#975 06 Mai 2025 12:38:41
Les fantômes de l’hôtel Jérome de John Irving
Magistral, c’est le qualificatif qui me vient à l’esprit en refermant la dernière page de cette brique de près de mille pages. Ceux qui ont lu et aimé — comment faire autrement — « Le monde selon Garp » auront peut-être l’impression qu’Irving nous en présente ici une version enrichie, modernisée, bonifiée autant sur la forme que sur le fond. Et Dieu sait que la barre était haute ! Comme à son habitude, l’auteur a créé des personnages presque inoubliables, hauts en couleur, aux idées bien arrêtées et aux réparties savoureuses. En prime, il y a ces fantômes, et même de libidineusres fantômettes, qui ajoutent une couche d’enchantement.
Cette saga familiale, prendre ici familiale au sens très large, s’étale sur environ quatre-vingts ans, soit de la naissance d’Adam Brewstwer, le narrateur, jusqu’à sa vieillesse avancée. Les thèmes chers à Irving y sont tous : les années d’apprentissage, le rôle central de la mère, les questions d’identités sexuelles, les diverses relations de couple, la lutte, etc. On y voit une Amérique en profond changement, pas toujours dans le bon sens, l’indifférence envers la crise du sida en étant un exemple. L’auteur colle à la réalité comme lorsqu’il évoque la tuerie de la polytechnique à Montréal, la guerre du Vietnam, les différents présidents des USA, l’hypocrisie de l’église face aux abus sexuels commis par les prêtres et dénonce ainsi la dérive de la société américaine.
Et il y est amplement question de littérature, puisque deux de ses personnages principaux sont écrivains et d’autres gravitent dans ce monde ; un autre bonus. J’ai été conquis de A à Z et recommande chaudement ce livre à tout amateur de littérature américaine ou de saga familiale.