#1 27 Juillet 2014 00:05:45
Je me suis lancée il y a 7 mois dans l'écriture et j'ai adoré... Voilà mon premier texte fait pour un concour. Je trouve que de tous mes textes c'est le meilleurs à vous de me le dire
HELENE
Le parquet grinça sous ses pas. Hélène, une jeune femme fluette aux cheveux bruns, contemplait le paysage par la fenêtre. Et encore, qualifier ces quelques buissons épars et ces mauvaises herbes de « paysage » était plutôt prétentieux.
Hélène pourrait sûrement apercevoir les montagnes depuis sa fenêtre si un brouillard quotidien ne lui gâchait pas la vue. De toute façon ; la jeune femme haïssait cet endroit ; la maison toujours sombre, était constamment recouverte d'une épaisse couche de poussière. Les grincements du parquet, les sifflements des courants d'air et les soupirs de la charpente n'aidaient pas à rendre cette masure plus chaleureuse.
Soudain , des voix dans la pièce d'à côté l'arrachèrent à sa contemplation. Hélène connaissait ces voix mais de là où elle était, elle ne pouvait les identifiés.
Hélène s'avança précautionneusement en prenant garde de ne pas faire craquer les lattes de
la pièce. Et elle plaqua son oreille contre le mur.
-… Je comprends tout à fait mais cela fait trois semaines qu'elle s'aère l'esprit chez moi et qu'elle a retrouvé un semblant de vie normale. Pensez-vous que c'est une bonne idée de lui annoncer maintenant ? demanda la mère d'Hélène.
-Il faut lui dire, on ne peut se permettre de faire autrement, affirma l'agent de police.
-Oui, mais pas comme cela… Elle n'est pas prête. A mon avis, il va falloir ruser… Juste une précision : la décision est sans appel ? On ne peut vraiment pas explorer d'autres pistes ? essaya-t-elle encore
-Non, nous ne pouvons plus rien faire au jour d'aujourd'hui. Je suis vraiment désolé, Madame, répondit l'agent de police sur un ton monocorde.
-C'est tout ce que vous trouvez à dire : désolé ? Cela fait plus de six mois, son Fils, la chair de sa chair ! Celui qu'elle a mis au monde seule, qu'elle a élevé seule avec tout le courage qu'il lui a fallu dans les moments difficiles ! Il est aussi mon petit-fils, mon petit Alex !!
-Calmez-vous, Madame…
-Comment ? continua-t-elle en essuyant une larme qui venait de glisser sur sa joue. Me calmer alors que vous venez de m'annoncer que vous et votre satané hiérarchie avez décidé, sans même nous consulter, que vous arrêtez toute recherche, vous plaisantez, j'espère ?... »
A partir de cet instant, Hélène arrêta d'écouter. Elle était dévastée comme jamais. Elle qui commençait depuis une semaine à surmonter le vide et l'absence d'Alex. Même si Hélène était toujours très angoissée à l'idée de ne plus revoir son fils, son Alex, elle avait défini son but pour les temps à venir : le retrouver vivant….ou peut-être mort.
Pendant les premiers jours et les premières semaines, elle s'était renfermée sur elle-même, avait pleuré jusqu'à ce que les larmes n'arrivent même plus à couler, refusé de s'alimenter, de sortir, de voir quiconque. Elle avait perdu le goût fruité et pétillant de la vie qui la caractérisait.
Hélène entra dans la pièce. L'agent de police et sa mère se tournèrent vers elle, interloqués. C'est comme si le temps s'était trouvé suspendu. Tous regardèrent Hélène sans dire un mot. Sa mère, l'agent de police dévisagèrent la jeune femme, mère dévastée.
-Vous allez oser ? cria-t-elle
-Avez-vous entendu ce que j'étais en train de dire à votre mère, Madame ? demanda l'agent de police.
-C'est moi qui pose les questions maintenant ! Et j'aimerai avoir des réponses claires, nettes et précises, pas des réponses dissimulant la vérité. D'accord ?
-Comme nous l'avons toujours fait, Madame, rétorqua l'agent.
-Cela reste à voir mais ce n'est pas le propos. Donc vous abandonnez les recherches et pourquoi donc, s'il vous plait ?
….
-Pardon, j'ai dû mal entendre, vous avez dit ? demanda fermement Hélène.
-Je… enfin, nous…, bégaya-t-il. Nous ne pouvons plus continuer car…
-Car quoi ? coupa Hélène, je vous écoute…
-Car il n'y a plus aucune piste exploitable, les recherches continuent de mobiliser une de nos équipes et puis…
-Et puis quoi ? hurla-t-elle
-Franchement, Madame, après 6 mois, je ne pense pas qu'il y ait un espoir quelconque.
Cette phrase resta dans l'air. De nouveau, le temps sembla s'arrêter. Plus personne n'osait se regarder et l'agent fixa ses chaussures d'un air gêné.
Hélène prit une grande respiration et leur dit d'une voix ferme : SI… L'espoir, il y en a et moi vivante, il y en aura toujours. Tous les matins, cet espoir m'aide à me lever et surtout à rendre chaque minute, chaque heure moins difficile à vivre !! »
Elle quitta la pièce en sanglots en les laissant tous quelque peu déconcertés et claqua toutes les portes en y mettant toute sa colère.
Hélène se rendit alors dans un lieu que seule, elle et son fils, connaissaient. C'était une cachette secrète des combles. Elle avait découvert cette pièce derrière une porte dérobée alors qu'elle était encore une enfant. C'était ici « son petit coin de paradis » comme elle l'appelait. De cet endroit, on pouvait voir toute la campagne environnante à travers une étroite lucarne. Ce paysage magnifique, même si elle le connaissait par cœur, elle ne se lassait pas de le contempler. C'est devant lui et en le prenant pour témoin, qu'elle fit la promesse que « même s'il fallait remuer ciel et terre, même s'il fallait aller au bout du monde, même s'il fallait y consacrer peut-être des années entières, avec ou sans les autorités, elle retrouverait Alex. »
Le lendemain, Hélène se rendit au Commissariat pour revoir l'agent chargé de l'enquête et après discussion, ils parvinrent à un accord : l'arrêt total des recherches contre toutes les informations en la possession de la Police. L'agent savait bien que cela n'était pas véritablement autorisé par sa hiérarchie mais il comprenait la détresse de cette mère. Il lui confia donc discrètement l'intégralité du dossier mais uniquement pour deux jours. Elle s'engagea à le rapporter le surlendemain.
Quelques heures plus tard, alors que sa mère était partie pour l'après-midi chez une amie, elle s'installa dans le bureau de son père pour prendre connaissance du dossier. Elle se mit à lire, à relire, à chercher, à rechercher, à essayer de se souvenir de quelques détails ou d'un seul qui aurait pu échapper aux policiers ou à elle-même.
Elle y passa toute l'après-midi et une grande partie de la nuit. Elle finit par s'endormir d'épuisement et quand elle se réveilla, toutes les feuilles du dossier étaient éparpillées.
Hélène avait la ferme intention de reprendre toute l'enquête à zéro. Elle se prépara donc pour faire le tour du village. Elle commença par se rendre à l'école d'Alex, là où les recherches avaient commencé.
A la sortie de l'école, elle aperçut Léna, une amie d'Alex. C'est en la voyant qu'Hélène s'aperçut qu'à aucun moment dans le dossier, elle n'avait lu que la petite avait été interrogée par les policiers sans doute parce qu'elle était muette et parlait en langue des signes. Hélène qui avait côtoyé dans sa jeunesse la maman de la fillette, elle aussi muette, avait appris le langage des signes. Ce ne fut donc pas un obstacle pour elle. Elle s'approcha de Léna et commença à signer avec elle :
« - Coucou Léna, me reconnais-tu ?
-Oui, lui répondit la petite fille avec un sourire
-Je peux te parler un instant, s'il te plait ?
-Bien sûr
-Est-ce que tu te souviens avoir vu Alex le jour de sa disparition devant l'école ?
-Oui, signa Léna avec un air triste.
-Et ?
-Il est parti cueillir la rose pour vous là-haut.
Léna pointa le doigt vers la terrasse de l'immeuble. Léna ne savait rien de plus car elle était rentrée chez elle et avait laissé Alex sur le parvis de l'école.
Hélène en était donc toujours au même point.
Au point de départ…
Hélène se mit au volant de sa voiture. Elle ne démarra pas tout de suite. Elle était fatiguée.
Fatiguée de n'avoir rien trouvé de nouveau.
Elle alluma la radio. A son grand étonnement, la radio diffusait une vieille chanson qu'elle et son fils écoutaient souvent. Portée par la musique et par les souvenirs qui remontaient à son esprit, elle ne put retenir ses larmes. Les yeux embués, elle démarra la voiture. Noyée dans les souvenirs, elle repensait à tous ces bons moments qu'Alex et elle avaient partagés.
La vibration du téléphone portable la fit tressaillir : un SMS.
Lorsqu'elle le lut, elle n'en crut pas ses yeux. L'expéditeur du SMS n'était autre que son fils. Son cœur battait à tout rompre. Il était VIVANT !
« Maman, je sais que tu seras surprise. Je veux juste te dire que tu peux arrêter tout cela et que je t'aime à l'infini. Ton Alex »
Hélène était émue et tellement heureuse d'avoir des nouvelles de son fils, enfin…
Hélène pleurait… de joie maintenant.
Aucun doute, le message était bien de son fils. L'infini était leur invention, leur mot pour se dire je t'aime.
Elle démarra en trombe pour aller annoncer la bonne nouvelle à sa mère.
Sur la route, elle se laissa bercer par la musique et par la joie qu'elle aurait quand elle le serrerait de nouveau dans ses bras. Elle imaginait déjà leur nouvelle vie : une belle vie, une vie pétillante, pleine de surprise et d'encore plus d'amour.
BOUM
Elle ne vit plus rien.
Juste une lumière.
Violente… puis douce et chaleureuse.
Elle eut l'espace d'un instant l'impression de redevenir une enfant puis une jeune femme.
Elle ressentit la joie, le bonheur et elle ressentit de nouveau les moments de douleur qu'elle avait traversés dans sa vie de femme.
Elle vit son fils, Alex, avec une rose rouge à la main.
Elle comprit. Tout. Hélène n'avait plus peur.
Le passé, le présent et l'avenir n'existaient plus. Ils étaient de nouveau ensemble, pour la vie, pour l'éternité.
Qu'en penser vous? Bien ou mauvais? J attends vos critiques avec impatience!!
Dernière modification par la liseuse du 95 (28 Juillet 2014 09:53:21)