[Les sorcières de Salem - Octobre 2024] - Parlons du livre

  • Julie27

    Administratrice

    En ligne

    #1 19 Octobre 2024 09:26:10

    Bonjour,

    ► Dans ce sujet, vous pouvez discuter de vos impressions sur la pièce Les sorcières de Salem, d'Arthur Miller.

    Des pistes pour donner votre avis (si besoin) :
    (ce sont juste quelques pistes de réflexion, vous n'êtes pas obligé·e·s d'y répondre - et évidemment pas de répondre à tout - et n'hésitez pas à aller plus loin :))

    → Qu'avez-vous pensé des personnages ?
    En particulier, qu'avez-vous pensé d'Abigaïl, des Proctor, de Hale, de Tituba, de Parris ou de Mary ?
    Certains vous ont-ils davantage plu ?
    Votre avis a-t-il évolué sur certains au fur et à mesure de la pièce ?

    → Qu'avez-vous pensé de l'intrigue ?
    Avez-vous été embarqué·e?

    → Avez-vous trouvé que c'était immersif, pour le contexte de Salem au 17e siècle ?

    → Qu'avez-vous pensé du rythme ?
    Avez-vous aimé la construction ?
    Avez-vous trouvé que c'était visuel ?

    → Qu'avez-vous pensé de cette réflexion / dénonciation ?

    → Qu'avez-vous pensé de la fin ? (en utilisant les balises spoiler)

    → De façon globale, avez-vous aimé cette pièce ?
    Ou qu'est-ce qui vous a plu / déplu ?


    N'hésitez pas à donner votre avis, mais aussi à réagir à ceux des autres participant·e·s et à leur poser des questions !
    Le but du Book Club est d'avoir une discussion interactive :)

    Attention aux spoilers ! Si vous souhaitez révéler un aspect important, merci d'utiliser les balises suivantes :

    Code:

    [spoiler]Le texte à cacher[/spoiler]

    Merci pour celles et ceux qui n'auraient pas encore fini ce livre ;)

  • pontdeslivres

    Lecteur assidu

    Hors ligne

    #2 19 Octobre 2024 15:01:36

    Qu'avez-vous pensé des personnages ?
    En particulier, qu'avez-vous pensé d'Abigaïl, des Proctor, de Hale, de Tituba, de Parris ou de Mary ?
    Certains vous ont-ils davantage plu ?
    Votre avis a-t-il évolué sur certains au fur et à mesure de la pièce ?


    Le personnage d'Abigaïl est très étrange, pour moi. Au final, je ne sais pas trop quoi penser d'elle ! J'ai regardé des analyses littéraires. il semble qu'il ne faudrait n'y voir qu'un personnage "méchant" tout en se souvenant de son environnement (orpheline, non mariée => statut très bas pour une ville puritaine comme Salem). Mais, ça la rend un peu fade vu ainsi...

    John Proctor est un personnage que j'ai trouvé ennuyeux. Je m'explique : il est en proie au doute constant sur sa nature/ses valeurs (il a trompé sa femme et n'arrive pas à l'admettre ainsi, à avancer dans son couple, sa vie). ce qui le rend tout de même assez hypocrite car à côté de tout cet aspect, dans de nombreuses répliques ils rappellent ses valeurs, son honnêteté, l'importance de son nom. Donc, à la longue, ça devenait un peu agaçant de le suivre pour moi. Surtout que j'ai trouvé le message de l'ensemble de la pièce assez puritain finalement. Miller ne semble pas tellement dénoncer les limites du puritanisme (qui empoisonne clairement la vie de John et Elisabeth constamment tiraillés entre leur honneur, la religion et ce qu'il et qu'elle aspirent à être...). Et vu comment le personnage d'Abigaïl a été développé... Je ne vois pas trop d'idées progressives sur le couple et le rapport homme/femme dans cette pièce. (Ce qui n'est certes pas le sujet quoique la ville de Salem telle que décrite ouvrait une grande porte ouverte ! Mais, j'y entrais dans cette pièce, avec le préjugé qu'Arthur Miller était sensible à ces questionnements. Apparemment non !).

    Elisabeth est certainement le personnage le plus attachant de cette pièce. Ou du moins qui suscite une certaine empathie. Néanmoins, là encore, je trouve le traitement de Miller assez étonnant (vraiment, je pensais que c'était un progressiste mais ce n'est pas le cas!). Elle est une bonne personne car elle respecte les valeurs chrétiennes de charité, bonté, pardon... La limite est que pour ces mêmes valeurs chrétiennes elle ment pour protéger l'image du bon couple chrétien qu'elle forme et accessoirement de son mari (sans savoir pour le lecteur.trice lequel est le plus important pour elle).

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Et puis, le dramaturge lui offre une fin plutôt déprimant malgré le fait qu'elle soit une bonne personne



    Je m'arrête là car je trouve que ce sont les 3 personnages principaux finalement. Et puis, vraiment niveau personnages, pas trop ma tasse de thé !



    → Qu'avez-vous pensé de l'intrigue ?
    Avez-vous été embarqué·e?


    Sincèrement, pas vraiment. L'acte I est déroutant avec toutes les indications de l'auteur, j'en perdais le fil ! Du moins le fil dans les dialogues. L'ensemble m'a paru longuet et très dense pour le message que voulait faire passer Miller. Aussi, un peu rétrograde dans la vision homme/femme. Le personnage d'Abigaïl aurait pu être tellement plus...



    → Avez-vous trouvé que c'était immersif, pour le contexte de Salem au 17e siècle ?

    Pas tellement bizarrement. C'est très personnel mais pour moi c'était plus une pièce de procès/juridique (qui est un peu un genre pour moi). Plus qu'une pièce qui aborde la sorcellerie. Le soucis est qu'aborder la sorcellerie, c'est aborder - quoiqu’on puisse en penser - la place des femmes un société et un époque donnée. Là, ce n'est pas le cas. Miller pour moi développe plus les thématiques de comment différencier le vrai du faux dans une société ? Qui croire ? Finalement, c'est plutôt d'actualité comme thème : comment gérer les fausses informations ? Les procès est l'impact qu'ils ont dans la société... Pour moi, cette pièce se concentre plus sur ces thématiques là que sur la sorcellerie et la place de la femme.



    → Qu'avez-vous pensé du rythme ? Avez-vous aimé la construction ?Avez-vous trouvé que c'était visuel ?

    Je ne vais pas mentir, ce n'est pas ma pièce préférée même si je suis contente de l'avoir découverte. Je trouve que Miller à trop vouloir dénoncer, faire passer un message en a oublié la forme. Certains dialogues m'ont ennuyé, je ne mentirai pas. Aussi, certains personnages manquent d'ampleur pour moi dans cette pièce. Finalement, je ne me sentais pas très investie dans leurs destinées ! Ce qui est un peu dommage pour du théâtre. Et aussi, les longues indications de l'auteur perturbent vraiment la lecture. Déjà que les dialogues ne sont pas hyper-rythmée, alors en ajoutant ça en plus, ça alourdissait l’ensemble ! (Néanmoins, j'ai regardé quelques extraits d'une captation en théâtre avec Richard Armitage dans le rôle de John Proctor et elles n'étaient pas du tout incluent. Cependant, en écoutant uniquement les dialogues, je ne trouvais pas ça forcément plus rythmé...)



    → Qu'avez-vous pensé de cette réflexion / dénonciation ? → De façon globale, avez-vous aimé cette pièce ?
    Ou qu'est-ce qui vous a plu / déplu ?

    Pour le coup, elle est clair ! C'est le cœur de la pièce tout de même. Elles sont intéressantes mais je ne pense pas que ce soit l’œuvre qui sensibilise avec efficacité le public à ces enjeux de vérité, de l'hystérie collective dans une société donnée. Aussi, dans les analyses, il est dit que le principal objectif pour Miller était de dénoncer le Maccarthisme. Alors oui, il le dénonce mais l'essence de la pièce manque quand même de forme pour être une œuvre marquante du théâtre. Je me demande si la carrière de scénariste de Miller n'a pas permis à cette pièce de passer le temps. S'il n'avait pas été scénariste à Hollywood est-ce que cette pièce serait toujours au répertoire de quelques théâtres: Mystère. Néanmoins, c'est un excellent choix scolaire : elle permet d'aborder des thématiques actuelles tout en abordant deux périodes de l'histoire étasunienne : Salem et le maccarthisme.



    Pour conclure : intéressant mais pas marquant pour moi ^^

    Hâte de vous lire !

    Dernière modification par pontdeslivres (19 Octobre 2024 15:02:30)

  • Cendre

    Amazone/Guerrier des bibliothèques

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    #3 19 Octobre 2024 16:30:33

    J'avais déjà lu cette pièce et je l'ai relue hier. Comme la première fois j'ai été totalement happée par le déroulé de l'histoire, les dialogues.
    Je l'ai lu en VF je précise car je si j'ai bien compris le vocabulaire en VO est bien plus ardu. Mais en VF ce que j'ai tout de suite apprécié c'est le réalisme des dialogues, des échanges (du coup un avis à l'opposé de pontdeslivres, c'est intéressant ces diffrents points de vue). Les échanges ne font pas trop "surjoués" et grandiloquants comme de nombreuses pièces classiques en vers genre Racine, Molière ou même Musset (très belles musicalité ceci dit au passage). Ici on n'est pas sur des tournures enjolivées, alambiquées ou poétiques, on est sur un autre genre de théâtre, résolument plus moderne qui met  bien plus en avant le fond que le forme si vous voyez ce que je veux dire.
    Chaque Acte n'est pas divisé en scène, c'est tout d'un coup, avec des personnages qui entrent et qui sortent. Ça apporte un cadre plus simple à suivre je trouve. Ça coule tout seul, il n'y a pas de temps mort au cours de tout un Acte. Chaque acte a un décor différent et se passe à des moments différents aussi. Etant plus habituée au théâtre classique, je trouve que ces coupures aident au réalisme du récit (fini les pièces où le héros recontre l'amour de sa vie, se marie, va à la guerre, renie sa famille et meurt de désespoir en 3 jours top chrono). Je visualisais parfaitement les lieux, surtout les 2 premiers actes.

    Mon personnage préféré est John Proctor, idéalisé et romancé par la pièce mais je tiens à noter que toutes les personnes mentionnées ont réellement existées (sauf le Rérévand Hall il me semble). Alors c'est sûr il a ses tords mais il reste attaché à ses convictions jusqu'au bout. Celle que j'ai eu envie de tarter était bien sûr Abigaïl la peste égocentrique et manipulatrice. Bien qu'elle soit l'antagoniste principal il n'y a pas de bon livre sans bon méchant et franchement son personnage est incroyable. Elle me fait penser par certains aspects à Milady de Winter. @pontdeslivres il est évident que l'auteur a pris des libertés sur la véritable Abigaïl et l'a modifiée à sa sauce pour les besoins de la pièce afin de justifier le début de la comédie de psychose collective. J'imagine mal une vraie personne être aussi malveillante et retorse naturellement. Mais je dois dire que le Révérand Paris est pas mal détestable non plus. Au début il apparait plutôt comme une honnête personne mais plus on avance plus on se rend compte qu'il exploite et tourne aussi à son avantage la situation par cupidité / intérêt personnel. Et alors pour cloturer le défilé des "méchants", il ne faut pas oublier les 2 juges complètement butés, incompétents et injustes qui condamnent quiqonque a une opinion différente des leurs, même si les arguments sont fiables et censés. Ils ont vraiment eu leur charge dans une pochette surprise ceux là (ce qui ne devait pas être rare à l'époque car les gens abusait de leur pouvoir et de leur argent pour s'octroyer des bonnes places dans la société). Bref je trouve que c'est une très bonne représentation de la société de l'époque et de ses dérives : prenez des gens terrorisés par le Diable et au cerveau lavé par leur religion, ajoutez une pression sociale dans une petite communauté isolée, saupoudrez d'abus de pouvoir et d'intérêt personnel et PAF ca fait des chocapic il suffit d'une étincelle pour que ca tourne au drame.
    Contrairement à toi @pontdeslivres je trouve que Miller traite plutôt bien le problème du puritanisme sans pour autant donner à ses personnages des réactions qui seraient en total contradiction avec l'époque. La famille Proctor n'est, par exemple, pas présentée comme très pieuse ce qui lui premet de relativiser et de prendre du recul sur les évènements. Même chose pour Corey. A contrario, les familles complètement engoncées dans la religion et la peur du Diable à tous les coins de rue tombent dans le panneau immédiatement : les Putman par exemple et d'une certaine manière les juges également qui acceuillent ce simulacre sans se poser de questions. Le seul "homme de Dieu" qui reste sceptique est le Révérand Hale. Son personnage est d'ailleurs intéressant et un des meilleurs de la pièce selon moi, passant d'antagoniste à sauveur au fur à mesure que la pièce avance. Pour moi il doit représenter le citoyen lambda de l'époque : croyant au Diable et à Dieu et donc étant capable de condamner à mort des gens pour sorcellerie mais jusqu'à une certaine limite où le bon sens et l'éthique reprennent le dessus.

    Personnellement, je ne suis pas une grande fan du théâtre mais cette pièce m'a permis de voir ce genre sous un angle nouveau (ni vieille tagédie à la Shakespeare ou Racine, ni comédie burlesque ni Absurde comment Ionesco) et j'ai adoré. Je la conseille souvent. D'ailleurs je relis très peu mes lectures mais j'ai fait une exception pour ce bookclub. Bon il faut dire que le cadre (mythe de la sorcière + historique) est aussi ma tasse de thé :)

    Dernière modification par Cendre (21 Décembre 2024 07:53:53)

  • pontdeslivres

    Lecteur assidu

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    #4 19 Octobre 2024 16:39:36

    Hyper intéressant : c'est comme si on avait lu 2 pièces différentes ^^ C'est tjrs amusant les ressentis de chacun !

    Juste une question, dans l'édition française, y avait-il également ces longs paragraphes détaillants les personnages/l'action et interrompant les dialogues ?


    Cendre a écrit

    Bref je trouve que c'est une très bonne représentation de la société de l'époque et de ses dérives : prenez des gens terrorisés par le Diable et au cerveau lavé par leur religion, ajoutez une pression sociale dans une petite communauté isolée, saupoudrez d'abus de de pouvoir et d'intérêt personnel et PAF ca fait des chocapic il suffit d'une étincelle pour que ca tourne au drame.


    Totalement d'accord ! Ce qui rend la pièce très actuelle je trouve. Je pense qu'elle doit être passionnante à étudier d'un point de vue littéraire et historique malgré tout. Elle est très riche niveau contexte et référence.

    Pour Abigaïl (et Tituba en passant) j'ai trouve tout de même le traitement de ces 2 personnages problématiques. Elles sont tout autant victime du puritanisme qu'Elisabeth. Vraiment dans le développement des personnages, ça m'a géné ce manichéisme au fil de la lecture (car Miller est tout de même bien loin des dramaturges classiques en terme d'époque... Il avait les moyens d'apporter + de nuances...).

    En tout cas ta vision de John est hyper intéressante à lire, je n'a ais pas du tout perçu ce personnage ainsi. Ca me le.rend + sympathique finalement ^^ (je suis un coeur de pierre parfois XD)

    Dernière modification par pontdeslivres (19 Octobre 2024 16:53:06)

  • Cendre

    Amazone/Guerrier des bibliothèques

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    #5 19 Octobre 2024 17:24:21

    pontdeslivres a écrit

    Pour Abigaïl (et Tituba en passant) j'ai trouve tout de même le traitement de ces 2 personnages problématiques. Elles sont tout autant victime du puritanisme qu'Elisabeth. Vraiment dans le développement des personnages, ça m'a géné ce manichéisme au fil de la lecture (car Miller est tout de même bien loin des dramaturges classiques en terme d'époque... Il avait les moyens d'apporter + de nuances...).


    Je n'ai pas du tout la même perception que toi de ces personnages, surtout Abigaïl (pour Tituba, ca se discute mais la pièce a été écrite en amérique dans les années 50, une période assez connue pour son racisme). Miller ne presente pas du tout Abigail comme une pauvre fille qui est mal vue par la société. Au contraire, le fait qu'elle soit la nièce du Révérend lui donne un statut plutôt élevée dans sa pièce. Mon avis est qu'il avait besoin d'une "excuse" pour initier le délire collectif et il a utilisé la jalousie de la jeune fille comme élément déclencheur (se débarrasser de la femme de Proctor pour prendre sa place par la suite en tout bonne sainte fille). Je vois ce que tu veux dire par machinéen (genre bouhou vile tentatrice et dépravée) mais je pense qu'il a juste pris des libertés par rapport à la réalité pour créer un départ "rationnel" au délire qui a suivi. En gros il en fait une "méchante" juste pour la crédibilité de son scénario mais dans les faits réels, tu as à mon avis raison, Abigail ne devait pas être différente des autres filles.

    Dernière modification par Cendre (19 Octobre 2024 18:31:29)

  • pontdeslivres

    Lecteur assidu

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    #6 19 Octobre 2024 18:25:39

    Cendre a écrit

    Miller ne presente pas du tout Abigail comme une pauvre fille qui est mal vue par la société. Au contraire, le fait qu'elle soit la nièce du Révérend lui donne un statut plutôt élevée dans sa pièce.


    C'est là oú je ne l'ai pas du tout interprèté ainsi. Pour moi, à cette époque, être orpheline, avec aucune famille pour assurer un bon parti, célibataire et à la charge du révérand (alors qu'il a déjà Betty). C'est une situation très précaire (qu'elle décrit parfaitement dans l'acte I, elle était la servante du couple Proctor même si nièce du révérand). Je trouvais que Miller insistait justement sur cette situation dans l'acte I. C'est pour ça que la suite m'a paru manquer clairement de nuance !

    Et se débarasser de la femme de Proctor prend un tout autre sens : s'élever dans la sociéte en devenant femme de et en grapillant quelques miettes d'indépendance dans cette quête.

    Mais je comprends ton raisonnement : elle fait un excellent détonateur pour que Miller avance ses jetons et son message, tu as totalement raison :-)

    Néanmoins, en le faisant, il sacrifie une ambivalence dans certains de ses personnages (ce que je lui reproche finalement).

    C'est fou à quel point le même texte peut donner des interprétations totalement contrastées !

    En tout cas rien que la situation d'Abigaïl à l'époque et notre discussion me fait vraiment dire que ca doit être une oeuvre passionnante à étudier et décortiquer !

    Dernière modification par pontdeslivres (19 Octobre 2024 20:30:34)

  • Ormelys

    Lecteur du dimanche

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    #7 19 Octobre 2024 23:07:27

    Bonsoir,
    j’espère avoir le droit de poster un petit message ici, bien que je ne me sois pas inscrite.

    Tout comme @Cendre, j’ai été happée par cette lecture dont j’ai beaucoup apprécié les dialogues. Si je n’avais pas été contrainte de m’arrêter une fois, je l’aurais lu d’une traite tellement cette pièce est prenante.

    Je reste toujours sidérée de voir la facilité avec laquelle on pouvait accuser/condamner les femmes pour sorcellerie à cette époque. Sans véritables preuves, avec des témoignages mensongers ou déformés. C’est révoltant. Ça m’avait fait le même effet à la lecture de La sorcière de Limbricht (lors d’un autre bc).

    J’ai été impressionnée par Abigail,

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    par son esprit machiavélique et sa capacité à rebondir et s’adapter rapidement, à chaque fois que le vent commençait à tourner pour elle. J’aurais aimé, bien qu’on connaisse ses motivations, en apprendre plus sur elle, sur son passé, ses pensées profondes et ses sentiments. Pour condamner autant de femmes innocentes sans sourciller et sans remords, il doit falloir une sacrée dose d’inhumanité. D’où lui vient elle ?



    Coup de cœur pour le révérend Hale. Un personnage très intéressant, avec une forte évolution je trouve.

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    Un homme qui oui croit en Dieu, au diable et à la sorcellerie, mais qui malgré cela, ne perd ni sa lucidité, ni son intelligence. Et qui, bien que trop tardivement, finit par désavouer le tribunal et se retirer devant son incapacité à leur faire entendre raison.
    D’ailleurs à ce moment-là j’ai vraiment voulu croire qu’ils étaient « juste bernés » et bornés (et un brin stupides) mais quand on voit leur décision à la fin… au moment où le déni n’est plus permis, que la vérité s’étale sous leurs yeux, ce doute n’est plus possible. Quelle belle injustice !



    En résumé, bien que ça soit très (trop) court, j’ai adoré cette pièce. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de théâtre (c’est bien bête d’ailleurs parce que j’ai tjs beaucoup aimé).
    Merci à ce book club et à la personne qui a proposé cette œuvre. J’adore découvrir de nouvelles lectures et c’est en cela que les books clubs me sont tellement appréciables :) Je n’ose jamais rarement y participer, mais j’en lis régulièrement les œuvres choisies. ^^

    Je me rends compte qu’à chaque nouvelle lecture sur les « chasses aux sorcières », je suis de plus en plus passionnée par le sujet. Hâte de lire ce que vous recommanderez dans le topic Allons plus loin.
  • Cendre

    Amazone/Guerrier des bibliothèques

    Hors ligne

    #8 19 Octobre 2024 23:18:14

    Méli Mélo: tout à fait d'accord avec tes personnages préférés. Abigail est charistmatique et incroyable et comme toi je la trouve fascinante. Evidemment la pièce est trop courte pour la psychanalisée et ce n'est de toute facon pas le but de la pièce mais je suis sûr que ca pourrait être un super sujetpour autre pièce ou au roman :)
    Si je me souvenais à peu près du rôle de chaque perso de ma première lecture, je ne me souvenais plus du tout de l'évolution de Révérend Hale et ca a donc été un plaisir de le redécouvrir.
  • pontdeslivres

    Lecteur assidu

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    #9 20 Octobre 2024 00:33:13

    @Méli-mélo : Super d'avoir un autre avis ! Faut participer : plus on est de fou , plus on rit ^^ En vrai c'est sympa d'avoir des avis différents ;)

    Et super contente que tu aies apprécié cette lecture !

    Je vous rejoins totalement sur 2 points @Cendre et toi : la pièce est courte et Miller se concentre avant tout sur ses thèmes/messages.

    Abigaïl aurait pu avoir un super spin off théâtrale car c'est clairement un personnage intrigant !

    Dernière modification par pontdeslivres (20 Octobre 2024 00:33:56)

  • Grominou

    Administratrice

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    #10 20 Octobre 2024 00:37:38

    Coucou les amies!  Je vous mets d'abord le texte que j'ai rédigé pour mon blogue et qui résume ma réaction globale à cette pièce.  Ensuite je vais tenter de revenir sur vos commentaires ci-dessus.

    Première constatation: cette édition de la célèbre pièce du dramaturge américain Arthur Miller comprend des remarques de l'auteur qui sont bizarrement intégrées au texte de la pièce, comme si elles en faisait partie.  Cela m'a pris un moment pour comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un texte qui serait dit en scène par un narrateur, ce qui me semblait assez particulier comme procédé.

    Toujours est-il que dans ces remarques, Miller parle des faits et des personnages historiques qui ont inspiré la pièce.  J'ai tout de suite remarqué qu'il ne mentionnait pas du tout le côté misogyne des événements, comme on le fait généralement dès qu'il est question de chasse aux sorcières.  Il fait plutôt le parallèle avec le Maccarthysme, ce qui est normal puisque la chasse aux communistes bat son plein au moment de la création de la pièce.  D'ailleurs, le titre de la traduction française est trompeur.  Dans l'histoire, il n'y a pas que des femmes qui sont accusées.  Cela crée de fausses attentes par rapport à l'interprétation du texte.

    Une fois que mon cerveau a pu se réajuster, j'ai vraiment apprécié cette pièce qui démontre parfaitement comment les mécanismes de vengeance et de dénonciation se mettent en place dans cette petite société, avec en plus le rôle que jouent l'ignorance, la religion et les superstitions.  Brillant!


    Comme toi Pontdeslivres, j'avais ces commentaires de l'auteur, et je pense qu'ils ne sont pas présent dans la VF -- en tous cas dans l'exemplaire dont j'ai pu feuilleter les premières pages sur le site du prêt numérique de ma bibliothèque.  Cela change beaucoup l'expérience de lecture en la rendant beaucoup moins fluide, surtout au début.  J'aurais préféré qu'ils soient mis en annexe, mais ils étaient quand même intéressant pour le contexte, la réalité historique des personnages et même l'interprétation politique de la pièce.

    Comme toi je m'attendais à une pièce sur le sexisme et la violence faite aux femmes alors que finalement ce n'est pas du tout le sujet.  C'est plutôt une dénonciation du MacCarthysme et aussi de l'obscurantisme, des superstitions et des abus de pouvoir.  Une fois que j'ai compris cela, j'ai adoré cette pièce.

    Par contre, comme l'a souligné Cendre, en VO le vocabulaire et surtout les tournures de phrases sont celles de l'époque, donc cela ne fait pas très moderne, mais au contraire rend peut-être l'ambiance plus immersive.  Cela ne facilite pas la lecture toutefois.

    Mon personnage préféré est Hale, j'ai beaucoup aimé son évolution.  Abigail est un personnage intéressant, son amour pour Proctor n'est pas du tout désintéressé car elle y voit le moyen d'assurer son avenir ( en effet moi aussi j'ai compris que son statut social n'était pas du tout élevé, étant orpheline.)

    J'ai beaucoup aimé la scène où Proctor tente de convaincre sa servante de témoigner.  Les dialogues sont très forts.

    Je me demande si la carrière de scénariste de Miller n'a pas permis à cette pièce de passer le temps. S'il n'avait pas été scénariste à Hollywood est-ce que cette pièce serait toujours au répertoire de quelques théâtres: Mystère.


    Là je ne suis pas d'accord, Miller est reconnu comme dramaturge très important; sa pièce Death of a Salesman est encore plus connue que celle-ci.;)