#1 18 Novembre 2015 19:39:10
Petit texte écrit aujourd'hui en l'honneur de toutes ces personnes souffrant de la perte d'un proche dont la vie a été arraché avant l'heure, pas seulement lors des attentats à Paris mais aussi pour toutes les autres victimes dont on ne parle pas.
"(Dédiée à tous les humains quels qu'ils soient)
Quelque part un bruit résonne. « Oh non, ça recommence » souffle une voix horrifiée. Trois pas sur le coté, les yeux écarquillés, elle espère, la respiration coupée, concentrée sur un seul but : protéger sa propre chair. Elle aura beau se maudire toute sa vie d’être sortie aujourd’hui à cette heure tardive il est trop tard pour les regrets. Tout son corps lui cri de fuir mais elle sait que les petites jambes derrière elle, ne pourront pas suivre. Alors tapie dans l’ombre, elle prie, elle l’athéiste, elle qui prônait fièrement sa laïcité voilà qu’elle se retrouve à supplier n’importe quel dieu de les sauver, tout du moins de permettre à son enfant de survivre. « Maman… » Commence une petite voix fatiguée. Immédiatement elle plaque sa main sur la bouche du petit être. N’osant pas prononcer un mot de peur de se faire repérer, elle se tait. Les explications viendront plus tard pour le moment la seule chose qui importe est de se faire discrète. Dehors les bruits de massacre continuent. Elle sent la panique l’envahir et retient ses tremblements pour ne pas effrayer l’enfant. Quand cette tuerie ce finira-t-elle donc ? Seront-ils parmi les survivants ? Les secondes semblent durées des heures et elle est bien incapable de dire combien de temps s’est écoulé depuis qu’ils ont bondis dans ce renfoncement à l’abri des regards. L’odeur de la poudre et du sang monte vers eux et elle s’empresse de déchirer sa manche pour l’appliquer sous le nez du petit être. Jamais un enfant ne devrait sentir ses odeurs là ! Ayant eu une vie facile, elle imagine pour la première fois ce que c’est de vivre lors d’une guerre. L’horreur des massacres, la crainte de voir ses proches mourir, le peu d’importance des choses matériels contrairement aux vies qui nous entourent mais auxquelles nous ne prêtons pas assez attentions. La culpabilité l’envahit, quand a-t-elle dit pour la dernière fois à ses parents qu’elle les aime? Il y a bien trop longtemps. Et sa meilleure amie avec qui elle s’est disputé sans jamais lui avoir dit à quel point elle compte pour elle, où se trouve-t-elle aujourd’hui ? Et son mari qui les attends, elle et le fruit de leur amour, et qui doit se faire un sang d’encre se demandant s’ils ont eu le temps de se mettre à l’abri, s’ils sont encore en vie… Pourquoi doit-ce toujours être dans ces moments critiques qu’on s’aperçoit de ce qu’on n’a pas fait, pas dit mais qu’on aurait du. La vie ne tient qu’à un fil et c’est la première fois que la mort la regarde. Sensation glaciale, épouvante, un cri s’étouffe dans sa gorge et seul son instinct maternel lui permet de faire passer son enfant derrière elle la protégeant de son corps. Coup de feu, ses membres s’affaissent. « Je t’aime… ta mère t’aime… » Dernières paroles adressés autant à sa chair qu’à l’être qui vient de lui tirer dessus. Peut-être ce dernier ne les a-t-il jamais entendus, peut-être n’a-t-il jamais comprit que cette femme agonisante avait eut pitié de lui. Pitié de cet enfant manipulé qui croyait tuer pour le bien, pitié de cet enfant perdu qui croyait avoir trouvé son chemin alors qu’il s’était encore plus égaré, pitié de cet enfant armé qui aurait pu être le sien."