#898 25 Juillet 2025 08:49:36
Bonjour !
Je viens de terminer
Son Excellence Eugène Rougon.
J'attendais ce tome avec impatience à l'idée de pouvoir me plonger dans les arcanes du pouvoir du Second Empire. Au bout du compte, c'était moins passionnant que ça n'en avait l'air de prime abord : le personnage principal reste assez éloigné du pouvoir pendant une bonne partie du livre, et quand il y est enfin, il retombe aussi sec en disgrâce et on n'a pas le temps de voir se passer grand-chose. Ce livre aurait pu s'appeler de manière plus classique :
Grandeur et décadence (puis re-grandeur) d'Eugène Rougon.
On suit donc ce personnage dans ses calculs incessants pour toucher de plus près au pouvoir à l'aide de sa clique (des gens qui sont à ses bottes pour diverses raisons, mais pas pour sa belle et franche amitié, on l'a compris). De façon assez ouverte, à l'époque, il est inspiré d'un homme politique influent du Second Empire : Eugène Rouher, dont il reprend en partie le nom et ses consonances. C'est un personnage qui est caractérisé par sa force, le sentiment de puissance qu'il inspire, et surtout sa misogynie assumée vu qu'il considère qu'il faut se méfier des femmes en politique. Là-dessus, il n'a pas complètement tort, puisqu'en face de lui, il y a Clorinde, une Italienne aussi fine et intelligente que Félicité Rougon, la mère d'Eugène, et dont on voit aussi toutes les manœuvres qu'elle exerce pour porter les hommes qui l'intéressent au pouvoir - ou les faire tomber. Celle-là, si elle avait vécu maintenant, elle ferait très certainement elle-même de la politique (au lieu de se contenter d'aller séduire des hommes de pouvoir...). En bref, j'avais détesté Clorinde à ma première lecture car je la trouvais superficielle, et en fait maintenant ma vision a complètement changé (surtout parce que j'ai développé mon féminisme depuis) car je vois que c'est elle la véritable maîtresse du jeu dans ce livre.
Spoiler (Cliquez pour afficher)
Le moment où elle fait tomber Rougon par vengeance parce qu'il a sous-estimé l'intelligence féminine, c'est huuuuuum ! :lol:
Voilà, il fallait parler de Clorinde car on ne pouvait pas passer à côté d'elle.
Il y a eu des lenteurs dans ce roman, des passages où je me suis plus ennuyée que d'autres, mais dès qu'on aborde les sujets politiques débattus par exemple pendant les Conseils de ministres, là ça devient intéressant. Rougon devient à un moment l'équivalent d'un Darmanin ou d'un Retailleau et tord le cou aux idées républicaines qui constituent à l'époque une menace pour le pouvoir. Il en a particulièrement après les livres et plus spécifiquement les romans, et j'ai suivi avec passion le débat concernant un de ceux qu'il veut censurer avec les autres ministres. J'ai aussi bien aimé lire le chapitre des soirées de Compiègne, puisque c'est un thème sur lequel j'ai travaillé dans un cadre professionnel et auquel je me suis intéressée. A l'occasion de ces chapitres, j'étais une petite souris qui ne perdait pas une miette de ce qui se racontait (et de bouffe aussi, parce que le moment du repas à Compiègne m'a fait saliver).
En conclusion, une œuvre qui raconte de façon réaliste la vie politique et mondaine sous le Second Empire, qui était par ailleurs très bien documentée. Un incontournable pour quelqu'un qui s'intéresse à cet aspect-là du règne de Napoléon III.
TOTAL : 6/20
Dernière modification par AliFantasque (25 Juillet 2025 08:49:59)