#217 09 Avril 2022 13:33:18
Bonjour,
J'ai lu deux livres d'une autrice dont je n'avais jamais entendu parler
Le rêveur dans la citadelle de Esther Rochon
Un mystérieux zélote condamne l'accès à un temple de la déité de la mer. Pendant de temps le dictateur du pays recoure à la drogue pour doter un sorcier du pouvoir de contrôler les éléments. Voici les deux curieux thèmes qui alimenteront ce premier tome d'une quadrilogie. L'univers dans lequel opèrent ces acteurs n'est pas très élaboré, l'action est plutôt mince, le rythme lent. Certaines questions éthiques sont soulevées, mais rien de transcendant ici non plus. Reste l'écriture qui elle se démarque; pondre une douzaine de pages sur une statue tout en gardant l'intérêt du lecteur relève presque de l'exploit. Mais est-ce suffisant pour autant ?
Bizarrement je vais lire le deuxième tome malgré mon manque d'enthousiasme pour le premier. Car l'originalité du récit, la qualité de l'écriture, l'angle moral abordé me font penser qu'il peut y avoir là un potentiel mal exploité dans le présent opus. Peut-être le prochain me convaincra plus . . .
L'aigle des profondeurs de Esther Rochon
Une malédiction empêche le peuple de l'archipel de naviguer et celui-ci se laisse aller au désespoir, incapable de s'imaginer un avenir quelconque. Une sorcière nous raconte son apprentissage dans ce contexte déprimant ainsi que sa rencontre avec un étranger refugié dans les caves depuis dix-sept ans. La partie apprentissage est assez importante dans la mesure où on voit bien l'évolution de la relation entre la narratrice et son mentor de même que la passion qui dévore cette fillette de douze ans, déjà adulte par certains aspects, envers l'étranger qui réside dans les caves, Mais l'aspect plus sociologique de ce peuple en dépression, victime de sa croyance dans la malédiction, réduit à une passivité quasi suicidaire, prend aussi une place importante dans le récit.
Les qualités du premier tome se répètent ici: écriture aérienne, éléments originaux, importance des thèmes abordés. Le registre est inhabituel, oscillant entre la légèreté de la narration et le sérieux de l'introspection de la narratrice. Il règne une ambiance un peu morbide dans ce monde en attente qui semble voué inexorablement à un destin tragique. Dans ce contexte, le sorcier et son apprentie doivent-ils se contenter du rôle de témoins des évènements, comme le veut la tradition, ou bien doivent-ils tenter de modifier le cours de l'histoire ? Ce n'est qu'une des nombreuses questions que soulèvent ce livre et dont la réponse n'appartient qu'au lecteur.