Ave et Aryia
J'ai un peu fais le tour des challenges en rapport avec le fait de vider sa PAL avant d'acheter de nouveaux bouquins et au final j'ai décidé de faire mon truc dans mon coin ! Il faut dire que j'ai mes propres petites règles convolutées dans ma tête, par exemple je ne compte pas les illustrés parce que j'en achète peu et en plus quand j'en achète ils sont lus aussitôt, ils ne contribuent donc pas à gonfler ma PAL (bon, contre exemple, les deux romans graphiques Dune que j'ai pas encore lus... Mais c'est parce que j'ai pas encore décidé si je voulais lire les livres d'abord ou pas !).
D'ailleurs pour tout vous confesser j'ai déjà brisé ma règle... J'ai voulu tester Bookswap et dans mon enthousiasme de trouver dessus une bonne affaire pour un livre que je cherchais (Divine Rivals (Divines Rivalités))... Je l'ai acheté. Oops. Tant pis, quand je le recevrai il restera emballé jusqu'à ce que j'ai atteins mes 10 livres lus :angel:
En plus tout ça n'est qu'une mesure temporaire, une fois que ma PAL sera revenue sous contrôle, genre moins d'une dizaine de bouquins, je lâcherai les chevaux.
En ce moment je m'attaque également à un autre aspect de mes résolutions Livres 2025 : LA PURGE. Il était grand temps de faire du tri dans mes étagères et de me débarrasser des bouquins que je n'ai pas aimés ou que je ne lirai pas du tout. J'avais déjà purgé mes livres anglais avant de revenir en France, mais là on s'attaque à la bibliothèque que j'accumule depuis l'adolescence... Je peux vous dire que Vinted a chauffé ces derniers jours.
Anecdote rigolote Vinted... Aujourd'hui j'ai dû BLOQUER une dame dessus. En regardant mes articles elle a remarqué que j'avais préparé le concours des Instituts d'Etudes Politiques et m'a demandé si je l'avais eu. Je lui réponds que oui (en plus je me dis que ça la motivera peut-être à acheter lesdits bouquins, clairement ils marchent). Et là... Avalanche de questions et de demandes parce que son fils souhaite le passer cette année et est-ce que je peux lui donner des conseils, des recommandations, lui dire comment est l'école, est-ce que je serais dispo pour un appel même ??
Moi, un peu wtf, euh, ben non en fait, 'fin j'ai donné trois conseils bateaux mais j'ai autre chose à faire de ma journée honnêtement, et le ton était assez malpoli, genre "L'école??? Vous en avez pensé quoi??" 30 secondes plus tard "???" 30 secondes encore après "L'école???"
En plus dans le déluge d'informations j'ai pu comprendre que le fiston en question n'est même pas sûr d'avoir son bac, et qu'il vient de penser seulement maintenant à passer le concours (qui est en mai si je dis pas de conneries) donc ça me semblait un peu tendu pour lui.
J'ai demandé si les bouquins l'intéressaient, j'ai réitéré que je ne veux pas faire d'appel téléphonique ou visio pour coacher Junior, elle m'a accusée d'être compétitive (pour un concours que j'ai déjà passé pour une école que j'ai quittée au bout d'un an, et oui), je l'ai bloquée O_o Bref, une expérience.
Après cet intense racontage de life, voici ma dernière critique !
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<image> Titre : To the Lighthouse (La promenade au phare)
Autrices : Virginia Woolf
Résumé : Fera-t-il beau demain pour la promenade au phare ?
Cette question plane sur la famille réunie un soir de mi-septembre dans la grande maison de vacances des îles Hébrides.
Tout au long du livre s'insinue la pulsation de la mer. L'eau entrave les pensées. La vie se déverse et la mort surprend. Les années passent. La maison est abandonnée. Demeurent les petits miracles quotidiens, ces « allumettes inopinément frottées dans le noir ». Ce sont eux qui donnent un sens aux choses.
Avis :
Que dire sur un classique qui a déjà été décortiqué pendant les cent dernières années ? Eh bien tout d'abord que j'ai adoré. C'était un peu laborieux au début, juste le temps de se débarrasser des attentes qu'on a toutes d'un roman classique. Ok et un moment j'ai googlé "Combien d'enfants ont Mrs et Mr Ramsay??" parce que je m'y perdais un peu et j'avais l'impression de les multiplier dans ma tête mais non, il y en avait bien huit.
C'était mon premier Woolf (honte sur moi) mais ayant un peu touché à James Joyce et Marcel Proust, ses copains modernistes, je ne naviguais pas complètement à vue et j'étais déjà un peu familière avec le flux de conscience et les structures non linéaires. Mais dans ce livre, c'est un art. On peut se laisser porter par les pensées des personnages, apprendre à les connaître en profondeur (vu qu'objectivement il ne se passe pas grand chose en terme d'actions, on a le temps de les décrotiquer). Je ne m'attendais pas à être aussi INVESTIE dans ces gens. Ils sont si réels, je pense les avoir tous rencontrés en vrai. Des Mr Ramsay qui absorbent l'énergie des femmes autour d'eux, qui se lamentent constamment que leurs grandes pensées philosophiques importantes ne vont pas rester gravées dans l'histoire. Des Mrs Ramsay qui donnent, donnent, donnent, à leur mari et leurs enfants, et essaient de prendre ce qu'elles peuvent en terme de contrôle en s'investissant dans les vies maritales des jeunes femmes et en dominant l'organisation de sa maison. Des Lily Briscoe bouffées d'appréhension par rapport à leur art, en conflit avec les attentes sociétales poussées sur leur sexe. Etc.
J'ai dis qu'il ne se passait pas grand chose en termes d'action, et pourtant le ressassement de ces quelques évènements par les personnages nous fait ressentir plein de choses. Vous savez, des fois on lit un livre où il se passe plein de trucs mais ça va tellement vite et les personnages passent tellement vite à autre chose que, ben, on a l'impression de s'en foutre un peu. Eh bien là c'est le contraire, on se retrouve préoccupée par des choses banales, juste parce qu'elles préoccupent les personnages dans lesquels on est investie.
Les thèmes abordés et les motifs récurrents ouvrent plein de chemins de réflexion, on se retrouve souvent à fermer le livre et rêvasser. Les relations familiales, les relations entre les sexes, l'art, la mortalité, la permanence des choses, la nature de la vérité... Les points des vues des différents personnages entrent en conflit, débatent silencieusement, s'accordent parfois. Une réponse tentative, vers la fin : "For nothing was simply one thing."
Pour finir, j'ajouterai que j'ai particulièrement aimé la partie du milieu "Time passes", qui est très courte et très différente du reste mais est très poétique et simplement belle. Ce passage décrit simplement la détérioration de la maison de vacances pendant les dix ans où personne ne s'y est rendu, puis sa restoration juste avant le retour de la famille et de leurs amis. Quelque part, après avoir passé tout le reste du bouquin dans la tête des personnages, on a presque l'impression d'être dans la tête de la maison.