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    #721 05 Mars 2024 14:46:11

    Le lion de Joseph Kessel

    Histoire de bêtes, de relations familiales, de rêves et de déception, dans un décor majestueux, ce livre m’a impressionné à divers titres. Bien sûr, le personnage de Patricia est en soi marquant, non seulement par cet étrange et magnifique don qu’elle possède, mais également par sa farouche détermination et son incroyable flair quant aux états d’âme de ses parents qu’elle décode aussi facilement que la faune africaine. Face à la complexité de ce triangle familial atypique, où chacun est à la fois prisonnier et éperdument amoureux des deux autres, on ne peut que se demander si une issue sereine est possible ou, à défaut, si un drame pourrait au moins être bénéfique à l’un comme à l’autre. Là-dessus, le dénouement laisse place à l’interprétation.

    L’aspect aventure sauvage du récit en est une force évidente. Non seulement l’auteur nous immerge dans une nature omniprésente, envoûtante, enchanteresse malgré ses dangers et ses lois impitoyables, mais il réussit en plus à nous transmettre très clairement les relations des divers acteurs avec cet univers particulier. On apprend des bribes sur les tribus africaines et leurs mœurs, particulièrement les Masai, ce qui ajoute au plaisir de la lecture. La disparition des rêves de tout un chacun m’a touché, mais, à l’instar de ce qui se passe dans ce bouquin, c’est aussi ça la vie. Le style baroudeur de l’écriture m’a plu, le récit également, certainement assez pour récidiver avec cet auteur que je découvrais ici.
  • Grominou

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    #722 05 Mars 2024 15:09:05

    Oh je suis contente de voir que tu as aimé autant que moi!  J'ai lu l'an dernier Les Cavaliers, du même auteur, je te le recommande!  L'ambiance est très différentes par contre puisque ça se passe en Afghanistan mais la plume est tout aussi magnifique.
  • Mypianocanta

    Livraddictien de l'espace

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    #723 05 Mars 2024 15:35:18

    je ne peux qu'être d'accord avec Grominou
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    #724 05 Mars 2024 19:10:09

    Vous êtes convaincantes. Je l'ajoute à ma PAL

    Merci
  • Errant

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    #725 10 Mars 2024 16:13:45

    Chien blanc de Romain Gary

    Malgré ses qualités, je me suis senti floué par ce livre qui annonçait la rééducation d’un chien d’attaque, alors qu’il s’agit surtout d’une analyse, quasi pamphlétaire et partiellement autobiographique, de l’auteur sur la ségrégation aux États-Unis dans les années 1968. L’histoire de Batka, ce chien entraîné à attaquer les Noirs, lentement déprogrammé malgré la réticence et les avis d’experts, tient quand même une place importante, mais qui ne m’a semblé n’être qu’un symbole, puissant et singulièrement parlant, du regard de Gary sur la négritude américaine. Cet aspect du livre est captivant dans la mesure où il se situe à une époque charnière de la lutte des Noirs et présente un point de vue original d’un sympathisant à la fois externe par sa nationalité et son origine, mais aussi partie prenante par l’implication de sa femme et ses propres convictions. Là-dessus d’ailleurs, l’étendue et la variété de ses contacts, allant des militants radicaux à Bobby Kennedy, du gratin hollywoodien à un déserteur américain, étonnent et alimentent le bouquin. Quant à démêler le réel du fictif, aux lecteurs de juger.

    Gary ne se réclame pas de l’objectivité dans ce livre et c’est tant mieux, car cela lui permet de livrer ses impressions, doutes, états d’âme, il en a beaucoup d’ailleurs, et d’étaler sa colère qui semble toujours à fleur de peau. Sn coté grognon, provocateur et légionnaire ressortent de temps à autre; c’est là un piment bienvenu dans un récit somme toute assez sombre. Le dénouement m’a surpris, quoique cohérent avec le reste, le personnage de Keys étant assez intrigant tout au long du récit. Au total, j’ai bien apprécié ce livre même si ce n’est absolument pas ce à quoi je m’attendais.
  • Grominou

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    #726 11 Mars 2024 01:00:11

    J'ai eu la même réaction, le livre est très intéressant mais je m'attendais à en apprendre plus sur la rééducation du chien!
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    #727 17 Mars 2024 13:13:44

    Ma famille et autres animaux de Gerald Durrell

    J’aime l’humour anglais, pince-sans-rire, suave, flegmatique, plus intellectuel que physique. Ai-je trouvé mon compte ici? Oui et non. Le récit démarre lentement, la présentation des membres de cette famille atypique m’a semblé cafouilleuse, mais, surtout, la première partie laisse trop de place aux expéditions du jeune narrateur, toujours à la recherche de bibittes plus intrigantes les unes que les autres; peut-être idéal pour un entomologiste, moins pour le lecteur lambda que je suis. Peu à peu les situations se corsent, on cerne mieux les travers de tout un chacun et un rythme s’installe.

    Il faut admettre que Durrell a su bien mélanger les personnalités de cette famille loufoque. Autant la mère est calme et imperturbable, autant l’aîné, artiste raté et grand donneur de leçons, s’agite, se mêle de tout sans jamais rien faire par ailleurs. Quant à Leslie, impénitent chasseur, son rôle reste plus effacé même si ses caustiques interventions pimentent le tout. L’adolescente aux sentiments exacerbés et le narrateur amoureux des bêtes complètent la troupe. Serpents, scorpions, tortues, goéland et pies, ha ces fameuses pies chapardeuses et rigolotes, animent la petite famille et provoquent des scènes délicieuses. Les habitants de l’île que fréquente surtout le narrateur ne sont pas en reste pour leurs bizarreries. Le tout est carrément hilarant par moments, sympathique de façon générale et la finale désopilante.. Assez pour tenter le deuxième tome de la trilogie, en espérant que le début soit moins laborieux.


    La réparation de Katia Gagnon

    Il y a trois histoires dans ce récit : celle d’une enfant de la DPJ, celle d’un reportage en milieu scolaire où a eu lieu un suicide, et une troisième qu’on découvre en chemin. L’itinéraire de la petite fille de cinq ans, fortement carencée physiquement et socialement, sachant à peine parler, attribuable au délire religieux de sa mère complètement folle, m’a intéressé et touché à la fois. Les réussites dans le domaine de la protection de l’enfance sont trop rares. Ça fait du bien d’en suivre les étapes; c’est alors qu’on réalise l’ampleur de la tâche, le temps requis, le nombre élevé d’intervenants impliqués et les embûches légales qui en sont partie intégrante.

    Le reportage sur le harcèlement en milieu scolaire, malheureusement encore d’une actualité criante, n’est pas moins captivant, les mécanismes pervers contribuant à une longue descente aux enfers de la victime étant dévoilés peu à peu. Journaliste de métier, l’autrice connaît bien ses sujets, les présente de façon simple malgré leurs complexités intrinsèques et y insère juste assez d’éléments romanesques pour se démarquer d’un reportage classique. J’ai lu avec plaisir ce court bouquin qui, malgré les thèmes sombres qu’il aborde, me semble quand même porteur d’une lueur d’espoir.
  • Grominou

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    #728 17 Mars 2024 16:50:46

    De mémoire j'avais tout aimé du livre de Durell, que j'ai lu dans son ancienne version, Féerie dans l'île (je préfère le nouveau titre, plus représentatif de l'esprit général!  C'est le même traducteur selon la fiche BBM, donc j'imagine que seul le titre est changé.).  À l'époque je ne savais pas qu'il y avait une suite, donc finalement je n'ai jamais eu l'occasion de la lire, mais j'ai lu d'autres récits de lui à l'âge adulte.
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    #729 21 Mars 2024 10:43:02

    Un coeur simple de Gustave Flaubert

    N’ayant jamais rien lu de cet auteur auparavant, je me demande en refermant ce livre d'où lui vient cette grande réputation. Certainement pas ce conte. Non pas que ce soit mauvais, mais certainement pas marquant non plus. D’un conte je m’attends à un récit original qui apporte au lecteur soit une émotion, ou en enseignement, ou matière à réflexion, ou une simple évasion. Or les malheurs de Félicité ne m’ont pas particulièrement touché, ni agréablement diverti, et j’y cherche encore une signification un tantinet inspirante.

    Ceci étant dit, je ne me suis quand même pas ennuyé. Malgré l’accumulation de malheurs et mésaventures, Félicité reste, dévouée, dure à la tâche, altruiste dans la mesure de ses faibles moyens, compatissante à la douleur de sa maîtresse; en cela elle est non seulement résiliente, mais aussi admirable. Plusieurs font tout un plat du perroquet. Il n’arrive qu’aux deux tiers du conte et est empaillé pour la moitié de sa présence; difficile d’y prêter un rôle transcendantal! Peut-être étais-je de mauvais poil lors de cette lecture, mais “Madame Bovary” et “ L’éducation sentimentale” ont sensiblement reculé dans ma pile à lire depuis. . .


    La chatte de Colette

    Alain, vingt-quatre ans, épouse Camille. Il n’aurait pas dû, elle est trop dégourdie pour lui, mais surtout il aime, adore et adule Saha, une chatte, non pas une chatte, sa chatte. L’impossible triangle amoureux ne fera pas long feu. Ce livre est court, ce qui n’empêche pas Colette de dresser un portrait assez révélateur de ce couple. On en vient à se demander pourquoi au juste Alain décide de se marier. Les réflexions qu’il se fait sur le physique de Camille ne sont pas flatteuses, son caractère déluré semble l’incommoder et, possiblement avec un fond latent de machisme, il entend bien «changer des choses» lorsqu’ils seront mariés. En plus, et principalement sans doute, son attachement extrême, à un point tel qu’il en devient malsain, pour Saha constitue un obstacle de taille, voire insurmontable, à une relation de couple saine. Il est plus facile de contrôler une chatte qu’une femme. . .

    Quant à Camille, on la sent plus déterminée, les pieds sur terre malgré ses rêves, quoiqu’incapable de bien mesurer la force d’attraction de sa rivale. Désespérance et jalousie l’amèneront à un geste radical qui précipitera l’éclatement du couple, dénouement qui ne semble d’ailleurs pas surprendre la mère du grand dadais. Cette première rencontre avec Colette ne m’a pas enchanté, l’histoire est originale, mais ni le style général ni l’écriture ne m’ont particulièrement frappé. Dommage.
  • Grominou

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    #730 22 Mars 2024 01:29:37

    Oh dommage, j'avais bien aimé La Chatte! Pour donner une 2e chance à cette auteure à la plume si fine, je te recommande Sido, où elle parle de sa mère. (Par contre j'ai moins aimé La Naissance du jour, même si certains passages sont très beaux.)

    Concernant Flaubert, je me demande si c'est une bonne idée de commencer à découvrir un auteur avec une œuvre mineure...