[Suivi lecture] Errant

 
  • Grominou

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    #701 21 Janvier 2024 00:03:23

    Perso la première partie de ce tome de La Recherche m'avait ennuyée, mais j'ai adoré la partie à Balbec!  J'avais l'impression de me retrouver dans une peinture impressionniste!
  • Mypianocanta

    Livraddictien de l'espace

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    #702 21 Janvier 2024 20:13:23

    J'ai toujours trouvé que A l'ombre des jeunes filles en fleur souffrait d'une sorte de déséquilibre probablement dû au saut dans le temps entre les passages avec Gilberte et le (les?) séjours à Balbec (le grand hôtel existe toujours et on peut entrer dans les parties communes juste pour les contempler :pink: ). c'est une de mes parties préférées dans La Recherche tant pour l'histoire que pour les réflexions dont tu parles.
    Je me suis prévu de relire Guermantes cette année.
  • Errant

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    #703 25 Janvier 2024 13:25:00

    La conjoncture des hirondelles tome 3 de Thierry Lefebvre

    Difficile de commenter cette fin de trilogie sans divulgâcher, ce que j’essayerai d’éviter. D’emblée, disons que l’auteur m’a bien eu en me baladant allègrement sur un thème pour finir par me laisser avec mon petit bonheur. Je ne l’ai jamais vu venir et j’ai bien ri de ma déconvenue, bien légère, faut-il dire. Dans ce tome final, les intrigues se dénouent, les pièces du casse-tête tombent en place, la boucle est bouclée. Comme dans les opus précédents, le rythme est bon, les intrigues diversifiées, les personnages crédibles.

    Par contre, j’ai eu un peu de mal à adhérer aux moments dramatiques, car ils surviennent dans un monde où tout, ou presque, finit par s’arranger, où les inquiétudes sont de courte durée, où le stress inhérent à des changements radicaux de vie semble bien éphémère. Je crois que la vie n’est pas si facile, si accommodante, ni pour tous, ni tout le temps. J’avoue que c’est sans doute mon préjugé défavorable à tout ce qui peut vaguement s’apparenter à des romans “feel good” qui s’exprime ici, alors que ce n’est nettement pas le cas de ce livre. Au-delà de ce bémol, je garderai un bon souvenir de cette trilogie pour son côté scientifique inhabituel, ses personnages bien découpés et sa toile d’arrière-fond d’une actualité intemporelle.


    Rebecca de Daphné du Maurier

    Tout ce que je savais de ce livre, c’est que Hitchcock en avait fait un film, de même qu’avec Birds, de la même écrivaine. Même avec cette excellente référence en tête, je ne me doutais jamais être confronté à une lecture si addictive, surtout à compter de la fin du chapitre XVIII qui change radicalement la donne de tout le récit. Avant je désespérais de la timidité et du manque de confiance en elle de la narratrice, trop souvent apitoyée sur son sort, ballottée par ses peurs et me demandais bien à quelle sauce elle était pour se faire manger et par quel ogre. Or le centre d’intérêt change drastiquement après la bombe de cette fin de chapitre.

    L’auteure parvient très bien à nous faire partager les émotions de son héroïne, autant son angoisse que ses espoirs, son sentiment d’échec que son amour sans réserve, ses appréhensions que ses soulagements. La tension monte inexorablement du début à la fin et, en fait, ne retombe jamais. Le personnage de Max est insaisissable à souhait, les méchants ignobles au cube, d’autres protagonistes juste équivoques; une aura de mystère flotte allègrement sur l’ensemble. Le manoir est un personnage en soi, les domestiques forment un beau contraste avec cette bourgeoisie un peu pédante, la fin est mémorable. Bref, je me suis régalé et lorgne déjà d’autres œuvres de cette romancière..



    La sainte paix de André Marois

    Parfois, au cours d’une vie, on peut vouloir trucider un voisin; heureusement, cela reste au niveau du fantasme. Mais qu’en est-il si on se prépare réellement au passage à l’acte? Tel est le prétexte de ce court et divertissant roman, centré sur une femme de soixante-quatorze ans, qui veut «la sainte paix» et tente de l’obtenir. D’une péripétie à l’autre, le plan prend forme, dérape, rencontre des imprévus de taille; notre meurtrière en puissance doit improviser, ignorer ses rhumatismes, ses douleurs chroniques, puiser dans ses réserves et, pourquoi pas, se fouetter d’une bonne gorgée de gin, en plus, pourquoi pas encore, d’avaler quelques gélules de cannabis. Tout se complique encore plus lorsque policiers et agents de la faune s’en mêlent. Au premier degré rien de très plausible dans tout cela. Mais au deuxième, j’ai ri des mésaventures de cette Jacqueline aussi déterminée que rusée et admiré sa persévérance dans ses plans machiavéliques.
  • Errant

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    #704 28 Janvier 2024 10:37:23

    Ma cousine Phillis de Élizabeth Gaskell

    Un aide-ingénieur se découvre une tante près du chantier où il travaille, la fréquente assidûment et y invite même éventuellement son patron. La jeune fille de la famille, Phillis, tombe sous le charme de cet érudit, notamment pour sa large culture. Lui l’aime en silence avant d’être transféré au Canada. Tout cela peut paraître bien banal, mais, à l’époque victorienne, ce ne l’était pas, surtout quand vous habitez un petit patelin et que votre père en est le pasteur.

    L’auteure a su imager avec délicatesse la complicité qui se développe entre le cousin et sa cousine, la bienveillante autorité du père, le profond désespoir de Phillis lors du mariage de son bel ingénieur. Les personnages sont étoffés, l’ambiance pudique de l’époque baigne le récit, l’écriture fluide et nuancée sert bien le récit. Ce dernier est simple, mais attachant, sans dessein moralisateur et se termine en beauté. J’ai aimé et compte bien revisiter cette écrivaine.
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    #705 29 Janvier 2024 12:58:58

    Ce que je sais de toi de Éric Chacour

    Construit avec intelligence et magnifiquement rédigé, le premier roman de cet auteur m’a grandement impressionné. Écrit avec sensibilité, mais sans sensiblerie, non seulement le texte charme par sa beauté intrinsèque, mais l’histoire qu’il raconte aborde plein de thèmes fondamentaux, de fortes émotions en émanent, malgré une certaine pudeur, une forme de retenue qui, finalement, n’en rehausse que l’impact. Dire que je me suis laissé bercer par ces phrases, toucher par ce Tarek désemparé, envoûter par ce destin crève-cœur, tout en étant constamment intrigué par la suite des choses, serait déjà au-dessous de la fascination que m’a procurée ce livre.

    L’amour se décline de nombreuses façons dans cette histoire; parfois, il piège insidieusement, parfois se manifeste dans l’abnégation, ou s’incarne dans le mensonge «pour le bien de», parfois même envers un personnage encore inconnu, souvent aussi serti de mensonges et de non-dits. Quoi qu’il en soit, l’auteur ne moralise pas, il expose, relate et nous laisse le soin d’apprécier. Et sème des perles ici et là, comme ces surnoms de Mira-l’insaisissable! Je me joins sans réserve aux éloges qui célèbrent la naissance de cet auteur.
  • Errant

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    #706 01 Février 2024 22:38:18

    La petite fille et le monde secret de Maren Uthaug

    La grand-mère d’une jeune fille lui met des idées délirantes dans la tête à propos de sous-terriens, espèces de monstres dont il faudrait à tout prix se prémunir. La fillette grandira avec cette obsession qu’elle partagera allègrement avec un compagnon de jeu vietnamien. On la verra grandir et éventuellement effectuer un retour aux sources. J’avoue qu’à part le caractère buté de l’héroïne, rien dans ce roman ne m’a accroché.

    Les caractères des personnages secondaires m’ont paru plus stéréotypés que développés, l’espèce d’intrigue quant aux origines réelles de Risten arrive sur le tard, les discussions sur les croyances et religions ne sont qu’esquissées et la fin est en queue de poisson. L’écriture m’a semblé correcte, sans plus, l’aspect des Sames n’est pas vraiment exploité. Ça se lit facilement, mais s’oublie tout autant.



    Une vie de Guy de Maupassant

    La Jeanne de l’histoire me semble plutôt innocente, dans tous les sens de ce terme. D’abord c’est une personne pure, qui ne connaît pas le mal, lâchée dans la vie sans préparation réelle, mariée sans presque s’en rendre compte dès la sortie du couvent. Ensuite, innocente, car pas coupable de ne pas avoir saisi la personnalité de Julien avant de le marier; c’était à ses parents de la protéger de ce profiteur. Finalement innocente, trop naïve, pour s’apercevoir ni des infidélités de Julien ni de l’exploitation éhontée de Paul. Oui, la vie peut être pénible lorsqu’on laisse systématiquement son sort dans les mains des autres. Était-ce le lot de toutes les jeunes filles de l’époque?

    J’ai globalement aimé ma lecture bien que l’héroïne m’ait désespéré tout au long et que j’ai haï Julien de toutes mes forces. Au moins, la colère du vicomte et la prise en charge par Rosalie à la fin rétablissent une certaine justice en ce bas monde. J’ai aussi trouvé cocasse la différence abyssale entre les deux curés. L’écriture de Maupassant, surtout lorsqu’il décrit paysages et éléments de la nature, m’a charmé, de même que la justesse de ses dialogues. Les personnages sont bien campés, le récit intéressant, la chute suave. J’y ai découvert une autre facette de l’auteur que je ne connaissais que par “Le Horla”.
  • Grominou

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    #707 02 Février 2024 02:05:20

    J'ai moi aussi beaucoup aimé ses descriptions des paysages de Normandie et de Corse, et Jeanne m'a touchée.  Quelle plume! :pink:  L'an dernier j'ai lu Bel-Ami, dans une ambiance très différente, j'ai beaucoup aimé aussi!
  • Errant

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    #708 02 Février 2024 07:18:14

    Il est dans ma longue liste de classiques à lire . . .
  • Grominou

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    #709 02 Février 2024 09:25:04

    Tu sais déjà quel sera le prochain?
  • Errant

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    #710 02 Février 2024 12:01:46

    Déjà entamé "L'argent" de Zola parce que je compte finir les Rougon-Macquart en 2024. Après celui-ci il ne restera plus que "La débâcle" et "Le docteur Pascal".

    Cette année je vais aussi avancer dans "La recherche" de Proust et je pige ici et là dans les nouvelles et romans de Balzac qui m'impressionne jusqu'ici.

    En plus de découvrir les anglais comme Gaskell, Dickens et peut-être même "Orlando" de Woolf.

    2024 sera une année de classiques, pas exclusivement bien sûr, mais ce sera définitivement le focus.