Lydie Salvayre

 
    • FossoyeuseDeLitterature

      Livraddictien débutant

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      #1 07 Avril 2018 17:28:51

      Lydie Salvayre commence à écrire à la fin des années 1970.
      Elle est aujourd'hui éditée par les Editions du Seuil (et nombre de ses ouvrages sont disponible en poche collection "Points")                                                 
      Elle est née d'un couple de républicains espagnols exilés dans le Sud de la France depuis la fin de la guerre. Elle grandit près de Toulouse. Le français n'est pas sa langue maternelle, elle l'approche par l'école et la littérature : ce qu'elle développe dans "pas pleurer" (d'ailleurs prix Goncourt en 2014) ouvrage ou elle donne la parole à sa mère pour raconter la guerre d'Espagne à la première personne. Elle nous plonge dans cet instant vécu comme une libération pour la jeune femme, rapidement rattrapée par la réalité des combats et de la fin (violente) de la révolte. Elle est reconnue pour "rajeunir" le français en le patinant de tournures hispanisantes. Son recul lui permet de travailler formellement sa pratique de la langue. Son regard presqu'extérieur met en exergue les images qui nous sont habituelles et pa là même presqu'invisibles.
      Elle nous décrit de façon très frontale le monde, souvent avec ironie (et beaucoup d'humour) avec des phrases assez courtes et sèches. Il est résulte quelque chose d'incisif presque violent parfois. On l'entend parler, on sent un ton particulier à travers les pages. Son écriture est engagée aussi bien sur des questions sociales : dans La médaille (paru en 1993) elle donne la parole à une usine entière, qui autour de la remise de médailles (en chocolat) à des ouvriers à "distinguer" et d'une presque révolte, la langue des communicants et des dirigeants se déploient dans un discours de sourds assez atterrant. Dans Portrait d'une écrivain en animal domestique (paru en 2007) elle caricature le lien entre écriture et pouvoir à travers une jeune femme payée pour écrire la biographie d'un PDG d'une chaine de Hamburger.           
      Son dernier ouvrage (paru en octobre 2017), tout homme est une nuit est consacré au regard porté par un visage sur un nouveau venu "typé" qui est automatiquement suspecté de tous les travers... simplement parce qu'il n'est pas d'ici. Salvayre nous propose le contre champ interne de cet homme et sa perception à lui de ces gens. Dans tous ses ouvrages les personnages féminins ont une place importantes, qu'elles soient personnages principaux (comme dans pas pleurer ou Portrait de l'écrivain en animal domestique) ou "simplement" présente. Ainsi dans Tout homme est une nuit elles sont adjuvantes et opposantes, discrètes souvent mais toujours là pour gérer cette petite société. C'est d'ailleurs leur place dans les yeux des hommes qui fera déraper l'histoire : leur peur de se voir dérober leur domination sur leurs femmes et filles, la peur de la féminisation... les amène à perdre les pédales. Ces rapports soutiennent toute son oeuvre, qu'ils soient de domination, de confrontation ou de cohabitation. Sept Femmes (paru en 2013) est consacré aux vies d'écrivaines qui pour Salvayre ont eu une importance particulière aussi bien dans son rapport à la littérature que dans l'histoire littéraire elle-même. Si ces biographies sont importante la réflexion sur ce que ces féminités ont apporté aux pratiques d'écriture est fondamentale.                      
      Elle questionne beaucoup la place de la mère (et de la maternité) dans la société : à la fois place valorisée mais isolante. Que ce soit par les yeux de sa mère qui n'a pas désiré véritablement ses grossesses, par des personnages ne sachant pas comment réagir face aux enfants... Comment assumer l'impératif d'être parfaite à la fois dans sa carrière, dans sa maternité et dans ses amour ? Ce paradoxe imposé au femmes se retrouve dans beaucoup de ses romans.    
      La réflexion que Lydie Salvayre nous offre sur les oppressions ordinaires est violente mais nécessaire.                        
    • EcureuilBibliophile

      Casual lecteur

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      #2 07 Avril 2018 19:05:55

      OH OUI !
      Elle est pleine d'humour :)
      La table ronde à laquelle elle participait à l'université de Poitiers pendant Campus en Festival avec Sarah Pépe et Juliette Mézenc était TOP !
      elles parlaient féminisation de la langue, tout ça... notamment le terme autrice.

      un vrai bon moment !