#727 17 Mars 2024 13:13:44
Ma famille et autres animaux de Gerald Durrell
J’aime l’humour anglais, pince-sans-rire, suave, flegmatique, plus intellectuel que physique. Ai-je trouvé mon compte ici? Oui et non. Le récit démarre lentement, la présentation des membres de cette famille atypique m’a semblé cafouilleuse, mais, surtout, la première partie laisse trop de place aux expéditions du jeune narrateur, toujours à la recherche de bibittes plus intrigantes les unes que les autres; peut-être idéal pour un entomologiste, moins pour le lecteur lambda que je suis. Peu à peu les situations se corsent, on cerne mieux les travers de tout un chacun et un rythme s’installe.
Il faut admettre que Durrell a su bien mélanger les personnalités de cette famille loufoque. Autant la mère est calme et imperturbable, autant l’aîné, artiste raté et grand donneur de leçons, s’agite, se mêle de tout sans jamais rien faire par ailleurs. Quant à Leslie, impénitent chasseur, son rôle reste plus effacé même si ses caustiques interventions pimentent le tout. L’adolescente aux sentiments exacerbés et le narrateur amoureux des bêtes complètent la troupe. Serpents, scorpions, tortues, goéland et pies, ha ces fameuses pies chapardeuses et rigolotes, animent la petite famille et provoquent des scènes délicieuses. Les habitants de l’île que fréquente surtout le narrateur ne sont pas en reste pour leurs bizarreries. Le tout est carrément hilarant par moments, sympathique de façon générale et la finale désopilante.. Assez pour tenter le deuxième tome de la trilogie, en espérant que le début soit moins laborieux.
La réparation de Katia Gagnon
Il y a trois histoires dans ce récit : celle d’une enfant de la DPJ, celle d’un reportage en milieu scolaire où a eu lieu un suicide, et une troisième qu’on découvre en chemin. L’itinéraire de la petite fille de cinq ans, fortement carencée physiquement et socialement, sachant à peine parler, attribuable au délire religieux de sa mère complètement folle, m’a intéressé et touché à la fois. Les réussites dans le domaine de la protection de l’enfance sont trop rares. Ça fait du bien d’en suivre les étapes; c’est alors qu’on réalise l’ampleur de la tâche, le temps requis, le nombre élevé d’intervenants impliqués et les embûches légales qui en sont partie intégrante.
Le reportage sur le harcèlement en milieu scolaire, malheureusement encore d’une actualité criante, n’est pas moins captivant, les mécanismes pervers contribuant à une longue descente aux enfers de la victime étant dévoilés peu à peu. Journaliste de métier, l’autrice connaît bien ses sujets, les présente de façon simple malgré leurs complexités intrinsèques et y insère juste assez d’éléments romanesques pour se démarquer d’un reportage classique. J’ai lu avec plaisir ce court bouquin qui, malgré les thèmes sombres qu’il aborde, me semble quand même porteur d’une lueur d’espoir.