#607 30 Juillet 2023 14:42:46
J'étais en panne, non de lectures, mais de rédaction d'avis . . .
Leur domaine de Jo Nesbo
Lorsqu'un thriller nous tient en haleine sur plus de six cents pages, sans moments creux, on peut dire qu'il est réussi. Et c'est l'impression que me laisse de one-shot de Nesbo. Mêlant judicieusement saga familiale, vendetta au sein d'une petite communauté et arnaque de grande envergure, l'auteur parsème son récit de revirements surprenants et trouve toujours le moyen de nous garder sur le qui-vive. La complexe relation entre les deux frères si différents est en soi un aspect intrigant, la faune de la petite ville est colorée à souhait et les différentes intrigues s'entrecroisent sans que le fil principal ne s'y perde. J'ai aimé ces personnages un peu flous, aux motivations équivoques, ce récit d'un attachement difficile à concevoir. Et la finale d'un auteur qui s'assume. À recommander sans restriction !
Seuls sont les indomptés de Edward Abbey
Cette petite histoire est tout en contrastes. D'abord ce cowboy, épris de grands espaces et d'improvisations, confronté à l'étroitesse d'une cellule de prison et de sa routine. Ensuite les pensées libertarienne des deux héros diffèrent grandement de la conception de la société pour le moins rigide des forces de l'ordre. Finalement la nature sauvage, et accueillante pour qui s'y prendre, opposée au béton de la ville avec ses véhicules moteurs comme rois de la jungle. Mais c'est aussi le récit d'une détermination farouche, aux limites de l'abnégation, qui se butte à une conviction tout aussi inébranlable. L'écriture est juste et évocatrice, autant pour les scènes extérieures que celles dans la prison.. Un auteur que je découvre avec joie.
La pointe d'argent de Glen Cook
C'est curieux de lire un épisode de cette série où n'apparaissent ni Toubib ni la Dame. Par contre on y retrouve Corbeau, la Rose blanche et le Boiteux comme “vedettes”, ce qui représente tout de même une certaine continuité même si la Compagnie noire y est également absente. Quant à cet opus en soi, il est divertissant car l'intrigue monte en puissance graduellement, les nouveaux personnages sont intrigants et les liens avec les épisodes passés rappellent de bons souvenirs. Même si d'une certaine façon il s'agit ici d'une tangente de la trame principale, l'histoire pragresse et on en apprend de plus en plus sur les principaux protagonistes. Hâte de lire la suite !
Wilt prend son pied par Tom Sharpe
Dans ce troisième opus de cette délirante série, Wilt est tour à tour soupçonné de trafiquer de la drogue, d'être un espion à la solde des russes et de tromper sa femme. Inutile de dire qu'avec son bagout habituel il s'en sortira indemne, pour ne pas dire grandi. Et je ne dévoile pas de punch ici car il n'y a pas de doute pour le lecteur qu'il saura retomber sur ses pattes. C'est plutôt les satires féroces des forces de police anglaise, de la police militaire américaine et de la copine féministe enragée et aveuglée de sa femme qui retiennent l'attention et dilatent la rate. J'ai ri de ces situations impossibles, des réparties cinglantes, de l'imbécilité érigée en système. Les diaboliques quadruplées de Wilt ajoutent du piquant, sa femme d'inattendus moments de tendresse et ses collègues de l'université un point de vue jouissif sur l'instruction moderne. Un joyeux moment de lecture !
Sourcellerie par Terry Pratchett
Rincevent est un mage pitoyable, pleutre, il le sait et s'assume. Plongé bien malgré lui dans un rôle important lors d'une guerre magique, quoi d'autre dans cet univers du Disque-Monde, saura-t-il transcender sa nature et tirer son épingle du jeu ? Ballotté de toutes parts, aux ordres d'une chapeau, hé oui, il recevra quand même un coup de pouce, plusieurs en fait, notamment celui de la belle Conina pour qui son coeur s'embrasera. Au hasard des rencontres il croisera la Mort, mon personnage préféré de cette série, toujours aussi suave malgré son rôle mineur ici. Le portrait qu'esquisse Pratchett des quatre cavaliers de l'Apocalypse est délirant, comme à peu près tout le reste d'ailleurs. La longueur de la série fait peur mais sa qualité rassure . . . De temps à autre le dépaysement et le bidonnage semblent garantis.
Ça va Jeeves par P.G. Wodhouse
Un jeune aristocrate imbu de lui-même a comme serviteur le fameux Jeeves, aussi brillant que flegmatique. Les deux sont entrainés dans une tentative de réconciliation de couples amis du parasite narcissique. Une série de malentendus, de quiproquos alambiqués et de plans merdiques égayeront cet épisode de la série basée sur relation discrètement tumultueuse entre le maître et son valet. Les personnages secondaires sont hauts en couleurs, les dialogues délicieusement assassins, les situations loufoques à souhait. Autant la prétention et la suffisance de Wooster font rigoler tellement elles sont poussées à l'extrême, autant la réserve et la subtilité de Jeeves réjouissent tellement il réussi à river son clou à l'autre. C'est léger, drôle et divertissant pour qui apprécie l'humour anglais à son meilleur.