#1 24 Juillet 2012 17:24:02
Chapitre 1_ Le vieux carnet
Hervé endosse son blouson et sort de chez lui. Il a quinze ans. Il prend la rue latérale et suit les panneaux lui indiquant où se trouve la brocante. Il vient d’entrer au lycée mais ne s’y sent pas à sa place. Au passage il rencontre un groupe de camarades de classe qui, en le voyant, s’esclaffent entre eux et le montre du doigt. Il n’a pas le physique pour être apprécié des autres (acné, gros nez, lunettes, transpiration). Tout va bien se passer, respirer, dans une minute il va pouvoir échapper au regard narquois de la bande. Et puis avec son prénom, ça n’arrange rien du tout. Ça y est, il vient d’arriver à la brocante. Hervé, depuis son entrée au collège, avait tout fait pour plaire aux autres, y compris mettre sa passion pour les livres entre parenthèses. Qu’il s’habille à la mode –ce qui ne lui va pas, soit dit en passant- et se prive de plaisirs ne changea en rien la popularité de ce dernier.
Sa passion, maintenant, c’est les films. Il en a même fait un blog lequel, comble de l’ironie, est très apprécié et des camarades de lycée vont dessus. Mais personne au lycée n’est au courant, bien sûr. Son rêve ? Devenir détective privé. C’est dans cette intention qu’il a visionné tous les James Bond. Hum, il n’est pas prêt de ressembler à Sean Connery. Peut-être qu’une intervention esthétique y changerait quelque chose ? Oui bah il faut penser à l’argent, d’abord. Ses parents ne sont pas riches, donc tous les habits à la mode qui ne lui vont pas, il les a volé un peu partout dans la ville, principalement aux marchés. Hervé avise un stand proposant un nombre fabuleux de DVD, livres en tous genres, CD et antiquités. « L’acnéin » –j’ai nommé Hervé- sélectionne trois films encore jamais vu. La vendeuse, une jeune fille qu’il n’avait encore jamais rencontré mais plutôt belle, le scrute d’un regard pensif. Bizarre, elle ne l’a pas encore insulté. Ah, oui ! Il n’a pas payé les DVD et tout le monde sait qu’il vaut mieux mettre les clients potentiels dans la poche. Un peu chers ces DVD, d’ailleurs. Il fait mine de s’éloigner sans n’avoir rien remarqué dans le stand mais, discrètement, cache les trois boîtiers sous son blouson –l’avantage étant que celui-ci le fait paraître plus gros qu’il ne l’est réellement. Mince ! La fille l’a remarqué. Elle s’approche de lui sans qu’il n’esquisse un mouvement, tétanisé par la peur. C’est la première fois qu’il se fait prendre la main dans le sac. Mais au lieu de crier au voleur comme toute personne sensée le fait d’habitude, elle lui tend un vieux carnet et lui dit :
« Tu vas lire ce carnet, ce sera ta façon de payer les DVD que tu viens de me voler. »
Puis elle sourit, le soulagement s’affichant sur son visage et retourne à son stand servir un autre acheteur. Surpris, Hervé retourne le carnet entre ses mains. Il est vieux, les coins sont cornés et la couverture est en cuir rouge. Est collé dessus une étiquette comme on en voit sur les cahiers des écoliers et sur laquelle est indiqué « Cahier de bord de Marcius » d’une écriture en pattes de mouches. Drôle de nom, Marcius ! Hervé sourit ; pour une fois quelqu’un allait le dépasser dans le top dix des noms les plus pourris. Il hausse les épaules, range le vieux débris dans son sac et poursuit sa route. Bien qu’intrigué, Hervé finit vite par oublier ce regrettable incident pour se plonger dans l’étude d’un étalage de marchandises. En d’autres termes, savoir si le gros vendeur à la banane –signe typique des flemmards, d’après lui- derrière la pile de boites parviendra à le rattraper une fois le délit commis, ou bien si son triple menton le fera basculer en avant dès qu’il essayera de faire un pas. Penchant pour cette seconde hypothèse, les conditions étaient favorables à Hervé pour voler et ainsi renouveler sa chance de pouvoir aller en prison. Mais il renonça, il a sa dose d’émotions pour la journée. Après avoir subi à nouveau des moqueries le long du trajet jusqu’à chez lui, il jette rageusement son sac contre un des murs de sa chambre. Ce qui fait que son père de l’autre côté se réveille en sursaut en disant les deux mots habituels « hein, quoi ? », ce qui vous fait toujours rire quand ce n’est pas à vous que cela arrive. Bref, du sac s’échappe le vieux carnet moisi d’être resté trop longtemps dans un grenier poussiéreux. Tout à l’heure Hervé avait prit la décision de le jeter à la poubelle chez lui mais à cet instant, il se sent tout attiré par cet étrange cadeaux d’une personne qu’il ne connait même pas. C’est plus fort que lui. Hervé s’allonge sur son lit et commence à lire.
C'est le début du premier chapitre. J'ai eu une inspiration subite en promenant un chien :lol: Bref je me mets à rêver d'en faire un roman mais j'y suis pas encore. Donc j'aimerais bien savoir ce que vous en pensez même si c'est nul, juste diplomatiquement quoi pour pas blesser mon petit orgueil tout fier :angel:
