#4 13 Juillet 2014 17:48:18
Voilà la suite
Jeff, j’ai oublié de vous parler de lui. C’est mon meilleur ami. Lui, a les yeux bleus, comme le ciel que Max évoquait dans ses histoires pour dormir. Le ciel, je me demande bien à quoi ça peut ressembler ? C’est difficile d’imaginer une chose que l’on n’a jamais vu.
Nous n’avons pas de vue sur l’extérieur, seuls les protecteurs ont des meurtrières, vers la grande porte, d’où ils peuvent surveiller l’entrée de Save Camp.
Les premiers arrivés de Save Camp ont dû habituer leurs organismes à cette vie souterraine. Leur horloge interne était complètement déphasée. Heureusement, nous avons de bons ingénieurs. Ils ont réussi à recréer la nuit et le jour, grâce à des variateurs de lumière, programmés et synchronisés à la grande horloge de Save Camp, qui trône sur la grande place.
Revenons à mon ami. Jeff est un protecteur, il garde la porte de notre refuge. C’est un grand jeune homme aux cheveux châtains clairs avec des yeux magnifiques. Il est sportif et courageux, mais impulsif, ce qui lui attire souvent des ennuis.
A contrario, Tom, son petit frère, est un modèle de prudence, réservé et timide, il n’aime pas être remarqué…Il arrive très bien à se faire oublier.
Il y a un an, les parents de Jeff sont morts, c’est donc seul, qu’à 18 ans, il élève son cadet. Même s’il aime beaucoup son petit frère, ce n’est pas toujours facile. Il ne cesse de lui dire d’être un homme, mais c’est un gosse de 12 ans qui se sent seul. L’après-midi je vais souvent lui tenir compagnie.
Quelquefois je l’emmène à la découverte de Save-Camp. Je n’en ai pas encore fait le tour, c’est un vrai labyrinthe. Il y a beaucoup de tunnel et d’escaliers, certains niveaux ne sont accessibles qu’avec un passe.
J’aimerais assez savoir ce qui se passe derrière …
Ma vie est loin d’être passionnante alors si je peux y ajouter un peu de piquant, je ne suis pas contre. Au grand damne de Max, qui me trouve beaucoup trop curieuse.
-« arrêtes de fouiner partout, tu vas t’attirer des ennuis. Pourquoi ne vas-tu pas avec les jeunes de ton âge ? »
-« Avec Rita et Axel ? Quelle horreur, Rita est une prétentieuse qui ne s’intéresse qu’à son nombril, et Axel est son clone masculin ! »
-« Tu n’as même pas cherché à les connaître ! »
-« ils ne m’intéressent pas, j’ai déjà des amis.
-« Mais, ils sont plus vieux que toi, et ils travaillent toute la journée. »
- « peu importe dans six mois, je devrai aussi passer tout mon temps aux cuisines. Laisses-moi donc profiter de mon temps libre comme je l’entends. »
-De toute façon, ça ne sert à rien de discuter avec toi, tu es une vraie tête de mule ! »
Max ne comprend pas que cette routine m’ennuie, je sais bien que chacun doit contribuer à la bonne marche de Save Camp. Depuis notre plus jeune âge nous effectuons des activités en ce sens. Moi je suis affecté à la cuisine avec Sandra.
Mais ce qui m’embête c’est d’y consacrer tout mon temps. J’aime mes escapades ; je ne sais jamais ce que je vais découvrir. En fait, c’est l’imprévu qui m’attire. Et puis, il faut que je finisse ma carte, elle est presque terminée, il me reste à découvrir ce que cachent les tunnels secrets.
Je suis exténuée, il faut que je sois en forme demain. Je prends congés de Nina et Max, et rejoins mon petit espace. Habituellement, les habitations sont constituées d’une grande pièce unique. Mais Max a tenu à ce que j’aie un peu d’intimité. Il a séparé la pièce à l’aide de grandes toiles épaisses. Ainsi, nous parvenons à nous isoler lorsque le besoin s’en fait sentir.
Demain est une journée importante. Il faut que j’arrive à convaincre Jeff de m’aider à percer le secret des tunnels. C’est en pensant à mes futures aventures que je sombre dans un sommeil réparateur.
Août 3036, 9H du matin
Après un frugal petit-déjeuner, j’ai rejoint les cuisines. Aujourd’hui je suis de corvée d’épluchage. Le travail en cuisine ne me déplait pas, j’aime bien les légumes et leurs couleurs, mais il faut avouer que je suis très maladroite avec un couteau ce qui amuse beaucoup Sandra.
-« Aie ! »
-« fais attention liberty, à ce rythme-là, il y aura plus de morceaux de doigt dans la soupe que de carottes. »
-« ça la rendra plus nourrissante ! » Nous rions de bon cœur.
Sandra aime bien me taquiner, mes matinées de travail sont moins longues en sa compagnie. Je dois avouer que je suis un peu jalouse d’elle.
C’est le genre de fille qui attire l’attention. Mince et élégante même avec nos habits gris, elle reste lumineuse. Ces cheveux sont blonds comme les blés, et ses yeux verts clairs. Elle ne se départie jamais de sa bonne humeur, c’est pourquoi tout le monde l’apprécie. C’est une amie précieuse, elle m’a déjà sortie plus d’une fois de situations périlleuses. Je suis une bien piètre cuisinière et grâce à moi, elle est passée maître dans l’art de récupérer un plat raté. Elle me dit souvent que si je n’existais pas, il faudrait m’inventer, car sans moi ses journées seraient longues et semblables. Aujourd’hui le menu se résume en une soupe, des haricots et un steak artificiel issu du clonage. Heureusement que nous avons cette technique car faire un élevage sous terre était impossible. Les légumes ont eux aussi été modifiés génétiquement afin de donner un rendement optimal au détriment du goût, aux dires de Max.
Dong, Dong, Dong …12 coups, l’heure de la libération a sonné.
Je rejoins le réfectoire le plus proche de chez moi, car ici les repas sont pris en communauté. Je retrouve Max et Nina qui font déjà la queue. Non pas qu’ils raffolent de notre cuisine. Max est même plutôt critique. Comme certains anciens, il remet en cause cette nourriture disant que l’on nous tue à petit feu…Moi je n’ai rien connu d’autre, donc je m’en accommode. Même s’il a tendance à me faire envier une alimentation que je n’ai pas connue.
-« Beurk ! Cette viande n’a aucun goût. Je donnerais tout pour une bonne entrecôte ! »
-« tais-toi malheureux », l’implore Nina.
-« Tu sais ce qu’il arrive aux personnes évoquant les temps anciens! »
-« Je sais … Mais il faut avouer que c’est infect. »
-« Qu’est-ce qu’il arrive à ces personnes ? »
-« Liberty, ce n’est ni l’endroit ni le moment pour parler de ça ! »
Je suis surprise par le ton qu’il emploie, lui qui est si calme et si posé d’habitude, a comme une pointe de colère dans la voix. Ce n’est pas le moment, d’accord, mais je compte bien lui demander un éclaircissement sur le sujet …
Jeff est en retard pour le dîner c’est bizarre, cela ne lui ressemble pas. Tom arrive en courant, il a l’air très inquiet. Je le rejoins. Il me tire par la main.
-« Liberty, il faut que tu m’accompagnes à la maison, il est arrivé quelque chose à Jeff ».
Je me précipite à la suite de Tom.
Après avoir couru 10 minutes, nous arrivons au logis des 2 frères. Il est identique au mien, ainsi qu’aux autres logis de Save-Camp. Une salle de bain et deux lits de camps dans un coin, ainsi qu’une table et quatre chaises. C’est le seul souvenir de leur vie à quatre. Je n’ai pas remarqué tout de suite Jeff, il est recroquevillé, dans un coin de la douche.
-« Jeff ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Réponds-moi ».
Jeff tremble, il semble choqué ou effrayé je n’arrive pas trop à savoir, il se mure dans le silence. Je m’assoie à côté de lui, je demande à Tom d’aller lui chercher un café pour le réchauffer. Simple ruse, je sais que Jeff ne dira rien en présence de son frère. Quant enfin nous nous retrouvons seuls, la langue de Jeff se délie.
Dernière modification par barbouille (13 Juillet 2014 17:56:09)