#217 27 Octobre 2012 17:45:18
Bonsoir,
Voici des extraits de mon billet :
L’intrigue en elle-même n’a, et l’on s’en aperçoit dès le départ, pas de quoi tenir sur presque 700 pages et c’est le plus gros défaut du livre car pour ce qui est du reste, c’est d’un trés bon niveau tant dans l’écriture qu’en ce qui concerne la profondeur des personnages et des émotions qu’ils suscitent chez le lecteur.
La plume de JK se charge de distiller sarcasmes et ironie par petites touches subtiles. Aucun doute, l’auteure possède l’art des petites phrases qui font mouche.
Le style est surprenant. Cru, incisif, intelligent, libérateur. Il se révèle très agréable à lire grâce à sa fluidité. En ce qui concerne les descriptions de Pagford, on notera toujours et encore le souci du détail qui est celui de JK Rowling. Après, il est certain que ce roman aurait pu facilement faire 200 pages de moins sans que cela nuise à l’histoire qui est somme toute assez sommaire, surtout au vu des redites qui sont présentes parfois. L’intrigue, contemplative, peine à tenir sur la distance, si bien que même l’ironie de l’auteure semble s’estomper au fil des chapitres. Et si je l’ai dévoré en quatre jours, je ne vous cache pas que j’ai connu quelques passages à vide. Notamment, entre les pages 300 et 400 du roman.
Mais dans l’ensemble mon ressenti reste trés positif pour plusieurs raisons. D’abord, le changement de cap de JK Rowling me plait. Elle prouve avec ce livre qu’elle sait écrire autre chose que de la littérature jeunesse. Son style est bel et bien là, fluidité, descriptions visuelles vivantes, humour grinçant et densité des personnages. Pas d’inquiétude, JK est toujours une aussi bonne conteuse. Et cerise sur le pudding, en plus elle se lâche ! ce qui peut surprendre, moi-même je ne m’attendais pas à un tel déluge de gros mots, de scénes trés crues et de pornographie (hum, hum…). Cela change d’Harry Potter et ma foi ça fait du bien de voir JK Rowling se Carol Joyce Oates (iser). Car, tout au long de ma lecture, je n’ai eu de cesse de penser à cette romancière américaine trés talentueuse que j’aime beaucoup. J’ai trouvé bon nombre de ressemblances dans le style et le traitement de l’histoire entre ces deux auteures qui, pourtant, à la base semblent trés éloignées l’une de l’autre. Et pourtant, Une Place à Prendre m’a fait songer par son ton résolument réaliste, sa volonté d’ausculter un pays au travers de ses idéologies et ses moeurs et de fouiller en profondeur dans les têtes des personnages à la manière de procéder de Joyce Carol Oates.
Les personnages sont soignés. Alternativement, repoussants, touchants ou attachants. Même les personnages les plus antipathiques ont des failles. Je me suis ainsi surprise à aimer un personnage que je détestais dans la première partie du roman ou à l’inverse à prendre en grippe un personnage que je trouvais sympathique au départ. Il y a aussi des personnages contrastés, pourvu d’une dualité intéressante. Aucun être humain ne saurait être tout noir ou tout blanc, nous avons tous des bons et des mauvais côtés et c’est avec lucidité que JK illustre cet état de fait. Les personnages d’Une Place à Prendre sont des êtres mouvants, en perpétuel changement, comme de la glaise avec laquelle l’auteure fabrique des êtres empli de profondeur et de complexité.
La fin, très émouvante, tout comme pour moi, vous plombera sans doute le moral. Mais c’est sans aucun doute le dénouement qu’il convenait de donner à ce roman profond où l’on sent sourdre un désenchantement très perceptible quant à notre monde actuel.
Vous l’aurez compris, hormis le fait qu’il soit trop long et comporte en conséquence plusieurs passages ennuyeux et bavards, je n’ai pas grand-chose à reprocher à ce roman qui s’avère bon et qui m’a fait passer un trés agréable moment de lecture.