l'avoir relu avant cette semaine (soit près de 30 ans après)… dans le journal, elle est plus dosée en raison des épisodes hors de la maison qui coupent un peu et montrent bien qu'à chaque retour, la peur est montée d'un cran.
    Je ne mets pas de citation, je n'aime pas sortir des phrases de leur contexte , mais j'aime bien celle donnée par Stefiebo.

    @ Fantastique Cerise : les phrases que tu cites sont un reflet exact de la pensée politique de Maupassant.
  • #0 22 Mai 2013 18:58:36

    Je ne connaissais pas la plume de Maupassant mais j'ai été de suite séduite. Pas de fioriture, pas trop d'abus de langage.
    Au final, c'est un style assez contemporain...

    Mon passage préféré "Pourquoi ? Oh ! Je me rappelle à présent  les paroles du moine du Mont St Michel : "est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat des édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d'eau, détruit les falaises et jette aux brisants les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, l'avez-vous vu et pouvez-vous le voir : il existe pourtant !"
  • #0 22 Mai 2013 18:58:24

    Je me rend compte que j'ai souligné un passage en fait, où ce n'est pas tant le style qui m'a marqué mais la clairvoyance de Maupassant :

    Le peuple est un troupeau d'imbécile, tantôt stupide patient et tantôt férocement révolté. On lui dit "Amuse-toi."Il s'amuse. On lui dit "Va te battre avec le voisin." Il va se battre. On lui dit "Vote pour l'Empereur." Il vote pour l'Empereur. On lui dit "Vote pour la République." Et il vote pour la République.
    Ceux qui le dirigent sont aussi sot ; mais au lieu d'obéir à des hommes, ils obéissent à des principes, lesquels ne peuvent être que niais, stériles et faux, par cela même qu'ils sont des principes, c'est-à-dire des idées réputées certaines et immuables, en ce monde où l'on n'est sûr de rien, puisque la lumière est une illusion, puisuqe le bruit est une illusion.

  • #0 22 Mai 2013 18:57:25

    Oh Unity, c'est amusant, c'est un des passages que j'ai surligné sur ma liseuse !  Par contre je ne l'ai pas compris comme une description des prémices d'une paranoïa, mais plutôt au pied de la lettre : quand on est trop seul, on finit par vivre dans ses pensées, ses souvenirs, "peupler le vide de fantômes" et c'est quelque chose de négatif, de "dangereux".