[Suivi lecture] Myiuki

" - Quel est ton nom ? hasarda-t-elle.
- Aucune importance, lui répondit-il.
Décourageant. Mais elle était déterminée et plus coriace qu'elle n'en avait l'air quand elle avait une idée en tête,
aussi, poursuivit-elle sur sa lancée.
- Très bien. Et que comptes-tu faire de moi ? lui demanda-t-elle, s'adressant toujours à sa nuque.
- Pas encore décidé.
Ce type commençait tout de même à l'exaspérer à répondre de façon si évasive.
- Comptes-tu répondre à mes questions de façon plus précise, oui ou non ? s'énerva-t-elle.
- Je mange, lui dit-il en se retournant vers elle.
- Parfait ! cracha-t-elle.
Elle avait d'un coup les nerfs à vif, son immobilité, son silence, la rendait folle. Elle avait besoin de réponses, de certitudes. Elle finit son repas et reprit sa position antérieure, serrant ses bras autour de ses jambes repliées contre son torse et ferma les yeux. Elle sentait les larmes perler sous ses paupières mais elle n'était pas encore prête à les laisser s'échapper. Il fallait à tout prix qu'elle se calme. Au bout de quelques secondes, elle sentit une pression sur le matelas à ses côtés puis une main sur son avant-bras. Elle soupira.
- Excuse-moi mais tu avoueras que tu ne me facilites pas la tâche, avança-t-elle. Ne pas savoir si je vais revoir le soleil se lever a de quoi me perturber, tu ne crois pas ?
Sa main à lui sous son menton à elle, l'emprisonnant entre son pouce et son index, l'obligeant à ouvrir les yeux et à lui faire face.
- Je ne te tuerai pas, tu as ma parole, lui assura-t-il.
- Mais tu viens de dire ...
Il l'interrompit d'un geste de sa main levée.
- Je sais ce que j'ai dit. Je ne ferais rien contre toi. A vrai dire, je suis plus intéressé par le fait de comprendre comment tu t'es débrouillée pour croiser ma route ce soir que par l'idée de t'anéantir.
Ce dernier mot la fit frissonner malgré elle. Oui, il en était capable, elle le savait. Ce qui ne l'empêcha pas de le contredire.
- Pardon ? Je n'étais pas sur ta route mais sur celle de ces deux comiques qui ont déguerpi après ton arrivée. Je dirais même que c'est toi qui a atterri sur mon chemin, ajouta-t-elle, un brin d'effronterie dans la voix.
Il leva les deux mains en l'air en un geste de reddition mais sourit à sa répartie.
- Certes, mademoiselle, certes. Mais pourquoi te trouvais-tu justement à cet endroit, à ce moment précis ? la questionna-t-il.
Elle ne savait pas encore si elle pouvait lui faire confiance, sans doute pas, mais il avait réussi à insinuer en une poignée de paroles le doute en elle. Il est vrai que le déroulement de la soirée avait été plus qu'étrange jusqu'à présent. Elle devrait se confier à lui si elle voulait comprendre ce qui avait déraillé ..."