Bonjour, je vous présente ici un petit récit de ma conception que j'ai proposé pour un concours d'une blogueuse dont vous trouverez le lien
ICI. Alors je me lance et j'espère avoir un petit commentaire :)
Sacrifice
Le roi organisait toujours des bals extravagants afin de se faire respecter de sa cour et de mieux faire passer certains de ses caprices immondes. Alizé écoutait d’une oreille distraite la musique qui parvenait jusqu’à la porte de sa chambre. Sa mère terminait d’ajuster sa robe légère en mousseline verte qui mettait ses magnifiques yeux en valeur. Sa jeune sœur pleurait en silence dans un coin de la pièce n’osant croiser le regard de son aînée. Sa nourrice était entrée en méditation, priant une déesse de l’ancienne religion. La jeune femme ne put que lancer un regard méprisant à la vieille servante. Comme si les dieux ou déesses se souciaient des pauvres mortels foulant cette terre…
En cette nuit glaciale, Alizé allait sacrifier sa virginité pour le plaisir de celui qui avait usurpé le trône à son père, douze ans plus tôt, l’exécutant avec ses fils dont le plus jeune n’avait que trois ans afin d’éradiquer la lignée royale. Le nouveau souverain avait gravé ses lettres de noblesse dans le sang et c’est ainsi qu’il disparaitrait puisqu’il avait vendu son âme aux démons. En guise d’acte de bonté, il avait laissé la vie sauve aux femmes de la famille mais elles étaient devenues pire que des esclaves. Elles servaient de tributs, offrandes au roi ou à ses dieux. La tante et les cousines d’Alizé avaient été ainsi sacrifiées sur l’autel du nouveau temple en guise de remerciement aux démons. Sa sœur aînée, Marjie avait été le premier tribut offert au nouveau roi. Deux jours après avoir passé toute une nuit avec lui, elle s’était jetée du haut de la plus haute tour du château. C’était il y a deux ans… Et ce soir, était venu le tour d’Alizé. Après elle, viendrait Shana sa jeune sœur… lorsqu’elle aura atteint sa vingtième année.
Alizé ajusta l’une de ses manches en prenant de soin de cacher ce que lui avait légué son père. Elle croisa le regard de sa mère qui s’attardait sur le renflement de son avant bras. Lorsqu’elle s’avança vers elle, la jeune femme eut un mouvement de recul. Mais à sa grande surprise, sa mère ne fit que la serrer dans ses bras tout en lui glissant discrètement quelque chose dans la petite poche cachée de sa robe.
Entourée de deux gardes, Alizé longea un sombre couloir qui menait à la chambre du roi. En chemin, elle croisa le jeune prince qui n’avait qu’une année de plus qu’elle. Elle eut juste le temps de remarquer la compassion qui s’affichait sur son visage encadré de ses longs cheveux blonds qu’il refusait d’attachait. Le prince ferait un excellent roi…
Lorsque la jeune femme pénétra dans la chambre froide du roi, elle fut assaillie par l’Obscurité qui y régnait. Si elle avait eu des doutes sur ses liens avec les démons, ils auraient été immédiatement annihilés. Aucune beauté, aucune bonté n’émanaient de ces lieux. Tout n’était que noir et ténèbres avec des taches rouge sang parsemant la chambre comme si les exécutions à répétition y avaient laissé leurs traces indélébiles. Le souverain l’attendait au centre de la pièce dans le plus simple appareil. Sans ciller, Alizé le laissa s’approcher. Lorsqu’il se tint devant elle, elle sentit son sexe dur à travers le fin tissu de sa robe. Il se pencha au niveau de son cou pour y sentir son parfum et laissa échapper un grognement de satisfaction avant d’empoigner les cheveux bruns de la jeune femme afin de faire basculer sa tête en arrière. A cet instant, Alizé ne réfléchit plus, s’abandonnant à sa force psychique et laissant son instinct prendre le dessus. Elle sortit de sa manche le poignard en argent de son père, repoussa le roi qui, par surprise, se laissa faire, et plongea la lame brillante dans la poitrine de l’homme. Touché en plein cœur, le roi ne put qu’émettre un gargouillis avant de s’effondrer au sol, le poignard de son prédécesseur figé en lui.
La jeune femme prit le temps d’observer celui qui avait été le bourreau de sa famille. En position fœtus, nu comme un ver, le ventre devenu bedonnant, le haut du crâne dégarni,… au final, il n’était guère impressionnant. Elle s’installa sur un des fauteuils qui meublait la chambre et se mit à sourire. A présent, vengeance était faite, sa sœur et sa mère étaient sauvées, et le peuple de son père pourrait continuer à vivre sans crainte. Pour la première fois en douze années, elle se sentit légère. Elle sortit de sa poche le petit objet que sa mère lui avait caché et éclata de rire en le voyant.
Lorsque la garde royale entra dans la chambre du roi à la suite du prince, tous se figèrent d’horreur, ne pouvant croire ce qu’ils avaient sous les yeux. Le cadavre de l’ancien souverain baignait dans son propre sang. Le prince passa à côté du corps sans un regard pour son géniteur. Il s’avança vers la jeune femme qui était assise et qui l’observait, les yeux brillants de bonheur, tout en laissant des empreintes de sang derrière lui. Dans sa main, elle tenait un petit flacon vide. S’agenouillant près d’elle, il remarqua les difficultés qu’elle avait pour respirer. Il se saisit du flacon et perçut l’odeur acide du poison. Puis, il écarta avec douceur une mèche de cheveux de son visage avant d’embrasser la paume de sa main.
- Pourquoi ? demanda-t-il.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! lui répondit-elle en un ultime souffle.