J'ai écris ce OS suite à un thème. Je vous le donne dans le mil, le thème est « Le sourire des innocents. ». Et bien évidemment, j'aimerai beaucoup avoir des avis. Ce texte me tient énormément à coeur, et du coup, savoir ce que vous en pensez me plairait. Oh, et si vous remarquez des fautes d'orthographe, grammaire etc, n'hésitez surtout pas à me le dire, que je rectifie ça ! Bonne lecture.
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- MAMA ? Tu es allée chercher le courrier aujourd'hui ? cria une voix à travers la maison.
- Non, vas-y Kadia. Il y a peut-être des nouvelles de ton frère !
L'adolescente de douze ans courut jusqu'à la boîte aux lettres. Cela faisait maintenant trois mois que la mère et la fille avaient quitté leur Afrique si chère à leur coeur pour fuir la guerre. Malheureusement, le seul homme de la maison, le fils aîné, avait refusé de partir. Il avait voulu rester pour défendre son pays, au grand désespoir de sa mère et de sa petite soeur. Mais il était tout simplement hors de question pour le jeune homme qu'il parte du Mali alors que sa patrie avait besoin de lui.
Kadia revient en vitesse auprès de sa génitrice, une lettre à la main. La fillette était excitée, cela faisait maintenant plus de deux mois que la petite famille n'avait reçu de nouvelle de leur pays. Et puis son grand frère lui manquait. Alors elle était contente d'avoir une lettre de lui entre ses poings.
La mère récupéra la missive, et d'une main tremblotante, elle ouvrit l'enveloppe. Elle déplia le papier sur lequel s'étalait l'écriture de son fils. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle n'avait même pas lu une phrase. Mais savoir que ce papier, le papier qu'elle tenait entre ses doigts, avait appartenu à son bien-aimé fils, que c'était lui-même qui avait écrit pour lui donner des nouvelles du pays lui donnait un coup au coeur.
- Mama ? Tu vas bien ? Qu'est-ce que la lettre raconte ? Hein, dis, mama, raconte-moi, s'exprima la voix fluette de la jeune Kadia.
- Attend un peu que je lise si tu veux que je te raconte ce que ton frère nous écrit.
Et finalement, après un petit instant dans le vague, la mère posa son regard sur l'écriture brouillonne et pleine de fautes d'orthographe et de conjugaison du garçon et débuta sa lecture.
« Mama, Kadia,
Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela me rassure de vous savoir en France, loin de toute cette guerre qui ne fait que blesser la population Malienne. Je n'ai pas à me soucier de vous. Je vous sais en sécurité et c'est le plus beau des trésors. Je crois que je m'en voudrais plus que tout si je n'avais pas réussis à vous faire quitter le pays. Au moins, maintenant, vous êtes vivantes.
Ici, c'est le chaos. On souffre tous. J'aimerais dire que cette guerre ne m'atteint pas, mais cela serait mentir. La douleur me prend aux tripes et me contracte l'estomac au point où j'en viens à avoir des hauts de coeurs permanents. La bile me monte à la bouche et je me plie en deux sous le désespoir pour pouvoir respirer plus ou moins bien.
J'ai peur mama. Je suis effrayé comme jamais je ne l'ai été. Pourquoi cela me fait tant de mal, de combattre ? Je pensais que c'était un honneur de défendre mon pays, de tout faire pour qu'on gagne cette guerre, mais à quoi bon ? Je ne veux pas payer le prix fort. La mort me fait peur. J'ai peur de tomber comme tous les autres. Mes compagnons meurent les uns après les autres. Et c'est dur, mama. A un point inimaginable. Je les vois partir, rejoindre leurs ancêtres et ça me fait peur. Je ne veux pas mourir. »
A cet endroit de la lettre, le papier était gondolé. En écrivant, le soldat avait pleuré. Il évacuait la pression de la guerre comme il le pouvait. En posant ses pensées à l'écrit. En faisant couler des larmes. Tout était bon pour éviter de craquer, et de devenir fou devant de telles horreurs.
« Aujourd'hui, c'était horrible. Je crois que jamais je ne me remettrai de ce qu'il s'est passé. Parce que c'est dans ces moments-là que je me rends compte que la guerre est des plus présentes, qu'elle me terrifie. Aujourd'hui, mama, j'ai vu un de mes amis tomber. Issa, de son nom, était un jeune garçon. Il était vraiment petit. Et pas que par la taille. Il n'avait que quatorze ans. Et il est mort. Issa a été obligé de s'engager dans cette bataille, il n'a pas choisi. Je te jure, mama, que cela fait un réel choc quand tu vois un gamin avec des armes telles que les grenades, et les fusils. Mais suite à une attaque, tout s'est fini pour lui. D'un coup. Il était gravement blessé. Il est tombé au sol. Les autres soldats sont partis combattre, pour nous défendre, pour défendre notre Mali. Mais moi, je ne pouvais pas. J'en étais incapable. Je ne pouvais pas laisser Issa seul, en train de se vider de son sang. J'étais tétanisé comme jamais je ne l'ai été. Je me suis accroupi auprès du gamin. Une larme a coulé sur ma joue. C'était dur de voir un jeune adolescent ainsi. Et tu sais ce qu'Issa a fait ? Il a souri. Tout simplement. Il m'a dit qu'il était fier d'avoir pu aider son pays. Et moi, j'étais là, à pleurer sous ses paroles. Issa était jeune, il était encore innocent. Il n'avait rien demandé. Mais il souriait alors que la mort se rapprochait de lui pour l'emporter. »
La mère sentait, elle aussi, les larmes venir. Cette histoire, que son fils lui narrait, était des plus tristes. Savoir qu'un gosse n'avait pas eu le choix, et s'était engagé dans une guerre sans merci, jusqu'à en mourir était déboussolant.
- Le sourire d'un innocent est ce qu'il y a de plus beau, mais parfois, cela nous tord l'estomac, chuchota-t-elle.
« Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est lorsque j'ai vu le visage d'Issa se tordre dans une affreuse grimace. Il souffrait. Le sang coulait de plus en plus. Il a alors levé son regard sur moi et m'a demandé une chose incroyable. Il voulait que je le tue, que j'abrège ses souffrances. Quoi de plus normal, après tout ? Cela m'a complètement brisé de l'intérieur. Avais-je le courage de tirer sur un enfant pour qu'il n'ait plus mal ? Je pensais que non. Mais je l'ai fait. J'ai levé mon fusil, et je lui ai tiré une balle en plein dans le coeur. C'était horrible. Je m'en veux terriblement d'avoir agi ainsi. Et pourtant, les derniers mots qu'Issa a prononcés étaient " Merci Arouna. Je pars sans douleur. ". Les derniers mots qu'un gamin de quatorze ans a dis étaient pour moi. Dans un sens, il me lavait de ce terrible pêché. Mais alors, pourquoi je me sens encore si mal ? Mon coeur se serre. Suis-je un meurtrier ?
Ton fils, Arouna. »
En lisant ces quelques mots, la mère du soldat pleura. Mon Dieu, mais comment son fils pouvait vivre dans de telles ignominies ?
- Tu n'es pas un meurtrier mon fils. Loin de là. Non, tu es une victime de la guerre.