<image>Ca y est, je viens de terminer "Une saison à Longbourn" qui donne vraiment très envie de lire "Orgueil et préjugés"! Voici donc mon avis:
"Longbourn, pour les non-connaisseurs de l’œuvre de Jane Austen, est le domaine appartenant à la famille Bennet, dont la fille, Elizabeth, deviendra la célèbre héroïne d’Orgueil et Préjugés et épousera le fameux Mr Darcy. L’intrigue se déroule donc au début du XIXème siècle, dans un pays en guerre, au moment où Mrs Bennet, rêvant de s’élever socialement, cherche les meilleurs partis possibles pour ses cinq filles. Mais là n’est pas le sujet principal de l’histoire, bien au contraire ! Et ce qui intéresse Jo Baker n’est pas ce que tout le monde connait déjà (enfin, au moins ceux qui ont lu « Orgueil et Préjugés » !), mais ce qui se passe au sous-sol, dans les cuisines…
Ici, Jane, Mary, Elizabeth et tous les autres ne sont plus que des personnages secondaires, qui avancent dans un monde fait de jouissances et de paraître, tandis que derrière cet univers frivole se cache une armée de petites mains qui tâche de satisfaire au mieux les besoins de ses maîtres, nettoyant, astiquant, cuisinant et raccommodant à longueur de journées dans une monotonie à fendre l’âme. Mr et Mrs Hill gèrent l’intendance et la cuisine, tandis que la jolie Sarah forme la jeune Polly au métier de femme de chambre, s’occupant du linge, du ménage, mais aussi de nourrir les cochons et ce, quel que soit le temps. L’arrivée de l’énigmatique James en tant que valet et homme à tout faire, va amener un peu de piment dans le quotidien de la maisonnée. Malgré des débuts difficiles entre lui et Sarah, des affinités pourraient bien se découvrir dans les cuisines du domaine et amener avec elles davantage de douceur…
Dans « Une saison à Longbourn », Jo Baker rend hommage aux petites mains, bien souvent anonymes, qui travaillent dans l’ombre et font tourner toute la maisonnée. Intendants, cuisinières, femmes de chambre, valets se retrouvent cette fois au cœur de l’intrigue et apportent un regard nouveau sur ce que l’on croyait connaître. Les descriptions des réceptions somptueuses, des dîners raffinés et des tenues à la mode côtoient celles du nettoyage des dessous tachés par les menstrues et du vidage des pots de chambres, faisant perdre de son glamour à cet univers bourgeois.
On pénètre plus particulièrement dans l’intimité de Sarah, une jeune orpheline instruite et travailleuse, qui ne parvient pas à se satisfaire de cette vie étriquée et obéissante et qui rêve d’aventure et de nouveaux horizons. Elle nous fait partager ses états d’âme et ses désirs, teintés d’innocence et de naïveté. C’est un personnage à la fois doux et attachant, que l’on prend plaisir à suivre et à travers lequel on découvre la condition des femmes au XIXème siècle, obligées de travailler tôt, dans des conditions souvent difficiles et dont la réputation dépend de leur vertu et de leur capacité à la garder intacte… Par ailleurs, les personnages qui gravitent autour de Sarah sont tout aussi attachants et bien campés !
Jo Baker retranscrit avec talent l’univers empreint de romantisme de Jane Austen. La campagne anglaise révèle ses charmes, mais aussi sa rudesse, son manque de praticabilité et la rigueur de son climat. La reconstitution de l’époque est vraiment réussie et permet de plonger tout de suite dans l’histoire. L’intrigue, très romanesque, est prenante et soigneusement construite et offre un bon nombre de rebondissements. Sous ses dehors légers, l’auteur y aborde des thèmes tels que la servitude, la misère, la désertion et le devoir. Sa plume, quant à elle, est vraiment agréable et n’est pas dénuée d’humour. Bref, une lecture des plus plaisantes, qui permet de passer un très bon moment et dont je me suis délectée !"