[Suivi lecture] Errant

 
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    #971 19 Avril 2025 13:54:50

    Tirez sur le pianiste de David Goodis

    Peut-on garder la tête hors de l’eau lorsque le destin s’acharne ? C’est la question qui m’est restée au sortir de cette brève lecture. Car, après avoir touché le fond, Eddie a su se reconstruire une petite vie, peu glorieuse certes, mais satisfaisante, dans la mesure où il se contente de ce morne quotidien qui a tout de même le mérite de l’éloigner de ses pires démons. Mais voilà que son passé l’interpelle, sous forme d’un de ses frères dans le trouble qui fait appel à lui. Pourra-t-il continuer à se vautrer dans son cocon d’indifférence ou sera-t-il sensible aux liens familiaux, si ténus soient-ils ? Quelle que soit sa décision, les conséquences ne seront pas bénignes.

    J’ai aimé ce court roman pour sa simplicité apparente, pour les caractères déterminés des protagonistes, pour les personnages féminins déterminants. Je n’ai pas vu le film que Truffaut en a tiré, mais cette matière première permet certes plusieurs interprétations intéressantes. L’ambivalence de ce pianiste se comprend bien lorsqu’on découvre son histoire et on partage facilement son dilemme. Il ne reste qu’à souhaiter que si une telle chose nous arrivait, on soit aussi bien entouré que lui… L’écriture est nerveuse, colorée, directe, sans flafla, l’action ne manque pas. Et, surtout, ce récit est moins bénin qu’il semble de prime abord. Bref, une très sympathique lecture.
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    #972 20 Avril 2025 11:41:58

    Papillon de nuit de James Sallis

    Après son passé de détective, Lew Griffin est devenu écrivain avec un certain succès. Sollicité par le dernier mari d’une de ses grandes amies maintenant décédée, il renouera avec son ancienne profession… Sa quête l’amènera à mieux connaître la famille de la morte et à tenter d’aider sa famille. Ce deuxième tome qui lui est consacré confirme la bonne impression que m’avait laissée le premier. Il nous présente un homme vieillissant, meurtri, mais serein en même temps, qui a atteint un certain degré de sagesse à travers son lot d’épreuves. Il n’est pas devenu casanier pour autant, toujours prêt à donner un coup de main, quitte à y laisser quelques plumes.

    Ce personnage est à la fois un dur à cuire, ceux qui le sous-estiment le regrettent assez vite, et un homme cultivé citant de temps à autre des auteurs classiques. Les références littéraires parsèment le bouquin, ainsi que quelques apartés sur le métier d’écrivain. Ces deux facettes cohabitent pour notre plus grand bonheur et donnent l’image d’un érudit, aussi redoutable que compréhensif. L’auteur aborde aussi les problèmes causés par le crack, non seulement sur les utilisateurs, mais surtout sur leur progéniture et leur famille. Intéressante à tous les niveaux jusqu’ici, cette série. J’ai bien l’intention dela poursuivre.
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    #973 23 Avril 2025 12:48:55

    La bouffe est chouette à Fatchakulla de Ned Crabb

    Difficile à dire si ce jouissif petit roman est plus un polar qu’un roman d’horreur, ou plus humour qu’horreur, ou encore plus policier que humour. Vous avez compris que c’est un peu des trois, un mélange bien dosé pour une lecture souvent captivante, parfois terrifiante et rigolote par moments. Sans passer à l’Histoire, ce bouquin se démarque par son ton bon enfant malgré les drames qui s’y déroulent et par son dénouement aussi imprévisible que cocasse.

    J’ai bien aimé ces personnages caricaturaux, mais pas à l’excès, de vrais péquenots comme ils se disent eux-mêmes. Excès qui, par contre, provient de leur consommation effrénée de bière ; faut croire qu’il fait très chaud à Fatchakulla. Cela ne les empêche pas de progresser tant bien que mal dans une enquête qui s’avère très compliquée par manque d’indices, d’autant plus que la majorité des habitants imputent ces meurtres à une légendaire créature surnaturelle… Quoi qu’il en soit, le trio formé du shérif du coin, du docteur et d’un « génie » local tente d’élucider le mystère entourant les morceaux de cadavres qu’on découvre à un rythme effarant. Mettons que leur méthode laisse à désirer… J’ai bien ri, j’ai été intrigué et j’ai applaudi à cette fin étonnante.
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    #974 27 Avril 2025 12:15:03

    4 fers au feu de James Patterson

    Obligée de se défendre contre deux jeunes qui lui tirent dessus, le lieutenant Lindsey Boxer doit par la suite se défendre devant la justice pour abus de force, tout cela en enquêtant sur une vieille affaire en dehors de sa juridiction. Je n’ai rien à dire contre ce scénario, j’avoue avoir avidement tourné les pages pour voir comment tout cela finirait. Sauf que j’en ressors avec l’impression de déjà vu ; une femme flic menacée alors qu’elle est isolée, un procès en forme de montagnes russes, un bellâtre un peu effacé, mais qui arrive comme par magie juste aux bons moments, etc. ; c’est efficace, mais convenu. L’autre chose qui m’achale c’est que tous les personnages sont superficiels, cantonnés à des rôles auxquels on s’attend. Même la supposée complicité entre femmes qui colore la série — le Women Murder Club — fait cliché, se limite à des virées au restaurant et à quelques coups de main occasionnels très peu développés.Bref un polar correct, comme il y en a des milliers, sans rien pour le démarquer réellement, ni ne me donner le goût d’explorer la série, ni même un autre livre, et ils sont légion, de cet auteur.
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    #975 06 Mai 2025 12:38:41

    Les fantômes de l’hôtel Jérome de John Irving

    Magistral, c’est le qualificatif qui me vient à l’esprit en refermant la dernière page de cette brique de près de mille pages. Ceux qui ont lu et aimé — comment faire autrement — « Le monde selon Garp » auront peut-être l’impression qu’Irving nous en présente ici une version enrichie, modernisée, bonifiée autant sur la forme que sur le fond. Et Dieu sait que la barre était haute ! Comme à son habitude, l’auteur a créé des personnages presque inoubliables, hauts en couleur, aux idées bien arrêtées et aux réparties savoureuses. En prime, il y a ces fantômes, et même de libidineusres fantômettes, qui ajoutent une couche d’enchantement.

    Cette saga familiale, prendre ici familiale au sens très large, s’étale sur environ quatre-vingts ans, soit de la naissance d’Adam Brewstwer, le narrateur, jusqu’à sa vieillesse avancée. Les thèmes chers à Irving y sont tous : les années d’apprentissage, le rôle central de la mère, les questions d’identités sexuelles, les diverses relations de couple, la lutte, etc. On y voit une Amérique en profond changement, pas toujours dans le bon sens, l’indifférence envers la crise du sida en étant un exemple. L’auteur colle à la réalité comme lorsqu’il évoque la tuerie de la polytechnique à Montréal, la guerre du Vietnam, les différents présidents des USA, l’hypocrisie de l’église face aux abus sexuels commis par les prêtres et dénonce ainsi la dérive de la société américaine.

    Et il y est amplement question de littérature, puisque deux de ses personnages principaux sont écrivains et d’autres gravitent dans ce monde ; un autre bonus. J’ai été conquis de A à Z et recommande chaudement ce livre à tout amateur de littérature américaine ou de saga familiale.
  • Mypianocanta

    Livraddictien de l'espace

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    #976 06 Mai 2025 18:12:17

    oops ben j'ai lu Le monde selon Garp et j'ai détesté au point de ne plus avoir envie de lire Irving :emb:
  • Grominou

    Administratrice

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    #977 07 Mai 2025 01:50:21

    Tant mieux s'il t'a plu!  Quant à moi j'ai été déçue.  Certains passages sont effectivement excellents, mais que c'est long et répétitif!

    J'ai vu qu'il publiera un nouveau roman cet automne! :pompom:
  • Errant

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    #978 16 Mai 2025 20:14:57

    La part de l’océan de Dominique Fortier

    En soi, la relation entre Herman Melville et Nathaniel Hawthorne est un sujet qui peut se révéler terne ou au contraire éblouissant, dépendamment de la façon dont il est traité. Or, la plume quasi magique de Fortier fait nettement pencher la balance sur la deuxième possibilité. On voit lentement évoluer cette amitié vers quelque chose de plus flou, sous l’œil attentif des deux épouses, dont une prend d’ailleurs occasionnellement la plume. Une troisième voix se fait également entendre, celle de l’autrice qui évoque une relation, réelle ou imaginaire, avec un poète d’outremer. Même si le lien entre ce dernier récit et la trame principale est plutôt nébuleux — procédé qui semble usuel à cette écrivaine — le tout reste fort agréable à lire.

    C’est un pur bonheur que de se laisser bercer par cette écriture si douce, subtile et charmante. Et, comme cela parle d’écrivains et d’écriture, je suis convaincu que je ne serai pas le seul à être convaincu par cet ouvrage.
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #979 16 Mai 2025 21:26:42

    Je vais peut-être donner une chance à celui-là alors ! J'avais un peu peur que les aspects autobiographiques me semblent superflus et déplacés, mais tu me donnes envie de tenter.
  • Errant

    Bookworm

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    #980 17 Mai 2025 11:55:18

    @ Claire C  Effectivement les aspects autobiographiques ont reçu un accueil partagé. Mais ils ne sont pas si longs et certains y trouvent leur compte. À voir...


    La sonate à Kreutzer de Leon Tolstoï

    J’ai eu du mal à terminer cette nouvelle à cause des discours rétrogrades qui y abondent. Au cours d’une assez longue conversation dans un train, des inconnus discutent de l’amour et des relations de couples. Un premier y affirme que les femmes doivent être « dressées ». Un autre raconte son mariage malheureux et justifie le meurtre de son épouse, pour lequel il a été innocenté, par la conduite dégénérée de celle-ci. Il y présente une vision où tous les hommes sont des cochons et presque toutes les femmes des putes en chaleur… Bref, difficile à avaler même pour qui ne serait pas un féministe convaincu.

    Enfin j’espérais au moins être frappé par une écriture spéciale, vu la réputation de l’auteur. Même pas, c’est simple et fluide, mais pas particulièrement remarquable ni par le style ni par la construction. On me dit que cet auteur dénonçait les travers de la société russe ; possible, mais je ne vois pas comment ce texte y contribue, à moins que je ne sois passé complètement à côté. Reste que cette lecture, en plus d’être décevante, n’incite nullement à explorer cet auteur.