#352 24 Octobre 2018 12:01:06
<image>Bonjour !
Je suis restée à lire ce matin car je n'ai pas vraiment réussi à lâcher Cheyenne en automne de Willy Vlautin (Fiche BBM) avant de l'avoir fini.
Avis : D'abord, je veux dire que je ne comprends vraiment pas le choix de ce titre en français... Albin Michel l'a changer en rééditant le livre cette année et La route sauvage fait un peu plus sens.
En dehors de ces considérations je dois avouer que je ne m'attendais pas à apprécier ce roman. Certes, l'appréciation de The Independant ("[Vlautin] révèle un monde que Steinbeck n'aurait pas renié ... Huckleberry Finn pour la génération amphétamine.") m’intriguait mais j'avais peur de me retrouver confrontée à l'un de ces romans surcoté. Or, bien que Vlautin fasse expressément référence à Steinbeck en ouvrant son histoire par une de ces citations (qui m'a d'ailleurs bien plu : "J'en conviens, nous sommes faibles, malades, maids et querelleurs, mais si nous n'étions que cela, il y a bien longtemps que nous aurions été rayés de la surface du globe."), il y a l'humilité, dans la petite interview qui suit, d'affirmer ; "Je suis conscient de n'être que le garde d'un château dont John Steinbeck, William Kenedy et James Welch sont les seigneurs. Cela suffi à mon bonheur." Je ne connais pas bien ces auteurs mais je suis avertie de leur réputation. Après avoir lu Cheyenne en automne, je pense en effet que le style n'est pas forcément à la hauteur. Un peu trop simpliste : Sujet, Verbe, Complément, Point Phrase suivante. En exagérant un peu tout de même ^^ Toutefois, il y a l'ambiance de cet Etats-Unis crasseux, vivotant comme il peut, abruti par le travail et l'alcool sans doute. Ce n'est pas l'image qui est vendue car ce n'est pas celle qui fait rêver. Pourtant, cette image, cette ambiance est celle qui, personnellement, m'attendrit. Je la trouve vraie et elle a cette beauté pleine de défaut qui est l'essence même de l'humain.
Comment donc ne pas m'attendrir sur le sort de Charley, cet adolescent poussé vers le monde des adultes, forcé à l'indépendance et à l'autonomie par le dénuement et un autre événement dont je ne peux parler sans vous révéler un élément de l'histoire. Il n'est pourtant pas encore totalement sorti de l'enfance et chercher désespérément, bien que souvent inconsciemment, une figure parentale pour le soutenir. Sa méconnaissance du monde entremêlée de débrouillardise est finalement très touchante.
Concernant le contexte des courses hippiques, nous sommes là encore bien loin du glamour des grand prix. Vlautin nous guide dans l'arrière du décors parmis les chevaux maltraités et les jockey interchangeables auxquels on fait prendre des risques inconsidérés. Là encore, l'auteur a cette réflexion qui me semble résumer assez bien l'ambivalence des hommes avec ce sport : "Je considérais ce monde comme un ami mais c'est un ami qui peut vous trahir si vous le regarder en pleine lumière. Et c'est dur d'aimer quelqu'un qu'on ne peut pas admirer de près." Pour terminer, je note avec un pointe d'amusement la place que prend la nourriture dans ce roman. Normal : c'est l'histoire d'un adolescent en pleine croissance qui peine hélas trop souvent à se procurer de quoi se sustenter. Je souris car le régime alimentaire, très typique de l'américain moyen d'aujourd'hui, n'avait, lui, certainement rien à voir avec celui d'Huckelberry Finn.
Voilà pour ce roman ! A vrai dire, j'aurais pu prendre plus de temps pour le lire car mes plans pour ce week end tombent à l'eau et que je ne vais pas partir avant dimanche ou lundi qui vient finalement mais c'est une lecture qui vaut le détour si vous tombez dessus, malgré ce style un peu pauvre (bien que je me demande encore si ce n'est pas fait exprès...).
@Mana_ : Je dois dire que j'étais également très méfiante concernant Le Clan des Otori car j'en avais, comme toi, entendu beaucoup de bien mais je n'arrivais pas à y croire. Or c'est un roman de qualité s'adressant à des ado/pré-adultes. Je pense d'ailleurs que j'aurais été vraiment plus emballée si je l'avais lu à cette époque-là. Maintenant, je pense que c'est une lecture dont j'aurais pu me passer mais je suis contente d'avoir pu faire mon propre avis dessus et je sais que je pourrai le conseiller à des gens. Pas forcément à tout le monde, ce n'est pas une lecture indispensable. Il me reste toutefois le dernier tome de la trilogie et à voir ensuite si je vais jusqu'au bout des deux tomes qui s'y sont ajoutés. Par contre, concernant ces détails de la vis quotidienne, je peux t'assurer qu'ils ne prennent pas trop de place par rapport à l'intrigue. Ils sont distillés au fil de la narration et ne pèse pas du tout dessus. Cela renforce simplement la crédibilité de ce monde. Un point fort à mes yeux. Après, ne te force pas à le lire si tu n'en ressens pas l'envie. Personnellement, je l'entends vanter depuis des années mais j'ai attendu une occasion qui me trouvait dans une ouverture d'esprit propre à lui donner sa chance. Ca aurait pu durer encore longtemps ^^
Bonnes lectures à tou.te.s et à demain du coup ;)
Dernière modification par Alhweder (24 Octobre 2018 12:02:17)