[Giani, Jocelyne] La païenne - Saga

 
    • LylyPARK

      Lecteur-express

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      #1 15 Mars 2023 14:07:03

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      Résumé :

      Balivernes que vos esprits des forêts et vos génies des arbres. Mais le jour où les hommes ne croiront plus à tout cela, ils ne respecteront plus la terre qui les porte. Ils croiront devenir sages, alors qu’ils seront fous ! Ils détruiront tout au nom de la connaissance. » À l’aube de l’an mille, le vicomte d’Oloron vit dans son castera planté sur un éperon dominant les gaves. Bravant fièrement les Pyrénées se dresse l’abbaye de Sauveterre où une quarantaine de bénédictins observent strictement la Règle. Dans la plaine, Bélissenda grandit en sauvageonne au village des Artigues, communiant avec les forces vives de la terre. Au rythme des saisons, des fêtes religieuses et païennes, alors que le système féodal se met progressivement en place, seigneur et abbé voient d’un mauvais œil l’autonomie de ces chrétiens rebelles. Assoiffés de pouvoir, ils décident d’annexer ce territoire.

      La païenne



      Mon avis :

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      Que dire si ce n’est que ce roman fut mon coup de cœur de l’année 2021 ?
      Pour aller plus en profondeur, j’ai adoré la plume de l’autrice, les thèmes abordés et la façon dont ils le sont, ainsi que les personnages et leur développement. L’histoire fait sens, elle tient la route. L’autrice ne couvre pas de sucre et de miel son roman, elle dévoile la réalité dans toute sa fureur et sa violence. Pourtant, selon moi, l’espoir ne disparaît pas de ce livre. En effet les personnages vivent des choses terribles, mais la vie et ce qu’elle peut contenir de beau continuent d’exister. Les personnages restent « vrais », réels, ils sont palpables dans leurs émotions, dans ce qu’ils vivent. C’est l’une des grande forces de ce roman, qui reste ancré dans la réalité.
      En effet, malgré son titre qui pourrait laisser imaginer un récit fantastique, teinté par des apparitions féeriques ou la sorcellerie, le roman est historique. L’autrice ne s’éparpille pas dans des accents fantastiques ou mystiques. Le paganisme occupe une place dans l’œuvre, à travers sa réalité, à travers ses mythes et les croyances des païens. La sorcellerie n’est que guérison, utilisation de plantes, et liens avec la lune et la nature. C’est la terre qui porte ce thème du paganisme, et la religion occupe également une place de choix dans l’œuvre.
      Voici certainement ce qui m’a le plus marquée, et que j’ai apprécié dans ce roman. Le lien, l’union, entre les religions. Bien qu’elles soient différentes, bien que les évènements du livre puissent être violents dû à cette séparation des religions, ces dernières ne sont pas présentées en rabaissant l’autre. Elles vivent ensemble, elles représentent toutes deux des symboles, des croyances. Jocelyne Giani ne présente pas le paganisme comme étant la voix de la raison, et il en va de même pour le christianisme. Si les personnages ont des croyances qui différent, ils peuvent cependant se retrouver, se comprendre, et vivre ensemble.
      Le féminin est également un pan entier du livre. Il est sacré, vivant, et représentatif. Les femmes ont leur rôle, leur place. Elles ne sont pas représentées comme des objets fragiles, au contraire elles sont fortes, et elles occupent une place de choix. L’autrice offre au féminin dans son écrit un véritable rôle, et les femmes ne sont pas des sorcières mystiques mais simplement des guérisseuses, des mères et des jeunes filles. L’apprentissage de la vie apparaît dans ce féminin parfois blessée, mais toujours réel.
      Ce roman historique se fonde sur des recherches, appuyées par la bibliographie présente en fin d’ouvrage. J’ai aimé découvrir le travail de recherche de l’autrice, et son univers.



      Ce roman est le premier d'une trilogie, la suite étant Les Roses de Cordoue. Le dernier livre devrait sortir cet automne, selon l'annonce faite par l'autrice sur sa page facebook =)
    • LylyPARK

      Lecteur-express

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      #2 15 Mars 2023 14:12:53

      Le résumé des Roses de Cordoue :

      Alors que l'empereur Otton III de Germanie cherche à dominer toute l'Europe et que le redoutable Al-Mansour a conquis les trois-quarts de la péninsule Ibérique, Bélissenda, jeune guérisseuse païenne, doit accompagner frère Antoine dans la quête d'un manuscrit controversé qui risque de compromettre l'avènement du futur pape.

      Du Béarn à Cordoue, sur la route d'al-Andalus, le chemin qui les attend est semé d'embûches: brigands, marchands d'esclaves, soudards sans foi ni loi à la solde des puissants.

      Bélissenda se retrouve, malgré elle, au coeur des conflits au gré des rencontres, des épreuves et des passions...



      Mon avis :

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      Ode à la sensualité, à l’amitié, à la curiosité.

      Encore une fois, comme pour le précédent, j’ai adoré ma lecture. J’ai aimé ce roman, son histoire, chaque élément qui fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. La plume de l’autrice est incroyable, touchante, criante de vérité.
      Chacun des sens est en éveil durant la lecture, tant le style est beau, juste. Nous sommes invités à ressentir chaque petite chose qui permet de donner vie à l’œuvre. Nous sommes conviés directement dans un voyage parfois douloureux, souvent brûlant, mais toujours beau. J’aime me trouver face à une œuvre qui ne me cache rien, qui ne dissimule rien. Les personnages sont humains, ils ne sont pas parfaits, et c’est ce qui les rends touchants.

      Enfin je peux me plonger dans un roman où je sais que l’on ne sera pas mielleux avec le lecteur, où l’on ne dira pas : pas d’inquiétudes, ça ne finit toujours bien. Non. Madame Giani réussit à donner vie à son histoire justement parce qu’elle ne cherche pas à rendre la vie toute rose, toute belle. Toute la puissance de son œuvre réside dans cette capacité à toucher la vie dans son entièreté. Rien n’est embelli, et le lecteur n’est pas embobiné et couvert d’étoffes, de parfums, gavé de pâtisseries pour qu’il évite de voir les défauts. Au contraire. C’est un roman qui rend hommage aux êtres, dans toute leur complexité. Et comme son prédécesseur, règne dans cette histoire un hommage aux liens humains.
      Les religions ne sont plus des obstacles, les croyances ne sont plus des obstacles, rien mis à part la soif de pouvoir ne peut venir stopper l’amitié. Et ce n’est pas une vision romantique des choses, qui contredirait mes arguments, mais bien la vérité du cœur, des êtres. L’autrice réussit à rapprocher tant de personnages, qui voient au-delà des différences, des statuts. Et elle entraîne son lectorat avec elle, qui est emporté par la beauté de ces êtres humains qui savent se parler et s’écouter.

      A nouveau c’est un roman historique, marqué par des recherches sérieuses qui donnent corps à une histoire. Si ce roman réussit en un peu plus de 300 pages à être si juste et à ne pas se perdre, c’est grâce à ces recherches et au sérieux de Madame Giani. Écrire un roman où le personnage principal est une jeune païenne au don de guérison, sans tomber dans le fantastique ou la fantasy est une tâche complexe. Il est bien plus facile de « tomber » dans les histoires surnaturelles, qui permettent de donner vie à des raisonnements d’ailleurs. Pourtant ce n’est pas le choix fait par l’autrice, qui conserve notre réalité, notre histoire, pour fonder les siennes.

      Ce voyage littéraire se fait en terres inconnues, pour ma part. Et sans rien savoir à l’avance, sans aucune connaissance personnelle de ma part ou de recherches faites en amont, j’ai réussi à ne pas me perdre. J’ai réussi à effectuer ce voyage, sans jamais vouloir abandonner. Je vois dans ce fait tout le génie de Madame Giani qui a réussi en un roman à m’apprendre beaucoup de choses. Et le fait que l’astrologie soit intégrée au récit, en prenant une véritable place et un certain rôle, me fascine.

      Pour finir cette longue critique, j’aimerais évoquer le fait que cette autrice a su rendre attachants des personnages que l’on voit à peine. Comme eux, je me suis trouvée les larmes aux yeux face au destin qui ne pouvait être modifié. Pour des êtres que l’on aperçoit quelques fois uniquement, qui viennent se poster dans l’ombre des premiers, j’ai ressenti un amour que je n’éprouve pas toujours pour des personnages dont on peut me parler pendant 600 pages.

      C’est un roman magnifique, touchant. Et une histoire qui restera gravée en moi.



      Le sujet étant légèrement différent du premier, et tournant surtout autour d'al-Andalus, je sais que des lecteurs qui n'auraient pas forcément été attirés par La païenne peuvent l'être par ce second roman

      Dernière modification par LylyPARK (03 Mars 2024 21:04:29)

    • LylyPARK

      Lecteur-express

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      #3 03 Mars 2024 21:04:14

      Suite et fin de la trilogie =)

      Le résumé de Le chant de l'aulne :

      “L’Homme pense trop, il ferait mieux de rêver. Seul le rêve peut changer le monde.”
      Belissenda, bâtarde du vicomte d’Oloron, entreprend le voyage vers les terres des ancêtres vikings et samis de son compagnon Thorig, nouveau Jarl de Selløya.
      Elle s’émerveille de la chaude lumière de l’été qui jamais ne s’éteint, enveloppant ces paysages grandioses d’une aura magique. Mais, quand Thorig rejoint ses alliés à la guerre, elle se retrouve seule avec leurs deux enfants dans ces contrées boréales dont elle ignore la langue et les coutumes. Seule, face à l’adversité implacable de la nuit polaire, bleue et glaçante.
      Au cœur de cette aventure palpitante, sur mer, sur terre, bravant les rigueurs des saisons et les hasards de la vie, la jeune femme, n’aura d’autre choix que de faire confiance à sa bonne étoile.



      Mon avis :

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      Il est souvent compliqué de tenir le rythme sur une saga, d'autant plus quand cette saga est historique. On peut se demander : comment se renouveler ? Comment ne pas perdre le fil ? Et bien d'autres questions. Madame Giani répond à toutes ces questions par un travail absolument incroyable, une plume toujours aussi agréable, et un univers qui se tient. Ici se clôt l'histoire de Belissenda et des siens, et c'est pour moi, toujours, un coup de coeur. Cette ode à la nature, à tout ce qui nous entoure, semble devenir ici encore plus forte, encore plus grande.
      Encore une fois, nous plongeons dans des paysages magnifiques, avec des personnages que l'on a appris à aimer, à adorer, et c'est presque avec déchirement que l'on doit les quitter. Cette saga est douce, belle, tout en étant aussi piquante que la vie elle-même, aussi dure qu'elle peut l'être. Rien n'est épargné aux personnages, ni au lecteur, mais c'est ici la force de ce roman qui ne gâche rien, qui ne se cache pas, qui montre, qui dévoile, qui révèle. Comment construire un tel univers, de tels personnages, en leur ôtant leur humanité ? C'est impossible. Ainsi l'autrice distille dans son écriture cette beauté de la nature, face à l'horreur de la vie, tout en mettant également en avant toute la beauté de cette même vie !
      Il est compliqué pour moi d'expliquer à quel point cette saga me touche, tant le message qu'elle porte est fort, tant je me suis attachée aux personnages, à leurs péripéties, à tout ce qu'ils traversent, vivent, à ce qu'ils sont et représentent.
      Je ne peux que remercier l'autrice d'avoir donné naissance à une telle histoire, merci à elle d'offrir au monde des oeuvres d'une telle beauté.