Trépasseurs

 
    • bookdream

      Néophyte de la lecture

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      #1 30 Octobre 2015 10:57:42

      Cela faisait un moment que cette idée de roman me trottait dans la tête et j'ai enfin pu la coucher sur ordinateur ( ça libère d'un poids )
      N'hésitez pas à me donner vos avis, vos idées, ça m'intéresse.
      Merci

      1
      Les voix


        Il y avait beaucoup plus de monde que d'ordinaire aux Pompes Funèbres Le Guegan de Vannes. Tous venaient saluer pour la dernière fois la même personne. Lara n'avait pas conscience de ce qui se passait autour d'elle. Elle ne voyait pas toutes les fleurs, ou les babioles posées sur la petite table de chevet. Elle ne sentait pas les caresses de ses parents sur son front, ni leurs baisers. Elle n'entendait pas les pleurs ou les regrets de la famille et des amis. Elle était juste là, livide, paisible. Elle ne bougeait pas, même pour remercier toutes ces personnes venues pour rendre hommage. Mais tout cela, elle ne pouvait s'en soucier, elle n'était même pas touchée par tout ces gens tristes, au cœur plein de regrets, puisque de toute façon, elle était morte.

           La nuit était tombée et le funérarium ferma ses portes. Les membres du personnel préparèrent le corps de Lara pour son enterrement le lendemain. Un homme s'occupa des retouches sur sa coiffure, orna sa chevelure brune de fleurs blanches et appliqua un peu de maquillage sur son visage. L'homme trouva dommage qu'une fille aussi jolie fut assassinée. Il étala une fine couche de fond de teint pour qu'elle paraisse moins pâle et mit du fard à paupière et du blush un peu rosé. Il s'écarta du cadavre et admira son travail. On avait l'impression qu'elle se rendait à un mariage dans sa petite robe blanche et sa fleur de lys dans les mains. La seule chose à corriger était la position du décolleté, de façon à ce qu'il cache la plaie encore un peu rouge mais recousue dans la poitrine. Elle est ravissante. C'est vraiment dommage pour son petit copain, pensa-t-il. Et il la remit dans la salle, à l'intérieur du cercueil.

        Les parents de Lara sortaient ce soir-là et l'avaient donc laissée à la maison. Elle était grande, ce n'était pas la première fois qu'elle passait une soirée seule. Elle avait prévue de regarder des épisodes de sa série préférée, Dr House, en mangeant son assiette de pâtes. Lorsqu'elle décida d'aller se coucher, vers 23 heures, qu'elle éteignit la télé et traversa la cuisine pour y ranger ses couverts, elle entendit la porte s'ouvrir. Bizarre, ils rentrent plus tard d'habitude, se dit-elle. Elle écouta. Pas de rire, pas un mot, juste des pas qui se voulaient trop silencieux. La lampe du salon se ralluma, et Lara vit le reflet d'un homme inconnu dans la vitre. Stupéfaite, elle prit le premier ustensile qui lui passa sous la main et se cacha sous la table. Elle attendit. L'homme se dirigeait vers la cuisine maintenant. Il lui passa devant. Elle attendit d'être sûre qu'il ne bougeait pas, et lui enfonça la fourchette qu'elle tenait dans la tennis en toile du type. Il poussa un cri de douleur et elle, se rua dans les escaliers et se précipita dans sa chambre. Mais elle se prit le pied droit dans la dernière marche et tomba. Elle était sonnée et son pied droit la lançait. Pendant ce moment, le voleur montait à son tour, un couteau de cuisine à la main.
      _ Petite peste, fulmina-t-il.
        Elle se ressaisit comme elle put et rampa sur le sol, fuyant une mort certaine. L'homme lui marcha sur la jambe et la retourna par les épaules. Il la regarda dans les yeux, elle y vit la fureur, mais également la crainte et le dégoût. Elle essaya de le frapper au visage. Il prit son droit, et enfonça le couteau dans la poitrine de la jeune fille. Lara sentit la lame froide traverser sa peau, ses os et son cœur. Elle fixa son assassin et rendit son dernier souffle. Elle était morte.

        La nuit était tombée lorsque Lara entendit les voix. Lointaines. De simples échos de son nom qui l'appelaient. Elle pensait être à l’hôpital, mais elle n'entendait pas les bip-bip de l’oscilloscope, ni ne sentait de perfusion dans un bras. Elle remua. Son corps était engourdi. À quand remontait son agression ? Hier ? Il y a une semaine ? Elle se redressa. Elle était assise sur... du vide. En se réveillant, elle avait crut qu'il faisait nuit. La vérité était qu'elle était dans un immense vide obscure. Aucune lumière, à part son corps étrangement éclairé dans ce noir d'encre. Elle ne comprenait rien. Où était-elle ? Elle regarda ses pieds. Elle portait les mêmes chaussettes que lors de son agression, de même pour le reste de ses vêtements. Lara se souvenait très bien de cette nuit-là. Elle se souvenait du couteau de sa mère dans son torse. Elle se souvenait de la lame qui remuait plus ou moins suivant la pression qu'exerçait son agresseur dessus. La sensation d'une ficelle qui bougeait entre ses côtes et ses poumons, la douleur aiguë qui traversait tout son corps comme l'électricité passe dans un câble. À l'évocation de ce douloureux souvenir, elle tâta à l'emplacement du couteau. Elle s'attendait à toucher une cicatrice refermée et des coutures, mais ses doigts se posèrent sur une plaie profonde et sanglante. Son t-shirt était ensanglanté, sa poitrine mouillée de son propre sang, et elle ne l'avait  pas remarqué. Sûrement parce qu'elle ne sentait aucune douleur, ni malaise, ni gêne, comme si tout allait bien. Tout cela ne rimait à rien, cela n'avait ni queue ni tête. Si elle n'était pas à l'hôpital, que sa plaie n'était pas soignée, et qu'elle était seule, c'est qu'elle devait...
      _ Larawëla.
        Les voix. Elles étaient toujours là. Cette fois, plus fortes, plus intenses. Lara tendit l'oreille, tentant de repérer leur provenance. Mais elles venaient de partout et de nulle part à la fois. Unies, puis désunies, venant de toutes parts. Parfois aiguës, parfois profondes. Elle se fixa sur une voix et marcha vers elle, elle disparut et se retrouva dans son dos. La fille se retourna et recommença. Mais la voix aiguë fit la même chose. Et comme ça à chaque tentative. Alors Lara se mit à courir droit devant elle, espérant que ses pas la conduiraient hors de ce vide immense. Elle courait depuis deux minutes que sa tête la lança, la forçant à s'arrêter. Elle tomba à genoux, les voix résonnaient dans sa tête.
      _ Ceci est la dernière douleur que tu ressentiras. Écoutes ma voix.
        Elle se boucha les oreilles, pliée en deux.
      _Toi, Larawëla, nous te laissons une chance de rester dans le monde des vivants.
        Quoi ? Rester dans le monde des vivants ? Qu'est-ce que cela voulait dire ?
      _ Mais pour cela, tu dois trouver la personne responsable de ta mort sous un mois et l'assassiner par l'ironie du sort. Dans le cas échéant, tu resteras ici dans les profondeurs des ténèbres à jamais.
        Une chance de vivre ? Sortir de ce lieu de solitude, pourquoi refuser ? Ce serait de la folie de préférer rester mourir là. Mais comment pouvait-elle y mourir si elle était déjà morte ?
      _Alors, veux-tu conclure le pacte ?
      _ Oui, répondit la jeune fille sans hésiter.
        La douleur dans sa tête se dissipa, puis revint plus forte qu'auparavant. Lara crut que sa tête était pleine d'explosifs prêts à exploser. Elle hurla.
      _Très bien. Dans ce cas, te voilà Trépasseur.
       

      2
      La dernière douleur


        Lara ouvrit les yeux. Elle mit peu de temps à s'habituer à la petite lumière tamisée de la pièce. Elle entendit des voix qui l'appelaient, mais différentes que celles qu'elle avait entendue juste avant. Celles-ci étaient réelles, elle savait d'où elles venaient et elle pouvait les associer à un des deux visages au-dessus d'elle. Elle voulut respirer à pleins poumons, mais au lieu de ça, elle se redressa et toussa comme si elle venait de se noyer. Un des deux hommes à ses côtés l'épaula et l'aida à reprendre son souffle.
      _ Reste tranquille. Respire doucement. C'est ça, vas-y.
        La toux s'arrêta et la jeune fille inspira un grand coup. Ses poumons se remplissaient et se vidaient normalement, mais elle ressentait une petite gêne.
      _ Pourquoi ça fait mal ?demanda-t-elle.
      _ Tu respire pour la première fois, c'est normal, lui répondit l'homme qui la soutenait toujours par l'épaule.
        Lara regarda autour d'elle. Elle était dans un cercueil en bois laqué dans une petite pièce pleine de photos d'elle avec plusieurs personnes à différents endroits. Elle vit des peluches qui lui appartenaient et avec lesquelles elle avait grandie et des bouquets les entouraient. Elle déglutit. Elle avait compris, et elle voulait pleurer. Elle en avait besoin. Sa gorge était nouée et elle sentait que les larmes allaient coulées. Elle lâcha un sanglot, mais les larmes ne venaient pas, et elle ne viendraient jamais.
      _ Je suis...morte, c'est ça ?
        Les deux hommes se regardèrent, puis acquiescèrent.
      _ Les gens sont rarement si lucides lors de leur Éveil. Donc tu as compris ?
      _ J'en ai peur. Pourquoi je ne peux pas pleurer ?
      _ Les morts ne pleurent pas. Ils ne ressentent pas la douleur non plus. Tu n'auras plus jamais mal.
        Lara ne dit rien d'abord, mais après un dernier sanglot, elle avoua :
      _ Pas si sûr.


      3
      Éveillée


        L 'homme à côté de Lara l'aida à sortir du cercueil, le second lui donna d'autres vêtements.
      _ Tu seras plus à l'aise là-dedans, lui dit-il.
        Elle ne rechigna pas. Il est vrai que le t-shirt, le sweat et le jean noirs lui convenaient mieux que la petite robe blanche dans laquelle elle s'était réveillée. Elle se changea derrière un pan de mur après s'être assurée que les deux hommes ne regardaient pas. En se déshabillant, elle jeta un coup d’œil à la plaie du couteau. Elle était exactement comme elle l'avait vue quand elle rêvait. Mais il y avait autre chose juste en-dessous de la clavicule. Une marque noire en forme de croix. Cela doit être la signature du fameux pacte de la voix, se dit-elle. Puis elle enfila le sweat et oublia. Lorsqu'elle revint à la lumière de la petite lampe, elle vit son propre corps dans le cercueil qu'elle venait de quitter.
      _ C'est un mannequin à ton image qui sera dans la tombe à ta place, lui expliqua celui qui lui avait donner les habits.
        Ils lui avaient mis la robe blanche qu'elle portait deux minutes avant. Elle crut se voir elle-même dans la caisse en bois, et ça la bouleversa. Toujours pas de larmes. La jeune fille préféra baisser les yeux que de regarder le reflet de son cadavre.
      _ Au fait, nous avons oubliez de nous présenter, fit un des deux hommes. Je suis Van Coon. Enchanté, Larawëla.
        Van Coon tendit sa main et Lara la serra. Il était grand et plutôt costaud, malgré son âge visiblement avancé. Il avait les cheveux grisonnant par endroits, des yeux foncés et quelques rides par-ci par-là. Elle estima qu'il avait dans la cinquantaine. Elle regarda ensuite le second, un homme au  visage caché par une grande capuche noire.
      _ Gunner, ravie de t'avoir parmi nous, Lara, dit-il.
        Elle serra sa main également et devina un sourire sur sa figure. Elle ne releva même pas qu'ils connaissaient tout deux son prénom, après les événements de la nuit, plus rien ne la surprenait.
      _ Bon, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?demanda la jeune fille.
      _ On s'en va. On a un bus a prendre et un rendez-vous au Quartier Général, répondit Van Coon.
        Il ouvrit la marche et le trio sortit du salon funéraire sans encombre. Lorsqu'elle fut au grand air, Lara frissonna. Le vent était frais et la nuit avancée. Elle se demanda si il y avait encore des bus à cette heure. Ils marchèrent quelques minutes jusqu'à l'arrêt le plus proche et attendirent. Deux minutes plus tard, un bus du service de nuit les fit monter. Le transport était vide, à part un homme qui semblait avoir picolé qui occupait une place au milieu. Ils occupèrent les trois places assises du fond, les deux hommes l'un à côté de l'autre et Lara face à eux. Ils restèrent là, pendant une minute de silence pesant. Et durant cette longue minute, la jeune fille ne cessait de faire tournoyer les questions dans sa tête. Qu'est-ce que je fais encore ici ? Qui sont ces types ? Est-ce que je peux leur faire confiance ? Et ces voix ? Qu'est-ce que c'était ? Est-ce que je suis en train de rêver ? Je suis dans le coma ? Finalement, pensant qu'elle risquait d'imploser, elle se lança :
      _ C'est quoi un Trépasseur ?
        Van Coon la regarda, l'air surpris et ravi.
      _ Heureux que tu poses la question. Nos sommes tous des Trépasseurs, enfin nous et les gens que tu rencontreras bientôt. Nous sommes tous morts et on a tous eut droit à une chance de rester sur Terre.
        Lara ne comprenait pas très bien. Cela elle l'avait appris d'elle-même, les voix le lui avaient dit. Gunner prit la suite de sa voix rouillée :
      _ Tu as dus entendre des voix quand tu était dans l'Abîme, ce lieu noir et vide. Ce sont elles qui décident de qui a une autre chance ou qui va directement dans l'Au-delà – Paradis ou Enfer. Elles sont le Jugement. Si elles te propose l’Éveil et que tu acceptes, tu deviens Trépasseur, mais pour une certaine durée. D'abord pour un mois, durant lequel tu dois résoudre leur énigme, mais on laissera les Faucheurs t'en parler.
      _ Attendez là, je suis un peu perdue, le coupa-t-elle, Abîme, Jugement, Faucheurs ?
      _ L'Abîme, expliqua Van Coon, est le lieu où tout le monde passe lorsque l'on meurt. Seul ceux destiné à devenir Trépasseurs en ont conscience puisque eux ont un choix à faire. Le Jugement sont les voix que tu as entendue et qui choisissent la direction vers laquelle une âme doit se rendre. Quant aux Faucheurs, ils sont en quelque sorte le conseil des Trépasseurs, ils prennent les décisions au sein de la communauté et font en sorte que tout se passe bien pour les nouvelles recrues. Ils sont élus tout les ans par nous, les Trépasseurs. Si tu ne comprends pas tout de suite, ce n'est pas grave. Ça viendra avec le temps.
      _ Et vous, vous êtes qui dans tout ça ?
      _ Nous, nous sommes de simples Trépasseurs qui se sont portés volontaires pour t'accueillir. On ne fait pas parti des Faucheurs, si c'est ce que tu voulais savoir.
      _ C'est notre arrêt, annonça Gunner.
        Le trio descendit et se retrouva sur un chemin de terre qui menait à la forêt, à l'écart de la ville. Ils le suivirent un moment, s'enfonçant de plus en plus parmi les arbres. Lara profita de cet instant dans la nuit fraiche pour respirer profondément, sentir l'odeur des arbres humides et repérer la route qu'ils empruntaient. Ils arrivèrent finalement à une cabane en bois dans laquelle ils entrèrent sans frapper. L'intérieur était plutôt sobre, meublé modestement. Un feu de cheminée crépitait doucement dans l'âtre et une femme lisait tranquillement dans un fauteuil à bascule. Ces cheveux roux et bouclés balançaient au rythme du fauteuil. Elle releva la tête à leur arrivée. Son visage était doux et dégageait une tendresse maternelle qui inspirait la confiance. Elle envoya un sourire aux nouveaux arrivants.
      _ Van Coon. Cela faisait un moment.
      _ Effectivement Sheena, lui répondit l'intéressé avec un sourire.
      _ Bonsoir Sheena, la salua Gunner.
      _ Bonsoir, Gunner.
        Il sembla à Lara que l'ambiance entre ces deux-là était un peu tendue.
      _ Alors c'est la nouvelle ? Elle est adorable.
        Elle posa son livre et se leva pour tendre sa main à la jeune fille.
      _ Je suis Sheena. Je fais le passage entre La Cabane et la propriété.
      _ Lara, enchantée.
        Elles se serrèrent la main. La femme donna une poignée de main plutôt costaud à laquelle Lara ne s'attendait pas. Elle grimaça légèrement sous la torsion de ses doigts, ce qui n'échappa pas à Sheena.
      _ Oh, désolée. J'ai une poigne assez forte. Mais c'est à force de bras de fer avec Van Coon, c'est à lui qu'il faut ce plaindre, s'excusa-t-elle avec humour, bon, la soirée est avancée, on devrait y aller. En voiture.
        La rousse les amena à une porte qui donnait sur l'extérieur. Le chemin de terre reprenait, et sur celui-ci était garer un tout-terrain noir. Ils y montèrent, Van Coon et Sheena à l'avant, Gunner et la jeune fille derrière.
      _ Il y a un peu de route avant d'arriver, annonça Van Coon, si tu y arrives, reposes toi un peu.
        Effectivement, Lara s'assoupit quelques minutes plus tard, après avoir tenté de restée éveillée pour enregistrer le chemin. De toute façon, la nuit était trop avancée pour y voir quoi que ce soit dehors, et la buée recouvrait les fenêtres de la voiture. Sheena conduisait dans la nuit, les phares à basse puissance dans la forêt. Lara cahotait à cause des secousses sur le chemin de terre, mais cela ne l'empêcha pas de trouver le sommeil. Elle dormait depuis une quinzaine de minutes que la main de Van Coon la secoua.
      _ Lara, on arrive bientôt.
        Elle s'obligea à sortir de son repos pour regarder au-dehors. Avec sa manche, elle retira de la buée et elle scruta par la vitre des signes de vie ou d'habitation quelconque. Elle vit des petites lumières blanches, comme des projecteurs sur une scène de concert qui éclairaient un bâtiment gigantesque. La voiture en fit le tour et se gara sur un petit parking. Il était vieux – il devait dater du XIXe siècle – et son architecture lui donnait une allure d'hôpital ou d'établissement d'études scientifiques ou historiques. La petite bande descendit et se dirigea vers l'entrée, une immense porte en bois à battants. Sheena en poussa un sans difficultés et les fit entrer dans le hall. Là, Lara avait vraiment l'impression d'être dans un hôpital. Les murs étaient blancs ou gris avec quelques tableaux, des cadres, des fleurs. Mais contrairement aux hôpitaux, le sol était en parquet et les meubles finement ouvragés en bois. La pièce, comme tout le reste, semblait déserte.
      _ Bienvenue dans ta nouvelle maison, lui dit Van Coon.
        Des pas se firent entendre et bientôt, un jeune garçon d'environ vingt ans arriva dans le hall. Il avait les cheveux longs et blonds ramenés en queue de cheval et des lunettes.
      _ Bonsoir à tous. Messieurs, Sheena, et vous, vous devez-être Larawëla.
        Elle le regarda. Grand et mince. Elle se demanda quel rôle il avait chez les Trépasseurs. Etait-il un Faucheur ? Elle lui tendit la main, pour faire comme précédemment et la serrer.
      _ Oui, c'est moi.
      _ Enchanté. Je suis Thead, l'Acceptation, membre des Faucheurs. C'est moi qui m'occupe des départements scientifiques et médicaux.
        Il prit sa main et, contrairement aux autres rencontres de la soirée, il ne la serra pas. Il la mena à ses lèvres et fit un baise-main digne d'un gentleman du XIXe siècle. Lara se sentit rougir, et Sheena émit un petit rire. Thead la regarda avec un air interrogateur.
      _ Tu sais, les jeunes ne font plus ça pour se dire « bonjour » maintenant. Ils se serrent la main, ou se font la bise, lui apprit-elle.
        On remarquait tout de suite que certains sortaient plus de la forêt que d'autres. Le jeune homme parut gêné. Il se rattrapa :
      _ Eh bien, de mon temps, c'était ainsi que l'on saluait une demoiselle, dit-il avec un sourire, si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire à votre chambre.
        Il fit demi-tour et prit l'angle qu'il avait prit pour venir. Lara le suivit, sous l’œil de Van Coon et Gunner. Elle était un peu réticente à l'idée de devoir faire confiance à des gens qui se disaient être morts et ne vouloir que son bien. Sa dernière expérience du monde extérieur lui avait appris à se méfier. Ces types ne lui réservaient-ils pas le même sort que son agresseur ? Mais avait-elle le choix ? Elle tâcha donc de rattraper le gentleman. Légèrement derrière lui, elle l'examina. Des vêtements visiblement d'une autre époque mais bien entretenus. Un visage apparemment calme, des traits fins mais ses yeux clairs semblaient en avoir vu beaucoup plus qu'il n'y paraissait, qu'elle se demanda quel âge il avait réellement. Elle estimait Van Coon dans la cinquantaine, Gunner entre vingt-cinq et trente ans, et Sheena dans la quarantaine, mais impossible de trouver une tranche d'âge, même vague. Et il n'avait pas la même allure. Van Coon était à l'aise, on pourrait tout à fait penser qu'il est normal, tout comme Sheena. Gunner faisait plus penser à une racaille de lycée. Mais quant à Thead, on avait l'impression de regarder un vieux film sur les années 1800. Tout deux montèrent les escaliers menant au premier étage, puis au second, prirent le couloir, tournèrent  à gauche, puis encore  gauche et s'arrêtèrent devant une porte.
      _ Voilà, la chambre 113. Votre colocataire n'est pas là ce soir, vous avez donc la chambre pour vous toute seule cette nuit.
      _ J'ai une colocataire ?
      _ Nous sommes nombreux à vivre ici, et on peut parfois manquer un peu de place.
        Il ouvrit la porte avec la clé qu'il avait dans une poche. Il alluma la lumière et Lara découvrit son nouveau lieu de vie. Une pièce aux mêmes murs blancs que le hall, meublée avec deux lits,deux tables de nuit, deux bureau et deux placards. Il y avait également une porte dans un des murs qui donnait sur une salle de bain. La chambre ne contenait rien d'autre.
      _ Ceci est le côté de votre colocataire. Faites-y attention, elle tient à son espace personnel, lui dit son guide.
      _ Je la comprend. C'est normal.
      _ Vous aurez des affaires pour vous changer à partir de demain. Tout est fournis.
        La jeune fille s’assit sur le lit. Son interlocuteur, lui, prit place sur celui de la colocataire absente.
      _ Je sais que vous êtes fatiguée, mais avant que vous ne vous couchiez, j'aimerais vous faire part de certaines règles, lui confia-t-il, d'abord, vous ne devez forcer personne à vous révéler sa mort, celle-ci peut rester secrète et il faut le respecter. Je sais que Harakiri ne vous en parlera probablement pas, nous sommes peu nombreux à connaître les circonstances de son décès. Et cela va dans les deux sens, vous n'êtes pas obliger de raconter votre histoire si on vous la demande. Mais en général, les Faucheurs sont au courant des conditions de décès, et si vous le souhaitez, elles pourront ne pas être divulguées.
      _ Je ne le veux pas, répondit-elle sans hésiter.
        Si des gens connaissaient sa vie, elle aimerait autant qu'ils ne la racontent pas à tout le monde.
      _ Bien. Ensuite, nous sommes ici dans un sanctuaire, personne n'est au courant de l'existence de cet établissement, à part la société des Trépasseurs. Nous vivons en communauté, nous faisons parfois des activités. Nous voulons vivre normalement, comme nous le faisions de notre vivant. Mais nous sommes un grand groupe, soudé. Mais tout cela, nous en reparlerons demain. Je vois que vous êtes épuisée, c'est compréhensible. Je vous laisse donc dormir. Van Coon ou moi viendra vous réveiller demain pour vous faire visiter et vous mener aux Faucheurs.
        Il se leva et s'apprêta à sortir de la chambre. Mais une fois la porte entrouverte, il se retourna et ajouta :
      _ C'est un plaisir de vous avoir parmi nous, Larawëla. Passez une bonne nuit.
      _ Merci. Vous aussi.
        Et il sortit. Lara poussa un soupir et s'étala de tout son long sur le matelas. Elle commençait à fermer les yeux, qu'elle s'obligea à faire un effort pour se rassoir et retirer ses chaussures. Elle les glissa sous le lit et s'allongea. Et elle s'endormit.

      Encore merci d'avoir lu :D

      Dernière modification par bookdream (03 Novembre 2015 20:31:08)

    • bookdream

      Néophyte de la lecture

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      #2 10 Novembre 2015 20:34:16

      Personne ? :'S

      Est-ce que j'ai mis trop de texte d'un seul coup ? :chaispas:
    • Mansuz

      Amant des romans

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      #3 10 Novembre 2015 20:58:39

      "puisque de toute façon, elle était morte." -> On a compris des la deuxième ligne qu'elle est morte, pas besoin de le redire ;)
      J'ai mal à comprendre certaines phrases :  "Mais tout cela, elle ne pouvait s'en soucier"

      "C'est vraiment dommage pour son petit copain, pensa-t-il. " -> Le mec qui bosse, sait si elle a un copain ? C'est pas une infos qu'il ignore ? ça fait pas naturel comme remarque :/

      Entre le 2ième et 3ième paragraphe, il y a un retour en arrière. Changer de chapitre c'est pas mieux ?

      "Stupéfaite, elle prit le premier ustensile qui lui passa sous la main et se cacha sous la table. Elle attendit. L'homme se dirigeait vers la cuisine maintenant. Il lui passa devant. Elle attendit d'être sûre qu'il ne bougeait pas, et lui enfonça la fourchette qu'elle tenait dans la tennis en toile du type."


      Je trouve que c'est maladroit comme passage. ça manque de punch, de clarté. Dans ma tête, j'en chie pour imaginer la scène :(

      J'aurais vu un truc + comme ça:

      Effrayée, elle fila dans la cuisine, puis elle s'empara d'une fourchette avant de se cacher sous la table. Lentement, l'homme arriva. Lara ne distinguait que ses chaussures en toile sombre imbibée de sang séché, mais elle savait que se type était dangereux.

      Faut essayer de trouver un bon enchaînement, simple pour le lecteur. Il ne doit pas réfléchir mais se laisser transporter ;)
    • bookdream

      Néophyte de la lecture

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      #4 11 Novembre 2015 12:39:00

      Merci pour tes commentaires. :)

      Effectivement, il peut y avoir des passages pas très clairs, je vais donc t'éclairer.

      Tu me dis que tu aurais plus vu la scène de l'attaque comme ça : "Effrayée, elle fila dans la cuisine". Mais au moment où l'homme entre et qu'elle prend peur, elle est déjà dans la cuisine pour y ranger sa vaisselle, elle ne peut donc pas y filer.

      Ensuite, le gars qui travaille au salon funéraire ne sait pas si elle a un petit ami, mais il pense qu'elle aurait du en avoir un. Mais maintenant que tu me l'a fait remarquer, j’admets que ma formulation est un peu bizarre.

      Pour le flash-back, je ne sais pas pourquoi, je trouvais plus logique qu'il soit dans le même chapitre, mais je prend en compte ce que tu me dis.

      Je te remercies d'avoir lu, et encore merci de tes commentaires, ils sont importants :)
    • Elea03

      Lecteur timide

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      #5 11 Novembre 2015 13:18:40

      Bonjour,

      Je n'ai lu que le début (jusqu'au moment où elle meurt) mais je peux déjà de donner certains éléments. Tes phrases sont lourdes et, pour certaines maladroites.
      Essaie de réécrire ton texte en supprimant un maximum de "que" et d'adverbes en ment. Ce sera déjà un bon début.

      Comme te l'as dit "Unmec", pas besoin de dire qu'elle est morte (au funérarium mais aussi quand elle a reçu le couteau dans le coeur. On le comprend aisément, puisqu'on l'a vue dans un cercueil et puis, dans l'escalier, elle a rendu son dernier souffle, donc elle est morte.

      Evite de mentionner "Dr House", essaie plutôt de donner une description brève qui permet aux lecteurs de comprendre qu'il s'agit de Dr House.

      Pour cette phrase, et lui enfonça la fourchette qu'elle tenait dans la tennis en toile du type, j'aurais plutôt mis "et enfonça une fourchette dans la tennis en toile du type" Le lui est inutile puisque tu précises que c'est dans la tennis en toile du type.  et ça supprime la relative "qu'elle tenait".

      Dernière modification par DeboraAnton (11 Novembre 2015 13:23:45)

    • bookdream

      Néophyte de la lecture

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      #6 11 Novembre 2015 18:29:04

      Merci, je prends tout en notes. :)
    • Elea03

      Lecteur timide

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      #7 11 Novembre 2015 18:39:40

      De rien. Ton histoire est intéressante. J'ai continué un peu la lecture, juste comme ça. J'aime bien le sujet même si ce n'est pas mon domaine de prédilection.

      Je te ferai un retour quand j'aurai tout lu.

      Bon courage.