@licorne : Tant mieux et merci :-) Bonne lecture à toi aussi !
@naramaya : S'il est toujours en rupture, c'est un signe, en effet ! Bonne lecture :)
@Léa Touch Book : Merci Léa ! Ok, je vais te préciser mon choix ;) Chouette lecture !
Ciao tutti !
La Horde du Contrevent est finie, et... :pink:
Je ressors toute échevelée, soufflée, décoiffée par ce roman !
D’un style étonnant, cet hybride SF / Fantasy est probablement unique en son genre.
Une quête, mais pas n’importe laquelle ; trouver l’origine du vent, le bout du monde, l’extrême-Amont, et qui nous embarque à contre-courant de cet élément indomptable qu’est le vent, souffle de vie, durant 700 pages !
Ce vent en toile de fond, créateur de tout, présent sous toutes ses formes, ses rythmes et ses différentes mutations.
Alain Damasio fait preuve d’une telle générosité ! il l’apprivoise et en décompose chaque variation, allant même jusqu’à nous offrir son langage écrit, comme une musique sur une partition, et que l’on l’entend murmurer, siffler ou bien mugir à l’instar de ces courageux hordiers dans un monde balayé.
L’univers est rude, la terre intraitable, et pourtant, la poésie est là, je l’ai ressentie comme une douce brise réconfortante durant toute la trace !
Et le jour où il n'y aura plus de couleur nulle part, où tout sera blanc sur la terre comme au ciel, je me trancherai une veine pour que tu puisses encore voir du rouge !
La philosophie n’est pas en reste non plus, elle est insufflée au cœur même de certains personnages, dont les plus charismatiques deviennent très vite attachants.
Le lien indéfectible qui peut unir des êtres dans l’adversité prend toute sa signification dans les épreuves traversées, une union ou l’équilibre de chacun dépend de la cohésion de tous.
On ne peut que souffrir avec eux dans les contrées inhospitalières parcourues, et il y en a, croyez-moi !
La notion de solidarité trouve toute sa signification, et grâce à leurs individualités hors du commun, cette horde apparait comme un tout, un aboutissement pour une ultime mission.
J’ai retenu quelques beaux passages :
Qu'importe où nous allons, honnêtement. Je ne le cache pas. De moins en moins. Qu'importe ce qu'il y a au bout. Ce qui vaut, ce qui restera n'est pas le nombre de cols de haute altitude que nous passerons vivants. N'est pas l'emplacement où nous finirons par planter notre oriflamme, au milieu d'un champ de neige ou au sommet d'un dernier pic dont on ne pourra plus jamais redescendre. N'est plus de savoir combien de kilomètres en amont du drapeau de nos parents nous nous écroulerons ! Je m'en fiche ! Ce qui restera est une certaine qualité d'amitié, architecturée par l'estime. Et brodée des quelques rires, des quelques éclats de courage ou de génie qu'on aura su s'offrir les uns aux autres. Pour tout ça, les filles et les gars, je vous dis merci. Merci.
Ou :
Avant même de naître, je crois que nous marchions. Nous étions déjà debout, la horde entière étalée en arc, déjà fermes sur nos fémurs et nous avancions avec nos carcasses raclées et nos côtes nues, les rotules rouillées de sable, à griffer le roc avec nos tarses. Nous avons marché longtemps ainsi, tous ensemble, à chercher la première de toutes nos prairies. Nous n'avons jamais eu de parents : c'est le vent qui nous a faits. Nous sommes apparus doucement au milieu de la friche armée des hauts plateaux, à grandes truellées de terre voltigée pris dans nos ossements, par l'accumulation des copeaux de fleurs, dit-on aussi, sur cette surface qui allait devenir notre peau. De cette terre sont faits nos yeux et de coquelicots nos lèvres, nos chevelures se teintent de l'orge cueilli tête nue et des graminées attirées par nos fronts.
Les mots sont beaux, forts, et ce livre renferme de nombreuses perles, je pense notamment aux joutes linguistiques, petits moments de pur bonheur !
Que dire de plus, sinon que je suis étourdie, Vent Dieu !
Voilà, si vous pensez que ma chronique en vaut la peine, je me déciderai peut-être à ouvrir mon petit coin sur le blog LA, qui sait ?
Maintenant, il faut sortir de la tempête, alors pour prolonger cette période estivale, j'ai choisi d'enrichir ma culture littéraire américaine avec un auteur incontournable que je n'ai jamais lu, j'ai nommé William Faulkner avec Lumière d'août.
<image>'La main allait, lente et calme, le long du flanc invisible. Il ne répondit pas tout de suite. Non qu'il essayât de l'intriguer. Il avait l'air de ne pas se rappeller qu'il devait en dire davantage. Elle répéta la question. Alors, il lui dit : -J'ai du sang noir. Elle resta étendue, parfaitement immobile, mais d'une immobilité différente. Mais il ne parut point s'en apercevoir. Il était couché, calme aussi et, de sa main, doucement lui caressait le flanc.'
A très bientôt sur vos suivis, où je vais encore perdre la tête et gonfler un peu plus cette énorme baudruche que devient ma PAL ;)