[Ces jours qui disparaissent - Mai 2022] - Parlons du livre

  • Vinushka

    Bookworm

    Hors ligne

    #11 22 Mai 2022 16:12:26

    Pour ma part il s’agit d’une relecture ! J’avais beaucoup aimé cette BD, j’ai été moins convaincue par Le Patient que j'ai même revendu. J’étais donc curieuse de relire Ces jours qui disparaissent. Et j'ai de nouveau passé un très bon moment !

    J’aime beaucoup les dessins de Timothé Leboucher. En un sens, je trouve ça agréable ce côté épuré qui fait que les pages tournent toutes seules. C'est sûr qu'il y a des BD bien plus belles et détaillées mais j'apprécie ce côté simple et efficace. Un point qui m’a sauté aux yeux à la relecture, c’est aussi la diversité des personnages représentés.

    Le côté TDI ne m’avait pas du tout frappé à la première lecture… mais je l’ai vraiment pris comme un récit "fantastique" (du moins avec une petite intrusion du fantastique qui vient bouleverser une réalité très concrète) et j’en avais plutôt retenu, comme @gnout, que c’était surtout un prétexte pour aborder les réflexions sur l’importance de la vie.

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    Le début des symptômes qui est très cyclique a fait que j’ai vite abandonné de trouver une explication "rationnelle" convaincante bien que le personnage en cherche une. Je me suis vraiment focalisée sur le reste de l’histoire plutôt que sur l’explication bien que j’apprécie qu’il y ait des pistes comme l’accident de ses parents, et le fait que du coup, il ne serait pas l’ "originel".



    Je ne suis pas forcément d’accord pour le côté manichéen parce que même si on n’a pas le point de vue de l’autre

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    il a des qualités que Lubin n’a pas et on découvre un peu sa vie passée à travers des photos et sa famille. On ne sait pas grand-chose de lui mais il est aimé par sa femme et son fils, il a aussi un cercle amical… et je trouve que c’est vers la fin quand il y a toutes ces ellipses sur la vie du double qu’on se rend compte qu’on ne sait pas grand-chose de lui, que ne suis pas du tout son point de vue (on a juste les vidéos et quelques récits rapportés par la mère, Tamara...). Alors comme tout le monde le premier Lubin me semble plus sympa mais on se rend compte que c’est son seul point de vue qui est abordé. De plus, malgré que ça soit "un autre lui", son cercle n'a toujours connu que le premier Lubin, a tout partagé avec lui, a choisi d'être son ami car il était comme il était, et c'est donc normal que les gens de son cercle n’aime pas son double… et vu qu’ils ont des intérêts très divergents, c’est normal qu’il soit détesté par le premier Lubin. Puis le fait que ça soit une BD de 180 pages compte aussi pour moi dans le sens où je ne pardonne pas trop un manque de développement des personnages dans un roman, mais là je l’ai trouvé largement suffisant pour développer l’histoire.



    Sur le fait qu’il ne prenne pas trop les choses en main au départ

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    Cela ne me choque pas vu sa personnalité. Des gens qui laissent couler des choses médicales importantes, j’en connais et j’en fais partie d’ailleurs. Je comprends pourquoi sa première compagne "abandonne", c’est une grosse charge mentale de s’inquiéter pour deux et je pense que l’arrivée de Tamara n’était pas si centrale que ça dans sa décision… Il y avait aussi le bébé à protéger.




    Bref, j'ai pas développé tous les points mais j'ai essayé de rebondir un peu sur vos avis surtout.
  • Khadija-bb

    Chercheur de mots

    Hors ligne

    #12 22 Mai 2022 16:34:28

    Peut-être qu’en effet j’aurais plus apprécié que les 2 personnalités soient plus nuancées. Clairement, en tant que lectrice j’ai l’impression qu’on me présente le gentil Lubin à aimer et le méchant à détester. Peu importe si ce n’est pas réaliste, j’en conviens, mais j’aime la nuance.

    Concernant la remarque sur les expressions des visages, je me suis carrément trompé dans l’interprétation à 2 reprises, c’était un peu perturbant.

    Vinushka

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    Ah merci ! C’est évident que c’est son enfant au supermarché, il y aurait eu un rebondissement possible…

    Dernière modification par Khadija-bb (22 Mai 2022 16:35:52)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #13 22 Mai 2022 16:49:41

    Khadija-bb a écrit

    Peut-être qu’en effet j’aurais plus apprécié que les 2 personnalités soient plus nuancées. Clairement, en tant que lectrice j’ai l’impression qu’on me présente le gentil Lubin à aimer et le méchant à détester. Peu importe si ce n’est pas réaliste, j’en conviens, mais j’aime la nuance.


    Mais la nuance, c'est quand un tableau mélange subtilement du noir et du blanc bien purs plutôt que de produire un monochrome gris uniforme.

    La preuve que ce n'est pas si simple, certains critiquent cette BD en reprochant au contraire à l'auteur d'avoir trop fait passer celui que tu trouves "gentil, à aimer" pour un parasite inutile qui méritait de disparaitre par son inaction. Comme quoi chacun voit un peu midi à sa porte alors que l'histoire ne dépeint qu'une lutte entre des intérêts profondément divergents par delà bien et mal.
    Qui peut dire lequel des 2 "mérite" de vivre ou mourir au détriment de l'autre ? :chaispas:
    Et si quelqu'un te volait ta vie, tu réagirais mieux qu'eux ? :grat:

    Dernière modification par FloXy (22 Mai 2022 16:51:05)

  • Khadija-bb

    Chercheur de mots

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    #14 22 Mai 2022 16:58:25

    FloXy a écrit

    Khadija-bb a écrit

    Peut-être qu’en effet j’aurais plus apprécié que les 2 personnalités soient plus nuancées. Clairement, en tant que lectrice j’ai l’impression qu’on me présente le gentil Lubin à aimer et le méchant à détester. Peu importe si ce n’est pas réaliste, j’en conviens, mais j’aime la nuance.


    Mais la nuance, c'est quand un tableau mélange subtilement du noir et du blanc bien purs plutôt que de produire un monochrome gris uniforme.

    La preuve que ce n'est pas si simple, certains critiquent cette BD en reprochant au contraire à l'auteur d'avoir trop fait passer celui que tu trouves "gentil, à aimer" pour un parasite inutile qui méritait de disparaitre par son inaction. Comme quoi chacun voit un peu midi à sa porte alors que l'histoire ne dépeint qu'une lutte entre des intérêts profondément divergents par delà bien et mal.
    Qui peut dire lequel des 2 "mérite" de vivre ou mourir au détriment de l'autre ? :chaispas:
    Et si quelqu'un te volait ta vie, tu réagirais mieux qu'eux ? :grat:


    Oui… disons que le fait de suivre une des personnalités, même si elle ne domine plus, nous place de son côté, non ?

  • Aelia

    Lecteur initié

    Hors ligne

    #15 22 Mai 2022 21:15:20

    Bonjour !

    Bon je n’ai pas eu le temps de passer avant, mais voici mon avis.

    Globalement, j’ai proposé ce livre car c’est un livre qui m’a vraiment marqué, quand je l’ai lu. J’ai été happé par l’ambiance particulière du livre. Je suis ressortie avec un sentiment de malaise profond qui ne m’a pas quitté pendant plusieurs jours. A tel point que si le livre m’a marqué, je serais bien en peine dire si j’ai  vraiment aimé ou pas le livre. En revanche j’ai adoré l’expérience de lecture qu’il propose.

    Globalement ce que je retiens du livre :

    - la relation entre les deux Lubin, qui est pour moi le point fort du roman. L’incompréhension du début, le début de relation puis la rupture, et enfin le twist quand le Lubin que l’on suit se rend compte que son temps dans le corps disparaît petit à petit. J’ai vraiment ressenti la sensation d’emprisonnement de « notre » Lubin, le sentiment de disparaître sans rien pouvoir faire, d’être dépossédé de son corps et de sa vie, et l’horreur et l’angoisse qui vont avec. Egalement la sensation de décalage avec son entourage qui s’installe petit à petit, j’ai trouvé ça très fort et très bien fait. Tout le long du roman, j’ai espéré une issue favorable, un twist final qui lui permettrait de reprendre le dessus, même si en refermant le livre, j’étais très « contente » que l’auteur soit allé jusqu’au bout de son idée.  J’ai aussi adoré le parti pris de ne jamais nous montrer l’histoire par le point de vue de l’autre Lubin, le rendant pour le lecteur aussi étranger et inaccessible qu’il l’est pour le Lubin que l’on suit.

    - Je fais partie de ceux qui ont aimé que l’auteur ne s’appesantisse pas sur le fait de donner une explication scientifique, et même une explication tout court. J’ai eu peur au moment où le TDI est évoqué que cela prenne trop de place (surtout que quand on connaît un peu le sujet, ce que propose l’auteur est finalement assez éloigné), alors je suis contente de voir que ça a été balayé vite fait. Le fait de ne pas avoir de vraie explication ne m’a pas dérangé, au contraire. Pour moi, ce n’était pas le propos du roman.


    - Concernant l’entourage, j’avoue mettre moins intéressée à eux. J’ai néanmoins aimé que l’auteur nous montre vraiment beaucoup de diversité de personnages et de réactions vis-à-vis de la situation de Lubin (ceux qui partent, ceux qui restent, ...) et que l’entourage soit aussi une part importante du roman. Cela montre à quel point Lubin devient petit à petit étranger et absent à eux et à leur vie.


    - Pour ce qui est de l’aspect graphique, il ne m’a pas marqué. Ce n’est pas un style que j’aime particulièrement, mais une fois dans l’histoire, il ne m’a pas dérangé.
  • Julie27

    Administratrice

    Hors ligne

    #16 22 Mai 2022 21:23:48

    Je suis d'accord sur la diversité des personnages représentés. Et justement j'ai trouvé que, même avec des dessins parfois "simplistes", c'était très facile de les distinguer les uns des autres, c'est qui est un gros plus =)

    Et je n'ai pas senti ce côté gentil / méchant.
    Alors que c'est ce que je m'attendais à trouver, vu la couverture :chaispas:

    Dès le début, je trouve même qu'il y un dialogue intéressant, à l'écoute, et une bonne complémentarité.
    Ensuite

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    Le fait qu'ils n'aient plus de contacts n'aide pas.
    Et surtout on n'a que le point de vue du "Lubin initial" (forcément plus aigri, au fur et à mesure que son temps lui est "volé") et celui de ses amis (forcément partiaux, car dès le début ils mettent des barrières et n'ont pas les mêmes centres d'intérêt que "l'autre" Lubin).

    Mais j'ai trouvé ce côté biaisé bien rendu.

    Et, à l'inverse, même si c'est (logiquement) peu évoqué, l'entourage de "l'autre" Lubin voit le premier comme l'anomalie, ce qui se comprend aussi.
    Cet aspect-là est intéressant.

  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

    Hors ligne

    #17 22 Mai 2022 23:06:25

    Bonsoir,

    J'ai lu vos avis et commentaires (dont une partie semble une réaction à ce que j'ai moi-même écrit), et j'ai envie de réagir à mon tour... Je m'excuse d'avance (oui, oui, je m'excuse moi-même) si ça risque de paraître agressif: j'espère que non, bien sûr, mais la journée a été très longue - spectacle de danse de ma fille, magnifique cela dit, mais je suis épuisée, et mon pied toujours blessée crie! Bref...

    Je réponds un peu en vrac et pas forcément dans l'ordre de ce qui a été dit;

    Sur l'aspect Fantastique:
    pour ma part, je n'ai jamais parlé de "twist" fantastique! Je ne suis même pas certaine que ce livre soit bien classé, mais c'est un autre débat...
    Bref, dans son choix de traiter l'histoire de Lubin avec un "bon" (le Lubin initial) et une espèce de "double maléfique" (l'Autre), l'auteur joue dans le registre imaginaire, non? Or, ce n'est pas de la Fantasy, ça c'est clair. De la SF? sans aucun doute, mais seulement à la fin, dès lors fallait-il classer tout le livre en SF? bah non, du moins je ne crois pas... Il restait le Fantastique, qui devient du coup un peu le genre "fourre-tout" pour expliquer (en partie, et peut-être incorrectement) ce livre.
    Mais donc, en aucun cas je n'ai vu un "twist", on entre d'emblée dans une ambiance onirico-imaginaire, qui va ensuite virer à l'imaginaire tout court dès qu'on se pose la question de savoir ce qu'il se passe avec la vie du Lubin initial qui semble perdre un jour sur deux...

    Sur l'aspect schizophrénie vs. TDI :
    Je ne suis pas du tout d'accord avec toi Floxy, mais je crois surtout qu'on ne parle pas de la même chose - ou, en tout cas, qu'on n'est pas dans le même registre de langage, et ça fait toute la différence!
    Le "dialogue de sourds" que tu cites est une expression idiomatique bien spécifique qui appartient à la langue française, sans que plus personne n'ait l'idée d'aller vérifier si l'un des protagoniste souffre effectivement d'une audition déficiente.
    Traiter quelqu'un d'autiste ou de schizophrène, en revanche, je maintiens que c'est une amalgame malheureux entre des pathologies différentes, et ça relève bien davantage de l'insulte que d'une expression courante de la langue française.
    C'est pour cela aussi que je continuerai d'affirmer qu'il est important, voire indispensable, de dire qu'il faut distinguer un véritable autisme d'un comportement asocial (on sait tous les deux de quoi on parle =D , non?), ou le TDI de la schizophrénie!

    Cela dit, je me répète (oui, j'ai un côté mégalo aussi - non pathologique j'espère!): "Oh, je ne dis pas que l'auteur aurait dû nous faire un cours sur les maladies mentalo-psychiatriques à un quelconque moment de son récit. Mais une note explicative en début ou en fin de ce roman graphique aurait pu être utile (...)", disais-je donc.
    Je pense notamment au livre La différence invisible (que j'ai cité dans la section "Pour aller plus loin", qui traite de l'autisme Asperger. Outre la BD même, on a une (courte) préface qui explique en quelques mots "scientifiques" ce qu'est l'autisme Asperger, donc; et en fin de volume, après l'histoire racontée dans la BD même, les autrices ont ajouté quelques planches, comme un addendum intitulé "Qu'est-ce que l'autisme Asperger?"
    C'est donc un peu "en dehors de" l'histoire, mais c'est surtout très sympa, ça cadre les choses de façon claire et précise en toute simplicité, et ça permet d'aller plus loin pour ceux qui le désirent - car il y a aussi plusieurs références...

    C'est donc ça (un truc du genre, en tout cas) que j'aurais voulu avoir en plus dans ce livre!

    Sur le côté manichéen:
    On est apparemment plusieurs à avoir des avis différents à ce sujet ;)
    Ceux qui ne le voient pas, vous ne m'avez pas convaincue: l'auteur donne clairement la main au Lubin initial et fait tout pour le rendre sympathique puis pour susciter l'empathie et même de la tristesse chez le lecteur, tandis que le Lubin autre sera méchant de bout en bout -

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    c'est lui le méchant qui coupe les cheveux de Lubin 1 sans demander son avis, il lui "vole" de plus en plus de jours, il a manigancé avec le psy débile pour manipuler le Lubin inital encore davantage, il s'est arrangé pour que le Lubin initial soit plus ou mons "prisonnier" les rares fois où il s'éveille encore etc.


    Vraiment un sale type ce Lubin "Autre", si vous me dites que vous le trouvez sympathique, alors je pourrai peut-être vous comprendre... mais pour moi ça ne marche pas!

    Comment je réagirais si quelqu'un me volait ma vie?...
    Eh bien, dans l'état actuel des choses, je ne crois pas souffrir d'un TDI (ni de schizophrénie =D ), mais pour répondre à ta question de façon plus large:
    - j'ai trop donné à mon employeur, au point d'être en arrêt de travail depuis le début de l'année pour burn-out (après une année 2021 en dents de scie); oui, j'ai le sentiment que, d'une certaine façon, ils m'ont "volé ma vie", mais je me bats, et qui sait où ça me conduira... ça te transforme, c'est certain, et pour rien au monde je ne voudrais redevenir la Domi initiale qui dit oui à tout...
    - avant ça, je me suis réellement "oubliée" pendant une quinzaine d'années, tout le temps qu'il a fallu entre la naissance de mon aîné et le début d'une vraie autonomie chez mon "petit dernier". Évidemment, je ne m'en rendais pas compte sur le coup, mais il semble bien que cet "oubli de soi" (que beaucoup de mamans connaissent, au même titre que les aidants auprès d'un parent malade par exemple, il y a d'autres situations que l'on peut assimiler) a sans doute contribué à mon burn-out pourtant professionnel. Ce n'est que tout récemment que je réapprends à avoir me propres passions, mes propres centres d'intérêt; à me reconnecter avec ma vie... Alors, certes, j'ai repris des activités que j'adorais autrefois et que j'avais complètement délaissées... mais rien ne sera plus jamais comme avant parce que, oui, d'une certaine façon mes enfants m'ont "volé ma vie", depuis qu'ils sont là tout est différent...et pourtant, pour rien au monde (et même si certains jours j'ai envie de les jeter par le balcon) je ne voudrais faire sans eux désormais!

    Bref, je l'avais dit: rien à voir avec le TDI, pourtant ça répond à mon interprétation de ta question...;)
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #18 23 Mai 2022 00:01:00

    Et oui domi j'avais surtout réagi à ce que tu avais écrit, et je vais recommencer oops


    Sur l'aspect fantastique, on semble être beaucoup à ne pas comprendre le classement. L'auteur prend des libertés avec la réalité médicale mais on n'est clairement pas dans le horla non plus. Et pas de twist dans cette histoire (enfin si un bon twist glauque à la fin mais pas fantastique).


    A propos de mon exemple (apparemment mal choisi) de "dialogue de sourd", comment cette expression aurait-elle pu s'ancrer dans le langage courant si dès le début on avait cancel toute personne qui osait dire à quelqu'un qui n'écoutait pas : "bah alors, t'es sourd ou quoi ?"  Et en quoi s'acharner contre ces situations aurait améliorer en quoique ce soit le traitement de la surdité dans notre société ?
    Mon propos était qu'aujourd'hui avec l'autisme ou la schizophrénie on a un peu le même problème, il y a clairement des usages distincts et voulus comme tels et à mon avis cela n'aide en rien les personnes concernées par les pathologies réelles d'embêter les gens qui détournent l'usage de ces mots, au contraire cela ne peut qu'attiser l'agacement de tous à commencer par les concernés.


    Par ailleurs, ton idée d'addendum est intéressante, mais de là à reprocher à l'auteur de ne pas l'avoir fait...

    J'ai envie de dire, si quelqu'un pense savoir ce qu'est la "schizophrénie" après avoir vu Fight Club, c'est surtout sa faute d'être aussi bête, et pas celle du réalisateur de ce film de n'avoir pas pensé à faire quelque chose de plus réaliste ou d'avoir oublié d'ajouter au générique une notice technique expliquant qu'il a pris beaucoup de libertés avec la réalité. Et je ne sors pas cet exemple de mon chapeau (pour une fois), un youtuber a vraiment critiqué le film en l'accusant de participer à la stigmatisation des pauvres malades. :ohlecon:
    Ou alors à ce compte là il faudra aussi une telle notice à chaque fin d'épisode de série médicale ? "Attention, les symptômes de la maladie de tel épisode de Dr House évoluent rarement dans cet ordre et dans ce timing, mais cela facilitait le travail des scénaristes." :rules2:
    Il y a un moment où la fiction, c'est la fiction, je trouve que notre époque développe une tendance inquiétante à l'aseptisation sélective selon les lubies politiquement correctes du moment, surtout quand de jeunes lecteurs peuvent être concernés (parce que c'est bien connu un gamin de 15 ans qui lit un livre il va s'imaginer que ça se passe comme ça en vrai n'est-ce pas) ou quand le sujet est grave, on demande soudain à la fiction plus de perfection qu'on n'oserait jamais en demander à la réalité, ce qui est ridicule, liberticide et contre-productif.


    Sur le côté manichéen, chacun est le méchant de l'autre, puisque chacun vole la vie de l'autre. Les proches de chacun le perçoivent comme tel et choisissent leur camp, à l'exception de la mère et des psy qui sont partagés, ce qui fait sens pour eux.  Je trouve ça bien fait, notamment quand le héros découvre qu'il n'est pas vraiment le premier arrivé en fait, qu'il a déjà volé la vedette à l'autre après la mort de ses parents, chacun est le parasite de l'autre. Du coup "normal" que l'autre veuille l'évincer. Mais bien sur nous on a le point de vue subjectif de celui qui disparait et c'est tragique.
    Mais le propre d'une tragédie, c'est que les 2 camps qui se déchirent ont leurs raisons. Si les 2 camps avaient tort et étaient aussi irrécupérables l'un que l'autre, ce serait de la politique. =)
  • La3ti

    Dompteur de pages

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    #19 23 Mai 2022 18:33:09

    Bonjour à tous,

    J'ai lu la BD un peu plus tard que prévu.. Même après avoir dormi une nuit dessus, je ne suis pas certaine de savoir si j'ai aimé ou pas. Quand j'ai reposé le livre hier soir, j'ai été prise par un sentiment de malaise que je n'arrive pas à définir (comme vous le voyez, c'est encore très confus).

    Comme Julie, avec la couverture, je m'attendais à deux personnalités très différentes mais ce qui me déplait le plus c'est le message final. On a l'autre Lubin, le travailleur ambitieux qui est celui qui s'en sort, qui prend le pas et même qui est aidé par les psys au détriment de Lubin l'idéaliste, le rêveur, l'artiste... je ne sais pas si c'était le but de l'auteur mais la fin laisse un gout amer en bouche

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    on donne un peu d'illusion au Lubin naïf en espérant que cela sera la dernière fois qu'on le verra...

  • Mana_

    Administratrice

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    #20 23 Mai 2022 20:22:23

    Bonjour à tous,

    Comme prévu, j'ai du retard étant donné le week-end chargé. Je me pose enfin pour pour donner mon avis. Bon, une fois n'est pas coutume, je vais vous copier/coller mon article de blog parce que je ne ferai pas mieux en termes de ressenti avant de commenter les avis des autres.

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    Pourquoi ce livre ? Honnêtement, c'est avant tout parce qu'il a été élu au Book club organisé sur Livraddict que je me suis penchée sur son cas. Évidemment j'avais entendu des échos du livre et je m'étais dit pourquoi pas, un jour. Le Book club fut une occasion de l'emprunter en médiathèque !

    Ces jours qui disparaissent est un roman graphique intense. Bon, je n'avais pas lu le résumé, je ne savais donc pas dans quoi je mettais les pieds. Le plus drôle, c'est que maintenant que le livre est refermé je ne suis toujours pas sûre des étiquettes à coller sur ce récit. Science-fiction ? Cas de schizophrénie ? Difficile de faire pencher la balance vers l'un ou l'autre, même si certains dialogues tendent à donner des indices. En fait, je pense que c'est une lecture intéressante dans le fait que chacun peut interpréter les choses selon son propre parcours, ce qui devrait soulever de très bons débats (est-ce que la toupie perd réellement son équilibre à la fin du film ?!).
    Au début, j'avais peur de ne pas différencier les deux entités dans ce même corps. L'auteur s'en sort très bien, donnant un code couleur aux bulles de chacun et en faisant un travail parfait sur les expressions faciales, notamment au niveau des yeux. La lecture est fluide entre autres grâce à cela car je n'étais jamais perdue sur qui j'avais affaire.

    L'intrigue est pleine d'émotions. On sent parfaitement la détresse des deux Lubin, l'un qui perd la notion du temps, qui s'éloigne progressivement de tout ce qui le rattache au quotidien, et l'autre qui ne comprend pas pourquoi il est projeté dans un corps qu'il ne connaît pas. De là comment allier les deux entités ? Est-il réellement concevable de vivre deux vies diamétralement opposées simultanément ?
    J'ai failli pleurer à plusieurs reprises tout au long du parcours de Lubin, le premier qu'on rencontre. On le voit perdre pied, relâcher complètement ses efforts voire abandonner définitivement. Malgré ça, dans les rares moments où il refait surface, il a ce besoin égoïste de revoir ses anciens amis, amantes, sa famille aussi, parce que c'est sa vie, ce à quoi il se raccroche. J'ai essayé de m'imaginer à sa place et c'est aussi pour ça que j'ai failli craquer plusieurs fois en versant ma petite larme. Et la fin n'y échappe pas, avec toute sa cruauté et sa cohérence. Une petite claque comme j'en ai rarement vue.

    Ce récit, et même si ce n'est pas le cœur du propos, est une histoire d'amitié. J'ai été touchée de constater que les anciens amis et collègues de Lubin ne le lâchent pas comme ça. S'ils s'éloignent, c'est parce que la vie ne s'arrête pas, qu'ils ne peuvent se permettre de l'attendre. Mais malgré la distance ils trouvent toujours un moyen pour communiquer. Le plus touchant est bien entendu son plus proche ami, lui qui ne change guère au fil des ans. Une valeur sûre qu'on aimerait tous affectionner.
    Quant aux deux Lubin, j'ai bien entendu éprouvé de la compassion pour le premier, qui voit sa vie se dilater sans pouvoir résister. Le deuxième a un comportement horrible, hypocrite, mais peut-on le blâmer d'avoir eu envie de vivre sa propre vie sans rester dans l'ombre de son "hôte" ? Je comprends parfaitement ses choix, même si ça m'a paradoxalement dégoutée.
    Au final, le personnage que j'ai réellement détesté est Gabrielle, qui n'a rien demandé la pauvre. En fait, c'est surtout qu'elle veut montrer qu'elle sera un soutien inflexible au premier abord et puis la première contrariété va la mettre k.o., hors course en deux secondes. Répugnant.

    Ce n'est pas du tout mon style graphique. A un point où quand j'ai tenu l'ouvrage entre les mains, j'ai feuilleté rapidement et j'ai plissé le nez, me disant que ça allait être une torturé à lire. Alors je ne dis pas que c'est passé au fil de la lecture, ça reste un style auquel je n'accrocherai probablement jamais, toutefois j'ai trouvé que ça collait parfaitement à l'ambiance douce amère qui se dégage de ce récit. Je suis donc convaincue que l'auteur n'aurait pas pu mieux faire et je vais même dire plus, je suis curieuse de retrouver ce style dans ses autres productions ! À noter d'ailleurs que Timothé Le Boucher s'occupe du scénario et des illustrations - et y'a du talent !

    En bref, j’ai adoré. Les thèmes abordés, les décors simples mais immersifs et les personnages attachants (pour la plupart) m’ont comblée de bout en bout. Alors oui, ce n’est pas mon type de lecture, encore moins mon type d’illustrations, mais il existe une telle harmonie entre l’histoire et le dessin que ça a forcément matché avec moi. Ajoutez à cela une intrigue pleine d’émotions, et on ne passe pas loin du coup de cœur. Une superbe lecture que je recommande !



    (Maintenant, j'ai vu passer un commentaire sur la confusion entre schizophrénie et TDI et je voulais m'excuser auprès de la commu parce que je suis tombée dans le piège également, je ferai un petit edit sur mon article pour corriger le tir !)


    Billy, je ne suis pas totalement d'accord sur ta vision de Tamara.

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    D'ailleurs, Lubin lui pose la question vers la moitié du roman, en mode "tu vois d'autres personnes ?" et elle élude clairement la question parce qu'elle ne veut pas le blesser, juste profiter de lui mais c'est évident qu'elle ne l'attend pas. Comme tu le dis, elle est à terre à terre mais elle a le droit comme tout le monde au coup de foudre, à s'attacher à une personne.



    Khadija, je suis également dans le même cas que toi pour Gabrielle,

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    c'est le seul personnage qui m'a laissée de marbre, voire même totalement agacée par son comportement. D'un côté je la comprends, c'est perturbant pour Lubin et son entourage, elle en première ligne. De l'autre côté, elle est la première à l'aider, lui finance une séance chez le psychiatre et elle l'abandonne trois planches plus loin, ne pouvant pas pardonner un acte alors qu'elle comprend parfaitement le trouble... Bof bof le comportement, ça manque de stabilité.



    domi, je comprends que pour des gens renseignés, qui connaissent a minima la distinction entre les deux maladies, ça soit trop facile, très peu professionnel. Mais peut-être que la démarche de l'artiste est tout simplement de faire découvrir ce milieu, la complexité relationnelle qui en découle, avant la part médicale et tout ce que cela implique. Peut-être que son but est de sensibiliser, de faire connaître, avant d'attaquer plus en détail le problème. Il nous fait une approche, à nous de creuser, se renseigner, faire émerger l'iceberg si le sujet nous intéresse. Cela dit ne pas savoir à la fin fut une frustration pour moi.
    Et ta remarque sur les psys est très pertinente, je m'étais fait la même réflexion !

    Riz-Deux-ZzZ, je trouve au contraire que la temporalité était plutôt bien amenée. Sans alourdir le texte avec une année précise, les rides qui se creusent et le blanchiment des cheveux étaient assez clairs. Pas besoin d'un âge défini, l'idée était là.

    Aelia, ce que tu dis sur le ressenti tout au long de la lecture résume parfaitement mes propres émotions. On passe de la surprise au questionnement, du questionnement à l'effroi.

    le retour sur Domi =D
    c'est un ressenti propre à chacun, et probablement que nos propres connaissances sur cette maladie jouent sur le ressenti lui-même. Moi qui n'y connaissais rien (Floxy, garde tes réflexions :P ), je suis ressortie de cette lecture sans savoir si ça pouvait être une histoire réelle (sans remettre en cause le fait que certaines personnes dans la vie réelle le vivent, hein) ou une histoire fantastique. L'auteur jongle entre les deux et laisse le flou, volontairement pour faire écho à la personnalité et au ressenti de chacun. L'interprétation est libre et c'est l'expérience passée/présente du lecteur qui détermine si oui ou non on le classe dans un récit sur un fait réel ou dans de la fiction.


    Après, je constate que beaucoup parlent du côté manichéen de Lubin mais ça ne m'a pas du tout sauté aux yeux. C'est certain que j'ai préféré le Lubin artiste, plus proche de mes aspirations et de ma façon de penser le monde, mais je comprends également cet autre, plus cartésien et capitaliste, qui veut se faire une place dans la société, avoir une vie normale.
    Floxy demande Qui peut dire lequel des 2 "mérite" de vivre ou mourir au détriment de l'autre ? C'est bien là la question que je me suis posée tout au long de la lecture et à aucun moment j'ai eu le sentiment de prendre parti. Ce n'est juste pas possible.


    Bon, moi, j'ai une question et j'ai l'impression que personne ne se l'est posée alors je me demande si mon cerveau déraille ou non. Sous spoiler car ça dévoile un passage :

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Quand Lubin croise Gabrielle avec son fils blond, vous trouve pas que le gamin ressemble à Lubin ? Genre, j'ai fixé la planche pendant deux bonnes minutes à comparer les deux visages : même blond, même forme de visage (en prenant en compte les rondeurs de l'enfance) et mêmes yeux.