#1 06 Juin 2012 12:47:52
Prologue :
J'avais six ans en 1984 lorsque les premiers signes ont commencé.
Nous venions d'emménager à dix kilomètres de là où j'étais née.
Normalement la vie aurait dû être belle, ce ne fut pas le cas.
Mes parents étaient en apparence heureux.
Ils avaient acheté une charmante maison en face de la mer. Nous entendions le bruit des vagues sur le parapet de la digue.
Ma mère venait d'avoir une petite fille qui répondait au doux prénom d’Eugénie.
Un joli bébé tout rose, tout blond, tout mignon.
C’est malheureusement à cet instant que ma vie a basculé.
Je ne l’aimais pas et je pensais ne jamais l'accepter dans ma vie cet enfant.
Etais-je méchante, non je ne pense pas simplement jalouse ?
Malgré son jeune âge elle captait toute l’attention.
Elle m'avait volé mes parents.
Surtout Mon père qui était mon Dieu a l'époque. Il s éloignait.
Je pensais qu'il ne m'aimait plus, mais ce n'était pas moi le problème, c’était nous.
Cela j'allais le savoir que quelques années plus tard.
La journée j'étais une petite fille comme les autres.
Une après-midi je jouais dans le jardin quand je vis à quelques mètres de moi deux petits yeux me fixaient.
Ce regard insistant était celui de notre voisine; une vieille dame qui cultivaient carottes et poireaux.
Je soupçonnais la femme qui devait être une sorcière de concocter divers poisons dans l'arrière-cuisine de sa vieille maison.
Cela faisait seulement deux mois que nous avions remplacé les anciens propriétaires et nos deux animaux de compagnie étaient morts.
Nous avions dû enterrer nos chers amis dans le fond de notre jardin.
Une croix avait été plantée sur chacune des tombes que nous avions creusées sous l’œil amusé de la vielle dame.
Elle savait qu'elle me terrifiait, je n'osais plus escalader la clôture lorsque mon ballon tombait. J'avais peur qu'il m’arrive la même chose que mes compagnons.
Le début de soirée annonçait le diner, c'est à cet instant que l'angoisse montait.
La première fois, c'est arrivé une demi-heure après avoir été bordée par ma douce Maman.
J'étais endormie comme souvent en chien de fusil.
La couette était au-dessus ma tête.
Oui même avant cela j’avais peur des monstres et des sorcières comme toutes les petites filles avec beaucoup d'imagination.
Soudain une sensation d'oppression m'envahit.
Je n’arrivais plus à respirer, je sentais une présence.
Ce n'était pas une personne mais une sensation, un poids sur mes frêles épaules.
Etait-ce une crise d’angoisse, une sensation de malaise ou vraiment quelque chose ou quelqu'un ?
Je ne savais pas si Dieu existait à l'époque, mais je priais le seigneur de bien vouloir arrêter de me faire subir cela.
Pourquoi moi qu’avais-je fait de mal pour que cette chose vienne m'ennuyer pendant mon sommeil.
Je n'avais que six ans. Je n'avais pas eu le temps de faire du mal à quiconque.
Après avoir tenté de me raisonner et de penser à quelque chose de joyeux, je parvins à me calmer et m'endormir.
Toutes les nuits suivantes se passèrent ainsi pendant deux années.
Un soir en rentrant de l'école ma mère me dit :
– Ma chérie, tu ne verras plus la vieille dame d’à cote. Elle est partie, elle ne te fera plus jamais peur.
– – Elle est partie où la voisine Maman ? – Au royaume des morts …..
–
Je n’ai pas su quoi répondre à ma Maman ce jour-là mais cette parole venait de changer ma vie à tout jamais.
Chapitre I :
J'ai huit ans aujourd'hui.
Nous sommes le 22 décembre, c'est l'hiver la neige tombait à gros flocons. Cette après-midi nous devons recevoir quelques invités pour fêter l’évènement. Je ne sais pas pourquoi ils veulent que je sois souriante. Je n'ai pas envie d'avoir l'air joyeux. Faire semblant à quoi ça rime. Tous les ans c'est la même chose. Ils arrivent à 16h00 tapante.Les premiers arrivés sont souvent ma grand-mère, ma tante et les cousins. Comment je peux avoir le sourire en les voyant arriver ?
Les femmes habillées de blouses noires et leurs chignons fixés sur la tête. Les épingles pour attacher leur coiffure font que leurs cheveux ont l'air de petits hérissons marron. Le sourire qu'elles arborent en arrivant fait craquer la commissure de leurs lèvres fines. Elles avancent dans le couloir et je sens déjà que l'ambiance va être à son comble.
Ma grand-mère lance à mon père :
– Tu n'as toujours pas refait cette marche ? Tu sais que je n'arrive jamais à la monter ! Décidément tu ne finis jamais rien …
Mon père fait semblant de ne pas entendre et installe les autres dans la salle à manger.
Comme d'habitude les chaises ont été placées en cercle. Cette fois-ci encore, je ne vais pas pouvoir m'échapper. Le sujet de discussion va être autour de quoi pour mes huit ans. Ding Dong allez encore une tante, un oncle. Dix minutes plus tard, les derniers attendus il est 16h30. Le rituel des fameux gâteaux peut commencer. Éclairs au chocolat, au café, Baba aux rhums et tartes aux fraises font apparition leur apparition dans leurs plateaux d'argent. Mes mains tremblent. Qui va se battre encore pour un de ses fameux gâteaux ? On dirait qu'ils n'ont pas mangé de pâtisseries depuis mes sept ans. Un silence religieux règne dans la pièce pendant qu'ils engloutissent leur sucrerie. Au moins quelques minutes de répit. Juste après les hommes se lèvent. C'est à cet instant que le cauchemar débute vraiment. Mes oncles, mes cousins et mon père prennent place autour de la table ronde. Le jeu de cartes au centre laisse pense qu’au moins quelques personnes passeront une bonne fin de journée. Mais qui pense à moi ? Personne ne m'a chanté la chanson. À part les quelques billets que j’ai reçus, personne n'a cherché à savoir ce dont ‘il me ferait plaisir. Une vraie famille rassemblée en cercle autour d'une matriarche sévère et endeuillée voilà ce qu'était mon univers de petite fille. A 19 heures, la partie de cartes étant terminée, le grincement de la première chaise sur le carrelage me sortit de la torpeur dans laquelle je m’étais réfugiée. Ils étaient enfin sur le départ, j’avais envie de crier ma joie. A cet instant j’étais heureuse, j’allais pouvoir fêter mon anniversaire. Les quinze minutes qui ont suivi me parurent une éternité. Un par un, ils prirent la direction de la sortie, pas plus heureux qui n’étaient arrivés. Tandis que le fameux rituel du bisou était presque terminé, ma mère commençait déjà à remettre de l’ordre dans la salle à manger. Je pouvais apercevoir qu’elle aussi semblait soulager.
Cela faisait seulement dix années qu’elle supportait ce semblant d’amour qu’on lui apportait.
Elle qui avait sacrifié sa propre famille en faveur de celle de son mari.
Comment allait-elle être remerciée ?[/justify][justify]