[suivi lecture] Exuline

 
  • Grominou

    Administratrice

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    #371 10 Septembre 2024 01:05:20

    Tellement contente que tu aies aimé le Saucier! :pompom:
  • Exuline

    Tourneur de pages compulsif

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    #372 10 Septembre 2024 10:07:39

    <image> Il pleuvait des oiseaux - Jocelyne Saucier

    Trois octogénaires épris de liberté vivent selon leur propre loi en forêt profonde dans le nord de l'Ontario. Non loin de là, deux hommes, l'un gardien d'un hôtel fantôme et l'autre planteur de marijuana, veillent sur l'ermitage des vieillards. Leur vie d'hommes libres et solitaires sera perturbée par l'arrivée de deux femmes. D'abord une photographe en quête du dernier survivant des grands feux qui ont ravagé la région au début du XXe siècle. Puis arrive la deuxième visiteuse, très vieille celle-là, Marie-Desneiges, un être aérien et lumineux qui détient le secret des amours impossibles. La vie ne sera plus la même à l'ermitage. Il pleuvait des oiseaux est un superbe récit qui nous entraîne au plus profond des forêts canadiennes, où le mot liberté prend tout son sens, et dans lequel l'émotion, brute et vive, jaillit à chaque page.

    Envie d'évasion, envie de nature, envie de partage, envie de protection, envie de solitude, envie de vivre, envie de mourir, envie de se ressourcer, envie de découvrir, envie d'écouter, envie de comprendre, envie de beauté, envie de liberté, ce livre est un concentré de bienveillance, d'échanges, d'émotions délicates, de rudesse sauvage et de vie.

    Alors oui, il n'est pas aisé à la lecture des premières pages de comprendre où l'autrice souhaite emmener son lecteur. Un découpage assez particulier, des personnages que j'ai eu parfois du mal à mettre à la bonne place, des sauts dans le temps parfois déstabilisants, mais au final, il suffit juste de se laisser porter par la plume délicate de Jocelyne Saucier et se laisser guider au rythme d'une vie simple où l'envie de vivre et aussi forte que l'envie de mourir.

    Des hommes reclus, dont les véritables noms ne seront jamais révélés ou presque, se sont retirés du monde pour vivre de paix et d'eau fraiche. Car oui, dans ce monde loin de toute civilisation, l'instinct sauvage n'est jamais très loin. Pas de confort, pas de projets, juste la satisfaction de vivre et de défier la mort à chaque instant.

    C'est avec beaucoup de douceur telle une goute de rosée posée sur une branche illuminée par les premiers rayons du soleil que l'autrice nous propose de découvrir la vie de cette petite communauté vieillissante mais si attachante. Les souvenirs restent et dominent et je suis complétement conquise par cette interlude de sérénité. La vieillesse serait-elle moins affreuse que ce que l'on pourrait croire ? Car ici chacun et chacune d'entre eux est particulièrement attachant.

    Roman où la contemplation de la nature sauvage a une grande place, forêt, rivière et montagne est au cœur de cet écrin tenu secret aux yeux du monde. Mais lorsque Marie-Desneiges va faire son apparition, j'ai ressenti cette légère vibration qui va s'amplifier pour modifier ce quotidien bien rodé. Elle sera la reine de ces lieux, et sa vision différente du monde donnera des réponses aux questions sans cesse formulées.

    D'une grande délicatesse, je n'ai pu ressentir que de la joie et mon cœur se serrer lorsque j'ai tourné la dernière page. Et aussi surprenant que cela puisse paraitre je n'avais pas encore envie de me séparer d'eux. J'étais en sécurité, j'étais apaisée, j'étais bien.

    J'espère pouvoir voir le film adapté de ce roman pour prolonger ce sentiment de quiétude qui a grandi au fur et à mesure que le roman s'écoulait entre mes doigts et de me dire que la simplicité de la vie est finalement bien plus bénéfique pour l'humain.

    Avec les frémissements de l'automne qui approchent, je vous conseille la lecture de ce court roman qui réchauffera, je l'espère votre cœur.
  • The_JulieJules

    Lecteur confirmé

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    #373 10 Septembre 2024 13:29:14

    Bonjour @Exuline !
    Merci pour cette découverte, dès tes premières lignes, je n'ai pas eu de doute sur le fait que ce livre rejoindrait ma wish list ! Je l'ajoute de ce pas !
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #374 10 Septembre 2024 18:09:40

    Parmi tes en-cours, j'aime beaucoup l'écriture de Marie-Sabine Roger (en tout cas pour les 2 que j'ai lus d'elle) mais j'ai une relation étrange avec ses livres : je les adore sur le moment … et je les oublie à toute vitesse O_o
    Je crois que j'ai noté le Saucier (c'est trop drôle à dire) quand Grominou l'a lu, il faut que je regarde si il est à la médiathèque.

    Bonne semaine et bonne lecture :)

    PS : je t'écris très vite
  • Grominou

    Administratrice

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    #375 11 Septembre 2024 00:56:57

    Mypianocanta a écrit

    Parmi tes en-cours, j'aime beaucoup l'écriture de Marie-Sabine Roger (en tout cas pour les 2 que j'ai lus d'elle) mais j'ai une relation étrange avec ses livres : je les adore sur le moment … et je les oublie à toute vitesse O_o
    Je crois que j'ai noté le Saucier (c'est trop drôle à dire) quand Grominou l'a lu, il faut que je regarde si il est à la médiathèque.

    Bonne semaine et bonne lecture :)

    PS : je t'écris très vite


    Non je n'en ai pas parlé sur mon suivi car je l'ai lu en 2013!  C'est peut-être chez Errant ou Atick que tu l'as noté.

  • Exuline

    Tourneur de pages compulsif

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    #376 11 Septembre 2024 12:28:54

    The_JulieJules : oh je suis contente de t'avoir fait découvert un nouveau livre approuvé aussi par Grominou

    Mypianocanta : c'est la première fois que je découvre Marie-Sabine Roger et c'est assez déroutant comme écriture mais pas désagréable. Tu en as lu d'autres ?

    Grominou : j'espère que mon avis t'a plu ;)
  • Ormelys

    Improvisateur de marque-pages

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    #377 11 Septembre 2024 17:18:53

    Bonjour Exuline,

    J'ai lu quelques romans de Marie-Sabine Roger, et même si je ne me rappelle plus des détails (ça fait qqs années maintenant), je sais que j'avais adoré.
    Notamment le livre Les bracassées qui m'avait beaucoup surprise. J'aime beaucoup l'originalité et la plume de cette autrice.

    Bonnes lectures :)
  • Exuline

    Tourneur de pages compulsif

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    #378 11 Septembre 2024 17:27:22

    <image>

    Des lectures de saison


    Je vous propose aujourd'hui un petit blabla littéraire avec une sélection de livres de saison. Ah l'automne avec ses belles couleurs, ses champignons, ses feux de bois, ce plaid sur nos genoux, une saison que j'adore.
    Mais voilà, il y a aussi, le froid, la pluie et le vent ...
    Alors je vous propose ma sélection de livres de saison que j'ai lu, mais pas forcément apprécié ...
    Je vous mets le résumé, mon ressenti et ma chronique si j'en ai fait une pour vous donner de nouvelles envies pour cet automne.

    <image> Azincourt par temps de pluie - Jean Teulé
    Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d’une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l’Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu’à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu’aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tout ce que la cour de France compte d’aristocrates se précipite pour participer à la curée. Ils ont bien l’intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n’en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l’autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s’impose : grandiose !

    Un roman dans le pur style de l'auteur qui ne pourra que séduire ceux qui l'apprécie, où les faits historiques sont retalés tels que vécus dans le sang et la boue, dans le dénuement et l'inhabilité avec un humour représentatif du ciel au dessus de ces corps sans tête : noir. Chronique

    <image> Embrasser la pluie - Béatrice Maleville
    Le décret est tombé. Tout est chamboulé.
    Désormais il est interdit aux hommes et aux femmes de vivre ensemble.
    Quatre amies décident de quitter Paris. Rejoindre à pied, une maison de famille dans le Gers.
    Pourtant au bout du périple, dans le refuge tant espéré, un homme s’est installé.


    C'est extrêmement rare que ça m'arrive mais je n'ai pas compris ce livre : ni l'histoire, ni le message qu'à voulu transmettre son autrice. Je n'y ait trouvé aucun intérêt.

    <image> Ce que murmure le vent - Amy Harmon
    Aujourd’hui romancière à succès, Anne a grandi avec les souvenirs d’Irlande de son grand-père Eoin. Alors que celui-lui a toujours refusé de l’y emmener, il lui fait promettre de répandre ses cendres sur le lac de Lough Gill. Émue de découvrir la terre de ses ancêtres, Anne est aussi intriguée par les photos de famille qu’Eoin lui a dévoilées peu avant sa mort. Pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour lui montrer Annie, cette arrière-grand-mère avec laquelle elle partage une ressemblance troublante ?
    Sur le lac, tout se précipite : entourée soudain par la brume, Anne se retrouve à l’eau. À son réveil, la situation est aussi folle qu’évidente : elle a été projetée en 1921, et ce petit garçon persuadé qu’elle est sa mère n’est autre qu’Eoin. Recueillie par Thomas Smith, le médecin qui élève ce dernier, Anne découvre un pays déchiré par la Guerre d’indépendance, au plus près du danger, mais aussi de l’amour… Retrouvera-t-elle un jour la vie qui était la sienne ?


    Un saut dans le temps qui ne m'a pas particulièrement conquise, même si on s'attache sans doute plus aux personnages secondaires qu'à la principale. Un côté historique confus, une romance qui a du mal à décoller, et finalement un roman qui commence à être intéressant à la fin. Chronique

    <image> Il pleuvait des oiseaux - Jocelyne Saucier
    Les Grands feux de Matheson en Ontario au Canada. Nous voilà au cœur d'un drame historique, mais aussi pris par l'histoire d'hommes qui ont choisi la forêt. Trois êtres épris de liberté et qui ont fait un pacte avec la mort.

    Envie d'évasion, envie de nature, envie de partage, envie de protection, envie de solitude, envie de vivre, envie de mourir, envie de se ressourcer, envie de découvrir, envie d'écouter, envie de comprendre, envie de beauté, envie de liberté, ce livre est un concentré de bienveillance, d'échanges, d'émotions délicates, de rudesse sauvage et de vie. Chronique.

    <image> Les Déferlantes - Claudie Gallay
    La Hague... Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe de Cotentin vit une poignée d'hommes. C'est sur cette terre âpre que la narratrice est venue se réfugier dpuis l'automne. Employée par le Centre ornithologique, elle arpente les landes, observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs. La première fois qu'elle voit Lambert, c'est un jour de grande tempête. Sur la plage dévastée, la vieille Nan, que tout le monde craint et dit à moitié folle, croit reconnaître en lui le visage d'un certain Michel. D'autres, au village, ont pour lui des regards étranges. Comme Lili, au comptoir de son bar, ou son père, l'ancien gardien de phare. Une photo disparaît, de vieux jouets réapparaissent. L'histoire de Lambert intrigue la narratrice et l'homme l'attire. En veut-il à la mer ou bien aux hommes ? Dans les lamentations obsédantes du vent, chacun semble avoir quelque chose à taire.

    Un roman qui prend son temps, trop de temps, des personnages exploités dans ce qu'ils peuvent être de plus profond qui fait que l'on n'y accorde finalement que peu d'importance, un roman qui laisse couler le temps entre ses doigts comme le sable sur la plage mais qui n'apporte au final pas grand chose. Chronique.

    <image> Apprendre à danser sous la pluie - Margaux Gilquin
    Depuis ce premier livre phénomène, Laure se partage entre ce Paris flamboyant qu’elle aime tant où elle côtoie journalistes, auteurs, politiques, et la Grande Maison de la douce tante Marthe, et sa quiétude dont elle a besoin pour se ressourcer.
    Là, l’auteure à succès presque malgré elle va remonter le temps de son enfance jusqu’à un certain jour de juillet où sa vie a basculé.
    Entourée du ténébreux François, de ses amies fidèles Nade et Martine, elle va renouer petit à petit avec ces instants fugaces de bonheur qu’il faut savoir saisir, s’alléger de ce qui l’encombre et l’empêche d’avancer, pour se reconstruire enfin un avenir plein de promesses.


    Un sentiment étrange m'a pris en refermant le livre, à la fois j'étais submergée par la triste vie de Laure, sa souffrance et en même temps, j'ai vu le soleil briller plus fort, l'énergie me parcourir, mes yeux se sont ouverts et j'étais bien, et tout ça grâce à tante Marthe. Chronique.

    <image> Autant en emporte le vent - Margaret Mitchell
    Pendant la guerre de Sécession, alors que le Sud esclavagiste auquel ils appartiennent tous les deux est en train de perdre ses dernières batailles contre le Nord, Rhett Butler et Scarlett O'Hara s'aiment et se déchirent.

    Lu bien avant de tenir mon blog, ce monument de la littérature américaine est sûrement un livre que je relirai quand je serai vieille. Oui, il a ce gout de nostalgie, le dimanche soir devant la télé alors que la pluie tombe dehors. Un livre avec des longueurs évidentes mais avec une puissance indéniable.

    <image> Avant le gel - Henning Mankell
    Les animaux immolés par le feu, la tête et les mains d'une femme gisant près d'une bible aux pages griffonnées... Le commissaire Wallander est inquiet. Ces actes seraient-ils un prélude à des sacrifices humains de plus vaste envergure ? La propre fille de Wallander, impatiente d'entrer dans la police, se lance dans une enquête parallèle. Entraînée vers une secte fanatique résolue à punir le monde de ses péchés, elle va rapidement le regretter.

    Je me suis donc très largement ennuyée durant cette lecture, et je serai bien incapable de vous dire comment j'ai fait pour le terminer : je pense que tout simplement je me suis laissée portée par les idées de Linda, pour m'en faire les miennes et nos deux rêvasseries ont évoluées l'une à côté de l'autre ne se rencontrant que très épisodiquement. Chronique

    <image> Blackwater, tome 6 : Pluie - Michael McDowell
    Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s’être assagi : révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse. Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu.

    Ce dernier tome est relativement prévisible si on se rappelle de ce que disait Elinor à la fin du premier tome : tout est mal qui fini mal ou presque ... Les mystères du passés refont surface et vont se venger. Dans ce tome,  j'ai trouvé que ça allait trop vite et l'auteur n'a pas su vraiment maitriser son style pour donner ce sentiment de peur et/ou d'horreur que cela aurait mérité ou que j'ai pu ressentir dans certains tomes précédents. Mais au final,  peu importe, je retiendrai cette saga longtemps et c'est ce qui compte et ce fut au final une très bonne découverte.

    Dernière modification par Exuline (11 Septembre 2024 17:32:08)

  • Exuline

    Tourneur de pages compulsif

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    #379 11 Septembre 2024 17:28:56

    Méli_Mélo a écrit

    Bonjour Exuline,

    J'ai lu quelques romans de Marie-Sabine Roger, et même si je ne me rappelle plus des détails (ça fait qqs années maintenant), je sais que j'avais adoré.
    Notamment le livre Les bracassées qui m'avait beaucoup surprise. J'aime beaucoup l'originalité et la plume de cette autrice.

    Bonnes lectures :)


    Merci pour ton passage, je note pour Les bracassées ;)

    A très bientôt.

    Dernière modification par Exuline (11 Septembre 2024 17:29:16)

  • Exuline

    Tourneur de pages compulsif

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    #380 12 Septembre 2024 11:28:17

    <image> Le Feu de Dieu - Pierre Bordage

    Prévoyant la catastrophe, Franx a convaincu les siens de fortifier le Feu de Dieu, une ferme du Périgord, conçue pour une autonomie totale de plusieurs années. Mais le cataclysme le surprend à Paris et pour rejoindre sa famille, il entreprend une impossible odyssée, à pied dans des ténèbres perpétuelles en compagnie d'une autre survivante, une petite fille muette. Pendant ce temps, dans l'arche transformée en bunker, sa femme et leurs deux enfants se retrouvent sous la menace d'un dangereux paranoïaque qui a pris possession des lieux...

    Même si le titre peut paraitre trompeur, ce livre n'a rien à voir avec un quelconque essai religieux ou un roman ésotérique. Le Feu de Dieu est bel et bien un roman post apocalyptique où le monde s'écroule et les pauvres personnes ayant survécues vont devoir s'organiser. Les instincts primaires refont surface, l'animal prend la place de l'Homme mais n'est-ce pas justement cette violence qui va le condamner.

    Pierre Bordage écrit avec une grande précision les sentiments que pourraient ressentir les personnes confrontées à la fin des espèces, tout en mettant un rythme incroyable. Un équilibre parfait entre actions et introspections. Il y ajoute même un peu de fantastique qui ne m'a pas déplu et permet de mettre en évidence le lien entre les personnes.

    J'ai beaucoup de choses à vous dire mais j'ai du mal à trouver le fil cohérent pour vous restituer tout ce que j'ai pu ressentir à la lecture de ce roman que j'ai dévoré.

    Il y a tout d'abord, le père Franx, survivaliste qui dirige une petite communauté dans le centre de la France pour envisager le pire qui va arriver. Mais sans connaitre la date et l'heure il va donc s'éloigner de sa famille pour des raisons personnelles quand le grand cataclysme arrive. Paris s'écroule, Paris la belle devient horrible, le ciel bleu a disparu laissant seulement de la cendre, de la neige et une obscurité loin d'être salvatrice. Commence ici son périple pour parcourir les 500 km qui l'avait éloigné de sa famille. Ce chemin va être ponctué de rencontres surprenantes où la survie devient le centre des préoccupations au détriment de l'entraide et de la bienveillance. Et pourtant sur son chemin, il va trouver une perle lumineuse qui sera sa force, sa lanterne dans le noir. Des liens indéfectibles vont se créer ajoutant cette  douceur, cette tendresse dans ce monde devenu brutal. J'ai particulièrement aimé cet équilibre, cette sorte de fil d'Ariane à la fois fragile mais résistant à la cruauté extérieure. Pierre Bordage joue avec les mots pour se jouer de nos sentiments me faisant oublier le monde actuel qui m'entourait et m'abimer dans ce monde et dans ces cœurs glacés.

    Il y a ensuite, la famille laissée qui va devoir s'organiser seule et combattre non pas les démons extérieurs mais bien intérieurs, car il est présent, tapis dans l'ombre prêt à sortir non pas ses griffes mais son sexe au moindre instant. La mère qui cherchait autre chose et qui ne l'a pas trouvé, la fille qui devient une femme et un fils qui à l'espoir de revoir son père sont encerclés par les ondes malsaine de cet homme, le grax, dernier membre de la communauté à être resté et quelle abjection. Pervers sexuel, la tension va monter crescendo tout au long de cette partie en huis clos. Mais c'est surement horrible à dire, mais j'ai particulièrement apprécié ce personnage abjecte qui a lui seul incarne le mal le plus vil, le plus répugnant, le plus dangereux. Encore une fois l'auteur arrive à trouver l'équilibre parfait entre les attentes, les devoirs, les instincts de survie, les soumissions nécessaires pour protéger, pour résister. La liberté n'existe plus et cette séquestration prend bien des formes différentes. Le récit est entrecoupé d'extraits de journal intime qui donne une force incroyable au récit et permet à nous pauvre lecteur immergé dans le sordide à prendre du recul.

    Mais attention, je n'ai pas trouvé, à aucun moment, que Pierre Bordage prenait la direction du gore ou de l'insoutenable, encore une fois l'auteur est sur le fil sans basculer des scènes difficiles à lire, la pression est bien plus psychologique. Même si la femme dans ce roman quelle qu'elle soit est particulièrement maltraitée et malmenée. Alors oui, il est évident que ce roman fasse penser au célèbre roman pulitzer La Route de Cormac McCarthy paru l'année d'avant, mais ici l'auteur apporte cette touche d'espoir qui m'avait tant fait défaut dans celui-ci.

    Oui, l'espoir dont chaque homme et chaque femme a besoin pour vivre, jaillit de ses pages à certains moments, une chaleur bienvenue dans un monde glacé, une main tendue dans des cœurs de glace, une charité bienveillante pour nous prouver que malgré nos actions, nous ne sommes pas des monstres, que la volonté de survivre nous oblige à des choix qui n'auraient pas existé dans une situation normale. Il est nécessaire de soigner les plaies, d'avancer  et de reconstruire.

    Pierre bordage a été inspiré pour nous proposer un roman noir, où la souffrance est inévitable, où la mort rode, où les personnages ne sont pas exempts de défauts, où les actions ne définissent pas qui nous sommes vraiment, mais qui invite à réfléchir sur cette petite étincelle d'espoir en l'Homme qui avec du temps et les bons choix deviendra flamme, puis feu, car le feu de dieu n'est peut-être au final que notre libre arbitre et l'acceptation de nos décisions.