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  • Errant

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    #811 26 Septembre 2024 12:45:36

    Sacré de Dennis Lehane

    Moins noir que le précédent de la série, cet épisode ne fait pas pourtant dans la dentelle. Car si les ennemis de Kenzie et Gennaro sont plutôt du genre tordu et implacable, ces derniers ont parmi leurs connaissances des individus qui ne sont pas piqués des vers non plus. On verra ici que les relations ont leur importance. L’univers dans lequel évoluent nos deux détectives est pour le moins malsain; évangélistes fraudeurs, mégalomane meurtrier, femme fatale, privé corrompu, etc. Les pièges sont nombreux, c’est l’inverse pour les indices. Bref une enquête qui n’est pas linéaire, pleine d’embûches et de dangers, qui m’a tenu en haleine jusqu’à la finale, elle-même digne de mention.

    Il y a quelque chose de difficilement identifiable dans cette série qui la démarque des autres bonnes du genre. Peut-être l’espèce de sérénité des deux héros qui détonne avec l’ambiance lourdingue dans lequel ils évoluent. Le talent de conteur de Lehane y est certainement pour beaucoup, lui qui a l’art de nous entraîner dans les dédales du monde du crime qu’il maîtrise à la perfection. Chose certaine, il prouve encore ici qu’il fait partie des grands de ce genre.


    Le nez qui voque de Réjean Ducharme

    J’ai un vague, très lointain, mais agréable, souvenir de «L’avalée des avalés» du même auteur. Aussi avais-je hâte de renouer avec cet écrivain à la plume si particulière. Quelle déception! En gros, les propos du narrateur sont tellement décousus, souvent contradictoires, sombrant souvent dans un cabotinage effréné, qu’ils m’ont rapidement lassé au point de m’ôter le goût de poursuivre. Pourtant, puisqu’on devait en parler au club de lecture, je me suis accroché, sans pour autant que mon impression première en soit modifiée.

    Il faut dire que Ducharme sait jouer avec les mots et a le sens de la formule, bien qu’on soit loin ici de Sol, Devos ou Coluche. Ses personnages sont pour le moins atypiques et certainement originaux. Tellement en fait qu’ils en perdent toute crédibilité. En soi, cela ne serait pas grave s’ils colportaient des idées ou tenaient des propos intéressants, car le farfelu n’est pas intrinsèquement rédhibitoire. Or ici j’ai plus eu l’impression d’assister à un exercice de style où la forme, non seulement prédominait sur le fonds, mais l’occultait complètement. Le difficile passage de l’enfance à l’âge adulte, l’obsession de la chasteté, les affres de la marginalité sont autant de thèmes esquissés qui, traités autrement, m’auraient interpellé. Malheureusement, ce ne fut vraiment pas le cas.
  • Grominou

    Administratrice

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    #812 27 Septembre 2024 00:49:27

    Ce Ducharme, je sais que je l'ai lu mais je n'en garde aucun souvenir, alors que L'Hiver de force m'avait beaucoup plus marquée, ainsi que L'Avalée...
  • Errant

    Bookworm

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    #813 03 Octobre 2024 12:34:30

    Une saison pour la peur de James Lee Burke

    Ayant réintégré les forces de l’ordre pour payer certaines dettes, Dave Robichaud est envoyé en mission d’infiltration auprès de la mafia du coin. Coincé dans ce milieu hyper violent, il devra naviguer entre les machinations des uns et des autres, et pas juste celles des supposés méchants! Cet épisode de la série est celui des doutes; à qui faire confiance; quelles sont les véritables intentions du mafioso, de son employeur, de son ex-partenaire? On ne s’ennuie jamais ici.

    Au-delà de l’intrigue principale, déjà de qualité, ce sont les tiraillements et le cheminement de Robichaud qui a le plus retenu mon attention. On y voit un homme qui réfléchit au sens profond de la justice, et agit en conséquence, plutôt que d’appliquer bêtement les directives des patrons. Et pour cela, il prend des risques aussi importants que ceux qu’il encoure à être sous couverture. Du côté de sa vie personnelle, il guérit lentement du meurtre sordide de sa femme quelques années auparavant. Et sa relation avec sa fille adoptive se solidifie. Tout cela en fait un meilleur homme, plus serein. Ajoutez le charme particulier de cette Louisiane et on obtient un très bon opus.



    Le vol du dragon de Anne McVaffrey

    Depuis le temps que j’entends parler de «La ballade de Pern», je m’y suis lancé hier et j’en suis fort content. Car ce premier tome a dépassé mes espérances. Après avoir bouquiné sur l’ordre de lecture, j’ai entamé avec «Le vol du dragon»; un coup de cœur. L’univers proposé est riche, cohérent et, surtout, original avec ses dragons défenseurs et ces mystérieux Fils qui attaquent périodiquement. Les personnages principaux sont attachants, leurs relations dynamiques et relativement égalitaires; bien que les femmes n’y soient pas nombreuses, elles occupent une place importante, pour ne pas dire essentielle, dans l’histoire.

    Le récit est également bien balancé entre les scènes d’action, celles consacrées à l’évolution des personnages et le développement de l’intrigue principale. Le rythme est soutenu, il s’en passe des choses dans ce premier épisode! L’autrice joue bien avec l’aspect temporel dans cette guerre contre les Fils où mémoire, archives, et chants sont autant de leviers à bien exploiter, au même titre que les forces armées. Les rites d’accouplement des dragons et leurs conséquences, de même que les pensées et attitudes de ces derniers, contribuent aussi grandement à l’enchantement que m’a procuré cette lecture. Vivement le deuxième épisode.
  • Errant

    Bookworm

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    #814 06 Octobre 2024 11:50:14

    La griffe du chien de Don Winslow

    Pour qui s’intéresse le moindrement à la guerre contre la drogue menée par les États-Unis, ce livre est un incontournable. Il s’agit d’un roman, mais tellement documenté, collant souvent à une vérité que les politiciens, corrompus ou pas, voudraient bien garder secrète. Winslow insuffle une dose massive de réalisme dans ce thriller de grande envergure où politiciens, trafiquants, policiers et putes se livrent à un ballet d’une rare violence, qui pour s’enrichir, qui pour se venger, qui pour éradiquer ce fléau, qui juste pour survivre.

    Au long de ces huit cents pages, il y a une foule de personnages, autant du côté des cartels que des politiciens ou des forces de l’ordre, mais c’est relativement facile à suivre, car les caractères sont bien campés et l’auteur entrecroise les intrigues sans qu’on s’y perde pour autant. Au fil des pages, le lecteur s’imprègne dans ce milieu implacable où la moindre erreur devient fatale, découvre peu à peu que sous des dehors vertueux, cette lutte à la drogue sert des desseins moins glorieux et que le nombre de victimes collatérales ne semble pas préoccuper personne. Plusieurs protagonistes sont fascinants, à défaut de devenir attachants, leur cruauté empêchant toute sympathie à leur égard. La longueur de ce roman ne devrait pas vous rebuter, vous ne verrez pas le temps passer!



    Les cerfs-volants de Romain Gary

    C’est un tour de force qu’a réussi l’auteur à nous faire traverser la deuxième guerre mondiale de façon si sereine et originale tout en pointant les horreurs de celle-ci et les faits d’armes de la Résistance. On est loin ici des tueries en série, des exploits militaires ou du mythe des héros guerriers. Au contraire, tout est en subtilités et allusions et, surtout, l’approche est très originale. Par exemple l’obstination de Duprat à maintenir ouvert le Clos Joli malgré vents et marées, au risque de passer pour un collaborateur, oblige le lecteur à réfléchir à cette position tout en constituant en soi une jolie histoire. Quant au fil principal du récit, l’amour de Ludo pour Lila, en plus de prendre différentes formes, du réel au rêvé, du platonique au sexuel, il reste en arrière-plan même lorsque les protagonistes sont à des milles de distance, occupés qu’ils soient à survivre. Une relation particulière, charmante, qui confère au bouquin une aura un peu magique.

    Au-delà du récit, il y a une foule de sujets abordés ici : fidélité, trahison, pardon, résilience, etc. Les cerfs-volants en eux-mêmes occupent une place importante et significative dans l’histoire, au point quasiment d’en devenir un personnage. Lila, complexe à soi, devient de plus en plus sympathique au fil des pages, comme la plupart des autres acteurs d’ailleurs. Et comment oublier la réservée sagesse d’Ambroise...Bref ce roman m’a comblé par l’originalité de la trame, ses personnages attachants et la fluidité de l’écriture.
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #815 06 Octobre 2024 13:45:16

    Oh, je mets les cerfs-volants en WL !
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #816 06 Octobre 2024 14:08:19

    Contente de voir que tu as accroché avec Le Vol du dragon :-)
    Et je mets aussi Les Cerfs-volants dans ma wish
    Bon dimanche !
  • Grominou

    Administratrice

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    #817 07 Octobre 2024 03:07:02

    Oh Les Cerfs-Volants, quel bon souvenir!  Je l'ai lu vers la fin de l'adolescence.
  • Errant

    Bookworm

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    #818 10 Octobre 2024 12:19:24

    La quête du dragon de Anne McCaffrey

    Les choses se compliquent sur Pern alors que la coexistence entre anciens et nouveaux chevaliers-dragon devient difficile, que les Fils attaquent différemment et que la bisbille atteint même les Reines. La première partie de cet épisode porte surtout sur la gouvernance de Pern où les traditions, auxquelles certains tiennent mordicus, ne sont plus nécessairement adaptées aux nouveaux défis qui émergent. Par la suite, ce sont les découvertes technologiques et l’apparition d’un nouvel allié potentiel qui bouleversent les habitudes. Dans les deux cas, ces développements recèlent plein de surprises et enrichissent l’univers déjà captivant de Pern.

    Ce qui m’a le plus frappé dans cet opus, c’est de constater à quel point le facteur humain est important face au changement, qu’il de nature politique, technologique ou social; envie, jalousie, abnégation, soif du pouvoir, colère, etc., sont autant de déterminants des comportements qui vont soit entraver le progrès, soit le faire avancer. Au-delà des périls encourus par Pern, ce livre fait une grande place à l’humanité, que ce soit dans ses aspects les plus admirables comme les plus détestables. Les drames obligent à puiser dans des ressources insoupçonnées… Au total cela donne un deuxième opus très chargé, agréable, qui m’a définitivement ferré pour la suite des choses.



    Le chant du dragon de Anne McCaffrey

    Changement de cap majeur avec ce tome de la série, alors qu’on quitte les intrigues politiques pour s’attacher au sort de Menolly, une jeune bourrée de talents musicaux, en butte à l’incompréhension et la violence de ses parents. Le chemin de l’émancipation sera long et prendra de bien surprenants détours. Un tournant majeur de cet opus est certainement l’arrivée des lézards-de-feu qui occupent une place essentielle dans le récit tout en y apportant une couche supplémentaire de mystère.

    La personnalité de Menolly, sa détermination dans l’adversité malgré son manque de confiance en soi, sa passion pour tout ce qui touche la musique, sont remarquable. Avec l’apparition de ces compagnons lézards, l’auteure ouvre une myriade de possibilités qu’il sera intéressant de suivre. J’ai aussi bien aimé comment elle raccorde le sort de cette fille délaissée et incomprise au schéma plus général de la série. En se plongeant dans la réalité quotidienne de cette adolescente, on comprend mieux aussi les différences entre la vie dans les forts et celle dans les weyrs ou dans les ateliers. Bref de nouveaux points d’intérêt apparaissent, de même que de nouveaux personnages attachants, et on saisit de mieux en mieux la complexité de l’univers que nous propose McCaffery. J’aime bien.
  • Grominou

    Administratrice

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    #819 10 Octobre 2024 13:19:56

    Tu engouffres cette série, dis donc! :lol:
  • Errant

    Bookworm

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    #820 11 Octobre 2024 11:05:55

    Effectivement, c'est comme une piqûre !