Alors, c’est rigolo, car je suis quelqu’un qui, d’habitude, n’aime pas spécialement les illustrés … et pourtant, de ce que je vois, je fais cette fois-ci parti de ceux qui ont le plus accroché, visiblement !
• L’aspect graphique
Je suis tombée amoureuse des illustrations. L’auteur-illustrateur nous offre un univers visuel admirablement doux : les traits sont tout en rondeur, tout en finesse, tout en délicatesse, à la fois très sobres et très détaillés, et les couleurs sont tout simplement fabuleuses, lumineuses mais douces, chaleureuses et tendres. C’est vraiment un régal pour les yeux, je pense que je pourrais passer des heures à admirer certaines planches, tellement c’est beau !
Et surtout. Surtout. Ce qui m’a vraiment le plus plu, c’est comment Tim Probert a « dessiné » l’anxiété. Je souffre de trouble anxieux généralisé, et j’ai vraiment trouvé que ça « résonnait » bien avec mes ressentis, mes impressions, mes sensations. Je n’imaginais pas qu’on pouvait représenter visuellement quelque chose de si « intime », de si « intérieur », et clairement, rien que pour cela, j’ai trouvé que c’était drôlement bien.
• Personnages
Je me suis immédiatement sentie très proche de Béa … Sans doute parce que, comme je le disais, nous partageons la même anxiété féroce. Ces mêmes tourbillons de pensées affolantes, cette même sensation d’être submergées par cette angoisse dévorante qui nous enferme dans la noirceur et l’oppression, cette même impression que le monde est rempli d’une multitude de dangers potentiels et qu’il ne faut jamais, surtout JAMAIS baisser sa garde car, alors, ces menaces en profiteront pour débarquer et tout dévaster sur leur passage … Je pense que c’est vraiment parce qu’elle n’est pas une « héroïne badass » mais seulement une jeune fille un peu paumée, un peu fragile, que je l’ai tant apprécié.
Et j’ai également beaucoup aimé Cad. Sur le coup, il est clairement moins réaliste que Béa (vous en connaissez beaucoup, vous, des gens que vous venez de rencontrer et qui se propose immédiatement de partir en quête avec vous pour retrouver votre papi ? moi, personnellement, je ne connais personne d’aussi loyal et dévoué vis-à-vis d’une parfaite inconnue, et à vrai dire, personne d’aussi loyal et dévoué tout court), mais il est tellement « idéal », drôle, sage et attachant à la fois, que clairement, je l’ai adopté sans m’en rendre compte.
Pour les autres personnages, ils ne sont pas suffisamment approfondis pour qu’on puisse s’y attacher ou au contraire les détester, mais j’ai aimé voir Béa et Cad faire toutes ces rencontres, parfois heureuses, parfois plus délicates. Ce sont toujours des personnages assez hauts en couleur, peut-être trop « manichéens » par moment, mais qui ont vraiment une identité forte, donc pour des personnages « qu’on ne fait que croiser », ça permet de les garder en mémoire !
Mention spéciale pour le petit chat, parce qu’il est juste mignon, adorable à souhait. Voilà. La première place va toujours aux minous.
• L’histoire en elle-même
C’est vrai que nous sommes face à une quête qui peut sembler « anodine », mais qui m’a personnellement bien plus « happée » que certaines quêtes bien plus épiques : j’avais vraiment tellement envie qu’elle retrouve son grand-père, cet homme-cochon qui l’a recueillie, qui a pris soin d’elle, qui l’a entourée de tout son amour, et qu’elle aime tant en retour. Page après page, le désir de les voir réunir est de plus en plus fort, et cela d’autant plus qu’elle affronte tellement de ses peurs, qu’elle surmonte tellement de ses découragements, pour tenter de le retrouver.
Béa, c’est une héroïne du quotidien avant d’être une héroïne de fantasy … même s’il y a un aspect magique et épique qui vient se rajouter à cette quête purement « familiale » !
• En bref …
J’ai vraiment été très agréablement surprise par ce premier tome, au point d’avoir vraiment très envie de me procurer le second, tout à la fois pour découvrir la suite de cette belle histoire et surtout pour avoir encore plus de belles illustrations à me « mettre sous la dent » quand j’ai besoin d’un petit cocon de douceur et de tendresse !
Et je le recommanderai volontiers. Peut-être plus à un public adolescent, car je peux comprendre que ça semble trop « simpliste » pour les adultes, mais vraiment, c’est tellement rare que j’aime une bande-dessinée, rien que cela, ça va me pousser à le conseiller un peu partout !