Souvenirs à partager

 
  • Claire C

    Passionné du papier

    Hors ligne

    #1 24 Décembre 2023 15:15:39

    Bonjour ici !

    J'ai envie de vous proposer un exercice d'écriture à partager ! J'ai beaucoup apprécié d'écrire avec Delkinger sur le Topic 300 words a day keep the doctor away, et je voudrais prolonger ce plaisir en proposant un topic d'écriture un peu plus libre. L'idée serait d'écrire des souvenirs (réels ou imaginaires) sur des thèmes (j'en proposerai mais chacun peut écrire sur un thème différent qu'il choisit lui-même). J'imagine des textes assez courts, pour que ce soit facile à écrire, et facile à lire pour ceux qui sont intéressés, donc de l'ordre de 300 mots, mais sans contrainte réelle.

    Est-ce que quelqu'un serait intéressé pour lire, et même réagir à ce que je pourrait écrire ici ?
    Et est-ce que quelqu'un serait prêt à tenter cette aventure d'écriture avec moi (ce qui serait le top !) ?
  • brijoudu93

    Lecteur professionnel

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    #2 24 Décembre 2023 15:33:45

    bonjour
    je découvre à l'instant ton post et également le post dont tu parles (où je suis allée jeter un oeil et mettre quelques mots)
    je lirai avec plaisir tes mots et peut être que, si je suis inspirée, je participerai quelques fois
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #3 24 Décembre 2023 16:24:30

    Oh, super ! Merci brijoudu93, tu me fais un beau cadeau de Noël avec ton message ! Je lance le premier thème (qui s'impose pour la période) : NOEL, et je posterai un petit texte d'ici quelques jours, j'espère que ce mot t'inspire !

    Dernière modification par Claire C (24 Décembre 2023 16:24:42)

  • Claire C

    Passionné du papier

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    #4 25 Décembre 2023 15:49:25

    *** Premier souvenir : Un Noël au Burkina Faso ***

    Cap sur l'Afrique de l'Ouest, direction Ouagadougou. Là-bas, la terre est rouge, et la poussière est partout. Elle s'incruste dans chacun de vos vêtements, dans tous les plis de la peau, comme cette atmosphère colorée, bruyante, vivante et chaleureuse. Pourtant, en décembre, c'est la "fraicheur", dès que le Soleil disparaît, il fait en effet relativement frais.

    C'est mon premier Noël à Ouaga, et c'est un jour de fête. Là-bas, les religions ont une place dans chaque coeur. Certains sont chrétiens, d'autres musulmans, tout le monde est profondément animiste, et on vit tous ensemble.

    On se lève donc tôt, et on "prépare", c'est le mot consacré pour faire la cuisine. Les femmes passent toutes leurs matinées à "préparer" pour le midi et pour le soir. Pas de supermarchés ici, même dans une capitale, il y a par-ci et par-là quelques "alimentations" pour trouver les produits secs essentiels, tandis que les produits frais sont dans des marchés un peu partout dans la ville.

    On va donc au marché, acheter des tomates, des oignons, de la salade, des haricots verts et quelques légumes locaux, et on cuisine plusieurs plats traditionnels. Les garçons sont envoyés aux courses, et les filles aident leurs mères, tantes, bonnes.

    L'important est que chaque visiteur trouve de quoi manger à sa faim. Parce que jour de fête, c'est un jour de visite. Pas de père Noël ici ni de cadeaux, mais on met le dernier pagne à la mode, éclatant de magnifiques dessins et de couleurs vives, et la journée se passe essentiellement sur sa mobylette à sillonner tous les goudrons et les "6 mètres" (rues non goudronnées) de la ville pour faire le tour des amis et de la famille (et ici, on a un sacré paquet de chaque !).

    On arrive, on trouve quelqu'un qui vient aider à garer la moto, et on est invité à s'asseoir sur les généreux et moelleux canapés de chaque salon. On nous tend une bouilloire en plastique et une bassine pour se laver les mains, on boit le verre d'eau de "bonne arrivée", et on cause. Si l'appétit est là, on prend une assiette et on se sert.

    On discute, on rit, on passe un bon moment, et on "demande la route" pour aller à notre prochaine visite. On rentre fourbu, mais gastronomiquement et socialement rassasié.

    ***

    Pas évident de donner à sentir quelque chose d'une culture aussi différente sur un si petit texte...

    Dernière modification par Claire C (25 Décembre 2023 16:11:42)

  • Claire C

    Passionné du papier

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    #5 06 Janvier 2024 18:24:08

    Un autre petit texte pour aujourd'hui : ACCIDENT

    ***
    Je suis sur le retour, un peu fatiguée peut-être, mais toujours prudente et concentrée. En un éclair, la tranquillité de ce moment disparaît, une voiture déboule sur ma droite, sans prévenir. Je tente un écart, et puis c'est le choc. Violent. L'odeur de tôle cassée. La perte de contrôle. Le fossé. Les ronces, et le tronc d'arbre. Encore un choc. Dans la tête cette fois. Je comprendrai après que c'est l'airbag. La voiture est immobile, j'entends les hurlements répétés de mon bébé derrière. Je me vois dans la vitre devant, je vois mon nez qui saigne. Il me faut plusieurs minutes pour comprendre. Je ne suis pas morte. Vais-je mourir ? Je bouge mes bras, le corps réagit, mais lentement. J'ai envie de pleurer, de crier. Tant bien que mal j'attrape mon téléphone pour appeler au secours. Mes doigts ne m'obéissent pas. Mon bébé hurle toujours, et je vois de la fumée au niveau de la porte passager. Mon sang ne fait qu'un tour : la voiture va exploser. Un seul but : sauver mon fils, et vivre. Je jette mon téléphone, je me détache, et, miraculeusement, sans desserrer la ceinture du siège bébé, j'arrive à libérer mon fils. J'essaie d'ouvrir sa porte de l'intérieur. Impossible, sécurité enfant. Je ne sens aucune limite à mes mouvements, mon corps semble ne rencontrer aucun obstacle (je découvrirai bien plus tard que je me suis couverte de bleus à ce moment là), j'attrape mon fils dans mes bras, j'attrape la poignée de la porte passager, qui se trouve côté route. La mienne est côté fossé, impossible à ouvrir. La porte s'ouvre. Je tombe dans les ronces, en tenant mon fils haut. Je suis sauvée. Des gens arrivent, une femme prend mon enfant dans ses bras. je peux me dégager des ronces, je le reprends dans mes bras, je marche. Il n'a rien. Dieu merci. Je suis forte pour lui. Mes bras sont brûlés par l'airbag, mais rien de grave. Cette fois, je vivrai. La dame qui m'a percutée vit aussi. Il faudra quelques heures aux pompiers pour la dégager de sa voiture. Pour nous, ça n'aura duré que quelques minutes (avant la longue journée de cauchemar entre camions de pompiers et urgences). Pourtant, ces quelques minutes ont changé ma vie, pour toujours.
    ***
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #6 07 Janvier 2024 14:23:52

    Coucou ici !
    brijoudu93 tu es là ? Je me sens un peu seule... Est-ce que les thèmes ne te conviennent pas ? N'hésite pas à m'aider à rendre ce topic plus interactif si tu le souhaites.
    Je vais tenter un thème plus joyeux ensuite : SPORT !
  • brijoudu93

    Lecteur professionnel

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    #7 07 Janvier 2024 14:27:42

    Claire C a écrit

    Coucou ici !
    brijoudu93 tu es là ? Je me sens un peu seule... Est-ce que les thèmes ne te conviennent pas ? N'hésite pas à m'aider à rendre ce topic plus interactif si tu le souhaites.
    Je vais tenter un thème plus joyeux ensuite : SPORT !


    si, si je suis là
    j'avoue que pour l'instant que n'ai pas trop d'idée (ayant été un peu débordée ces jours ci !)
    promis, ma vie redevenant "normale" la semaine prochaine je viens te rejoindre avec plaisir

  • Claire C

    Passionné du papier

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    #8 07 Janvier 2024 15:43:06

    Merci pour ta présence et ta réponse ! Vivement la semaine prochaine alors !
    Si choisir les thèmes peut te donner plus d'idées, n'hésite pas à les proposer je m'y adapterai avec joie !
    Au plaisir de te lire quand tu le pourras !
  • mia82

    Espoir de la lecture

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    #9 07 Janvier 2024 15:57:47

    Bravo Claire, j'ai impression d'y être.
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #10 11 Janvier 2024 19:37:56

    Oh, merci Mia, ça me touche fort ton mot !

    ***

    Bon, finalement, ce n'est pas un souvenir joyeux sur le sport qui est sorti en premier (il viendra bientôt), mais un souvenir douloureux avec le thème de la PEUR.

    ***

    J'ai peur. Du matin au soir, j'ai peur. Moi qui étais si spontanée, si pleine de vie, si peu réfléchie dans mes actes, me voilà avec la peur au ventre à mesurer chacun de mes gestes et chacune de mes paroles. J'ai peur qu'il rentre, j'ai peur qu'il sorte, j'ai peur que son mépris s'abatte sur moi. Je me mets à douter de moi-même. De loin, que cela peut sembler ridicule ! Pourquoi chaque goutte d'eau qui se trouve malencontreusement sur le carrelage à la suite d'une douche ou d'une vaisselle, devient sous ses yeux une goutte de sperme, une preuve toujours renouvelée de ma trahison imaginée ?

    Au début, on ne prend pas cela au sérieux, on ne se donne presque pas la peine de répondre. Aujourd'hui les femmes sont libres, si je ne t'aime plus, pourquoi te tromper en cachette et ne pas te quitter au grand jour ? Que ferai-je de ces cachotteries ? Allons, j'ai bien d'autres choses à penser ! Et puis, peu à peu, ces pensées malsaines finissent par vous envahir de l'intérieur, elles vous pénètrent chaque centimètre de peau. Ai-je raison de répondre au téléphone à cet ami ? Cela va-t-il causer une scène ? Puis-je manger avec ce collègue ou est-ce que cela sera mal interprété ? Je finis en retard ce soir, que va-t-il penser ?

    Petit à petit, pour éviter des scènes qui ne diminuent pourtant pas, la vie se restreint. Chaque geste est arrêté en cours de route, chaque pensée s'arrête devant les conséquences qu'elle peut faire naître. On finit par s'enfermer, ne plus sortir, on commence à trembler quand le téléphone sonne, ou quand quelqu'un vous regarde ou vous parle.

    Le viol quotidien s'installe aussi insidieusement. Pourquoi tu ne veux pas ce soir ? Tu es fatiguée ? Dis-moi la vérité, avec qui as-tu couché aujourd'hui ? Et si je maintiens la fatigue, alors la violence psychologique s'installe. Il se lève, et ne se couchera pas. Nous avons peu d'espace de vie, je ne peux pas dormir la lumière allumée, et il faut que je dorme, je dois avoir un cerveau en marche le lendemain. Que faire ? Céder, demander pardon, s'humilier, acheter un peu de paix dans toute cette violence, pour pouvoir tenir debout un peu plus. Et puis on finit par ne même plus tenir debout.

    Mais le vrai du faux devient tellement dur à démêler qu'on ne sait plus trop ce qui se passe. Et la violence qui maintient sa pression empêche de réfléchir, de raisonner, de poser les choses. Et quelqu'un peut être tellement différent en public et dans la sphère de l'intime ! Comment aborder ces sujets ? Avec qui ? Qui vous fera confiance, vous qui n'arrivez même plus à avoir confiance à vous ? De toutes façons, à force de petites phrases bien senties qui semblent anodines, en public aussi, on a appris à ne plus vraiment vous prendre au sérieux.

    La faille se creuse, vous êtes complètement isolée, sans ressource, sans plus être capable de prendre une initiative, bientôt sans plus pouvoir vous concentrer, ce qui ajoute au discrédit général de votre personne.

    Au milieu de ce cauchemar dans lequel je me suis débattue sans relâche, alors que toutes les portes semblaient se fermer pour moi, j'ai croisé quelqu'un. Une dame, dont je ne sais même pas le prénom, m'a écoutée. Dans son passé, elle avait vécu une situation similaire avec son premier mari. Je me souviendrai toujours de ce qu'elle m'a dit : que ce n'était pas une fatalité, qu'on avait le droit de chercher quelqu'un qui nous traite avec respect, qu'elle avait fait cet effort pour elle et qu'aujourd'hui, elle vivait avec quelqu'un qui lui donnait cela. C'était donc possible.

    Sur le moment, je n'avais aucun moyen d'agir, je n'avais même pas les moyens d'imaginer que je pouvais réellement me sortir de cette situation. Mais cette dame avec son histoire est restée gravée dans ma pensée. Et, des années après, une voie de sortie s'est présentée. Je n'ai pas tergiversé, aujourd'hui encore je ne sais pas comment j'ai pu trouver le courage de m'en sortir, et je n'en suis pas sortie indemne. Mais, je m'en suis sortie. Je confirme à mon tour : c'est possible.

    Ce texte, c'est pour tous ceux qui souffrent dans les méandres de l'intimité. C'est pour porter le message de cette dame un peu plus loin, c'est pour allumer la flamme de l'espoir dans des coeurs à l'agonie. Gardez courage, c'est possible !

    ***

    Dernière modification par Claire C (11 Janvier 2024 19:38:09)