#3 19 Avril 2025 12:01:32
J'ai un avis assez similaire à Elilith.
J'annonce : la poésie ce n'est pas mon truc. Enfin très rarement. Et souvent il faut je relise encore et encore le vers pour capter le message, l'image derrière. Bien sûr ça dépend du sujet et de la forme du poème mais vraiment des fois il faut je fasse tout un travail intellectuel pour comprendre le message et me dire "wow c'est beau".
Donc là c'était un peu l'épreuve du feu. L'avantage c'est que je connaissais certains poèmes de Aragon grâce aux chansons qui en ont été faites (Que serais-je sans toi, etc.). Bon par contre aucun des poèmes mis en chanson que je connaissais ne sont dans ce receuil.
Etrangement, je suis très sensible aux paroles des chansons en général et elles me parlent tout de suite. Je comprends très vite le message caché, contrairement à la lecture "dans ma tête" des poèmes. Je sais pas, c'est bizarre, c'est comme si le ton, la rythmique, la musique et tout rendaient vie au poème et que je le comprenais. Presque, il faut je l'entende pour le comprendre, si vous voyez ce que je veux dire, des fois même pas besoin que ce soit en chanson. Par exemple, dans l'épisode de Kaamelott nommé La licence poétique, Arthur récite ce poème :"Au printemps le sommeil ne cesse dès l'aurore. Partout se font ouïr les gazouillis d'oiseaux. La nuit s'achève enfin dans le souffle des eaux, Qui sait combien de fleurs seront tombées encore ? " Je suis sûre que si je l'avais lu je me serais dit "mouais, pas mal", mais quand il l'a dit, avec le ton et tout j'étais en mode "wow, superbe".
Pourquoi je vous dit tout ça : pour expliquer pourquoi j'ai décidé de lire la préface avant de lire les poèmes. Souvent, je ne lis pas les préfaces, ou alors après avoir lu le livre parce que je suis déjà tombé sur une ou 2 qui spoilaient tout le livre (Des Souris et des Hommes pour ne citer que celle-ci). Mais bon, on est sur des poèmes, il n'y a rien à spoiler. Les poèmes c'est plus un ressenti, des fois tournant autour d'un thème. Et pour être sûr de comprendre le contexte et les thèmes abordés, je me suis dis "allez, let's go".
Quelle mauvaise idée… Aragon ne parle pas vraiment du contenu de ses poèmes pendant ces 20-30 pages d'intro. Enfin si, mais il parle de la forme, pas du fond (enfin sauf peut être les 2 dernières page où il dit que chanter l'amour c'est bôôô). Genre, est ce que changer la rythmique, bouger la rime, modifier la longueur du vers en fait toujours de la vraie poésie française au sens propre, est ce toujours dans les règles de l'art, et blablabla. Pfff. Je t'aime bien Louis, mais franchement je me serais bien passé de ton analyse qui m'a fait me rendre compte je devrais réviser mes cours de français de collège parce que des mots comme analepse et hémistiche c'est quand même loin… Bref un véritable essai pour les connaisseurs du genre. Pas moi donc. En plus j'aime pas trop les essais. La torture pour arriver ou bout, je vous jure. Après ça, je n'étais toujours pas plus éclairé sur le sujet dont les poèmes allaient parler. Pire, j'avais plus du tout envie de les lire car tout ce que j'avais en tête c'était la métrique des vers dont l'auteur m'avait rabattu les oreilles pendant des pages. Très mathématique et pas du tout émotionnel, ce qui est quand même dommage pour des poèmes. J'ai lu 2 poèmes par 2 poèmes du coup.
Pour ce qui est des poèmes: c'est un peu un recueil fourre-tout. Je pensais avoir principalement des poèmes d'amour vu le titre mais je me retrouve avec une bonne moitié sur la patrie, la guerre, le temps qui passe et que sais-je encore. Bon, je dois avouer que je ne suis pas sûr d'avoir compris le sujet de fond de tous les poèmes tellement la syntaxe était étrange, n'aidant pas à l'interprétation du propos. Je trouve ca dommage parce que les poèmes sont censés nous faire ressentir des sentiments en disant des choses sans les dire directement, et c'est OK si on comprend pas tout (la fameuse licence poétique) mais alors quand on se retourne la tête parce qu'on a l'impression de lire une ligne de code, c'est pas bon non plus. Ca m'a sortie très souvent du poème et je n'ai pas pris plaisir à les lire la majorité du temps (il y a eu quelques exceptions quand même).
Quant à la fin (la leçon de Ribérac + la rime en 1940 +la définition de la poésie), je crois bien que c'est ce qui m'a achevé : et bim tiens un essai sur la poésie en plus, sa rythmique, son évolution et sa légitimité dans le temps avec les différentes formes qu'elle peut prendre et également ….zzz…. Désolée j'ai piqué du nez. J'ai bien cru ne pas en venir à bout (et d'ailleurs j'ai lu en grosse grosse diagonale la 2ème moitié de la leçon de Ribérac, je n'en pouvais plus). Déjà que lire la poésie c'est sortir de ma zone confort alors y ajouter un essai, c'est vouloir ma mort. Et que de blabla et de phrases alambiquées qui ne parlent surement qu'aux experts pour pas grand-chose franchement.
Au final, je partais sur un bon a priori sur Aragon grâce aux chansons issues de ses poèmes (poèmes en question absents de ce recueil d'ailleurs) et finalement j'en ressors plutôt déçue. Le sujet des poèmes ne me touchaient des fois pas plus que ça et aussi (surtout) le style me donnait l'impression d'être débile et le sujet restait globalement opaque (à part quelques exceptions). Bof, pas une expérience que je retenterai. Je crois que je vais rester sur des valeurs sûres (c’est-à-dire que je comprend de quoi on me parle) avec Verlaine, Lamartine, Baudelaire ou encore Hugo. Même la prose étrange de Rimbaud est plus compréhensible que de nombreux poèmes de ce recueil, c'est dire ! J'ai un receuil de Prévet, je l'ai feuillté pour comparer, ca à l'air quand même vachement plus abordable pour le grand public !