Les délices de Tokyo : Personnages et intrigues

-Qu'avez-vous pensé des personnages et de l'intrigue ?
Les personnages comme ceux de Sentarô et Tokue m'ont beaucoup plu ainsi que Wakana (mais dont on ne sait pas grand chose au final). Quant à l'intrigue, j'ai failli refermer rapidement le roman car on passe quelques cinquantaines de pages à l'étude et la fabrication de la pâte à haricots rouges et je ne voyais où cela pouvait me mener.
-Avez-vous réussi à cerner tous les personnages ?
oui assez facilement, un Sentarô un peu paumé, condamné à de la prison, qui n'attend pas grand chose de la vie et qui travaille pour rembourser ses dettes. Tokue, ancienne malade de la lèpre qui a toujours vécu cachée aux yeux des autres et qui veut (en demandant du travail auprès de Sentarô) que l'on pose un nouveau regard sur elle. Quant à Wakana, on ne sait pas beaucoup de chose sur elle, alors qu'elle est très présente sur la fin du roman.
- Avez-vous ressenti l'impact culture dans les rapports que les personnages entretiennent ?
oui, la notion de hiérarchie, de retenue, de respect vis-à-vis des autres.
-Vous attendiez-vous à un autre développement des "liens" entre les personnages ?
non,

J'ai beaucoup aimé le personnage de Tokue (mais ayant vu le film... difficile de faire la part des choses entre le livre et le film) parce que je l'ai trouvé hyper touchante, pleine de gentillesse! Elle est très calme mais a un côté obstiné parce qu'elle veut "découvrir" un peu plus le monde! Finalement, j'ai eu l'impression que ce boulot, elle le voulait plus pour le contact avec les gens, l'expérience, plus que de travailler et de faire des doryakis
J'ai moins réussi à cerner Senturo, qui reste assez mystérieux même si comme cela a été dit avant, on voit qu'il cherche à donner un sens à sa vie et qu'il a du mal à se détacher de sa culpabilité.
Mais finalement, ce que j'ai surtout apprécié, c'est que j'ai eu l'impression qu'au fur et à mesure, ils se dévoilaient un peu plus, on les comprenait petit à petit comme si on enlevait délicatement la peau d'un fruit pour découvrir son cœur caché sous une écorce plutôt résistante, j'ai trouvé ça doux et j'ai beaucoup aimé =)

Après effectivement, j'aurais aimé en savoir un peu plus, surtout sur Wakana, mais finalement je trouve que cela s'accorde plutôt avec la culture japonaise, qui, je trouve, est plutôt réservée... j'ai l'impression qu'on s'épanche moins, les gens sont plus discret et réservé donc c'est plutôt cohérent! :)

Les personnages sont attachants, Sentarô paumé, déprimé, indécis face à son avenir, doit-il rembourser ses dettes et abandonner Doraharu alors qu'il découvre petit à petit la satisfaction du travail bien fait au contact de Tokue. Cette dernière est très émouvante avec son passé de bannie, et elle cherche à profiter de sa liberté retrouvée pour vivre au contact des autres, partager sa joie de vivre toute simple, et transmettre son savoir culinaire. Enfin Wakana collégienne qui cherche aussi sa voie, en rupture avec sa famille.
Le canari, ou serin, qui retrouve sa liberté grâce à Tokue, tout en revenant la voir, pourrait être une métaphore de Wakana et Santarô, à qui Tokue propose une liberté, un projet d'avenir et qui aurait pu les aider jusqu'à ce qu'ils volent de leurs propres ailes

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si elle n'était pas décédée

J'ai ressenti la culture japonaise dans ce petit concentré de poésie et d'humanité, et aussi dans cette réflexion sur le sens que l'on veut donner à sa vie. Ça m'a fait penser au film d'animation japonaise " Si tu tends l'oreille" des studios Ghibli, dans le style de Miyazaki, à cause de son titre d'abord, et qui traite aussi de la recherche de soi, de l'avenir et des décisions délicates à prendre.
J'aurais apprécié une fin un peu plus aboutie, savoir si Santarô se lançait dans son propre commerce, s'il trouvait le lieu de ses rêves, assister à ses débuts... ça aurait aussi étoffé ce roman assez court !

J'ai trouvé Tokue très attachante ! Son histoire (le fait d'avoir été enfermé presque toute sa vie, et d'avoir été abandonnée par sa famille à cause de la peur causée par la maladie) a beaucoup aidé c'est certain. Sentarô, m'a moins touchée, ok il a fait de la prison et il regrette. Mais il a un emploi qui lui permet de rembourser ses dettes et un toit au dessus de la tête, il s'en sort pas mal au fond.. Pour Wakana, on en sait tellement peu sur elle que ce personnage m'a laissé de marbre.

J'ai beaucoup aimé découvrir une partie de l'Histoire du Japon à travers ce roman. Je parle bien sûr de tout ce qui concerne la lèpre et la façon dont été traité les malades. Parce que personnellement, je n'en savais rien du tout (bon, il faut dire aussi que je ne m'étais jamais posé la question.. ^^"), et du coup, ça m'a permis d'en savoir plus sur ce pays que j'adore.

D'un point de vue culturel, on voit totalement la pudeur des japonais dans les rapports que personnages ont entre eux, comme le disait @Ichmagbücher ils n'osent pas se dire les choses en face, mais préfère passer par la voie écrite.
D'ailleurs, j'ai été assez surprise par Tokue, quand elle a dit à Wakana que Senterô pourrait prendre le canari chez lui, ou qu'il pourra l'embaucher si elle en a besoin C'est surprenant qu'elle ose parler au nom de quelqu'un d'autre sans lui avoir demandé son avis, ça ne cadre pas beaucoup avec la mentalité japonaise je trouve.. Suis-je la seule à avoir été interpellé par ça ?

J'ai vraiment été attristé par la mort de Tokue. J'aurais vraiment souhaité qu'elle vive, au moins le temps de voir Sentarô réussir ses fameux dorayaki au sel..
En parlant de Sentarô, j'aurais aussi préféré que l'on sache si oui, ou non, il va enfin trouver la recette idéale, s'il va ouvrir sa boutique et s'il va enfin réussir dans la vie ! (par réussir j'entends : avoir un commerce qui tourne bien, et qu'il puisse enfin vivre sans passer son temps à s'accabler de remords).
Je crois bien que ma fin idéale aurait été : Sentarô ouvre sa boutique qui fonctionne bien, ce qui lui permet de prendre un appartement plus grand afin que Tokue puisse vivre avec lui et enfin quitter le sanatorium. Quant à Wakana elle aurait travaillé à la boutique avec Sentarô..  Mais dans les faits, on en est loin....

Il n'empêche que malgré tout, ce roman a été une super découverte pour moi. Je le trouve porteur d'espoir (malgré la fin triste), et je pense le relire régulièrement, comme une petite lecture doudou.