[Anne, tome 1 - Décembre 2020] - Parlons du roman...

  • Freyja

    Lecteur timide

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    #11 20 Décembre 2020 01:58:22

    Comme pas mal de gens, j'ai découvert Anne avec la série Netflix. J'ai vu que c'était tiré de romans jeunesse et comme j'ai adoré la série, j'avais bien l'intention de les lire. J'avais acheté le tome 1 et mis de côté. Je l'ai lu lors du premier confinement. Je dois dire que, peu de temps avant, j'avais lu Les quatre filles du Docteur March, puis ses deux suites. Contrairement à Anne, je connaissais Les quatre filles du Docteur March depuis longtemps. J'avais grandi avec une série d'animation qui en était tiré, et j'avais vu le film des années 90. Mais, étrangement, en livre, j'ai beaucoup plus aimé Anne. Dans Les quatre filles du Docteur March, l'aspect moralisateur ainsi que la présence de la religion m'ont dérangé. Je trouvais cela trop insistant. Alors que dans Anne, je trouve le côté moralisateur beaucoup plus léger. Anne est aussi, finalement, un personnage beaucoup plus positif que Jo (je trouve). Malgré tout l'amour que j'ai pu avoir pour elle, Jo a quand même bien des défauts. Anne aussi, certes, mais je lui trouve une positivité et une douceur que Jo n'a pas. Je suis aussi très conquise par l'amour maternelle qui naît chez Marilla. C'est progressif, et pourtant si fort, et très beau je trouve. J'aime énormément la relation qui se noue entre Anne et Marilla. Un petit extrait pour preuve: "Auparavant, elle aurait, certes, volontiers admis qu'elle aimait bien Anne, voire qu'elle lui était très attachée, mais à ce moment précis, Marilla était tellement éperdue qu'elle dévalait la pente, sachant qu'Anne lui était devenue l'être le plus précieux du monde." Je n'oublie pas Matthew,

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    sa mort à la fin est bouleversante.


    Je n'ai guère plus à dire, ma lecture n'est plus très fraîche. Si ce n'est que j'ai bien l'intention de lire la suite. J'ai très envie de suivre l'évolution d'Anne, et de connaître la femme qu'elle devient.
  • Mypianocanta

    Livraddictien de l'espace

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    #12 20 Décembre 2020 10:22:32

    Je n'en suis qu'à 35 % et je jette l'éponge.
    Comme Julie j'ai croisé ce titre sur plusieurs challenges classiques et c'est ce qui m'a donné envie de le lire mais là clairement il ne m'intéresse pas du tout : j'ai juste l'impression de lire un mixte entre la Comtesse de Ségur et certains DA de mon enfance type Candy ou Heidi.
    Freyja, je n'avais pas pensé à la comparaison avec Les Quatre filles du Dr March mais je la trouve bonne aussi … et  curieusement, je n'ai jamais aimé ce roman :lol:

    Donc là où j'en suis, je trouve Anne à la limite du supportable et pas du tout attachante - cette façon qu'elle a de tout raconter à tort et à travers, y compris ce qu'elle imagine grrr -  et si j'aime bien Marilla et Matthew (mais sans plus que ça avoir envie d'en savoir davantage sur eux) les autres personnages me laissent totalement indifférente. Je n'ai aucune envie non plus de savoir ce qui peut arriver tant j'ai la sensation d'avoir déjà lu et relu (ou vu et revu) ce genre de choses.
    En fait je trouve deux gros défauts à ce que j'ai lu : d'abord c'est totalement daté et ça se sent énormément dans le ton ou dans la façon d'aborder les choses ; il y a un côté "morale" et en même temps plein de bons sentiments qui me hérisse au plus haut point (dois-je préciser que je n'appréciais pas davantage les références cités au-dessus après l'âge de 10 ans). Quelques exemples : le fait de devoir dire ses prières ou d'aller à l'église alors même qu'on sent que Marilla le fait plus pour la société que pour elle ; ou cette idée de se comporter comme "une bonne fille" (littéralement dans le texte "be a good girl").
    Et dans le même ordre d'idée c'est très enfantin - au niveau du style facile et de l'intrigue - même si je ne crois pas que je le conseillerais à des gamines actuelles et encore moins à des jeunes filles (sérieusement ? je crois que mes ados d'élèves se moqueraient de moi sur ce coup-là et le pire est que je leur donnerais raison).
    Bref, je m'ennuie, je n'ai aucune envie de reprendre mon livre une fois posé (c'est sans doute pour ça que je n'en suis pas plus loin) et dans l'état actuel des choses je n'ai pas l'intention de le terminer pour l'instant (je vais le mettre en pause) - même vos avis plus qu'élogieux ne m'y incitent pas -.

    Le seul point positif est que le style est très agréable et facile en VO (ce qui montre bien que c'est écrit à l'usage d'un public jeune d'ailleurs) avec de jolies descriptions, très visuelles qui forment une sorte de cadre idyllique (trop peut-être ?), presque comme de petits tableaux qui m'ont un peu fait penser à ça <image> ; et c'est vrai que ça donne envie d'y aller (mais j'imagine que depuis un siècle les choses ont dû changer).
  • Dodolecture

    Apprenti Lecteur

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    #13 20 Décembre 2020 15:47:57

    Bon j'ai fini le livre hier soir!

    Pour commencer c'est un livre jeunesse et il ne faut pas oublié qu'il date du début du 20émé siècle dans un canada victorien assez croyant et encore un peu reculé.

    Quelques traits de la personnalité de l'autrice font écho à celle d'Anne comme ses amies imaginaires, la perte de sa mère jeune et son imagination excessive , le fait qu'elle s'extasie face à la nature,

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    et le faite qu'elle devient enseignante, qu'elle valide son année en un an au lieu de deux

    .
    J'aime assez quand la réalité transparait dans la fiction.

    Le personnage d'Anne est assez excentrique, il faut bien le reconnaitre mais très attachante, du fait qu'elle est pleine de rêves et que bien qu'elle ait vécu des choses vraiment pas faciles voir même dures, elle n'est pas rancunière et mauvaise ni amer face à la vie. C'est ce que j'ai préféré dans sa personnalité. Je la trouve drôle du fait de ses sentiments exacerbés et j'ai trouvé ce coté très enfantin et rêveur, un peu magique et j'ai bien vu qu'au fil des années elle a perdu cette innocence ce qui fait toute la différence entre une enfant et une adulte.

    Mon personnage préféré reste Matthew. Discret, tendre et fou attentionné face à Anne. J'ai adoré leur relation, tout en douceur, leur respect tacite et mutuel. Parfois il n'y a pas besoin de mot et c'est ce qu'Anne a vu tout de suite en trouvant en Matthew une âme soeur.

    En ce qui concerne Marilla, il m'a été difficile de m'attaché à elle au début même s' il est indéniable qu'elle aime Anne, elle ne lui montre vraiment qu'au bout de plusieurs années, et je me demande comment Anne a pu s'attaché à elle!
    En tant que mère je peux vous dire qu'il est primordiale de montrer à ses enfants qu'on les aime et qu'on les soutient, et je n'ai pas trouvé qu'elle était démonstrative envers Anne , voire même elle le lui cachait délibérément et ça je n'arrive pas à le comprendre. Mais c'est vraiment  grâce à quelques phrases ou elle exprime ses sentiments envers Anne que je ne l'ai trouvé touchante et pudique qui on fait que je l'ai apprécié.

    Pour Diana, je l'ai trouvé insipide, et en quelque sorte le faire-valoir d'Anne dans la personnalité.

    J'aurai adoré vivre à Green Gables à cette époque, je pense que ça doit vraiment être l'endroit le plus magnifique au monde!!! Non ?

    Il n'y a pas vraiment d'intrigue palpitante ni même de rebondissement, mais c'était d'une douceur et d'un cocooning qui m'ont fait du bien.

    Pour conclure j'ai adoré ce premier tome( le téléfilm des années 80 est vraiment le juste reflet du roman) c'est 'histoire d'une fillette pleine d'imagination qui nous donne envie de revenir à son âge pour avoir foi en nos rêves et les accomplir.
  • Mypianocanta

    Livraddictien de l'espace

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    #14 20 Décembre 2020 16:38:53

    DODOLECTURE a écrit

    Pour commencer c'est un livre jeunesse et il ne faut pas oublié qu'il date du début du 20émé siècle dans un canada victorien assez croyant et encore un peu reculé.


    Ce qui ne change rien à mon avis ; j'ai l'habitude de lire des classiques en les remettant dans leur contexte.

  • Emmani

    Magicien des lignes

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    #15 20 Décembre 2020 16:55:33

    Hello !
    Bon je n'ai pas fini le livre totalement, il me manque 70 pages, je ne voulais pas avoir à me presser.
    Comme il y a déjà beaucoup d'avis plutôt détaillés, je vais faire assez court, inutile de redire ce qui a déjà été dit

    *Les personnages :
    Comme la majorité, j'ai beaucoup aimé Anne, que j'ai trouvé touchante et attachante de par son exubérance et son goût du romanesque. Elle ressemble à tous les enfants qui s'imaginent vivre pleins d'aventures. C'est vrai qu'il y a des vibes Malheur de Sophie / Comptesse de Ségur, que j'aimais lire plus jeune. Elle m'a fait rire, j'ai adoré la voir s'embourber tout le temps dans ses bêtises et franchement, ce personnage était vraiment pour moi un rayon de soleil ! Je comprends qu'elle puisse exaspérer, cela étant.
    Idem pour Marilla et Matthew. Comme Freyja, j'ai trouvé très touchant l'amour de Marilla, progressif et timide.

    *L'intrigue :
    Vinushka parle d'un manque de suspens, de dénouements prévisibles, de chapitres somme toute épisodiques. C'est vrai ! Personnellement, cela ne m'a pas gênée, peut-être aussi l'habitude de lire de la jeunesse : j'aime bien voir le roman se construire sous mes yeux, tout en sachant dès que Gilbert arrive et la traite de Poil de carotte que bon ben d'accord, lui ça sera son intérêt amoureux. Les chapitres sont épisodiques, c'est vrai qu'on en lit quelques uns et ça suffit, c'est pas une lecture qui se dévore pour moi, mais une qui se savoure, 3/4 chapitres par-ci par-là pour ensoleiller votre journée et voilà.
    Je me suis sentie complètement embarquée à Avalaon. Aryia disait que c'est comme si à chaque fois qu'on prenait le livre on rentrait à la maison et c'est exactement ça. Tout d'abord grâce à ce décor, mais aussi à cause des souvenirs d'enfance que cela peut évoquer (même si on est pas au point d'Anne, et qu'on a pas grandi à la même époque). Il y avait pour moi une douce ambiance pleine de nostalgie dans laquelle j'ai adoré m'envelopper. Après en effet, l'histoire est vraiment daté, on sent bien le passé. Moi ça ne m'a pas du tout dérangée, en soit cela me semble plus réaliste avec le contexte de l'époque et du Canada. On a également beaucoup la sensation de lire un livre destiné à éduquer la jeunesse, on a parfois l'impression que l'autrice fait de son mieux pour caser le plus de citations possibles : Anne n'arrête pas de citer des choses qui m'ont semblé personnellement très opaques (à part quand c'était Shakespear) et même pour l'époque, ce n'était pas réaliste qu'une orpheline de 11 ans (les livres coûtent chers on le sait) connaisse par cœur autant de citations et les place dans ses conversations comme ça.

    *Le style :
    Le style était très fluide, ça se lit vite et bien, d'abord du fait de l'âge de la cible. La traduction est plutôt moderne, ce qui n'est pas une mauvaise chose, ça adoucit un peu le côté vieillot de certaines idées. J'ai cependant trouvé que ça allait parfois un tout petit peu loin, mais c'était vraiment à deux ou trois moments ciblés, la sensation ne m'a pas suivie tout le long du livre quoi.
    Je prends l'exemple de "meeting", un anglicisme qui fait un peu tâche dans un livre aussi daté... Perso, en lisant j'ai trop en tête une campagne électorale des années 2000 quoi. Alors même si ça se dit depuis plus longtemps que les années 2000, ça me semble trop moderne : on est en 1900 et Mme Lynde signale qu'elle voudrait le droit de vote dans le même paragraphe, ça n'appelle pas dans notre imaginaire à la même période... Mais enfin, ça reste du détail, la traduction était très fluide sur le reste.

    * EN BREF :
    J'ai adoré ma lecture, c'était absolument délicieux. Anne était touchante, ses aventures étaient amusantes et entraînantes et j'ai été complètement embarquée à Green Gable. Vraiment j'ai passé un excellent moment ! Je compte lire la suite, et regarder Anne with an E ensuite, moi qui n'avait vu qu'un seul épisode.

    Dommage que cela n'ait pas fonctionné pour tout le monde, mais c'est assez normal. L'intrigue n'a en effet rien de révolutionnaire, ni beaucoup de suspens alors je comprends tout à fait votre ressenti.

    Dernière modification par Emmani (20 Décembre 2020 16:58:20)

  • dusoirenete

    Dompteur de pages

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    #16 20 Décembre 2020 17:55:56

    Bonsoir à toutes !

    Difficile de donner mon avis... après tous les avis donnés. J'ai pris autant de plaisir à vous lire qu'à lire Anne de Green Gables des éditions Monsieur Toussaint Louverture. C'était une relecture pour moi. Dans les années 1990, après avoir visionné les téléfilms Le bonheur au bout du chemin, j'avais lu les tomes édités par les éditions Presses de la cité et plus récemment, cet été, j'ai lu Anne... La Maison aux pignons verts des éditions Québec Amérique. Autant dire qu'Anne fait partie de ma vie...

    Anne. Dans ma relecture, j'ai été saisi par ses durs propos envers Marilla : sans cesse entrain de faire l'éloge de Matthew, dire que c'est une âme sœur... Elle ne se montre pas très compréhensive envers Marilla, elle ne montre pas son intelligence de cœur envers elle. Mais, toute sa franchise et son manque d'éducation ressortent ainsi qu'une certaine indélicatesse. Anne est à mes yeux une hypersensible incomprise dans ce monde où sa place est particulièrement difficile à prendre. Heureusement, son intelligence la sauve des "simples" gens. En revanche, dire qu'elle a un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, euh... c'est aller loin et vite catégoriser les personnes ne rentrant pas dans une "normalité", selon moi. Oui, c'est une grande rêveuse ; oui, elle a des discours fleuves. Mais c'est une enfant orpheline, qui a vécu sans ses parents... dans une époque où les enfants devaient se taire, être à leur place. C'est une enfant autodidacte, elle s'est faite toute seule avant ses 11 ans (elle n'est que très rarement allée à l'école). Elle a connu des drames dès son jeune âge, elle a dû travailler... Je pense que tout enfant comme elle et ayant vécu tout cela, parlerai sans relâche s'il se sentait en confiance. Et si Anne est TDAH, alors Matthew est un mutique, voire un peu autiste, non ?!

    Matthew, justement, tient une jolie place, il est tendre avec Anne, contrairement à Marilla ou Madame Lynde, qui passent pour les insupportables... des femmes ! Du point de vue des hommes. J'ai été frappé par le fond patriarcal du texte. Qui, évidemment et malheureusement, corresponde au contexte de l'époque.
    Donc, Matthew est, à mes yeux, un peu trop parfait.

    A contrario,Marilla a le mauvais rôle. Mais, elle reste, pour moi, une belle personne qu'Anne découvrira. Je garde une pointe de regret... Car j'aimerais que Marilla soit une âme sœur pour Anne et non qu'une simple amie...
    Marilla me touche : elle oscille entre le respect des mœurs et ses propres aspirations à propos de l'éducation d'Anne ; sa vie paisible a complètement été perturbée par l'arrivée de cette tempête, de ce soleil : Anne. Et j'aime la voir se dévoiler au fil des pages.

    Les autres personnages sont tous plus ou moins attachants.

    Intrigue, décor, contexte...
    C'est un roman qui se lit tout seul. La traduction d'Hélène Charrier est plus fluide à mes yeux que celle d'Henri-Dominique Paratte. Que le texte ait été traduit par une femme est un plus selon moi.
    La poésie des descriptions est un émerveillement pour moi ! Lucy Maud Montgomery me donne envie d'aller vivre sur l'Île-du-Prince-Edouard. La nature tient une si grande place, qu'effectivement, elle devient un personnage à part entière pour mon plus grand bonheur ! :heart:
    Le contexte de l'époque est distillé dans le roman. Toutefois, nous avons une bonne connaissance de la conditions des paysans, du travail et des corvées des toutes les générations de l'époque, au Canada, sur l'Île-du-Prince-Edouard. Ce qui montre ma chance de vivre au XXIème siècle, même si tout le reste me fait rêver : prendre le temps, confectionner ses propres vêtements, l'absence d'automobiles, et bien d'autres choses encore.
    Évidemment, le ton est très moralisateur, empreint de références bibliques. Je rejoins Mypianocanta, le roman paraît désuet, plein de bons sentiments et il ne s'y passe rien d'extraordinaire.
    Mais moi, je l'adore pour cela ! Il m'offre une vision moins cynique du monde, beaucoup plus belle et comme j'aime le regarder. Il m'offre un très bel instant d'évasion, d'émerveillement, de rêve ! Sans ce genre de lecture, je serai passer à côté du grand Amour, je n'aurais pas rêver de vivre dans une ville sur la côte Atlantique !

    :heart:
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #17 20 Décembre 2020 18:14:06

    Bonjour,

    Je vous rejoins enfin comme je l'avais promis sur l'autre post. Je vais sans doute répéter des choses qui ont été dites, mais c'est un peu le jeu, aussi... ;)
    Alors, d'abord, je ne connaissais pas du tout Anne: jamais entendu parler du livre (mais je n'ai rejoint LA que depuis peu, alors que je m'étais inscrite en 2010... sans jamais participer à rien jusqu'à novembre 2020! :O ), jamais vu aucune adaptation où que ce soit, et je dois faire partie des quelques extra-terrestres qui n'ont pas Netflix (et que ça n'intéresse pas... mais c'est un autre débat! =D ).

    Ainsi, je me suis inscrite "juste" pour le plaisir de participer à un nouveau Book Club, sans a priori et sans aucune "idée" de ce dans quoi j'allais tomber... J'ai d'abord acheté le livre en format Kindle... mais en me baladant en librairie (qui, en Belgique, n'ont jamais été fermées), je suis tombée sur la toute nouvelle édition, et là je rejoins ce que plusieurs ont dit: l'objet-livre est magnifique! et j'ai craqué... Finalement je n'ai lu que cette dernière et toute nouvelle version, mais aucun regret!

    Et donc, ce que j'en ai pensé:

    Les personnages: contrairement à ce que plusieurs ont dit, je ne trouve pas qu'Anne soit si excentrique que ça! Certes, elle n'est pas "dans le moule" comme on demandait aux petites filles de l'être à l'époque, qui plus est dans un petit village, elle vit dans un monde très imaginatif, mais je ne vois pas en quoi c'est ça être excentrique? Car la petite fille que j'ai été s'identifie énormément à Anne... Oh! je ne suis pas orpheline, et même si je suis "vieille", je n'ai quand même pas vécu il y a si longtemps :ptdr: ... mais combien de fois m'a-t-on reproché d'avoir "trop d'imagination"! L'identification s'arrête là (du moins dans mon esprit; mais demandez à ma maman elle trouvera sans doute autre chose =D ), car Anne est en plus vive, bavarde, charmante malgré ses cheveux roux ;) ; en un mot: lumineuse! En revanche, elle m'a agacée par moments,

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    notamment avec son refus tellement long et absurde finalement, de se réconcilier avec ce pauvre Gilbert!



    Parmi les autres personnages, j'ai beaucoup aimé Matthew et Marilla, le couple (sans mauvaise connotation) frère-soeur étrange qu'ils forment, qui se sont serré les coudes tout au long des épreuves de leurs vies et qui s'entendent au-delà de ce qu'ils peuvent se dire...

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    Matthew et sa discrétion, qui n'a pas "peur" de l'amour paternel qu'il ne nomme jamais mais qu'il ressent de façon évidente pour Anne; son rôle en arrière-plan est pourtant tellement important! et Marilla, beaucoup en ont parlé: elle est juste terrible, elle aussi s'attendrissant de plus en plus au contact d'Anne, coincée qu'elle reste dans sa propre éducation, sans jamais vraiment oser se laisser aller -sauf à la fin- et pourtant bien consciente, peu à peu, qu'une fibre maternelle inattendue germe et grandit en elle!



    Parmi les autres personnages, je n'aime pas particulièrement Mme Lynde, qui me rappelle la vieille voisine que j'ai eue dans le village de mon enfance, toujours à dire quelque chose (de préférence en mal) sur les autres, toujours à épier et à commenter, en se croyant plus parfaite que tous... Certes elle évolue un peu, mais elle ne m'a pas convaincue! Diana est l'amie un peu effacée, j'ai lu que certains la trouvent une "suiveuse" (sans que ce soit négatif) ... mais comment pourrait-elle être autrement, aux côtés d'une fille solaire comme l'est Anne? J'ajouterais cependant que ce rôle d'éternelle seconde, c'est aussi le rôle de l'équilibre, pour Anne... Que serait notre héroïne sans cette amie plutôt calme, placide, qui la suit dans ses extravagances, tout en lui permettant de garder les pieds sur terre?
    J'ai bien aimé, aussi, la gentillesse de Mme Allan, la maladresse de Gilbert

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    qu'on espère voir plus présent dans les tomes suivants, j'ai cru comprendre que ce sera le cas! :pink:

    , et un vrai coup de coeur pour Tante Joséphine (Mlle Barry) !

    L'intrigue: Je rejoins la majorité de ce que j'ai lu jusqu'à présent

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    à part le début et l'arrivée à Avonlea, puis la fin où tout s'accélère avec l'arrivée au collège et puis le choix de ne pas aller à l'université

    : il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, c'est "juste" le quotidien...
    Et c'est là que, pour moi, apparaît ce côté "moralisateur" que @Julie27 suggère ;) et qui est assez difficile à exprimer...
    Comme d'autres l'ont souligné, chaque chapitre est une nouvelle aventure plus ou moins catastrophique d'Anne, mais qui termine immanquablement par la promesse d'Anne de ne pas recommencer, de devenir meilleure et/ou de bien faire ses prières... Tout ça me fait un peu penser aux fables de La Fontaine avec les fameuses "la morale de cette hisoitre"... J'ai eu l'impression que l'auteure, à travers l'histoire extravagante d'une petite fille pas tout à fait comme les autres, fait quand même passer un message qu'elle assène de façon répétitive, mais toujours "l'air de rien". Elle ne dit jamais "soyez bons et priez"; c'est Anne qui dit "Je vais être meilleure et inventer une nouvelle prière"... mais au final, ça revient un peu au même, surtout quand c'est répété presque systématiquement à la fin de chaque chapitre!
    Alors, ne me comprenez pas mal: je n'ai pas trouvé cela gênant, au contraire, et pour une autre raison qui, pour moi, transparaît à travers tout ce livre: l'auteure donne aux femmes une place qu'elles n'avaient vraisemblablement pas dans la société de l'époque.

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    Elles ont le droit de devenir institutrices, quoi qu'en pense une Mme Lynde; et pourquoi ne pourraient-elles pas devenir pasteures? Poser cette question, à l'époque, et sans la condamner, est quand même révolutionnaire!


    Bon, je vois qu'avec tout ça, j'ai aussi plus ou moins répondu à la question du contexte...

    Le décor est sans doute ce qui m'a le plus posé problème... mais c'est très personnel. Je n'aime pas les longues descriptions de lieux etc., ni dans ce livre-là ni dans aucun en particulier; un peu pour situer l'histoire, oui, mais la limite entre le "peu" que je trouve indispensable et le "trop" qui arrive souvent très vite pour moi :S , la limite est mince. J'avoue, ici j'ai d'abord cru que ça m'embêterait... et puis, à mon grand soulagement et même plus, finalement on s'y laisse prendre, car ça participe au charme général de ce livre, la ronde des saisons a quelque chose d'immersif, et finalement c'est avec plaisir que je lisais ces descriptions!

    Une dernière note que je tiens à évoquer: le titre... Autant j'ai apprécié d'avoir entre les mains un si beau livre-objet, une toute nouvelle traduction qui apparemment (d'après les critiques lues çà et là) faisait l'unanimité... et puis ce titre à moitié traduit seulement! Non seulement il n'a aucune signification pour un lecteur francophone lambda qui n'aurait pas de notions d'anglais et/ou qui ne connaîtrait pas les anciennes traductions, mais en plus, il "casse" toute la poésie de ce livre! Elle est pourtant magnifique, cette maison aux pignons verts illustrée dans la version Kindle <image>,
    et ce titre-là est tellement plus parlant, et fait tellement plus rêver!
    Cette mode de tout passer à l'anglais (en plein Brexit en plus, je sais ça n'a rien à voir avec le Canada, mais vous voyez l'idée, enfin j'espère... ;) ), mode très présente dans le genre "romance" notamment (que je lis beaucoup), ça m'agace un tantinet, car je n'y vois aucun intérêt, si ce n'est dénaturer notre belle langue, comme si elle ne pouvait pas exprimer seule de si jolies choses! Bon, j'ajouterai: c'est sans doute ma belgitude, et cette complexité à vivre dans un pays bilingue (et même trilingue) où rien n'est jamais simple et où être francophone est souvent un handicap ; bref, c'est tout cela qui s'agite en moi quand je vois un titre aussi "mal" traduit...

    Alors, pour finir, recommanderais-je ce livre, notamment à des enfants / jeunes ados?
    Oui et non... A mon fils de 13 ans, qui est un grand lecteur, et qui s'invente lui aussi des milliers d'histoires (tout en étant extrêmement introverti, tout le contraire d'Anne!), sans aucune hésitation, je crois même que je vais le lui refiler sans tarder. Mais à ma fille de presque-12-ans, qui dit qu'elle n'aime pas lire, et qui est pourtant pile dans l'âge-cible (l'âge d'Anne au début de l'histoire), je suis nettement plus dubitative... Déjà le livre est beaucoup trop "gros" pour un enfant (jeune ado) qui n'est pas passionné de lecture, et je crains bien que le ton "ancien", aussi bien traduit qu'il soit, ne devienne vitre rébarbatif pour ce type de lectorat. Cela dit, si sa prof de français en conseillait des extraits; ou mieux, si son prof d'anglais (dans l'école où elle va, ils ont de l'anglais dès le CP) en proposait des extraits dans le texte, pourquoi pas, Mais le livre entier, même en français, sérieusement j'ai un gros doute qu'elle accroche, et c'est même pire: je crains carrément de le lui conseiller, et de risquer qu'elle rejette encore davantage la lecture... Peut-être une partie ou l'autre, et voir si elle accroche? Bref, c'est à essayer...

    Voilà, bonne fin de week-end à tous,... et si d'autres choses me viennent à l'esprit prochainement, je ne manquerai pas de revenir!
  • Emmani

    Magicien des lignes

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    #18 20 Décembre 2020 18:32:17

    Moi au contraire je préfère Anne de Green Gable, je trouve que :
    - Anne... la maison aux pignons verts crée une coupure et un lien étrange, on comprend pas l'utilisation de ces points de suspension, en plus dans un titre, mouerf
    - et Anne et la maison aux pignons verts accentue le côté enfantin puisqu'on a l'impression d'entendre "Martine à la plage" ou "Petit ours brun et le pot". En tout cas c'est direct ce qui me vient à l'esprit.

    En soit, Green Gable décrit l'endroit mais permet aussi de le nommer, donc ne pas le traduire permet de garder la tonalité étrangère et canadienne (bon... anglophone), c'est assez courant en traduction sur les noms propres. Après c'est l'opposition constante des différents point de vue en traduction : garder un peu d'étrangéité ou gommer l'origine de l'histoire pour que le lecteur comprenne tout, y a pas vraiment de "ils ont raison" ou "ils ont tort". Personnellement, je préfère la façon dont Anne de Green Gable sonne, en plus Anne et la maison aux pignons verts est très long quand il faut le répéter sans cesse dans le texte.

    Mais c'est vrai qu'une note de traduction pour expliquer le sens n'aurait pas été de trop dans le corps du texte pour que tout le monde comprenne, et je ne me rappelle pas en avoir vue.
  • florence71

    Bibliophile

    Hors ligne

    #19 20 Décembre 2020 18:36:36

    Bonjour à tous,

    Je viens de le terminer.

    Les personnages :

    Mon avis est mitigé :
    J'ai bien aimé les personnages quoique Anne m'a un peu énervée avec sa manie de parler tout le temps et d'être toujours à rêvasser.
    J'ai bien aimé les personnages de Marilla et de Matthew.

    Je n'ai pas aimé le fait que Marilla encourage toujours Anne à être "une bonne petite fille" qu'elle répète à tout bout de champ.

    Le décor :

    Je me suis imaginé Green Gables, l'école, Avonlea : cela fait du bien de voyager par procuration en ce moment !

    Recommanderais-je ce livre ?
    Je pense que ce livre est passé de mode et ne plairait pas du tout à mes nièces  (16 et 12 ans).

    Dernière modification par florence71 (20 Décembre 2020 18:37:03)

  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #20 20 Décembre 2020 18:56:49

    Emmani a écrit

    Moi au contraire je préfère Anne de Green Gable, je trouve que :
    - Anne... la maison aux pignons verts crée une coupure et un lien étrange, on comprend pas l'utilisation de ces points de suspension, en plus dans un titre, mouerf
    - et Anne et la maison aux pignons verts accentue le côté enfantin puisqu'on a l'impression d'entendre "Martine à la plage" ou "Petit ours brun et le pot". En tout cas c'est direct ce qui me vient à l'esprit.

    En soit, Green Gable décrit l'endroit mais permet aussi de le nommer, donc ne pas le traduire permet de garder la tonalité étrangère et canadienne (bon... anglophone), c'est assez courant en traduction sur les noms propres. Après c'est l'opposition constante des différents point de vue en traduction : garder un peu d'étrangéité ou gommer l'origine de l'histoire pour que le lecteur comprenne tout, y a pas vraiment de "ils ont raison" ou "ils ont tort". Personnellement, je préfère la façon dont Anne de Green Gable sonne, en plus Anne et la maison aux pignons verts est très long quand il faut le répéter sans cesse dans le texte.

    Mais c'est vrai qu'une note de traduction pour expliquer le sens n'aurait pas été de trop dans le corps du texte pour que tout le monde comprenne, et je ne me rappelle pas en avoir vue.


    Je ne suis pas (du tout) d'accord! ;) et, pour info, je suis traductrice de formation... mais ça c'est une autre histoire.
    Mais en tout cas je ne parlais pas en termes de "raison" ou de "tort", et je n'ai pas du tout cette impression que garder les pignons verts aurait été de la veine de la série des "Martine"... Traduire "Harry Potter and the philosopher's stone" par "Harry Potter à l'école des sorciers", ça c'est de l'infantilisation! pas le fait de garder une référence à quelque chose de compréhensible et de poétique... ;)
    Cela dit, au risque de me répéter, je parlais surtout en termes de sauvegarde de la langue française... et justement, c'est un combe qu'un livre issu du répertoire canadien, certes anglophone, mais où les francophones se battent pour leurs droits et traduisent tout ce qui est possible par des expressions bien françaises parfois inventées pour l'occasion, se retrouve traduit "à moité" seulement...

    C'était vraiment un choix de la traductrice, et plus probablement encore de l'éditeur, on est bien d'accord que c'est une opposition récurrente et constante entre le choix de garder quelque chose qui "fasse original" ou de suivre la lignée des traductions précédentes (avec des points de suspension ou un "et", moi ça ne me dérange absolument pas ;) ) et donc de la traduction "totale"... qui n'est pas pour autant un gommage? Ou alors tout ce qui est traduction est gommage... "Traduttore traditore" de toute façon, n'est-ce pas? ;)

    N.B.: je savais que cette note sur le titre déchaînerait les passions! :sifflote: