#484 07 Juin 2022 20:06:19
L'œuvre de Émile Zola
Depuis que j'ai entrepris la lecture des Rougon-Macquart j'ai fait des découvertes magistrales, notamment avec Germinal et Au bonheur des dames, mais aussi connu quelques déceptions. Mais je ne m'étais jamais autant ennuyé que dans celui-ci ! Rien ne m'a touché ici; ni la camaraderie de ces artistes en herbe qui pensent réinventer le bouton à quatre trous, ni le pénible attachement de Catherine pour son peintre indifférent, ni les exaltations passagères de ce bipolaire, ni l'embourgeoisement des parvenus. Je vois bien ce qu'illustre Zola, sans doute avec justesse, mais tout cela m'a laissé de marbre. Jamais je n'ai réussi à sympathiser avec ces personnages, encore moins être ému par leurs malheurs.
Le processus créatif ne doit effectivement pas être de tout repos, j'en convient, encore moins quand il est question de défier les canons d'un genre. Mais pour une raison qui m'échappe je suis resté totalement insensible à ce livre. Pourtant la plume de Zola est tout aussi aiguisée que dans ses autres bouquins; on se laisse facilement bercer par sa prose. Quand on parle d'un rendez-vous manqué, cette lecture en est un bel exemple. Dommage.
Trop plein de Martin Talbot
L'auteur évoque brièvement plusieurs souvenirs très disparates, sans liens les uns avec les autres. Au lecteur de dresser un portrait de la personnalité qui en ressort. L'exercice n'est pas sans intérêt mais n'est pas passionnant non plus. N'est pas Michel Tremblay qui veut pour pouvoir ainsi soutenir l'intérêt avec des bribes autobiographiques éparpillées à gauche et à droite. Pourtant Talbot, qui a été parti pris à l'écriture de “Les parents”, une série télévisée intelligente et suave, nous livre parfois des flashs d'une grande pertinence et plutôt touchants.
Il en ressort un portrait d'un homme en proie au doute, à l'anxiété exacerbée, près de sa mère puisque le père est absent ou presque. Ok mais encore ? Les problèmes évoqués ne touchent pas vraiment la santé mentale, bien qu'ils y soient reliés. Sont-ils courants ? Oui, mais à mon avis l'auteur n'a pas su dépasser la simple évocation sans fouiller plus avant. Ou peut-être que c'est moi qui n'a pas su décoder assez le propos. . . Toujours est-il que je suis content d'avoir lu ce très court livre, mais n'en garderai pas un souvenir marquant.
Au nom de l'horreur de Louis-Pier Sicard
Un huis-clos très classique: huit personnes enfermées dans un manoir isolé, impossible de communiquer avec l'extérieur, les morts s'accumulent. Ce fil tellement exploité peut-il encore présenter des nouveautés et nous surprendre d'une façon ou d'une autre? Pas vraiment ici, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu'il n'y a pas d'intérêt. Car si tous les codes du genre sont respectés, ils sont bien exploités; la tension se bâtit graduellement, de fausses pistes apparaissent, des pics d'horreur surgissent, le dénouement n'est pas si convenu . . . Au total c'est une lecture assez courte, sans temps morts, ni grande originalité, mais qui tient le lecteur en haleine même si certains développements sont prévisibles