La légende du Serscylla

 
    • Lissama

      Livraddictien débutant

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      #1 04 Mai 2020 14:42:26

      Je vous propose un extrait de mon conte initiatique, "La légende du Serscylla"

      FicheBBM

      d'autres suivront si l'avant goût vous ouvre en appétit :)

      Dernière modification par Lissama (04 Mai 2020 14:43:05)

    • Lissama

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      #2 04 Mai 2020 14:42:47

      Extrait 1: Chapitre I "Un royaume à Conquérir"

      "(...) Laissons pour l’instant les monstres à leurs sombres tanières, prenons plutôt de la hauteur et profitons du soleil. Suivez-moi et tournons notre regard vers des créatures autrement plus enchanteresses. Tenez, je vais justement vous en présenter une, parmi les merveilles de Vapora, si je puis m’exprimer ainsi !
      Cette merveille a dix-sept ans, elle est née et vit depuis toujours avec sa famille au village de Barmoz, situé non loin de la lisière de la forêt du Patriarche et des grandes plaines Vaporiennes.
      Regardez, elle est là, c’est elle ! Virevoltante dans les prés bleus, un de ses endroits favoris, non loin des champs que cultive son père.
      Nous sommes à la belle Saison, par un de ces jours baignés par l’éclat doré des rayons estivaux. Le Grand Astre préside au bal et inonde le Royaume de sa lumière, faisant réciter à la nature sa plus belle gamme chromatique. Une véritable symphonie d’été, sauvée de la canicule par une brise salvatrice, dont la caresse disperse la chaleur ignée.
      Rien ne semble vouloir déranger à cette toile de maître, pas même les nuages, qui n’ont pas été invités à venir y verser leurs volutes laiteuses.
      Rien, si ce n’est peut-être cette fille, dont la chevelure dansante au vent fait pâlir de jalousie les blés les plus blonds, et dont aucun ciel, aussi pur soit-il, ne peut rivaliser face au radieux du regard turquoise.
      Cette fille, c’est Jade.
      Elle est là, dans cette prairie où s’enlacent les couleurs et les parfums. Cette prairie qui jonche l’orée de la forêt, et qui l’a vue grandir au fil des Saisons comme l’une de ses plus belles plantes. Ses foulées légères, pieds nus, lui donnent l’allure d’une danseuse sylphide. Elle cueille quelques fleurs dont elle hume le parfum, puis les porte à ses cheveux pour les y entrelacer. Même privées de leurs racines, elles ne semblent pas vouloir y faner. Une beauté fertile, sur laquelle la terre et les cieux se sont généreusement penchés.
      Mais à Vapora comme ailleurs les dons sont rares, et ne suffisent pas. Tout le reste est à gagner, à coup de sueur et de volonté. Et plus encore pour les sujets semblables à Jade et sa famille, modestes fermiers et travailleurs de la terre.
      Mais assez parlé, chut ! Je me tais, j’entends se lever la voix d’Olen, son père…
      "

    • Lissama

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      #3 07 Mai 2020 00:40:31

      Extrait 2: Chapitre II "Un Mage est un Savoir"

      "(...)
      — Chaque créature a une conscience qui lui est propre. Et le niveau de conscience de chaque créature, c’est simplement la façon dont elle perçoit l’Univers qui l’entoure. C’est ce qui détermine ses capacités et sa relation avec celui-ci. Tu comprends ?
      — C’est pour cela que les Connexions dépendent du niveau de conscience, et qu’il faut l’élever pour les atteindre, comme avec votre cristal ?
      — Tout à fait. Cela est déterminant dans ta relation au monde qui t’entoure. Change de niveau de conscience, la perception changera également. C’est en ce sens que le monde a besoin de toi pour exister, et que tu peux le changer.
      — Je peux changer les choses, plus que je ne peux les créer finalement… Je ne suis pas si puissante que ça…
      — Ne te méprends pas sur ta mission en ce monde Jade, si tu veux un jour en avoir d’autres à explorer… Tu fais partie d’un tout, où chaque chose à besoin de l’autre pour former un ensemble parfaitement équilibré. Une perfection dont tu es une pièce essentielle.
      — Vous me flattez… Mais je ne dois pas avoir un niveau de conscience très élevé, parce que j’ai bien du mal à changer le monde, ou trouver qu’il soit parfait, loin de là...
      — Pourtant il l’est. Il n’y a rien de superflu dans l’Univers, c’est un mécanisme parfait, en total équilibre, qui tourne comme une horloge. Et pour qu’il y ait un équilibre, il faut qu’il y ait des forces contraires. Ni bonnes, ni mauvaises. Il n’y a que du nécessaire.
      — Du nécessaire ? Personnellement je me passerais volontiers de certaines choses ! Pleurer, avoir mal jusqu’à en détester le monde entier parfois ! Les bonnes choses me suffiraient, là ce serait parfait oui…
      — Si tu n’avais jamais eu affaire avec de mauvaises choses comme tu dis, tu ne serais même pas capable d’apprécier les bonnes, puisque tu n’aurais rien à quoi les comparer. En cela tu peux reconnaître leur utilité, et comprendre qu’elles sont en fait indispensables. Sans ténèbres, pas de lumière.
      — C’est donc ça, élever son niveau de conscience ? Changer sa façon de percevoir les choses, pour changer le monde qui nous entoure ?
      — Oui, mais pour aussi s’affranchir de toutes ses barrières ! Le fait d’élever son niveau de conscience influe mécaniquement sur le monde qui t’entoure, car cela te fait l’intégrer plutôt que de le subir. C’est une libération, qui te permet d’exprimer tout ton potentiel, et t’ouvre les portes des Connexions !
      — Mais qu’est-ce c’est ? Et comment ça fonctionne, ces fameuses Connexions ?
      — C’est le plus grand pouvoir auquel tu puisses aspirer. La possibilité de capter et d’interagir sur tout.
      — Sur tout ? Vous voulez dire…
      — Tout. Tout ce que tu peux voir, toucher, imaginer, palpable ou non. La matière, le temps, la pensée…
      — Comment est-ce possible ?!
      — Parce que tout est là, à ta portée, autour de toi, en toi. Tu baignes dedans Jade, sans même t’en rendre compte.
      — Je ne comprends pas…
      — Ce n’est pas compliqué. Il faut juste que tu comprennes que tout est énergie. Tu te souviens de ce que je t’ai dit tout à l’heure sur les petites briques qui composent la matière et le vide tout autour ?
      — Oui je m’en souviens, j’étais solidement assise sur du vide…
      — Eh bien malgré tout ce vide, tout ce que tu peux percevoir n’est en fait que de l’énergie. Elle peut prendre une infinité de formes, matérielles ou non. Elle anime notre conscience, la façon dont nous captons et ressentons les choses. Tenir une pierre dans sa main c’est une forme de Connexion. Tu interagis avec un objet matériel. Tu comprends ?
      — Je pense, oui. Continuez.
      — Et bien tu peux te figurer toute chose comme un objet avec lequel tu peux interagir, te connecter. Y compris les objets qui ne sont pas matériels, mais qui sont animés de cette même énergie. Des objets que l’on peut décrire comme subtils, ou spirituels, c’est à dire les pensées, les émotions, et même l’espace, le temps… Tout ce que tu vis n’est finalement qu’une sensation que tu captes, ou que tu émets. La sensation d’un objet dans ta main, d’une émotion dans ton cœur. Ton niveau de conscience détermine la façon avec laquelle tu peux te connecter avec ces objets.
      — Un objet n’est donc pas forcément matériel…
      — Exactement, il peut être spirituel, subtil. Alors quand un Médium est capable de lire dans tes pensées, c’est parce rien ne l’en sépare, et qu’il sait s’y ouvrir pour y avoir accès. Il sait s’y connecter. Quand un Mage est capable de faire léviter une pierre, tordre ou faire fondre du métal à distance, faire jaillir des rayons cosmiques de ses mains, c’est la même chose. Il sait se connecter aux énergies et à la matière qui l’entourent car il sait qu’elles font partie de lui. Il commande aux objets comme il commande à son corps. Voilà ce que sont les Connexions, voilà ce que tu appelles de la magie.
      — Fantastique… C’est ce que vous avez fait avec moi n’est-ce pas ? Avec votre cristal, vous vous êtes connecté à mes pensées, et peux être même à mon frère pour savoir de quoi il souffrait !
      — Oui, j’ai effectivement cette aptitude. Il existe un nombre incalculable de Connexions possibles. Je n’en maîtrise que très peu, et certaines nécessitent des instruments, comme mon octaèdre.
      — Prodigieux ! Allez-vous me l’apprendre ? Moi aussi je pourrais avoir accès aux Connexions ?
      — Pourquoi ne le pourrais-tu pas ? Peut-être même te découvriras-tu d’autres talents que les miens, il ne faut te fixer aucune limite. Mais je pense que tu en as assez entendu pour aujourd’hui, il vaut mieux que tu rentres chez toi maintenant. Notre conversation a déjà été très dense…"
    • Lissama

      Livraddictien débutant

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      #4 08 Mai 2020 10:59:30

      Extrait 3: Chapitre V "Nylo"


      "(...) Revenue à la hauteur d’Emma et Josie, Jade constate alors qu’elles se trouvent devant l’entrée de l’un des plus célèbres édifices de la cité, la Grande Halle de Nylo. Impensable de ne pas y pénétrer, c’est le temple du commerce.
      Ne partageant toutefois pas les mêmes centres d’intérêts que sa tante et sa mère, Jade se voit autorisée à visiter les boutiques de son choix, pour peu que toutes les trois se retrouvent devant cette même entrée une heure et demie plus tard. Ravie de se voir accorder tant d’indépendance, elle marche alors d’un pas de touriste pèlerin dans le sanctuaire des marchands.
      Bien qu’animé par le seul but du profit, l’édifice rayonne de beauté et de diversité, abritant plusieurs centaines de boutiques, réparties sur trois étages. Le rez-de-chaussée est dédié aux denrées alimentaires.
      Viandes, céréales, fruits, légumes, épices, produits bruts ou transformés, le soin pris pour exposer et mettre en valeur la marchandise est admirable. Chaque étal se décline en camaïeux pouvant rivaliser avec les plus belles compositions d’un artiste peintre, parfaitement agencé pour attirer l’oeil et susciter l’envie.
      De nombreuses rampes d’escaliers ornementés mènent aux niveaux supérieurs, où se côtoient marchands de tissus, libraires, brocanteurs et artisans en tous genres. Tout ici semble étudié pour attirer l’attention du chaland et déclencher la frénésie de l’achat.
      Gare à celui qui posera trop longtemps le regard sur des étals malicieusement achalandés. Un adroit vendeur aux aguets aura tôt fait de le repérer, de l’aguicher, et lui faire mettre le doigt dans l’impitoyable engrenage qui l’entraînera inéluctablement jusqu’à la caisse de l’échoppe.
      Mais malgré le danger latent de se faire plumer dans chaque officine, Jade, qui ne pensait pas céder à la tentation de franchir un de ces paliers, ne peut résister à l’appel que l’une d’entre elles exerce sur elle. Il s’en dégage quelque chose d’étrangement irrépressible, ainsi que d’envoûtants parfums.
      Happée par l’odorat autant que par la vue, elle s’en rapproche jusqu’à la devanture, où est calligraphié en lettres stylisées le nom de l’enivrante boutique : Les Parfums de Suryis.
      Il s’agit apparemment d’une grande boutique d’encens. Jade se laisse tenter et y entre. Il ne lui faut pas plus de trois pas pour comprendre que l’impressionnante gamme d’olibans de toutes sortes exposée ici ne constitue pas l’essentiel de ce qui y est proposé.
      Drapés dans les arabesques dansantes que laissent échapper les encensoirs, on y trouve également des cartes, des pendules, des bougies, une multitude de bibelots, de pendentifs frappés de mystérieux symboles, d’énigmatiques figurines et des centaines de livres pour le moins occultes.
      Au milieu des autres clients à l’allure pourtant ordinaire, Jade est saisie entre ces murs d’une émotion qu’elle a du mal à définir, une atmosphère aussi attrayante que menaçante.
      Les boutiquiers qui travaillent ici sont tous flanqués du même habit, une tunique de cuir très sombre taillée en « V » sur laquelle percent des doubles coutures dorées au niveau du col, dorures que l’on retrouve sur la boucle de ceinture triangulaire qu’ils portent tous également. On sent qu’il ne s’agit pas seulement d’un simple apparat commercial, l’allure de ces gens suggère une appartenance communautaire marquée; peut-être même plus, une sorte d’ordre mystique.
      Observatrice mais discrète, Jade tache de ne pas dévisager ces curieux personnages et les lieux qui l’entourent et se dirige vers les encens. Elle sent chaque bâton coloré, chaque fiole d’huile essentielle, en évalue les senteurs fruitées, épicées, imaginant que certains feraient un cadeau de choix pour Alzared. Repenser au Cardinal lui fait quelques instants relâcher son attention sur l’ambiance douteuse du lieu.
      Machinalement, le regard dans le vide, une fiole à la main, Jade tourne la tête vers un encensoir pour le moins singulier posé sur un petit guéridon. Il s’agit d’une petite sculpture métallique, figurant une étrange créature quadrupède et cornue, aux allures autant bovines que chevalines. La bête est cabrée, la gueule grande ouverte, laissant échapper les exhalaisons grises de l’encens que l’on devine brûler en son creux.
      Plus encore que leurs fragrances, la danse éphémère de ces torsades vaporeuses enivre Jade, allant presque jusqu’à l’hypnotiser. Happée par leur charme, ses paupières s’alourdissent d’instant en instant. Mais alors qu’elle est toute garde baissée, la voix d’un boutiquier vient littéralement lacérer les rêveries molles de la jeune fille. Dans un sursaut aussi brutal que comique, Jade revient à ses esprits et repose pied à terre.
      — Bienvenue aux Parfums de Suryis, mademoiselle. Peut-on vous être utile ?
      — Oh vous m’avez fait peur ! Bonjour… Heu, non, merci, je ne fais que regarder… répond-elle, un sourire gêné
      — Il est vrai que notre échoppe a de quoi régaler les sens n’est-ce pas ? Vous êtes amatrice d’encens ?
      — Oui, enfin… C’est agréable à voir et à sentir, et ça a un côté… Comment dire… Spirituel…
      — Exactement. Vous vous sentez attirée par la spiritualité, n’est-ce pas ? Vous êtes au bon endroit…"