#131 29 Septembre 2020 23:12:11
Je lis passablement mais par les temps qui courent je me sens vache pour les avis. En voici quand même quelques uns ...
La prière d'Audubon de Kotaro Isaka. La rencontre d'étranges personnages sur une île inconnue alors que Itô ne sait même pas comment il y est arrivé fait songer au début de ce roman à un “Alice au pays des merveilles” asiatique. Mais on vire assez tôt dans un récit mélangeant policier et fantastique dont la chimie fonctionne. Le style est épuré, les personnages étrangement détachés, le récit très original. Une lecture correcte mais qui ne m'a pas accroché outre mesure.
Un beau jour pour mourir de Jim Harrison, un auteur qu'il me tardait de découvrir. Le 4e de couverture fait allusion à “Jules et Jim”, je dirais que ce livre m'a plutôt rappelé le film “Les valseuses” avec , entre autres, Miou-Miou, Dewaere et cie. Même genre de trio mal assorti, road trip bancal, sexe, drogue, méfaits, fuite en avant sans doute menant droit au mur. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde malgré les valses hésitations de la belle du trio. Les passages où le narrateur va à la pêche apportent une bouffée d'air frais et pur dans ce récit trépidant et quelque peu déprimant tellement on sent que tous les personnages passent à coté du plus important. L'écriture est juste, racoleuse. Définitivement un auteur qui me plait!
Tribulations d'un précaire de Ian Levison. Le capitalisme ne saurait fonctionner s'il n'y avait pas un lot de laisser pour compte qui ne réussissent à survivre qu'en enchaînant de petits boulots aussi exigeants que mal payés. C'est ce que nous raconte, de l'intérieur, ce témoignage, très bien écrit et fort dérangeant tellement on sent l'impuissance totale des gens pris dans cet engrenage. Les anecdotes de travail, que ce soit le chaîne de découpage de poissons, l'entreprise de déménagement indépendant, la livraison d'huile de chauffage etc., sont terriblement éloquentes en soi. Mais l'auteur y ajoute des réflexions pertinentes sur cette organisation du travail qui repose sur le je m'en foutisme de la société envers cette catégorie de travailleurs. Un constat implacable qui m'a bouleversé.