[Suivi lecture] Errant

 
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

    Hors ligne

    #651 08 Novembre 2023 19:52:27

    :yeah: un nouveau mordu de La Recherche :pink:
    J'adore ta phrase "Cette écriture est une drogue" - c'est tellement ça !
    Et je suis d'accord Swan n'est pas un personnage passionnant … mais il y a la sonate de Vinteuil !
    Bonne suite :-)
  • Grominou

    Administratrice

    Hors ligne

    #652 08 Novembre 2023 23:54:30

    Errant a écrit

    Il semble bien oui.

    Tu as lu toute le Recherche ?


    Oui, mais étalé sur deux ou trois ans. (D'ailleurs j'avais lu quelques-uns des tomes en LC avec Taffy, sur notre ancien forum!)

  • Claire C

    Passionné du papier

    Hors ligne

    #653 09 Novembre 2023 09:19:22

    Olala, ça donne envie de s'y mettre ! Ce sera sans doute en 2024 pour moi !
  • Errant

    Bookworm

    Hors ligne

    #654 09 Novembre 2023 13:40:55

    Cry father de Benjamin Whitmer

    Un rendez-vous pour une partie de pêche vire mal lorsque  Patterson se rend compte que son copain, défoncé à la meth, a enchainé et bâillonné sa conjointe dans le bain “pour avoir la paix”. La bagarre qui s'ensuit déclenchera une vendetta qui perdure tout au long de ce roman. La violence est omniprésente mais n'occulte pas les aspects plus intéressants du livre. Car c'est une plongée sans compromis dans le monde des vendeurs de drogues, de bikers, de cowboys déchus, de piliers de bars, que nous offre l'auteur; un monde fascinant même si l'espoir n'existe pas et gruge tous ces gens, malgré leurs bravades.

    On touche à une toute autre dimension avec les nombreuses lettres que rédige Patterson à son fils décédé suite à une erreur médicale; regrets d'une père trop absent parce son métier l'amène à voyager, trop peu attentif lorsque présent, rongé par la culpabilité. Son ex voit ça d'un autre oeil et tente bien de le raccrocher à la vie mais ça ne fonctionne pas vraiment. S'intercalent aussi des épisodes de rage incontrôlable du fils d'un ami de Patterson qui en veut à mort, c'est le cas de le dire, à son père pour les raisons floues. Le tout donne un roman extrêmement dur, avec des personnages désabusés évoluant dans un univers très sombre; une réussite sur toute la ligne.




    La conjoncture des hirondelles saison 1 de Thierry Lefebvre

    Début des années soixante, la guerre froide entre l'URSS et les USA se livrait sur tous les fronts, incluant bien sûr les sciences et aussi le développement de l'informatique, outil prometteur à cette époque. C'est dans ce contexte que l'auteur situe son récit, mettant en vedette un groupe de mathématiciens russes qui comprend également deux ukrainiens. Ce début de trilogie, où la résolution d'un problème mathématique sert de fils conducteur, aborde autant la dynamique du groupe, que l'atmosphère de suspicion propre à l'époque et, par la bande,  le système politique contraignant de la Russie. J'ai trouvé ce mélange bien dosé, le caractère des personnages principaux se précise lentement, l'intrigue se complexifie également au fil des chapitres.

    J'ai été un peu dérouté au début par le problème mathématique; on le comprend facilement mais, heureusement, on ne nous demande pas de le résoudre! Reste que cet élément scientifique colore l'histoire et j'ai apprécié la ténacité des acteurs pour le résoudre et les raisonnements qui les font avancer; c'est un aspect qu'on rencontre rarement et cela apporte une touche d'originalité. La section portant sur les balbutiements de l'informatique ,est instructive et m'a rappelé de bons souvenirs (hé oui j'ai connu les cartes perforées).  Mais il est aussi question d'amitié, de jeux d'influence, de drames personnels, d'ingérence politique. Bref la table est mise pour la suite des choses , on nous fournit même à la fin le premier chapitre du tome deux. En somme une lecture agréable, facile à suivre malgré les cotés scientifiques, bien rythmée, qui donne l'envie d'explorer la suite.
  • Grominou

    Administratrice

    Hors ligne

    #655 09 Novembre 2023 20:38:16

    Je ne connais pas du tout La Conjoncture...  Bon, je trouve ça dommage d'avoir fait une trilogie avec des tomes de 200 pages chacun...:grat:  Ça a l'air bien, je vais voir s'il est à la bibli!
  • Errant

    Bookworm

    Hors ligne

    #656 17 Novembre 2023 16:27:21

    La vendetta de Honoré de Balzac

    Ginevra, une jeune corse au caractère bien trempé, découvre un proscrit chez son professeur de peinture, en tombe amoureuse, le marie malgré l'opposition de son père et le couple, après quelques années de bonheur, sombre dans la misère. Tel est le résumé de cette courte histoire d'amour qui tournera au drame.

    Ce premier contact avec Balzac n'est pas pour me déplaire mais ne m'a pas enchanté non plus. J'ai aimé l'écriture, fluide et facile à lire, on est loin ici de Zola ou de Proust. Il y a eu quelques généralisations sur le caractère des femmes qui m'ont fait tiquer, même en considérant l'époque. J'ai apprécié la force des dialogues, particulièrement le passage où le père refuse à sa fille le droit de se marier; son entêtement, son chantage émotif, l'ampleur de sa colère sont rendus avec brio et forment un passage très dynamique. Les observations sur Napoléon et sur les jeunes étudiantes ajoutent de l'intérêt au récit. Il y a plusieurs nouvelles dans la vaste entreprise de “La comédie humaine” et celle-ci m'a quand même donner le goût d'en explorer d'autres avant, peut-être, d'aller du coté de ses romans plus connus.



    Flush de Virginia Woolf

    La biographie d'un cocker peut-elle à la fois amuser le lecteur et l'instruire sur les mœurs d'une époque ? Absolument comme le démontre ici Virginia Woolf en  nous plongeant dans un récit au ton badin et moqueur, ponctué d'apartés plus sérieux sur les travers de la société. Que ce soit sur les choses qui n'ont pas de prix, sur l'indulgence dont profite les hommes quant à leurs comportements sexuels, ou encore sur le gouffre qui sépare la bourgeoisie des classes laborieuses, l'auteure sait, en quelques remarques acérées, nous indiquer clairement son point de vue.

    Écrire sur ce que ressent un chien sans tomber dans l'anthropomorphisme est un défi et, à cet égard, ce roman me semble particulièrement réussi; Flush appréhende le monde avec son odorat, démontre l'exubérance et la fidélité propres à sa race et laisse les considérations philosophiques aux humains. Au fil de sa vie il est question d'attachement, de liberté, des compromis entre les deux, mais surtout de joie de vivre. Au-delà de ses pérégrinations, et en même temps à cause de celles-ci, le lecteur entrevoit ce que peut être une vie de chien; et ce n'est pas nécessairement celle que désigne l'expression populaire.
  • Grominou

    Administratrice

    Hors ligne

    #657 18 Novembre 2023 03:22:37

    Ah tiens c'est bizarre, j'ai trouvé quand à moi que la plume de Balzac se lisait moins bien que celle de Zola ou Maupassant.

    Flush a l'air sympa, peut-être une bonne façon de retenter V. Woolf -- j'avais eu de la difficulté avec Mrs Dalloway.
  • Errant

    Bookworm

    Hors ligne

    #658 18 Novembre 2023 11:28:11

    Certainement si tu cherches quelque chose de court, léger sans être insignifiant, écrit avec subtilité et humour.

    Dolloway est dans ma PAL, mais j'ai toujours hésité . . .
  • Grominou

    Administratrice

    Hors ligne

    #659 19 Novembre 2023 03:18:08

    Il y a de très beaux passages mais dans l'ensemble j'étais souvent perdue...
  • Errant

    Bookworm

    Hors ligne

    #660 19 Novembre 2023 10:19:57

    Clara lit Proust de Stéphane Carlier

    Clara a une vie insatisfaisante: un métier qui ne la passionne pas, en couple avec un beau pompier qui ne la fait plus vibrer, un vague sentiment de vide qui la hante. Un peu par hasard elle tombe sur un exemplaire de “Du coté de chez Swann” (ou peut-être d'une intégrale de la Recherche, mais en poche ce serai surprenant). Malgré un premier contact rébarbatif, elle se reprend et devient peu à peu envoûtée. Et là l'histoire déboule.

    Ayant découvert Swann il y a juste un mois, je me suis reconnu dans ses débuts difficiles, avant que le charme opère et qu'elle se dise qu'après tout elle pourrait y arriver. Et qu'elle soit complètement happée par la suite. La fin est peut-être un peu trop à l'eau de rose à mon goût mais c'est un bien petit bémol pour une lecture que j'ai dévoré avec avidité. Le monde dans lequel évolue Clara est bien illustré, avec respect, on sent les odeurs fortes du salon de coiffure en lisant ces passages. Le récit est éminemment sympathique, l'évolution de Clara fascinante à suivre. L'auteur est possiblement un peu trop optimiste quant au pouvoir de transformation qu'aurait la Recherche mais dans le fond on s'en fout, l'histoire est trop belle, ce n'est pas le temps de râler !


    Idaho de Emily Ruskovich

    Quel étrange roman ! On navigue entre drame familial et thriller tellement la cause du drame en question n'est pas claire. Et, par de longs passages, on songe beaucoup plus à un roman contemporain et même un style nature writing. Mais ce mélange des genres ne se fait pas au détriment d'un récit solide, jouant habilement sur le temps, les lieux et les personnages. Car les itérations temporelles abondent, à chaque chapitre pratiquement. Heureusement elles sont bien indiquées mais il faut prêter attention pour dénouer l'écheveau. Les personnages ont des trajectoires inattendues, toutes comportant une certain flou; au lecteur de combler les vides . . . L'utilisation des lieux est aussi hautement symbolique; au carcan de la prison s'oppose les grands espaces de la montagne, mais y sommes-nous nécessairement plus heureux ?

    L'évolution du problème de démence précoce de Wade est bien illustré, de même que ses répercussions sur son entourage. On ressent bien les émotions des protagonistes, que ce soit la résignation de Jenny, le désarroi de Wade ou les interrogations obsédantes de Ann.
    J'ai aimé l'évocation des forces et beautés de la nature, la capacité de l'auteure à toujours nous tenir dans l'incertitude, sa perspicacité à décoder les comportements conjugaux et familiaux et, surtout, cette fin où, d'une certaine façon, la boucle est bouclée même si le lecteur reste avec des questions vitales auxquelles le récit ne répond pas. Je crois que l'auteure a fait preuve d'audace, surtout pour un premier roman, et elle a bien fait.