[La servante écarlate - Novembre 2017] Personnages et intrigue

  • BettieRose

    Ex-Team

    Hors ligne

    #1 26 Novembre 2017 12:45:45

    => Qu'avez-vous pensé des personnages et de l'intrigue ?

    Ce mois-ci, nous n'avons pas de questions pour lancer la discussion. N'hésitez pas à donner votre avis, mais aussi à réagir à ceux des autres participants et à leur poser des questions !  Le but du Book Club est d'avoir une discussion interactive :)
  • Catus

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #2 26 Novembre 2017 13:04:47

    Les personnages étaient dans l'ensemble bien faits, très réalistes.
    Aucun n'est parfait ni trop sombre.
    Ils sont tous très humains.
    Finalement on a l'impression que personne n'aime cette dictature, même le Commandant et son Epouse.
    L'intrigue est bien ficelée, un peu lente au début, mais il fallait ben ça pour mettre en place le contexte.
    Arrivée à la moitié du livre, j'ai lu le reste d'un trait.
  • Aelia

    Lecteur initié

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    #3 26 Novembre 2017 13:40:16

    Concernant les personnages, je les ai tous trouvés intéressants, à défaut de les avoir aimé.

    Defred, m'a vraiment touchée. J'avais l'impression tout le long du livre qu'elle était sur le fil du rasoir, prête à sombrer dans la folie au moindre instant. J'ai aussi adoré le fait que Defred, n'a rien d'une héroïne, à aucun moment du récit.

    Le personnage du Commandant est je trouve aussi très intéressant. En lisant les passages avec lui, j'ai régulièrement pensé au concept de "banalité du mal" exposé par Hannah Arendt (pour celles et ceux qui ne connaissent pas je vous met le lien wikipédia).

    Moira est certainement mon personnage préférée, dans sa quête constante de lutte contre le régime.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    j'ai aussi aimé sa fin, où elle apparait cynique et désabusé : à ce moment là du récit, on a vraiment l'impression qu'il n'y a aucun échappatoire possible au régime

  • Nathalie

    Ex-Team

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    #4 26 Novembre 2017 13:52:16

    Je suis tout à fait d'accord avec vous, difficile d'aimer ces personnages (sauf DeFred, et encore, je trouve qu'on l'admire plutôt qu'on ne l'aime) mais ils sont très intéressants.

    Catus a écrit

    Ils sont tous très humains.
    Finalement on a l'impression que personne n'aime cette dictature, même le Commandant et son Epouse.


    D'accord avec la deuxième phrase, par contre j'ai du mal avec la première... L'épouse du commandant m'apparaît comme l'un des pires monstres de l'intrigue : elle a tout à perdre dans cette nouvelle société, puisque c'est une femme, et elle est peut-être celle qui a le plus de marge pour réagir, puisqu'elle est dans la catégorie supérieure des femmes et a un mari haut placé sur qui elle a peut-être des moyens de pression affectifs... Et pourtant elle se complaît à haïr les autres femmes, DeFred en particulier, et elle n'a aucun scrupule à l'utiliser comme machine à bébé, même si en tant que femme elle doit au moins se douter ce que ça représente de se faire violer rituellement de façon régulière et devoir abandonner un bébé pour qu'il soit élevé par une autre.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Elle sait aussi ce qui est arrivé à l'enfant de DeFred, dès le début, mais elle n'utilise cette information que pour la faire chanter.

      Pour moi son comportement est entièrement inhumain.

    Aelia a écrit

    Moira est certainement mon personnage préférée, dans sa quête constante de lutte contre le régime.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    j'ai aussi aimé sa fin, où elle apparait cynique et désabusé : à ce moment là du récit, on a vraiment l'impression qu'il n'y a aucun échappatoire possible au régime


    C'est vrai qu'elle apporte un vrai contraste, DeFred résiste passivement, mais Moira résiste activement.

  • Fried

    Grand chef libraire

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    #5 26 Novembre 2017 14:01:12

    Les personnages sont intéressants. Mais impossible de m'attacher ou de ressentir une quelconque sympathie ou à l'inverse aversion pour ces personnages.
    Je pense que leur détachement et leur abnégation m'a laissé froide.
    J'ai beaucoup aimé le sujet du livre mais le manque de résistance marquée m'a un peu dérouté surtout dans les flash-back au début  de la "perte de pouvoir" des femmes. Le fait qu'il n'y ai pas eu plus manifestations, d'actes de rébellion m'a beaucoup surprise. Un acceptation un peu trop facile pour moi.

    Par contre je rejoins @Aelia sur sa description de Moira. Même si je ne me suis pas attachée, je pense que Moira est le personnage qui a le plus cette volonté de combat et de liberte que j'aurais voulu voir plus présente dans le roman.
  • Aelia

    Lecteur initié

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    #6 26 Novembre 2017 14:06:17

    Nathalie a écrit

    Catus a écrit

    Ils sont tous très humains.
    Finalement on a l'impression que personne n'aime cette dictature, même le Commandant et son Epouse.


    D'accord avec la deuxième phrase, par contre j'ai du mal avec la première... L'épouse du commandant m'apparaît comme l'un des pires monstres de l'intrigue : elle a tout à perdre dans cette nouvelle société, puisque c'est une femme, et elle est peut-être celle qui a le plus de marge pour réagir, puisqu'elle est dans la catégorie supérieure des femmes et a un mari haut placé sur qui elle a peut-être des moyens de pression affectifs... Et pourtant elle se complaît à haïr les autres femmes, DeFred en particulier, et elle n'a aucun scrupule à l'utiliser comme machine à bébé, même si en tant que femme elle doit au moins se douter ce que ça représente de se faire violer rituellement de façon régulière et devoir abandonner un bébé pour qu'il soit élevé par une autre.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Elle sait aussi ce qui est arrivé à l'enfant de DeFred, dès le début, mais elle n'utilise cette information que pour la faire chanter.

      Pour moi son comportement est entièrement inhumain.


    Pour l'épouse du Commandant, je ne suis pas sûre qu'elle ait une si grande marge de manoeuvre que ça. Une tentative de rébellion de ça part entraînerait très probablement sa répudiation/mort/... bref, je ne sais pas si elle est tant mieux loti que Defred. Elle est dans une société où la fertilité est glorifié et où elle est infertile... j'imagine assez facilement la culpabilité que la Société peut alors faire peser sur ses épaules. Culpabilité qui se transforme en haine à l'encontre de Defred et des servantes écarlates. Quand à la rétention d'informations (qui est peut-être aussi du bluff...), je le comprends comme étant une tentative de se raccrocher à quelque chose, de garder le contrôle. Ces épouses, par le changement de régime, ont aussi perdues beaucoup d'autonomie... alors je les imaginent facilement se raccrocher au bribes de pouvoir qui leur restent, comme une façon comme une autre de croire qu'elles gardent le contrôle.
    C'est mon interprétation du personnage de l'Epouse, elle reste antipathique pour moi, mais je ne la vois pas inhumaine, bien au contraire.

  • Nathalie

    Ex-Team

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    #7 26 Novembre 2017 14:07:34

    Fried a écrit

    J'ai beaucoup aimé le sujet du livre mais le manque de résistance marquée m'a un peu dérouté surtout dans les flash-back au début  de la "perte de pouvoir" des femmes. Le fait qu'il n'y ai pas eu plus manifestations, d'actes de rébellion m'a beaucoup surprise. Un acceptation un peu trop facile pour moi.


    Ca m'a marquée aussi mais je ne pense pas que ce soit irréaliste, quand on voit toutes les limitations à l'état de droit qui ont été acceptées sans manifestations en France suite aux attentats depuis 2 ans (par exemple : surveillance généralisée dans moyens de communication, possibilité de mettre n'importe qui en prison à domicile pendant aussi longtemps que la police le souhaite sans aucun procès ni moyen de se défendre, "listes noires" secrètes de citoyens...).  Là l'histoire commence par du terrorisme encore beaucoup plus dévastateur, vu que le gouvernement est décapité et les membres du parlement sont tués, et en plus il y a des problèmes de sociétés bien plus graves que ce qu'on connaît à l'heure actuelle : un niveau de pollution incomparable, et une énorme chute de natalité. Ca ne m'étonnerait pas que la population accepte n'importe quoi pour retrouver une certaine sécurité et l'impression que l'espèce humaine a quand même un avenir.

  • bouloche7851

    Néophyte de la lecture

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    #8 26 Novembre 2017 14:22:50

    Bonjour

    J'ai d'abord regardé la série pour ensuite lire la servante écarlate !

    J'ai aimé les deux.  J'ai trouvé cette dystopie très angoissante, de part son sujet.

    Les personnages sont intéressants et je me demande comment Margaret Atwood a pu écrire sur ce sujet. Peut-on imaginer que des femmes deviennent des esclaves sexuelles pour la procréation dans le but d'aider des couples (Commandeurs et leurs femmes) qui ne parviennent pas à avoir d'enfants ?

    La femme du Commandeur est froide mais elle subit la situation ; il y a une étrangère chez elle qui fait le "travail" qu'elle ne peut pas faire elle-même, à savoir devenir mère.
  • bookishya

    Livraddictien débutant

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    #9 26 Novembre 2017 14:34:51

    Pour ma part, j'ai retrouvé ce que j'avais déjà reproché à la série : tous les personnages sont plutôt passifs et j'ai eu du mal à m'attacher à eux. Une grande partie du livre est basée sur les "contemplations" de Defred (ses souvenirs de son ancienne vie,  les "choses qui lui font penser à...") ou sur ses envies amoureuses, j'ai trouvé que ça ralentissait beaucoup l'histoire et que finalement, on avait affaire à un personnage principal pas très impliqué, ni très courageux, qui s'accommode assez facilement de son sort. Je comprends que dans une société pareille, il y ait une sorte d'abattement général, l'idée du "de toute façon on ne s'en sortira jamais", mais Defred est vraiment hyper pessimiste et ne fait rien pour changer les choses... Et ça n'a pas l'air nouveau, puisque quand elle raconte ses souvenirs, elle ne paraissait déjà pas très préoccupée par les combats féministes de sa mère. Je crois qu'elle fait partie des gens qui se disent toujours "oui, bon, pour le moment ça va, aucune raison que ça change" et qui du coup n'agissent pas, jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

    Après, concernant le Commandeur et sa femme, je ne sais pas vraiment quoi penser. Le Commandeur m'a l'air de quelqu'un de perdu, une sorte d'intellectuel qui n'a jamais connu la difficulté et qui est donc incapable d'entrer en empathie avec ceux qui l'éprouvent. C'est un personnage assez égoïste, non ? Je ne sais même pas s'il pense en termes de bien ou de mal, du moment que lui y trouve son compte. Pour sa femme, c'est plus complexe : je n'arrive pas à comprendre qu'elle ait pu soutenir l'avènement de la dictature, alors que de toute évidence, elle aime son mari et ne voulait pas le partager avec une Servante. Est-ce qu'il s'agit aussi d'une sorte de petite fille gâtée qui se disait : "oui, mettons les autres au pas, mais pour moi, cela n'arrivera pas" ? J'ai eu beaucoup de mal à la cerner.

    Finalement, je crois que j'aurais préféré un roman avec Deglen ou Moira comme persos principaux : elles aussi subissent la dictature, mais au moins, elles ont l'air plus actives que Defred, et elles m'ont plus émue ! :)
  • Nathalie

    Ex-Team

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    #10 26 Novembre 2017 14:36:57

    Aelia a écrit

    Pour l'épouse du Commandant, je ne suis pas sûre qu'elle ait une si grande marge de manoeuvre que ça. Une tentative de rébellion de ça part entraînerait très probablement sa répudiation/mort/... bref, je ne sais pas si elle est tant mieux loti que Defred. Elle est dans une société où la fertilité est glorifié et où elle est infertile... j'imagine assez facilement la culpabilité que la Société peut alors faire peser sur ses épaules. Culpabilité qui se transforme en haine à l'encontre de Defred et des servantes écarlates. Quand à la rétention d'informations (qui est peut-être aussi du bluff...), je le comprends comme étant une tentative de se raccrocher à quelque chose, de garder le contrôle. Ces épouses, par le changement de régime, ont aussi perdues beaucoup d'autonomie... alors je les imaginent facilement se raccrocher au bribes de pouvoir qui leur restent, comme une façon comme une autre de croire qu'elles gardent le contrôle.
    C'est mon interprétation du personnage de l'Epouse, elle reste antipathique pour moi, mais je ne la vois pas inhumaine, bien au contraire.


    Tu es plus empathique que moi envers elle, alors  :D  Je n'arrive pas à lui pardonner plusieurs choses :

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    - qu'en tant que femme du commandant, et vu qu'elle avait une émission de télé religieuse fondamentaliste avant la révolution, elle était clairement "dans le trip" depuis le début : elle a souhaité cette société basée sur une interprétation rigoriste de la Bible, elle est d'accord dès le départ avec le fondamentalisme chrétien qui la fonde
    - qu'elle ait des infos concernant la fille de DeFred, que ces infos rendraient DeFred extrêmement heureuse voire lui donneraient une raison de vivre, et qu'elle les garde pour elle et se contente de lui donner un tout petit bout quand il faut la faire chanter (vu qu'elle a une photo, elle sait probablement où se trouve la fille de DeFred et comment elle va, ou en tous cas a des moyens de le savoir, mais rendre son esclave heureuse, pas question)
    - qu'elle ait des amis, des connections, des moyens de transgresser les règles sans conséquences (comme son mari qui va à l'hôtel), une grande dose de liberté (elle peut se déplacer seule par exemple), et qu'elle ne les utilise pas pour résister, la preuve qu'elle est bien contente de l'état des choses et participe activement à l'oppression
    - qu'elle et ses amies comme elle ont perdu toute empathie pour les esclaves comme DeFred, participent à leurs viols et au vol de leurs enfants, ou à leur meurtre si elles ne sont pas assez fertiles, et le font avec joie et sans remords (comme quand elle font la fête quand Jeanine met son bébé au monde).



    Je sais qu'en soi c'est une société créée par les hommes, mais en tant que femme, elle est plus à même de comprendre ce que ça implique pour les autres femmes, et peut-être compatir un minimum. Mais il n'y a pas le moindre indice qu'elle compatisse en quoi que ce soit, et encore moins qu'elle réagisse d'une quelconque façon pour rendre la vie plus facile aux autres femmes.