#703 25 Janvier 2024 13:25:00
La conjoncture des hirondelles tome 3 de Thierry Lefebvre
Difficile de commenter cette fin de trilogie sans divulgâcher, ce que j’essayerai d’éviter. D’emblée, disons que l’auteur m’a bien eu en me baladant allègrement sur un thème pour finir par me laisser avec mon petit bonheur. Je ne l’ai jamais vu venir et j’ai bien ri de ma déconvenue, bien légère, faut-il dire. Dans ce tome final, les intrigues se dénouent, les pièces du casse-tête tombent en place, la boucle est bouclée. Comme dans les opus précédents, le rythme est bon, les intrigues diversifiées, les personnages crédibles.
Par contre, j’ai eu un peu de mal à adhérer aux moments dramatiques, car ils surviennent dans un monde où tout, ou presque, finit par s’arranger, où les inquiétudes sont de courte durée, où le stress inhérent à des changements radicaux de vie semble bien éphémère. Je crois que la vie n’est pas si facile, si accommodante, ni pour tous, ni tout le temps. J’avoue que c’est sans doute mon préjugé défavorable à tout ce qui peut vaguement s’apparenter à des romans “feel good” qui s’exprime ici, alors que ce n’est nettement pas le cas de ce livre. Au-delà de ce bémol, je garderai un bon souvenir de cette trilogie pour son côté scientifique inhabituel, ses personnages bien découpés et sa toile d’arrière-fond d’une actualité intemporelle.
Rebecca de Daphné du Maurier
Tout ce que je savais de ce livre, c’est que Hitchcock en avait fait un film, de même qu’avec Birds, de la même écrivaine. Même avec cette excellente référence en tête, je ne me doutais jamais être confronté à une lecture si addictive, surtout à compter de la fin du chapitre XVIII qui change radicalement la donne de tout le récit. Avant je désespérais de la timidité et du manque de confiance en elle de la narratrice, trop souvent apitoyée sur son sort, ballottée par ses peurs et me demandais bien à quelle sauce elle était pour se faire manger et par quel ogre. Or le centre d’intérêt change drastiquement après la bombe de cette fin de chapitre.
L’auteure parvient très bien à nous faire partager les émotions de son héroïne, autant son angoisse que ses espoirs, son sentiment d’échec que son amour sans réserve, ses appréhensions que ses soulagements. La tension monte inexorablement du début à la fin et, en fait, ne retombe jamais. Le personnage de Max est insaisissable à souhait, les méchants ignobles au cube, d’autres protagonistes juste équivoques; une aura de mystère flotte allègrement sur l’ensemble. Le manoir est un personnage en soi, les domestiques forment un beau contraste avec cette bourgeoisie un peu pédante, la fin est mémorable. Bref, je me suis régalé et lorgne déjà d’autres œuvres de cette romancière..
La sainte paix de André Marois
Parfois, au cours d’une vie, on peut vouloir trucider un voisin; heureusement, cela reste au niveau du fantasme. Mais qu’en est-il si on se prépare réellement au passage à l’acte? Tel est le prétexte de ce court et divertissant roman, centré sur une femme de soixante-quatorze ans, qui veut «la sainte paix» et tente de l’obtenir. D’une péripétie à l’autre, le plan prend forme, dérape, rencontre des imprévus de taille; notre meurtrière en puissance doit improviser, ignorer ses rhumatismes, ses douleurs chroniques, puiser dans ses réserves et, pourquoi pas, se fouetter d’une bonne gorgée de gin, en plus, pourquoi pas encore, d’avaler quelques gélules de cannabis. Tout se complique encore plus lorsque policiers et agents de la faune s’en mêlent. Au premier degré rien de très plausible dans tout cela. Mais au deuxième, j’ai ri des mésaventures de cette Jacqueline aussi déterminée que rusée et admiré sa persévérance dans ses plans machiavéliques.