#1 10 Février 2011 18:53:37
<image>En 1692 à Salem, Abigaïl Williams, jeune fille de dix-sept ans, est servante chez d'honnêtes fermiers, les Proctor. Très vite, elle tombe amoureuse de John Proctor qui en fait sa maîtresse. Élisabeth, sa femme, découvre leur relation et la chasse de la maison. Pour se venger, la jeune fille se livre avec Tituba, la servante noire du révérend Parris, et Betty, la fille de ce dernier, à un rituel de sorcellerie. Elles sont découvertes dansant nues dans la forêt et la rumeur de sorcellerie se répand très vite dans le village. Profitant de la situation pour se venger d'Élisabeth Proctor et récupérer son amant, Abigaïl met en branle une impitoyable machine judiciaire.
J'ai vu ce titre alors que je faisais des recherches pour proposer un titre pour le Book Club de Mars du forum Livraddict dont le thème était les sorcières. Je ne connaissais pas du tout l'auteur et son oeuvre. Le résumé me plaisait bien et surtout les circonstances dans lesquelles il a été écrit. Je reviendrais sur ce point par la suite. Quand je l'ai vu en librairie, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai été étonnée de voir qu'il s'agissait d'une pièce de théâtre et non d'un roman, comme je m'y attendais. Toutefois, cela ne m'a dérangé car j'aime beaucoup lire ce genre littéraire.
J'ai véritablement accroché dès les premières pages. Pour une pièce de théâtre, j'ai trouvé qu'elle était rythmée. Il y a une certaine dynamique dans l'enchaînement des évènements qui donne envie de savoir la suite. Finalement, je l'ai lu en deux jours. Le style de l'auteur est fluide et agréable. Je ne me suis pas ennuyée même dans les tirades les plus longues qui, parfois, peuvent me déranger. Cependant, il y a deux points que j'ai réellement adoré : les personnages et leur évolution ainsi que le contexte historique de l'écriture de la pièce qui s'en ressent à la lecture.
Le premier acte présente les principaux personnages de la pièce et notamment celui qui m'a le plus marqué, Abigaïl. Au commencement, je me sentais plutôt proche d'elle. Elle avait peur non seulement pour elle mais également pour sa cousine, Betty, qu'elle essayait de protéger des répercussions de ses actes (elles ont danser dans la forêt pendant la nuit, ce qui est considéré comme de la sorcellerie). Cependant, au fur et à mesure, son comportement se modifie et nous comprenons qu'elle nous a manipulé comme elle le fait avec les autres personnages. J'en suis venue à la maudire. Elle se révèle égoïste, irrespectueuse de la vie humaine et même inconsciente. Elle m'a réellement révolté. A contrario, j'ai beaucoup apprécié John Proctor et ce, depuis le début. Il dégage une force tranquille.
Arthur Miller a écrit cette pièce à l'époque du maccarthysme qui a sévi durant la période 1950-1954 et pendant laquelle on a traqué des éventuels agents, militants ou sympathisants du communisme. L'auteur en a lui-même été victime. Il transpose cette "chasse aux sorcières" à celle d'une autre chasse aux sorcières célèbres, celle de Salem. Ce qui m'a surtout attristé est le semblant de justice que le livre dégage. Tout ces procès truqués et non équitable, ces personnes condamnés alors qu'elles étaient innoncentes, le comportement irresponsable de toutes ces jeunes filles qui accusaient des villageoises sans fondement et sans prendre en compte les conséquences m'ont réellement mortifié. Je n'ai jamais aimé l'injustice et je crois que ce trait de caractère a beaucoup joué sur mon choix d'études.
J'ai appris qu'il y avait également une adaptation cinématographique de cette pièce avec Wynona Rider dans le rôle d'Abigaïl et Daniel Day-Lewis dans celui de John Proctor. Je pense que je vais essayer de la regarder car j'ai vraiment apprécié cette pièce et je dirais même que c'est un coup de coeur. Je la conseille car elle est non seulement bien écrite mais également très intéressante. De plus, elle m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur les sorcières de Salem, les procès, ...
