[Suivi lecture] Myiuki

Et vous, n’avez-vous jamais pensé être un imposteur ? N’avez-vous jamais eu envie de tout changer ? Entendez-vous des voix qui vous parlent sans cesse ?
Qui vous répètent inlassablement que cette vie est insolemment courte pour passer son temps à la gâcher. Finalement, n’avez-vous jamais rêvé vivre sans contraintes, selon vos propres règles ? »
Les voyages ont ceci de commun qu’ils ont tous besoin d’un point de départ pour exister, pas forcément d’un point de chute… J’appartiens au vent, premier volet d’une trilogie, est l’embarcadère d’un conte moderne aux accents tsiganes, imprégné de rêves et de liberté.

" - [...]rentre chez toi.
Tout au long de son monologue, Luce avait gardé la tête baissée, concentrée sur ses doigts qu'elle pétrissait au fil des mots qu'elle prononçait, se focalisant sur ses mots et sur la respiration de Raphaël.
- Chez moi ? releva ce dernier. Ma maison, c'est toi ! Je ne suis chez moi que quand je suis à tes côtés.
- Raphaël, ...
- Non, n'en rajoute pas ! Tu m'as demandé de partir et c'est ce que je vais faire mais je ne rentre pas chez moi, non.
- Où t'en retourneras-tu après m'avoir quittée ce soir ?
- Il est inutile que tu le saches, cracha-t-il. Pas après ce que tu viens de me dire.
- Raphaël, insista-t-elle.
- A quoi bon ? Je ne suis apparemment rien pour toi alors que tu es tout pour moi, éructa-t-il.
- Ne dis pas n'importe quoi ! Que je le veuille ou non, que je le comprenne ou non, tu comptes pour moi. C'est pour cette raison que je veux savoir où tu demeures quand tu n'es pas près de moi.
- Ce n'est pas une bonne idée, gronda-t-il.
- Pourquoi ?
- Cet endroit n'a rien de réjouissant, crois-moi.
- Que veux-tu dire ?
- Je préfère ne pas en parler, trancha-t-il.
- Alors, c'est comme ça ! Tu vas choisir le silence et t'y murer ? Dans quel but ? Me culpabiliser ? interrogea Luce. Parle-moi Raphaël.
- L'endroit où je vis, commença-t-il en tournant le dos à la jeune femme, est un enfer d'ombres et de solitude. Mais il est tout ce qu'il me reste. Me restait, dit-il, hésitant. Le seul endroit qui a été capable de contenir ma folie, ma rage, quand on t'a enlevée à moi, soupira-t-il, une tristesse profonde dans la voix.
Il se retourna pour faire face à Luce, le visage soudain grave, les traits tirés, des nuages gris dansant dans ses yeux, mélancoliques.
- Je m'en vais Luce, dit-il en s'approchant d'elle pour déposer un léger baiser sur le sommet de son crâne. Je retourne dans ****. Adieu, lâcha-t-il avant de s'évaporer, laissant Luce seule parmi les brumes.
- Raphaël, cria-t-elle, désespérée, reviens !"