[Suivi de lecture] Vidéni

 
  • 1
  • 2
  • Feejee

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #11 03 Septembre 2013 16:56:39

    Je viens de finir La Guerre olympique de Pelot : une très bonne surprise ! J'avoue avoir commencé la lecture avec pas mal d'a priori : je pensais tomber sur un gros page turner idiot, avec une morale un peu légère à la fin et beaucoup d'action dispensable. Bon, soyons clair : c'est un page turner... mais un bon ! J'ai littéralement bouffé le livre en deux grosses fois. Et justement, l'action omniprésente évite à Pelot de retomber dans ses travers : là où il usait et abusait des monologues intérieurs, on des dialogues soignés et une part belle à ce que Pelot fait de mieux : les descriptions. Le livre commence tranquillement, et les personnages (relativement archétypaux, mais attachants et très identifiables) prennent leur temps pour se déployer. Mais passée la moitié du bouquin, impossible de le refermer. La tension monte jusqu'à la fin (qu'on voit quand même un peu venir) et les trente dernières pages se lisent en apnée avec un rythme cardiaque doublé. Comparé aux autres Pelot que j'ai lu (et qui dataient de 1970, alors que celui-ci a été publié en 1980), on voit bien que la narration est beaucoup mieux maîtrisée. On sent que l'histoire est vivante et que c'est elle qui tire l'écriture (et pas l'inverse). Bref, le meilleur livre que Pierre Pelot que j'ai lu jusqu'à présent !

    Pour la suite, comme les Vonnegut que j'ai commandé ne sont toujours pas arrivés dans ma boîte aux lettres, je vais enchainer sur Les Yeux géants de Jeury, mon auteur de SF préféré en langue française.
  • Feejee

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #12 07 Septembre 2013 18:41:31

    Les Yeux géants : encore un très bon roman de Jeury ! Un des rares livres que j'ai lu sur les OVNI. Les Yeux géants font des apparitions sur Terre et l'humanité toute entière se met à s'organiser autour d'eux. Cet engouement soudain pour le mystique et le développement de mouvements religieux plus où moins louches n'est pas sans rappeler le courant New Age, explose au début des années 80 (le bouquin a été écrit a 1980). Mais il y a aussi un parallèle évident avec notre passion contemporaine pour l'économie et les finances : quelque chose de mal défini, de flou, qui a ses idoles masquées, ses gouvernements prophétiques et ses experts. Le roman est très beau, au sommet du style de Jeury, mais aussi assez long par endroits. Il y a plusieurs fulgurances poétiques, mais on aurait pu trancher certains paragraphes un peu rébarbatifs. On ne retrouve plus la chronolyse, mais un autre concept majeur est développé (un peu tard dans le livre), et le roman continue à travailler longtemps après qu'on ait lu la dernière page ! On reconnait bien la patte de Jeury, surtout à partir du milieu du livre : l'obsession de la réalité et de l'identité (traitée différemment de Dick toutefois, légèrement plus positivement) et  l'utilisation de gimmicks qui déclenchent des séquences narratives particulières (comme dans Le temps incertain où le personnage revit inlassablement divers passages de sa vie, qui arrivent après un fait précis, ou un son, une image). Jeury plie son écriture au service des concepts qu'il invente ! Bref, pas la meilleure porte d'entrée dans l’œuvre de Jeury, mais assurément un roman qui vaut le détour.

    Je viens de recevoir les Vonnegut que j'avais commandé la semaine dernière, donc je vais enchainer tout de suite sur Galápagos, qui m'intrigue beaucoup !
  • Jul'

    Parent d une bébé PAL

    Hors ligne

    #13 08 Septembre 2013 13:19:51

    Boh la la tu donnes envie de se pencher sur la SF (quelque chose que j'ai bien l'intention de faire... Un jour!)

    Bonne lecture !
  • Feejee

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #14 08 Septembre 2013 16:17:37

    Merci !

    Prends-toi une poignée de valeurs sûres ou de grands classiques, choisis-toi un thème qui te plait (j'ai du mal avec le space opera et le steampunk, par exemple) et tu pourras plus lâcher le genre !
  • Jul'

    Parent d une bébé PAL

    Hors ligne

    #15 08 Septembre 2013 18:15:45

    Je vais déjà revoir ce qui correspond dans ma Pàl, je dois quand même en avoir quelques-uns qui trainent ! Sinon je te demanderai conseil, je vois que tu t'y connais ;-)
  • Feejee

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #16 10 Septembre 2013 08:17:48

    Hier soir, j'ai fini Galápagos, de Vonnegut. C'est une excellente fable, qui consiste en fait à la description de l'histoire de plusieurs personnage et du moment où leur destin va se rencontrer, jusqu'à l'issue finale. Encore une fois, le sourire aux lèvres tout le long de la lecture, des personnages attachants, plein de trouvailles narratives, un amour inconditionnel pour les gens, la bêtise constante dont fait preuve leur « gros cerveau », et toutes ces petites coïncidences successives qui font qu'on en est là où on en est. La traduction peut rebuter, mais je pense que ce bouquin a été écrit pour être lu à haute voix (d'où les phrases un peu tortueuses, où se mêlent plein d'idée, qui passent bien mieux à l'oral). Je verrais bien ce roman se faire adapter par Wes Anderson ou les frères Coen. Vous voyez le genre !

    Je pourrais enchaîner sur un autre Vonnegut (j'en ai trois autres en réserver), mais je vais les savourer et en profiter pour lire un vieux Pierre Pelot qui traîne dans ma PAL depuis longtemps : Le Sourire des crabes.
  • Feejee

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #17 15 Septembre 2013 20:41:41

    La semaine a été chargée en boulot, mais j'ai quand même réussi à finir Le Sourire des crabes, de Pelot, écrit dans un style impeccable et très efficace, hyper rythmé. C'est clairement ce qui manquait à un livre comme Fœtus-Party, qui manque de nervosité. Pour Le Sourire des crabes, soyez prévenus : il faut avoir le cœur bien accroché ; il y a de tout : révolution anarchiste, relation incestueuse frère/sœur, explosions, fusillades, descriptions détaillés de crânes qui explosent, de chairs criblées de balles, d'innocents qui se font massacrer, etc. J'ai rarement lu un bouquin aussi gore ! L'auteur en met une bonne couche, mais sait doser son écriture de manière à ce qu'on se prenne un bon coup de poing sans pour autant que ça devienne rébarbatif et automatique. C'est aussi le livre le plus politique de j'ai lu de Pelot. Un bouquin très particulier, mais important dans l’œuvre de Pelot et incontournable si on décide de se lancer dans Pelot.

    Voici un petit passage qui donne le ton niveau scénario :


    Depuis que les travaux avaient commencé sur la colline, depuis que cette infernale poussière s'était ajoutée à la grisaille permanente du ciel, il valait mieux ne pas laisser trop longtemps jouer les enfants à l'air libre. Les autres, les plus âgés avaient été fourgués quelque part en colonies surveillées. La montagne, pourquoi pas ? Ou n'importe où. ils reviendraient dans trois ou quatre jours. Prêts pour un nouveau bain d'instruction obligatoire en gratuite...

    Et ils apprendront, songea Luc, à dire oui. A dire merci. ils apprendront qu'ils doivent le respect à leurs supérieurs, car il y a les supérieurs et les inférieurs, évidemment ; qu'ils
    doivent ce respect à leurs aînés, quel que soit le degré de connerie desdits aînés : l'âge est une hiérarchie comme une autre, un passeport pour la vie en société. Ils apprendront ce que j'ai refusé en bloc, un beau matin, pour cause d'overdose... ils étoufferont, eux aussi ? Ils n'en pourront plus ? Combien tiendront ? Combien d'entre eux claqueront de malaise, comme Cath et moi, comme Go ?

    Il fit quelques pas dans le jardin. Le talc roux soufflait de petits nuages rampants, derrière lui.

    Ils apprendront que ce pays est un pays libre, et libéral. A condition, bien sûr, d'accepter les règles du jeu. De tricher sans excès — tricher à la rigueur, mais dans les limites tolérées, puisque la tricherie fait partie du jeu. Il y a d'autres jeux, mais ils ne sont pas permis. Ils apprendront que le Prince, si vieux soit-il, est un homme très capable qui ne souhaite que le bien-être de tous. Ils apprendront qu'un pays libre et autonome se doit d'avoir une armée puissante et efficace, par exemple. « Au cas où ». On ne leur dira rien des industries de la guerre. Police item. Efficace, puissante, pour assurer-la-protection-des-citoyens-libres — et non la protection de l'
    État, comme on serait tenté de la croire parfois... Ils apprendront, les chers petits, que le travail est la vertu première, qu'il faut gagner sa vie — que vivre, tout connement, c'est une ignoble hérésie — et que d'illustres crevés ont laissé leur peau en holocauste pour en arriver là aujourd'hui. Qu'il faut dire merci à ces putains d'ancêtres d'une philanthropie professionnelle canonisés au sceau de l'Institution et de la respectabilité de l'État. Ils apprendront que Dieu n'est pas un petit bonhomme vert, mais un mec sérieux, libéral avancé lui aussi, donc qu'il est avec eux, et que c'est chouette, que c'est un fameux pot, une chance énorme, d'être si bien tombé !


    Bien furieux, quoi !

    J'enchaine sur Les Sirènes de Titan, le premier Vonnegut traduit en français. En parallèle, j'ai commencé la biographie de Philip K. Dick par Lawrence Sutin, Invasions divines, un beau pavé qui a l'air de faire autorité en la matière.
  • Feejee

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #18 18 Septembre 2013 18:20:06

    Tout juste fini Les Sirènes de Titan, de Vonnegut, que j'ai littéralement dévoré : grosse claque. Va falloir que je m'y habitue avec Vonnegut : pas une seule déception pour l'instant. Je dirais même : pas un seul livre moyen, ou même juste bon : que des bombes. Toujours ce canevas narratif maîtrisé à la perfection, des trajectoires qui se croisent, qui se nouent en événements ponctuels, toujours ce fatalisme désenchanté, un peu plus amer ici (c'est le Vonnegut le moins joyeux que j'ai jusqu'à présent, même franchement triste sur la fin), toujours cette poésie de l'homme, tout petit dans l'univers, livré à lui-même, à qui il arrive des tas de choses auxquelles il ne comprend et ne comprendra jamais rien. Si je devais réagir à chaud, comme ça, je dirais que c'est le bouquin de Kurt Vonnegut qui m'a le plus marqué. Hop, direct dans ma pile à relire. Quelle merveille, mais quel bonheur ! Je vais mettre du temps à redescendre moi !

    Pour reprendre pied en douceur, j’enchaîne avec Promenades au bord du gouffre, un petit recueil de nouvelles d'Alain Dorémieux des années 70 trouvé pour un euro chez le bouquiniste. Ce mec m'a toujours intrigué, mais je n'ai jamais rien lu de sa plume.

    Dernière modification par Vidéni (18 Septembre 2013 18:36:32)