Qu'avez-vous pensé des personnages ?
En particulier, qu'avez-vous pensé d'Abigaïl, des Proctor, de Hale, de Tituba, de Parris ou de Mary ?
Certains vous ont-ils davantage plu ?
Votre avis a-t-il évolué sur certains au fur et à mesure de la pièce ?Le personnage d'Abigaïl est très étrange, pour moi. Au final, je ne sais pas trop quoi penser d'elle ! J'ai regardé des analyses littéraires. il semble qu'il ne faudrait n'y voir qu'un personnage "méchant" tout en se souvenant de son environnement (orpheline, non mariée => statut très bas pour une ville puritaine comme Salem). Mais, ça la rend un peu fade vu ainsi...
John Proctor est un personnage que j'ai trouvé ennuyeux. Je m'explique : il est en proie au doute constant sur sa nature/ses valeurs (il a trompé sa femme et n'arrive pas à l'admettre ainsi, à avancer dans son couple, sa vie). ce qui le rend tout de même assez hypocrite car à côté de tout cet aspect, dans de nombreuses répliques ils rappellent ses valeurs, son honnêteté, l'importance de son nom. Donc, à la longue, ça devenait un peu agaçant de le suivre pour moi. Surtout que j'ai trouvé le message de l'ensemble de la pièce assez puritain finalement. Miller ne semble pas tellement dénoncer les limites du puritanisme (qui empoisonne clairement la vie de John et Elisabeth constamment tiraillés entre leur honneur, la religion et ce qu'il et qu'elle aspirent à être...). Et vu comment le personnage d'Abigaïl a été développé... Je ne vois pas trop d'idées progressives sur le couple et le rapport homme/femme dans cette pièce. (Ce qui n'est certes pas le sujet quoique la ville de Salem telle que décrite ouvrait une grande porte ouverte ! Mais, j'y entrais dans cette pièce, avec le préjugé qu'Arthur Miller était sensible à ces questionnements. Apparemment non !).
Elisabeth est certainement le personnage le plus attachant de cette pièce. Ou du moins qui suscite une certaine empathie. Néanmoins, là encore, je trouve le traitement de Miller assez étonnant (vraiment, je pensais que c'était un progressiste mais ce n'est pas le cas!). Elle est une bonne personne car elle respecte les valeurs chrétiennes de charité, bonté, pardon... La limite est que pour ces mêmes valeurs chrétiennes elle ment pour protéger l'image du bon couple chrétien qu'elle forme et accessoirement de son mari (sans savoir pour le lecteur.trice lequel est le plus important pour elle).
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Et puis, le dramaturge lui offre une fin plutôt déprimant malgré le fait qu'elle soit une bonne personne
Je m'arrête là car je trouve que ce sont les 3 personnages principaux finalement. Et puis, vraiment niveau personnages, pas trop ma tasse de thé !
→ Qu'avez-vous pensé de l'intrigue ?
Avez-vous été embarqué·e?
Sincèrement, pas vraiment. L'acte I est déroutant avec toutes les indications de l'auteur, j'en perdais le fil ! Du moins le fil dans les dialogues. L'ensemble m'a paru longuet et très dense pour le message que voulait faire passer Miller. Aussi, un peu rétrograde dans la vision homme/femme. Le personnage d'Abigaïl aurait pu être tellement plus...
→ Avez-vous trouvé que c'était immersif, pour le contexte de Salem au 17e siècle ?
Pas tellement bizarrement. C'est très personnel mais pour moi c'était plus une pièce de procès/juridique (qui est un peu un genre pour moi). Plus qu'une pièce qui aborde la sorcellerie. Le soucis est qu'aborder la sorcellerie, c'est aborder - quoiqu’on puisse en penser - la place des femmes un société et un époque donnée. Là, ce n'est pas le cas. Miller pour moi développe plus les thématiques de comment différencier le vrai du faux dans une société ? Qui croire ? Finalement, c'est plutôt d'actualité comme thème : comment gérer les fausses informations ? Les procès est l'impact qu'ils ont dans la société... Pour moi, cette pièce se concentre plus sur ces thématiques là que sur la sorcellerie et la place de la femme.
→ Qu'avez-vous pensé du rythme ? Avez-vous aimé la construction ?Avez-vous trouvé que c'était visuel ?
Je ne vais pas mentir, ce n'est pas ma pièce préférée même si je suis contente de l'avoir découverte. Je trouve que Miller à trop vouloir dénoncer, faire passer un message en a oublié la forme. Certains dialogues m'ont ennuyé, je ne mentirai pas. Aussi, certains personnages manquent d'ampleur pour moi dans cette pièce. Finalement, je ne me sentais pas très investie dans leurs destinées ! Ce qui est un peu dommage pour du théâtre. Et aussi, les longues indications de l'auteur perturbent vraiment la lecture. Déjà que les dialogues ne sont pas hyper-rythmée, alors en ajoutant ça en plus, ça alourdissait l’ensemble ! (Néanmoins, j'ai regardé quelques extraits d'une captation en théâtre avec Richard Armitage dans le rôle de John Proctor et elles n'étaient pas du tout incluent. Cependant, en écoutant uniquement les dialogues, je ne trouvais pas ça forcément plus rythmé...)
→ Qu'avez-vous pensé de cette réflexion / dénonciation ? → De façon globale, avez-vous aimé cette pièce ?
Ou qu'est-ce qui vous a plu / déplu ?
Pour le coup, elle est clair ! C'est le cœur de la pièce tout de même. Elles sont intéressantes mais je ne pense pas que ce soit l’œuvre qui sensibilise avec efficacité le public à ces enjeux de vérité, de l'hystérie collective dans une société donnée. Aussi, dans les analyses, il est dit que le principal objectif pour Miller était de dénoncer le Maccarthisme. Alors oui, il le dénonce mais l'essence de la pièce manque quand même de forme pour être une œuvre marquante du théâtre. Je me demande si la carrière de scénariste de Miller n'a pas permis à cette pièce de passer le temps. S'il n'avait pas été scénariste à Hollywood est-ce que cette pièce serait toujours au répertoire de quelques théâtres: Mystère. Néanmoins, c'est un excellent choix scolaire : elle permet d'aborder des thématiques actuelles tout en abordant deux périodes de l'histoire étasunienne : Salem et le maccarthisme.
Pour conclure : intéressant mais pas marquant pour moi ^^
Hâte de vous lire !